Archives mensuelles : août 2010

Le rôle d’un mentor

J’ai lu récemment un autre post de Fred Wilson sur le rôle des mentors, The CEO Mentor and Coach. Comme toujours, ses posts et les nombreux commentaires qui suivent sont intéressants. J’ajoute simplement une des plus belles descriptions de mentor que j’ai lues. Il s’agit de ce que Robert Noyce représentait pour Steve Jobs. Vous pourrez trouver tout le contenu dans le livre The Man Behind the Microchip de Leslie Berlin ou dans un compte-rendu qu’elle en a fait pour le Computer History Museum (fichier pdf – 6MB).

Voici donc ce qui est dit!

«Bob Noyce m’a pris sous son aile. J’étais jeune, dans ma vingtaine. Il était dans la cinquantaine. Il a essayé de me donner la configuration du terrain, de me donner un point de vue que je ne pouvais comprendre que partiellement. Vous ne pouvez pas vraiment comprendre ce qui se passe maintenant que si vous comprenez ce qui a précédé

« Quand Noyce a quitté la gestion quotidienne chez Intel en 1975, il tourna son attention vers la prochaine génération d’entrepreneurs high-tech. Voilà comment il a rencontré Jobs. » Noyce était pas attiré d’abord par le style hippie, « mais au fil du temps, ses sentiments au sujet d’Apple ont commencé à changer. Cela est dû, dans une large mesure, à Steve Jobs, qui a délibérément cherché Noyce comme mentor. (Jobs a également demandé Jerry Sanders et Andy Grove, s’il pouvait les prendre à déjeuner tous les trimestres et « utiliser votre matière grise »). « Steve apparaissait régulièrement à la maison sur sa moto » se rappelle Ann Bowers [l’épouse de Noyce] « Rapidement, ils disparaissaient dans le sous-sol, et discutaient projets. »

« Noyce répondait aux appels téléphoniques de Jobs – qui, invariablement, commençaient avec « J’ai réfléchi à ce que vous avez dit » ou « J’ai une idée » – même quand ces appels avaient lieu à minuit. À un certain moment, il confia à Bowers, « Si il appelle encore en retard, je vais le tuer », mais à chaque fois, il répondait au téléphone.

« Jobs admet que sa relation était presque plus filiale que professionnelle. « Les choses dont je me souviens de Bob sont des choses personnelles. Je me souviens qu’il m’a appris à mieux skier. Et il était très intéressé par – fasciné par – l’ordinateur personnel, et nous avons beaucoup parlé de cela. »

Intuitive Surgical

Voici une start-up dont j’entends de plus en plus parler par des canaux variés. Comme je ne suis pas un expert des technologies médicales, il n’est pas du tout étonnant que cette société (vieille de 15 ans et valant tout de même $10 milliards en bourse) m’ait échappée. Pour en savoir plus sur Intuitive Surgical, il y a son website ou le site answer.com. 15 ans d’âge?? Vous allez me dire que ce n’est plus une start-up. Mais elle en fut une sans aucun doute. Alors comme je fais souvent avec pareille société, j’ai étudié sa croissance et sa capitalisation lors de son entrée en bourse.

Ce qui est intéressant est que malgré une croissance exceptionnelle, son IPO ne fut pas un grand succès. Elle leva environ $45 millions à un prix par action qui n’est pas le typique $14 que l’on voit au Nasdaq: ici $9 seulement par action. Quand j’ai publié ce blog, l’action valait $275 (voir la courbe tout au bas de ce post).

Enfin Intuitive est basée entre autres sur des technologies développées dans des centres de recherche, qui furent licenciées par ces centres contre une participation en actions. Vous pouvez donc voir combien le MIT et SRI International obtinrent d’actions en échange de propriété intellectuelle.

Une start-up est un bébé

J’ai souvent utilisé cette analogie dans mes présentations et cours. Fred Wilson l’emploie aussi dans un post récent, The Expanding Birthrate Of Web Startups.

Dans mes présensations, la slide est la suivante (vous pouvez lire la slide 61 du pdf en anglais que j’ai posté dans Start-Up, le livre: un résumé visuel):

Les voici à nouveau en texte plein:
– Les parents sont-ils des professionnels de l’éducation des enfants? alors pourquoi demande-t-on aux futurs entrepreneurs d’acquérir d’abord de l’expérience?
– Les parents vont-ils éternellement contrôler la destinée de leurs enfants? alors pourquoi les fondateurs ont-ils souvent l’angoisse de perdre le contrôle?
– Demande-t-on aux parents de céder le pouvoir de décision aux professionnels que sont les enseignants, les médecins? alors les fondateurs ne doivent-ils pas simplement s’entourer des meilleurs professionnels pour augmenter leurs chances de succès?
Une start-up est un bébé qui doit grandir et ses parents doivent l’aider à devenir adulte et bien sûr votre start-up est la plus belle au monde!

J’ajoute en général, je suis peut-être un peu vieux jeu, que je crois que les familles/entreprises monoparentales sont plus difficiles à vivre pour la progéniture alors trouvez-vous un partenaire, ne vous lancez pas seul dans l’aventure entrepreneuriale.

Wilson voit l’investisseur, et non pas l’entrepreneur, comme le parent. Poiur moi l’investisseur est un8e) ami(e), un mentor, un parrain/marraine. Mais voici des extraits des commentaires de son post.

– « I am committing to the care and feeding of the company until cash flow breakeven (the startup equivalent of adulthood) » (Wilson himself)
– « I worry like a parent with too many kids. Who is going to take care of all of these kids? » (Wilson again)
– « Parenting is a good way to put it. Unsure about the « pulling the plug » comparison though, doesn’t go very well with parenting! » (Loic Lemeur)
– « The super-angels and the angels, don’t try to play « parent ». They play friend. It’s a mutual benefit relationship, but the ultimate control is to the entrepreneur. Usually the friends and family who are excited about your seed round (when you leave their company), are not thinking about follow-on. » (Prasanna Sankaranarayanan)
-« do you think the « orphaned startups » will suffer because their « parent investors » remove themselves » (Adam Wexler)
-« an environment not unlike pre- or emerging-industrial third world nations. High infant mortality, the necessity of conserving scarce resources for those infants with provable indications that they CAN survive the initial impediments. It doesn’t mean that the parents love or value the survivors more, but rather that as a practical matter there are few options. […] if a ‘gifted child’ is to be sustained through the vagaries of infancy, then it’s important for both the company and the investor(s) to consider this up front. […] When, at the outset, it becomes clear that substantial investment in capital equipment, research and development, or extended operation at a loss is required if a ‘gifted child’ is to be sustained through the vagaries of infancy, then it’s important for both the company and the investor(s) to consider this up front.  » (Rich Miller)
– « We make fun of parents today who enroll their kids in the right kindegarden so they can get into Princeton, Yale, Harvard, but perhaps they aren’t so wrong if we applied that logic to startups….what do you need to do as an early stage company to ‘get into the right school’ when you come of age? » (Dave Hendricks)
– « But that’s not good parenting… if you want your child/portfolio company to succeed long term, you’ve got to consider where the road will take you, because the easy road/early exit isn’t a lock and is usually a lot harder than you think » (Reece Pacheco)
– « History: birthrate without control produces malnourished kids. » (Agilandam)
– « Short answer: A lower % of these « kids » will make it to their 3rd birthday. » (Andy Swan)
– « I thought you were going to make a separate point, that there aren’t enough acquirers — Google is active, Microsoft, Yahoo and others much less so — to adopt all the kids who don’t go public. » (Glen Kelman)
– « If programs like Y Combinator are getting our smartest kids to start companies instead of going to law school, McKinsey etc then that’s going to lead to good things for our industry and our economy. » (Chris Dixon)
– « Also… you say that entrepreneurs should find a one or 2 VCs and have a long term relationship with them. Isn’t this true for VCs too? Doesn’t it make sense to have the same investors lead the company from birth to adulthood and not one VC for the « toddler » period, one of the « child », one of for the teen? If we take that analogy a little bit further, we know that foster kids who are taken from foster family to foster family usually don’t end up as « well » as the ones who get the same frame all along? » (Julien)

L’analogie a, je crois, pas mal de sens. Je vous laisse réagir….

Les Super Angels

Je rentre de vacances pour découvrir que le monde a changé! Avant ma coupure estivale, il y avait les business angels qui investissaient dans le premier tour jusque $1M environ et les VCs qui n’investissaient que rarement moins de $1-2M, et de plus en plus à partir du deuxième tour. Mais la frontière est devenue floue: il y a maintenant les « seed VCs » (dont Index seed est un dernier en date) et les Super Angels qui se font la compétition sur les mêmes territoires.

Si vous voulez en savoir plus vous trouverez de nombreux articles, essentiellement en anglais:

VCs et super Angels: la guerre pour les entrepreneurs qui est en fait la traduction de

VCs And Super Angels: The War For The Entrepreneur de Techcrunch.

Why Micro-VCs Are So Damn Friendly de Xconomy.

‘Super Angels’ Alight du WSJ.

Micro VCs Are all BFFs… Forever? par David Beisel.

Tout cela n’est pas si nouveau puisque Business Week relevait le phénomène dès mai 2009: ‘Super Angels’ Shake Up Venture Capital.

Et je ne dois pas oublier le blog de Fred Destin grâce à qui j’ai découvert tout cela: Super Angels, Lean VCs, Proto-Incubators, whatever. Focus on social contract. Il a aussi publié un post sur les European SuperAngels.

Alors tout cela est-il si révolutionnaire? Je ne suis pas trop convaincu, mais je suis peut-être si loin de ce monde que j’ai manqué ce changement. Ou bien le monde high-tech et du VC est dans une telle crise qu’il cherche de nouveaux modèles. Pourtant, il y a toujours eu de gros business angels, tels que Arthur Rock pour Intel et Apple, Andy Bechtolsheim pour Google et Magma, et Sequoia a financé Yahoo dès le début, alors quoi?

Il est vrai que les VCs ont des fonds de taille considérable, qui atteignent le milliard et investir mois de $1M devient un casse-tête, mais ils ont compris la faiblesse du modèle et ils reviennent au seed. Les entrepreneurs croient que les anges sont plus sympathiques, mais relisez mes posts sur la Tesla story ou sur Elon Musk.

Enfin, il y a des arguments intéressants comme le fait que les start-up dans le logiciel et l’internet ont moins besoin de capitaux que les start-up classiques et que ces entrepreneurs souhaitent se vendre à
Google pour $25M, ce qui n’est pas si mal, et du coup, ils n’ont peut-être plus besoin des VCs classiques. Au risque que la Silicon Valley ne produise plus de sociétés comme Google ou Apple. Alors il ne s’agit sans doute que d’un retour vers le futur…

Skype 2010

Ce qui est intéressant dans l’annonce de l’entrée en bourse de Skype, au delà des commentaires déjà faits un peu partout, est la structure capitalistique de la société. J’espère qu’on en saura un peu plus bientôt car le document manque de détails. En attendant, voici les chiffres que j’ai réunis à partir du document S-1 en date du 9 août. C’est évidemment très différent de ce que j’avais mentionné dans mon post d’avril 2008.

Tout d’abord les investisseurs:

Ensuite la table de capitalisation avec pour hypothèse que Skype entre en bourse à la valeur payée lors de l’achat à eBay:

Je publierai plus de chiffres si ou quand la société entre en bourse…

Pendant la bulle Internet, il y avait 77% d’échec; depuis, on en est à 40%.

Mon collègue et entrepreneur David Portabella vient de me mentionner le point de vue de Conwaysur ses investissements. Conwayest célèbre pour être un business angel qui a investi dans AskJeeves, Google et Paypal.

En résumé:

– Entre 1997 et 2001, 77% de ses investissements ont échoué. Depuis 2002, le taux d’échec est passé 40%.
– Les entrepreneurs ont 66% de chance de réussir dans une start-up s’il s’agit de leur deuxième.
– Il y a une erreur à considérer que “tous les 10 ans, nous avons un Google.” “Ce n’est pas vrai,” car il pense que cela ce fait à un rythme beaucoup plus rapide.

Si je suis d’accord avec les constatations que les échecs sont courants et que les succès ne sont pas rares, je suis moins convaincu que les entrepreneurs en série soient meilleurs que les autres. J’ai de solides données sur des entrepreneurs diplômés de Stanford qui ne m’indiquent pas pareil taux de succès. Je publierai ces résultats dans un avenir encore indéterminé…