Le modèle de l’innovation suisse: est-il le meilleur?

Présentation très intéressante du journal Le Temps et de Xavier Comtesse sur l’innovation en Suisse (en comparaison des USA). (Merci à Pascal pour m’avoir donné le lien 🙂 ). L’article est intitulé Le modèle de l’innovation suisse: est-il le meilleur? (Même document sur le site Prezi)

Prezi-SwissInnovation

Avant vous laisser éventuellement lire le contenu de la contribution de Comtesse, voici ma brève réaction: c’est en effet une excellente analyse, mais la conclusion peut être trompeuse!
On pourrait avoir l’impression que les USA n’ont pas de grandes entreprises innovantes comme la Suisse en a avec Novartis, Roche ou Nestlé. Mais je crains que ça ne soit une vision trompeuse. Les USA n’ont pas que des start-up et malheureusment nous en avons peu qui croissent. Sans oublier, le sujet de la création d’emplois, voir Création d’emplois: qui a raison? Grove ou Kauffman

Voici le résumé copié sur Prezi: Depuis plusieurs années la Suisse se retrouve en tête des classements mondiaux de l’innovation, ce ne fut pas toujours le cas notamment durant les années 90. Alors… Faisons-nous mieux que la Silicon Valley ?

La Silicon Valley a développé un modèle en 8 points forts
– Excellent système universitaire de proximité
– Transfert de savoir vers l’économie – technopark, coach, prix, etc.
– Capital risque abondant
– Des start-ups qui grandissent vite et innovent dans la rupture
– Un marché IPO efficace qui prend le relais (Exit Strategy)
– Des dépenses en R&D très importantes
– Un fort taux de brevets par habitant
– Une forte volonté d’entreprendre de ses habitants

Les 7 forces du modèle suisse
: La Suisse a un système d’innovation très différent de celui de la Silicon Valley mais finalement tout aussi performant, notamment pour les grandes entreprises.
– Pas de masterplan fédéral pour l’innovation
– Une concentration dans les sciences du vivant
– D’abord, une innovation portée par les grandes entreprises
– L’innovation incrémentale plus que celle de rupture
– Une formation de qualité à tous les niveaux
– Des conditions cadres très favorables à l’économie
– Un système de transfert des savoirs/technologies très performant

Quels sont les forces et faiblesses de la Suisse?
– Oui, nos universités sont excellentes
Plus de la moitié des jeunes universitaires suisses suivent l’une des cents meilleures universités au monde, aucun pays n’a un tel résultat
– Non, l’industrie du Capital Risque est très faible en Suisse:
La Suisse sous-performe largement dans le secteur du capital risque (investissement 2011 pour la Suisse: 737 Millions, pour les USA 29’500 Millions).
– Non, nos start-up ne grandissent pas assez vite:
L’excellent taux de survie est suspect, cela veut dire que les start-up sont protégées par le système académique ou le financement fédéral
– Non, on a peu d’IPO en Suisse:
Un faible nombre d’IPO (Initial Public Offering) démontre la faiblesse de croissance des start-ups ou des PME en Suisse
– Oui, la R&D du privé est très importante mais plus chez les grandes entreprises que chez les PME:
La part du privé est très importante en Suisse, notamment dans les sciences du vivant (pharma, biotech et medtech,etc.)
– Oui, on dépose beaucoup de brevets:
mais là aussi ce sont d’abord les grandes entreprises La proportion de dépôt de brevets est très important en Suisse, cela est dû notamment par la forte présence de très grandes entreprises
– Non, le suisse entreprend deux fois moins que l’américain
La culture entrepreneuriale est très forte aux USA, plus du double qu’en Europe,
– Oui, les conditions générales de création d’entreprises y sont très favorables:
La Suisse devant les petits pays innovants tels que la Finlande, Israël et la Suède
– Oui, le transfert technologique a lieu en Suisse
La Suisse compte une cinquantaine d’incubateurs, de technoparks ou autres centres de transfert Suisse Silicon Valley

Ces deux modèles comme nous venons de le voir sont très différents. Ils marchent bien tous les deux mais leurs différences objectives ne permettent pas de les comparer comme on le fait bien trop souvent, notamment dans le domaine des start-ups…

3 réflexions sur « Le modèle de l’innovation suisse: est-il le meilleur? »

  1. xavier comtesse

    Pour continuer la discussion: ce que je dis c’est qu’en Suisse la proportion est élevée (il y a 25 fois plus de grandes entreprises par habitants qu’aux USA) ce qui change tout…de plus si dans les classements internationaux sur l’innovation on supprime Roche et Novartis (seulement deux entreprises) et bien on plonge dans les profondeurs des classements y compris celui des brevets par habitant…pour enfoncer encore un peu le clou regarder cette étude http://blog.startupcompass.co/the-rise-of-startup-ecosystems-silicon-valley elle ne cite même pas une ville de Suisse…soit on y est pas et c’est grave soit ils nous ont oublié et c’est aussi grave car cela voudrait dire que l’on est pas dans le « radar screen »… y a encore du boulot…lorsque l’on sait que MacDo crée plus d’emploi en Suisse que les start-ups….

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  2. herve

    Suis honoré de votre rapide réaction et … je suis d’accord avec vous. Tout dépend aussi de l’échelle de la comparaison. S’agit-il des USA et la Suisse devient relativement minuscule ou de la Silicon Valley. Dans ce dernier cas, les échelles deviennent comparables, comme on le fait aussi avec la Finlande, Israël ou Singapour. Si on compare à la Silicon Valley, votre ratio de 25 reste-il le même? Quant au fait que nous ne soyons pas sur les cartes entrepreneuriales, c’est une vraie question, mais une autre question, celle que je pose d’ailleurs, me semble-til en réaction à votre excellente synthèse. Et évidemment, nous revenons au débats « Schumpeteriens »: 1- grands groupes et start-up; 2- innovation de rupture et innovation incrémentale – voir par exemple https://www.startup-book.com/2012/03/31/prophet-of-innovation-joseph-schumpeter-and-creative-destruction/

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  3. xavier comtesse

    Hervé…oui l’échelle régional est importante…et les comparaisons internationales souffrent souvent de cette absence de perspective régionale…mon propos était surtout de mettre en lumière…les modèles…les charpentes souvent invisibles qui sous-tendent les choix politiques…et leurs illusions….voilà…mais je suis convaincu qu’il ne faut pas abandonner le champs de ce que l’on appelle aujourd’hui  » les écosystèmes start-ups »….mais avec réalisme…

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