Archives mensuelles : octobre 2011

10 leçons de l’histoire de Dropbox

Forbes veint de publier l’histoire de Dropbox: Dropbox: The Inside Story Of Tech’s Hottest Startup. Ou s’agit-il déjà de la légende? (Je dois remercier mon collègue Mehdi qui m’a mentionné le lien, 🙂 )

Cela ressemble à tant d’histoires connues de la Silicon Valley que cela pourrait devenir lassant. Peut-être faut-il prendre tout cela avec quelques pincettes… quoi qu’il en soit, l’article ci-dessus mérite la lecture et voici les 10 leçons que j’en retiens:

1- UN JEUNE GEEK – Drew Houston, « typique » Americain fondateur de start-up, a commencé à jouer avec les ordinateurs à l’âge de 5 ans. A 14 ans, il travaille déjà pour des start-up. Steve Jobs l’avait repéré pour avoir désossé (« reverse-engineeré ») le système de fichiers d’Apple. Il a 24 ans quand il crée Dropbox.
2- UN ROLE MODEL – « Personne ne nait CEO, mais on ne vous le dit pas » est ce que Houston a appris mais quand il vit un des ses amis lancer sa start-up, il pensa « S’il pouvait le faire, je savis que je le pouvais aussi. ».
3- UN COFONDATEURPaul Graham le sélectionna en 2007 dans son programme Y Combinator tout en insistant pour qu’il se trouve un co-fondateur. Il s’agira d’un dropout du MIT, Arash Ferdowsi.
4- UN ANGE BIENVEILLANT – Quelques mois plus tard, ils reçoivent le soutien de Pejman Nozad (célèbre avec Saeed Amidi pour leur business de tapis d’Orient transformé en bureaux pour start-up [Logitech, Google] puis en fonds d’investissement [PayPal]).
5- UN CAPITAL-RISQUEUR – Rapidement, Nozad les présente à Michael Moritz (l’investisseur légendaire de Sequoia [Yahoo et Google]) qui parie $1.2M sur dropbox.
6 – DES MIGRANTS – Ferdowsi et Nozad des origines en Iran. Ils parlèrent en persan lors de leur première rencontre.
7- TALENT & PASSION – « Je pariais qu’ils auraient l’intellect et l’énergie pour être meilleurs que tous les autres » affirme Moritz. « Houston et Ferdowsi changèrent de bureau et dormaient souvent sur leur lieu de travail. »
8- FRUGALITE & RAPIDITE – Ycombinator finança Dropbox en juin 2007, Sequoia en septembre 2007, suivi l’année suivante par $6M d’Accel et Sequoia. 9 employés en 2008 (pour 200’000 utilisateurs) et 14 personnes in 2010 pour 2Mio d’utilisateurs.
9- DES CLIENTS – En 2011, Dropbox devrait atteindre les $240M de chiffre d’affaires, provenant de seulement 4% des sa base de 50Mio d’utilisateurs. 70 employés et bénéficiaire.
10- DES RESSOURCES – Être profitable n’a pas empêché Dropbox de lever $250M avec Index, Greylock, Benchmark et les investisseurs déjà présents. A une valorisation de $4B.

Encore une start-up française cotée en bourse!

Elles ne sont pas nombreuses, mais voici la troisième entrée en bourse d’une start-up française en 2011, après Sequans et Envivio. Alors que ces deux dernières ont fait leur IPO au Nasdaq et au NYSE, Mauna Kea Technologies est allé sur Euronext à Paris en août. Je ne connaissais pas MKT mais je viens de travailler sur leur prospectus d’entrée ne bourse.

Une jolie histoire entrepreneuriale. Deux fondateurs, amis semble-t-il depuis le collège, fondent MKT en mai 2000. Benjamin Abrat (MBA, quelques années chez Givaudan) et Sacha Loiseau (Ecole Polytechnique, docteur et astrophysique et postdoc à Caltech) forment le couple typique de jeunes entrepreneurs sans grande expérience professionnelle, mais on peut imaginer ayant confiance l’un en l’autre.

Moins habituelle, en France du moins, est l’histoire de son financement:
– un amorçage de €1.6M avec business angels français de renom: Marc Vasseur (Genset), Jérôme Chailloux (Ilog), Jean-Luc Nahon (Isdnet), Christophe Bach (Isdnet), Patrice Giami (Isdnet), Philippe Maes (Gemplus) et Daniel Legal (Gemplus)
– un premier tour de €5M en 2004,
– un second tour de €20M en 2007,
suivi d’une levée de €50M lors de l’IPO cet été. Voici donc mon tableau habituel décrivant actionnariat et financement.


(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Dans une autre interview, Sacha Loiseau décrit ce qu’il manque aux doctorants français:
« Que pensez-vous de leur formation ?
S. L. : Elle leur apporte autonomie et esprit d’initiative, deux qualités importantes pour la recherche fondamentale ou appliquée. Néanmoins, la formation doctorale française ne couvre pas certaines notions pourtant essentielles au monde de l’entreprise : le client, le travail en équipe, la veille technologique, la propriété industrielle, le transfert de technologie, la maîtrise de l’anglais pour n’en citer que quelques-unes. Le point fort de cette formation est que, confrontés à des problèmes ardus, les thésards apprennent à se débrouiller seuls pour trouver une solution. C’est une habitude très positive pour une entreprise qui doit innover en permanence, mais ça ne favorise pas toujours le travail en équipe, l’ouverture sur le monde… Beaucoup de thésards sont, me semble-t-il, très isolés et ne savent pas ce que font leurs concurrents. »

Paul Jorion, la spéculation high-tech et Steve Jobs

Je lis depuis quelques jours le très intéressant « La Guerre Civile Numérique » de Paul Jorion. Si vous ne connaissez pas Jorion, découvrez son blog et sa vision de l’état du monde et de son économie. Je vous en donne un extrait qui me laisse toutefois un peu sceptique étant donnée ma passion pour le monde des start-up!

On s’est beaucoup trompé sur le devenir d’Internet, et ce dès le début de sa popularité. Voyez la cotation en bourse des start-up, qui a généré l’apparition de ce qu’on appelle la bulle internet sur les marchés boursiers tout à la fin des années 1990. On a d’abord cru que toute compagnie fournissant des services internet allait faire des milliards, les gens qui y travaillaient percevaient des salaires astronomiques et étaient inondés de stock options. Le prix des actions est monté subitement, mais la plupart de ces sociétés se sont effondrés très rapidement. Je peux vous dire pourquoi parce que j’ai eu plusieurs entretiens dans des sociétés de ce genre., à Los Angeles et dans Orange County, au sud de L.A. Je me souviens de ce monsieur qui me disait: « Il y aura un moment difficile pour la société: celui de notre entrée en bourse, parce que l’ensemble des fondateurs – moi y compris – nous prendrons alors notre retraite. Il n’a pas dit « fortune faite », mais cela allait de soi: l’entrée en bourse signifiait plusieurs millions de dollars pour chacun d’eux. L’une de ces start-up me proposait de créer un site boursier en temps réel, ce que je savais faire. Honnêtement, celle du monsieur qui prendrait ses cliques et ses claques, je ne me souviens plus de ce qu’elle prétendait qu’elle allait faire. Cela n’a aucune importance puisqu’ils laissaient derrière eux des coques vides. Et l’on s’étonne que cela n’ait pas marché.

C’était l’un des grands moments qu’a connu le capitalisme… avant la fermeture définitive que nous vivons en ce moment! Le KRACH du Nasdaq a eu lieu en avril 2000, seules Yahoo, Amazon et AOL on survécu, et cette dernière a connu de puis une importante perte de vitesse. A cette époque, les gains que pouvaient rapporter ce type d’entreprises ont été largement surévalués , je parle de celles qui n’étaient pas de simples coques vides.

Bien sûr, quelques une son sorti leur épingle du jeu, comme Google, le site le plus visité au monde qui, sous prétexte de prendre des photos dans les rues pour Google Maps, écoutait aux portes et aurait vendu des informations sur les particuliers aux agences de renseignement américaines. C’est ce qui expliquerait la mansuétude don l’entreprise fut l’objet quand elle fut traduite en justice pour cette « erreur technique ». La compagnie a gagné en 2009 plus de 20 milliards de dollars en vendant aux enchères des mots clés qui sont placés dans les liens commerciaux du site. Même phénomène avec Facebook. la compagnie créée par Mark Zuckerberg: ce dernier a vendu à Microsoft une part de l’entreprise ainsi que des fiches d’information concernant les usagers de ce site, lequel est devenu ainsi le seul fournisseur de publicités sur Facebook. Grâce à cette opération, et l’annonce de nouveaux investisseurs, l’entreprise vaudrait aujourd’hui 60 milliards de dollars.

Pourtant, il faut rester très prudent pour analyse ces chiffres… En effet, la compagnie s’est livrée à d’habiles manœuvres, cautionnées par Wall Street, pour conserver la confidentialité de ses données. financières. Le but étant de dissimuler l’écart désastreux entre son chiffre d’affaires et la valorisation de son capital (plus de 100 fois le chiffre d’affaires), Et de poursuivre ainsi sa marche triomphale de « création de valeur », dont la réalité économique est artificiellement gonflée.

De telles opérations invitent à douter de la viabilité économique proprement miraculeuse de ces sociétés phares du monde des nouvelles technologies. Celles-ci ne vivent pas leur chiffre d’affaires, mais « brûlent » l’argent qui résulte de l’augmentation de leur valorisation. Quant aux investisseurs, il se pressent à la porte dans l’espoir que la cote de l’action de l’entreprise va continuer de monter. Une certitude qui a fait long feu sur le marché immobilier, selon laquelle le prix des maisons n’allait pas cesser d’augmenter. Avec les résultats que l’on sait…

Je ne suis pas en désaccord avec l’analyse qui me semble correcte mais avec l’impression que l’article pourrait laisser que les start-up high-tech ne sont que spéculation, ce qui n’est pas le cas. Pas de meilleure manière d’exprimer mon enthousiasme intact que de fournir une interview de Steve Jobs bien avant l’émergence de l’Internet sur l’apport des start-up à l’économie mondiale. A absolument écouter. Et merci à Paul Jorion pour ces contributions, malgré tout!

Les start-up sont les nouvelles stars!

L’Amérique aime ces héros. Deux événements récents semblent montrer qu’après le Walk of Fame d’Hollywood et les célèbres Hall of Fames du sport entre autres, voici venu le temps de la starification des entrepreneurs et innovateurs high-tech.

– Boston a commencé avec son Kendall Square. Voir par exemple l’article de Xconomy: Entrepreneur Walk of Fame Opens in Kendall Square: Gates, Jobs, Kapor, Hewlett, Packard, Swanson, and Edison are Inaugural Inductees.
– Stanford a suivi avec son projet de « Engineering Heroes ».Il ne s’agit que d’un projet avec uen longue liste de plus de 60 nominés.

A vous de faire votre propre liste. La mienne est implicitement dans mon livre! Je crois que Boston a oublié Robert Noyce. Stanford décidera bientôt de ses vainqueurs. L’intérêt de cette liste est bien sûr les « role models » qu’elles induisent.