Archives mensuelles : mars 2014

Du street art à l’EPFL – or not Street Art?

L’EPFL organise une très jolie exposition de Street Art à l’occasion de l’inauguration de son nouveau centre des congrès. Si je pose la question « or not Street Art? » c’est parce qu’en général le street art n’est pas autorisé. Mais cela n’enlève rien au charme des oeuvres et la qualité des artistes. les lecteurs de ce blog se demanderont peut-être où est le rapport avec les start-up. Il n’y en a pas, mais j’aime ce domaine comme vous pourrez le voir en suivant le tag Art Urbain. Tout cela risque d’être éphémère., c’est un « work in progress » alors profitez des jours à venir… Voici le lien de l’exposition Art On Science.

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Leon Keer et son site Streetpainting 3D

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Work in Progress…

Zebrating et son site Zebrating-Art

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Work in Progress…

Edgar Mueller et son site Metanamorph
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Work in Progress…

Truly Design Studio et leur site Truly Design
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Work in Progress…

Plus à suivre au fur à mesure de leur apparition… J’ai aussi remarqué d’autres icônes dans un style similaire, mais n’appartenant pas à l’exposition. Deux invaders…
EPFL-StreetArt-Invaders

Mon collègue Pascal qui sait tant de choses sur l’EPFL (:-)) m’a expliqué que ces jolis petits invaders furent créés pour un événement en 2010. Voici le lien Objectif Science – 2010 et la collection entière:

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et quelques confrères.
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Du vrai Street Art pour finir?
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Un combat acharné : comment Apple et Google sont partis en guerre et ont lancé une révolution

Je lisais Dogfight: How Apple and Google Went to War and Started a Revolution dans les transports en commun, ce matin, lorsque j’ai pris une courte pause et regardé les deux jeunes gens en face de moi. Ils utilisaient tous deux leur iPhone et j’ai pensé à cette révolution qui a eu lieu en moins de 10 ans. Peu ou pas de livres numériques aux alentours, plus du tout de journaux et quelques vieux comme moi lisant encore des livres. Mais la plupart utilisaient leur smartphone…

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Dogfight décrit les coulisses du théâtre d’une bataille de géants (je ne suis pas sûr que ce soit une guerre) entre l’Android de Google et l’iPhone d’Apple. Pas besoin de donner un résumé de ce livre, mais quelques anecdotes. Par exemple Fred Vogelstein écrit (page 13): « Une chose à laquelle je ne m’attendais pas quand je me suis lancé dans ce projet est à quel point il est difficile de concevoir et de produire ce que Steve Jobs aimait tirer négligemment de sa poche sur scène. Que vous soyez un ingénieur d’Apple, un ingénieur de Google, ou n’importe quel ingénieur, développer les produits qui changent le monde n’est pas seulement un travail. C’est une quête. Non seulement elle fatigue ses participants comme peut le faire tout travail intense, mais elle les laisse mentalement et physiquement épuisés – et même traumatisés – à la fin. Une partie de l’attraction de Jobs en tant que leader et célébrité était qu’il cachait tout cela avec succès de la vue du public. Il a fait croire que l’innovation est simple et aisée. […] Avant qu’il y ait les smartphones et les tablettes que nous achetons maintenant et considérons comme acquis, il y eut des cris, des hurlements, des coups bas, du découragement, de la panique et de la peur pour que ces projets aboutissent. »

Vogelstein montre également la (basse) politique et les luttes internes telles que celle entre Tony Fadell et Scott Forstall.

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Sur les épaules des géants …

La politique existe également chez Google et il y avait la même tension entre l’équipe dirigée iPhone par Vic Gundotra et l’équipe Android dirigé par Andy Rubin . La lutte atteignit les plus hauts sommets de Apple et Google , entre JOvs et le triumvirat Schmidt, Page & Brin.
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Andy Rubin , responsable d’Android, Vic Gundotra, responsable du social, Sundar Pichai, chef de Chrome en 2011.

Il semble que Google fut embarrassés par l’attitude de Jobs (page 102): « Ils croient qu’il y a très peu de premières dans la Silicon Valley – que toutes les innovations sont construites sur les épaules des autres […] Un élément de preuve utilisé par les Googlers pour faire valoir leur point de vue lors de leurs négociations avec Jobs était une vidéo de 1992 de James Gosling, un célèbre ingénieur de Sun Microsystems et inventeur du langage de programmation Java, montrant le STAR7. Cet appareil de poche assez rudimentaire avait une radio de 200KB, un écran LCD couleur de quatre pouces et les haut-parleurs d’une Game Boy Nintendo. Avant que quiconque à l’exception des cadres les plus riches aient eu un téléphone mobile ou vu un ordinateur de poche comme le Newton, Gosling avait brandi une machine non seulement avec un écran tactile, mais avec un défilement à inertie. Plus vous appuyiez sur l’écran, plus les informations défilaient rapidement ».

… Jobs et Dieu

La plupart des gens de la Silicon Valley étaient (et sont encore) fascinés par Jobs. Vic Gundotra appartient à ce groupe (page 98): « Un dimanche matin, le 6 Janvier 2008, je participai à un service religieux quand mon téléphone portable vibra. Le plus discrètement possible, je vérifiai mon téléphone et je lus « Appel inconnu ». Je choisis de l’ignorer. Après le service, alors que je marchais vers ma voiture avec ma famille, j’appelai ma messagerie. L’appel venait de Steve Jobs. « Vic, peux-tu m’appeler à la maison? J’ai quelque chose d’urgent à discuter ». Avant même d’arriver à ma voiture, je rappelai Steve Jobs. J’étais responsable de toutes les applications mobiles de Google, et dans ce rôle, j’ai eu des relations régulières avec Steve. C’était un des avantages de l’emploi. « Hey Steve – c’est Vic », lui dis-je. « Je suis désolé, je n’ai pas répondu à votre appel plus tôt. J’étais à l’office religieux, et l’identification de l’appelant marquait « inconnu », et je n’ai pas réagi ». Steve rit.  » Vic, à moins que l’identification de l’appelant te dise « Dieu », il ne faut jamais répondre pendant l’office ». J’ai ri nerveusement. Après tout, s’il était d’usage que Steve appelle dans la semaine quand il était contrarié par quelque chose, il était inhabituel pour lui de m’appeler le dimanche et me demander de rappeler chez lui. Je me demandais ce qui était si important? « Donc, Vic , nous avons un problème urgent, que je dois résoudre immédiatement. J’ai déjà nommé quelqu’un de mon équipe pour vous aider, et j’espère que vous pouvez résoudre ce problème demain », a déclaré Steve. « J’ai regardé le logo Google sur l’iPhone et je ne suis pas heureux de l’icône. Le second O dans Google n’a pas le bon gradient de jaune. Ce n’est tout simplement pas bon et Greg va réparer tout cela demain. Est-ce que vous êtes d’accord? » Bien sûr que j’étais d’accord!. Quelques minutes plus tard, ce dimanche-là, je reçus un courriel de Steve avec le sujet « Ambulance Icône ». Le courriel me dirigeait vers Greg Christie pour réparer l’icône. Depuis que j’ai 11 ans et que je suis tombé amoureux d’un Apple II, j’ai des dizaines d’histoires à raconter sur les produits Apple. Ils ont été une partie de ma vie depuis des décennies. Même en travaillant pendant 15 ans pour Bill Gates chez Microsoft, j’avais gardé une énorme admiration pour Steve et ce que Apple avait produit. En définitive, quand je pense au leadership, à la passion et à l’attention au détail, je repense à l’appel que j’ai reçu de Steve Jobs un dimanche matin de Janvier. C’était une leçon que je n’oublierai jamais. Les PDG devraient se soucier des détails. Même des nuances de jaune. Un dimanche. A l’un des plus grands dirigeants que j’ai jamais rencontré, mes prières et mes espoirs sont avec vous Steve ».

Plus à venir peut-être quand j’aurai fini de lire ce combat de chien …

Quand Peter Thiel parle des start-up – Humain après tout

Comme vous l’avez remarqué si vous avez lu mes posts précédents, j’ai été très impressionné par les notes de Peter Thiel sur les start-up. J’ai écrit 7 longs articles. J’avais été impressionné de la même manière par Mariana Mazzucato et son État entrepreneurial, même si avec 5 posts seulement!

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Je l’ai dit déjà, j’aurais aimé assister à leur débat dans quelques jours à la conférence Humain après tout, Toronto 2014. Mais apparemment, ils ne participent plus à la même table ronde… (Après avoir lu ce qui suit, je vois que Taleb aurait été un excellent ajout).

– Il discutera du thème « L’économie de l’ incertitude radicale ».
Comment les êtres humains réagissent vraiment face à des conditions de véritables « inconnus non-connus »? Selon Frank Knight, « l’incertitude doit être prise dans un sens radicalement distinct de la notion familière de risque, dont elle n’a jamais été correctement séparée… Le problème essentiel est que « le risque », dans certains cas, est une quantité mesurable, tandis qu’à d’autres moments, il est d’une nature tout à fait différente, et ces différences peuvent être extrêmes et cruciales pour certains phénomènes… il semble que l’incertitude mesurable, ce qui est le risque, tel que nous allons utiliser le terme, est bien différente d’une incertitude incommensurable qui n’est du coup pas du tout une incertitude. « La littérature économique depuis Knight a très bien explicité la facilité avec laquelle les marchés ont tendance à sous-estimer et sur-estimer ces points fondamentaux. Cependant, l’économie ne répond pas adéquatement aux conséquences de l’incertitude « Knightienne », parce que la discipline a du mal à modéliser ce phénomène. Pour obtenir une pleine mesure de cela, il faut entrer dans le domaine de la psychologie et des neurosciences. C’est là que se trouve la définition. L’incertitude radicale, comme beaucoup d’autres concepts, est trop importante pour être laissée à la seule sphère économique.

– Elle fera partie de la table ronde « Innovation : les retours privés produisent-ils les retours sociaux dont nous avons besoin ? »
Les premières machines ont remplacé et multiplié le travail physique des humains et des animaux. Les machines qui suivront remplaceront et multiplieront notre intelligence. La force motrice de cette révolution, soutiennent les « techno-positivistes », accroîtra la puissance de l’informatique (ou réduira son coût) de manière exponentielle. L’exemple célèbre est la loi de Moore, du nom de Gordon Moore, fondateur d’Intel. Depuis un demi-siècle, le nombre de transistors sur une puce semi-conductrice a doublé au moins tous les deux ans. Mais l’âge de l’information a coïncidé avec – et doit, dans une certaine mesure, avoir causé – des tendances économiques défavorables: stagnation des revenus médians réels; inégalité croissante des revenus du travail et de la répartition des revenus entre le travail et le capital, et chômage de plus en plus long. Les gains importants en richesse et la prospérité matérielle créée par nos entrepreneurs est-elle suffisante pour produire les rendements sociaux souhaités demandés dans le monde d’aujourd’hui ?

Les start-up sont un domaine idéal pour étudier la tension entre les individus et la société. Une sorte de nouvelle manière d’aborder le problème de la poule et l’oeuf… En effet, elles pourrait expliquer l’écart croissant entre les Etats-Unis et l’Europe dans de nombreuses dimensions. Mazzucato serait sur ​​du côté du collectif, Thiel plus proche de l’individuel. Mais il n’y a pas de provocation ou de caricature dans cette classification. Les pensées de Thiel et Mazzucato sont profondes. Je suis d’accord avec la plupart de ce qu’ils disent, en désaccord sur des sujets mineurs, bien que la plupart des gens pourraient penser que leur pensée ne peut être conciliée. Je pense vraiment que la combinaison de leur point de vue est une approche intéressante pour comprendre que sont l’innovation et ses enjeux …

PS (8 mai 2014): Je viens de trouver cette vidéo de Thiel à SXSW.

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 7: la chance et l’indertitude.

Voici mon dernier post sur ​​les notes de cours de Thiel à Stanford et il s’agit de sa classe 13 – la chance. Maintenant je dois attendre son livre soit publié…

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J’aime les accidents. Je l’ai mentionné dans un post qui n’a rien à voir avec les start-up (lié au Street Art). L’accident ici est amusant: j’avais totalement oublié de copier – coller la classe 13 de Thiel et c’est seulement quand j’ai commencé à lire la classe 14 que j’ai remarqué mon erreur. Maintenant, permettez- moi de citer Thiel: « Notez que c’est la classe 13 . nous n’allons pas faire comme les gens qui construisent des bâtiments sans 13ème étage et sautent par superstition de la classe 12 à 14. La chance n’est pas quelque chose à contourner ou à craindre. Nous avons donc la classe 13. Nous dominons la chance. » Étrange, non? Je me devais d’appeler cette dernière partie, la partie 7 …

Alors qu’est-ce Thiel dit de la chance ? Eh bien, c’est un sujet très débattu, comme je l’ai vécu dans mon activité à l’EPFL. Thiel ressent la même chose. Il commence par: « La grande question philosophique sous-jacente est de savoir si les start-up ont beaucoup de chance quand elles réussissent. Si importante que soit la question de la chance face à la compétence, cependant, il est très difficile d’obtenir une réponse. Les outils statistiques ne veulent rien dire si vous avez une taille d’un échantillon. Ce serait génial si vous pouviez faire des expériences. Lancer Facebook mille fois dans des conditions identiques. Si cela fonctionne 1000 fois sur 1000, vous pourriez conclure qu’il n’était question que de compétences. Si cela fonctionnait juste une fois, vous concluriez que c’était un coup de chance. Mais, évidemment, ces expériences sont impossibles » et d’ajouter la célèbre phrase de Thomas Jefferson: « Je suis un grand croyant en la chance, et je trouve que plus je travaille, plus elle me sourit ».

Thiel n’est pas tellement intéressé par la chance autant que par le déterminisme contre l’indéterminisme. « Si vous croyez que l’avenir est fondamentalement indéterminé, vous irez vers la diversification. […]. Si l’avenir est déterminé, il fait beaucoup plus de sens d’avoir des convictions fermes. […] Superposez cette dynamique diversification / convictions avec la question optimisme / pessimisme et vous obtenez plus de raffinement. Que vous regardiez vers l’avenir ou en ayez peur fait une grande différence. Et voici sa vision du monde:

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Avec une illustration encore plus surprenante (et tout à fait convaincante si vous lisez Thiel)

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« Mais l’avenir indéterminé est en quelque sorte celui dans lequel probabilités et statistiques sont la modalité dominante pour donner un sens au monde. Les courbes en cloches et les marches aléatoires définissent ce à quoi l’avenir va ressembler. Un argument pédagogique est que les écoles secondaires devraient se débarrasser du calcul classique et le remplacer par les statistiques, qui sont vraiment importantes et réellement utiles. Il y a un courant de pensée important selon lequel les statistiques vont influencer l’avenir ».

Mais ici, je serais ravi de demander à Peter Thiel ce qu’il fait des cygnes noirs s’il croit au « 0 à 1 » plus qu’au « 1 à n ». Le « 1 à n » appartient aux statistiques, pas le « 0 à 1″… (relisez ma partie 1 si je suis incompréhensible!)

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Thiel aime les idées folles, comme le projet de Reber pour la région de San Francisco dans les années 1940 (voir ci-dessus). Il croit aussi encore dans la finance, malgré ses excès: « Dans un avenir à l’optimisme déterminé, vous créez des villes sous-marines et des villes dans l’espace. Dans un monde à l’optimisme indéterminé, vous obtenez la finance. Le contraste ne pourrait pas être plus prononcé. La grande idée de la finance est que le marché boursier est fondamentalement aléatoire. Ce n’est que mouvement brownien. Tout ce que vous pouvez savoir, c’est que vous ne pouvez rien savoir quoi que ce soit. C’est alors une question de diversification. Il existe des moyens astucieux pour combiner divers investissements pour obtenir des rendements plus élevés et à faible risque, mais vous ne pouvez repousser la frontière. Vous ne pouvez pas savoir quelque chose de substantiel sur aucune entreprise spécifique. Mais le monde doit rester optimiste, la finance ne fonctionne pas si vous êtes pessimiste. Vous devez supposer que vous allez faire de l’argent. […] L’indétermination a réorienté les idées des investisseurs. Alors qu’auparavant les investisseurs avaient des convictions, aujourd’hui, ils se concentrent sur la gestion des risques. Le capital-risque a été la victime de ce même phénomène. Au lieu d’avoir des idées bien formées sur l’avenir, la grande question aujourd’hui est de savoir comment avoir accès à de bons tuyaux. En théorie du moins, le VC devrait avoir très peu en commun avec une telle approche statistique de l’avenir. »

Et il sera peut-être d’accord avec Mariana Mazzucato lors de son débat à venir avec elle (lors de la conférence Human After All, Toronto 2014 – programme en pdf): « La taille du gouvernement n’a pas changé tant que ça dans les 40-50 dernières années. Mais ce que fait le gouvernement a radicalement changé. Dans le passé, le gouvernement prenait position sur des idées spécifiques et les implémentait. Pensez au programme spatial. Aujourd’hui, le gouvernement ne fait plus autant de choses spécifiques. Principalement il déplace seulement de l’argent de certaines personnes vers d’autres personnes. Que faites-vous à propos de la pauvreté ? Eh bien, nous ne savons pas. Donc, nous allons donner tout l’argent aux gens, en espérant que cela aide, et laissons-les découvrir ».

Darwinisme et design.

Et tout à coup, dans le fil de la lecture sur la chance, Thiel me surprend encore! De toute évidence, l’optimisme indéterminé peut être facilement lié à la théorie de l’évolution de Darwin. Les accidents arrivent, mais il y a une évolution positive générale. « Appliquée aux start-up, l’obsession de l’indétermination conduit aux phénomènes suivants:
• des tests darwinistes A/B
• des processus itératifs
• l’apprentissage automatique
• pas de réflexion sur l’avenir
• des horizons de temps court. »

Il s’agit là de messages typiques d’un Steve Blank ! Mais Thiel envisage une autre possibilité: « Apple est l’antithèse absolue de la finance. Apple fait du design délibéré à tous les niveaux. Il y a bien sûr sa manière de concevoir les produits. La stratégie de l’entreprise est bien définie. Il existe des plans précis, pluriannuels. Les choses sont méthodiquement déployées. » (Je ne pense pas que Thiel face allusion aux théories du design intelligent qui s’opposent au Darwinisme, mais la coïncidence est un peu déroutante !)

« Dans la foulée d’Apple, a émergé l’idée que les produits bien conçus étaient très importants. Airbnb, Pinterest, Dropbox et Path ont tous ont tous un côté anti-statistique. […] Ce point commun – la conception de qualité – semble fonctionner mieux et plus vite que les tests darwinistes A/B ou la recherche itérative dans un très grand espace de possibilités. Le retour de la conception contribue pour une grande part au courant allant à l’encontre de la philosophie dominante de l’indétermination. S’ajoute à cela l’observation que les entreprises avec de très bons plans, généralement, ne se vendent pas. Si votre start-up obtient de la traction, les gens feront des offres d’achat. Dans un monde indéterminé, vous vous vendez et vous prenez l’argent, parce que l’argent est ce que vous voulez. […] Mais lorsque les entreprises ont des plans précis, ces plans encouragent à ne pas vendre. […] Dans un monde indéfini, les investisseurs donnent aux plans secrets une valeur nulle. Mais dans un monde déterminé, la robustesse du plan secret est l’un des paramètres les plus importants. […] Il est important de noter que vous pouvez toujours bâtir un plan précis, même dans le plus indéfini des mondes. […] La tendance est que nous tombons plutôt vers le pessimisme. Mais alors pouvons-nous encore revenir à l’optimisme déterminé? »

Ceci conclut mes notes sur la vision assez extraordinaire de Thiel sur les start-up.

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 6: l’exceptionnalité des fondateurs, la singularité des technologies.

Thiel conclut ses notes de cours (CS183 – Stanford, printemps 2012) par des considérations philosophiques sur l’unicité des fondateurs (classe 18) et la singularité de la technologie (classe 19). Les fondateurs sont un sujet que j’ai régulièrement couvert ici, par exemple dans European Founders at Work ou Founders at Work.

Encore une fois Thiel présente des idées insolites et stimulantes sur les fondateurs, qu’il voit comme une combinaison « d’outsiders extrêmes et d’initiés extrêmes ».
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ce qu’il renforce par ce cercle vertueux / vicieux :
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Si ce n’est pas clair , deux exemples peuvent aider:
– « Tous [ces] questions s’appliquent à Bill Gates. Était-ce la nature ou la culture? Il a été éduqué à Harvard mais est devenu un outsider en abandonnant l’université. Il portait de grosses lunettes. Est-il devenu un nerd involontairement ? A t-il prospéré en accentuant sa « nerdiness »? C’est difficile à dire. »
– « Et puis il y a le cas de Steve Jobs. […] Il avait tout de l’outsider extrême classique et des traits d’initié extrême. Il a abandonné ses études. Il était excentrique et pratiquait tous ces régimes fous. Il avait développé des téléphones illégaux avec Steve Wozniak. Il avait pris du LSD. »

Thiel est convaincant quand il explique que la start-up n’est pas une démocratie. Les fondateurs sont rois, et dans doute Thiel a-t-il sété influencé par René Girard à Stanford puisqu’il développe ensuite une théorie de boucs émissaires. Le dieu peut devenir une victime.
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Thiel est un peu court sur ​​le cas du double fondateur: « Le cas du double fondateur doit être noté. Les co-fondateurs semblent rencontrer beaucoup moins de problèmes que la situation plus déséquilibrée du fondateur unique. egardez Hewlett et Packard, Moore et Noyce, et Page et Brin. Il y a toutes sortes d’avantages théoriques à avoir plusieurs fondateurs tels que plus de puissance de réflexion, de collaboration, etc. Mais la vraie différence entre un seul fondateur ou plus est qu’avec plusieurs fondateurs, il est beaucoup plus difficile d’identifier un bouc émissaire. Est-ce Larry Page ? Ou est-ce Sergey Brin ? Il est très difficile pour un groupe de s’unir contre plusieurs personnes – le bouc émissaire doit être seul. Plus le fondateur est singulier et isolé, plus dangereux phénomène de bouc émissaire. Pour le sceptique incliné à voir la fiction déguisée en vérité, cela soulève des questions intéressantes. Page et Brin sont-ils, par exemple, vraiment égaux ? Ou est-ce une stratégie pour plus de sécurité ? Nous allons laisser ces questions sans réponse et de toute façon très peu abordées ».

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La vision de Thiel (ainsi que les visions de ses invités – je les ai mélangées ici) sur la technologie a été mentionneé dans mon post précédent. Encore une fois, c’est tout à fait fascinant. « Les gens ont tendance avoir une certaine vision de l’avenir. Ils projettent souvent une relative stagnation. Les gens ont tendance à croire que, non seulement la plupart des choses ne changera pas, mais ce qui va changer ne changera pas très vite. » Mais « il y a des arguments convaincants que nous allons très probablement voir des progrès extraordinaires ou accélérés dans les décennies à venir. »

Un invité : « Mon point de vue est que l’innovation vient de deux endroits : de haut en bas et de bas en haut . Il y a une énorme communauté de bricoleurs. Ces amateurs travaillent dans les laboratoires qu’ils mettent en place dans leurs cuisines et les caves. À l’autre extrémité du spectre, vous avez le DARPA qui dépense des tonnes d’argent. Les scientifiques parlent aux uns et aux autres dans différents pays et collaborent. Cette inter-connectivité compte. Toutes ces interactions en fin de compte apporteront le changement .

Un autre invité : « Je suis en désaccord. Il y a très peu de gens visionnaires qui peuvent faire une réelle différence en amont C’est pourquoi les leaders d’opinion traditionnels sont absolument cruciaux. Aucun autre groupe de personnes ne pourrait faire davantage pour les technologies radicales. En maîtrisant la réticence du public et en influençant le discours, ces personnes peuvent stimuler tout un chacun à construire la technologie. Si nous changeons l’opinion publique, les grands visionnaires pourront agir. »

Le troisième invité : « Je ne pense pas que le progrès viendra de haut en bas ou de bas en haut, vraiment. les bienfaiteurs qui se concentrent sur une chose, comme Paul Allen, font certainement de bonnes choses. Mais ils ne poussent pas vraiment sur ​​l’avenir, ils changent la conviction que l’avenir peut venir plus vite. Le sentiment est que ces gens ne sont pas vraiment en coordination suffisante les uns avec les autres. Historiquement, les grandes approches planifiées n’ont pas fonctionné. Et l’approche « bottom-up » ne fonctionne généralement pas non plus. C’est au milieu que se provoque le changement, avec des tribus comme les Quakers, les pères fondateurs, ou la Royal Society. Ces groupes efficaces se comptaient en dizaines de membres ou en petites centaines. Ce n’est presque jamais le génie isolé travaillant en solo. Et ce n’est presque jamais le ministère de la Défense ou une grande institution. Vous avez besoin de dépendance et de confiance. Ces traits ne peuvent pas exister chez une seule personne ou parmi des milliers ».

Peter Thiel : « Voici trois opinions différentes sur ce qui modifie l’avenir: une combinaison bottom-up et top-down, les leaders d’opinion sociale et les tribus. »

Pour être honnête, je suis plus convaincu par son analyse des fondateurs que des technologies. Sa conclusion mérite elle d’être lue comme source d’inspiration: « Ce cours a été en grande partie une analyse du concept de 0 à 1. Nous avons beaucoup parlé de la façon de créer de nouvelles technologies, et comment des technologies radicalement meilleures peuvent mener à la singularité. Mais nous pouvons appliquer le cadre de 0 à 1 de façon plus large que cela. Il y a quelque chose de singulier et d’important dans chaque nouvelle qui vient au monde. Il y a une mini-singularité à chaque fois que vous démarrez une entreprise ou que vous prenez une décision qui touche à votre vie. Dans un sens très profond, la vie de chaque personne est une singularité. La question évidente est ce que vous devriez faire avec votre singularité. La réponse évidente, malheureusement, a été de suivre un chemin bien tracé. Vous êtes constamment encouragés à jouer la sécurité et rester classique. L’avenir, nous dit-on, est fait seulement de probabilités et de statistiques. Vous êtes une statistique. Mais la réponse évidente est erronée. C’est de la courte vue. Les processus statistiques, la loi des grands nombres et la mondialisation – ces choses sont intemporelles, probabilistes et peut-être aléatoires. Mais, comme la technologie, votre vie est un récit d’événements ponctuels De par leur nature, des événements singuliers sont difficiles à enseigner ou généraliser. Mais le grand secret c’est qu’il y a beaucoup de secrets à découvrir. Il y a encore beaucoup de grands espaces blancs sur la carte de la connaissance humaine. Vous pouvez aller les découvrir. Donc faites-le. Sortez et remplissez les espaces vides. Chaque moment est une possibilité d’aller vers de nouveaux lieux et de les explorer. Il n’y a sans doute pas de bon moment pour lancer votre entreprise ou changer votre vie. Mais certains moments semblent plus propices que d’autres. C’est maintenant le moment. Si nous ne nous prenons pas en charge et ouvrons la voie de l’avenir – si vous ne prenez pas en charge votre vie – il y a le sentiment que personne ne le fera. Alors, allez trouver une frontière et allez-y. Choisissez de faire quelque chose d’important et de différent. Ne soyez pas découragés par les notions de chance, d’impossibilité, ou d’échec. Utilisez votre pouvoir de façonner votre propre vie et aller et faire de nouvelles choses ».

En lisant ces dernières lignes, je me suis souvenu de la conclusion de mon livre: Je me suis alors souvenu de la lecture d’un essai que Wilhelm Reich, le grand psychanalyste, rédigea en 1945 : « Écoute, Petit Homme » est un magnifique essai, petit par la taille, grand par l’inspiration. « Je vais te dire quelque chose, petit homme : tu as perdu le sens de ce qu’il y a de meilleur en toi. Tu l’as étranglé. Tu l’assassines partout où tu le trouves dans les autres, dans tes enfants, dans ta femme, dans ton mari, dans ton père et dans ta mère. Tu es petit et tu veux rester petit. » Le petit homme, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Le petit homme a peur, il ne rêve que de normalité, il est en nous tous. Le refuge vers l’autorité nous rend aveugle à notre liberté. Rien ne s’obtient sans effort, sans risque, sans échec parfois. « Tu cherches le bonheur, mais tu préfères la sécurité, même au prix de ta colonne vertébrale, même au prix de ta vie. »

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 5: une vision du futur de la technologie

Je ne suis toujours pas sûr de savoir comment les notes de cours de Thiel sur les start-up se termineront, mais elles sont de plus en plus fascinantes, classe après classe. Je parle surtout de la vision de Thiel sur ce monde.

La classe 14 parle des ​​technologies propres et de l’énergie. « Les énergies renouvelables et les technologies propres ont attiré une énorme quantité d’investissements et d’attention lors de la dernière décennie. Presque rien n’a fonctionné contrairement aux attentes. L’expérience des technologies propres peut donc être riche d’enseignements. […] Pour penser à l’avenir de énergie, nous pouvons utiliser une [autre] matrice avec les quadrants qui suivent:
– Déterminé, optimiste: un type spécifique d’énergie est le meilleur et doit être développé.
– Déterminé, pessimiste: aucune source de technologie ou d’énergie n’est nettement meilleure. Vous avez ce que vous avez. Donc il faut la rationner et la conserver.
– Indéterminé, optimiste: il y a mieux et moins cher, mais nous ne savons pas ce que c’est. Il faut donc un portefeuille de choses.
– Indéterminé, pessimiste: nous ne savons pas ce que sont les bonnes sources d’énergie, mais elles pourraient être pire et plus coûteuses. Il faut aussi adopter une approche de portefeuille ».

Tant pour l’énergie que pour le transport, Thiel remplit ses quadrants avec des exemples intéressants :
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Et il ajoute: « Le pétrole a dominé le transport et le charbon a dominé dans la production d’électricité. […] Généralement, une source unique domine à un moment donné il y a une raison logique à cela: il n’est pas possible de croire que l’univers serait être ordonné de telle sorte que de nombreux types de sources d’énergie seraient presque exactement égales. Le solaire est très différent de l^éolien, qui est très différent du nucléaire. Ce serait très étrange si le prix et l’efficacité de ces diverses sources d’énergie s’étaient avérés presque identiques. Il y a donc une bonne raison à ce que nous devrions nous attendre à voir une source dominante. Cela peut être présenté comme une fonction de la loi de puissance. Les sources d’énergie ne sont probablement pas normalement distribuées dans leur coût ou leur efficacité. Il en est probablement une qui est bien meilleure que toutes les autres ».

Mais l’analyse expliquant la bulle des technologies propres ont été loin d’être claire. « Une des raisons est que les gens étaient ambigus sur ce qu’était le problème. Y a t-il pénurie de ressources? Ou s’agit-il principalement de problèmes d’environnement? » […] « Pour avoir un une forte probabilité de succès d’une start-up, vous devez avoir de bonnes réponses – ou au moins un bon plan pour obtenir des réponses. » Des réponses à de nombreuses questions telles que
– le marché
– les secrets
– l’équipe et de sa culture
– le financement
et malheureusement de nombreuses erreurs ont été commises.

En ce qui concerne le marché, il y avait la question du choix entre devenir le leader d’un segment (PV, éolien, …) et d’expliquer pourquoi un segment était meilleur. En ce qui concerne le secret: « Si vous voulez démarrer une entreprise, vous devriez avoir quelque secret important, mais dans la pratique, dans la plupart des domaines – éolien, solaire, technologies propres – les entreprises se sont appuyées sur des améliorations incrémentales ». Pire encore, « la plupart des entreprises cleantech dans la dernière décennie avaient scandaleusement des équipes et une cultures non-techniques. La culture était par défaut celle de la concurrence à somme nulle. Les observateurs avisés auraient vu le problème avec des gens qui portaient costumes et cravates. Dans le high-tech, les gens portent des t-shirts et des jeans. Dans la cleantech, en revanche, les équipes ressemblaient à des vendeurs. Et en effet, c’est ce qu’ils étaient. Ce n’est pas un point de détail. Si vous avez affaire à quelque chose qui est incrémental et de durabilité douteuse, vous devez réellement être un très bon vendeur pour convaincre les gens que ce que vous avez est nettement meilleur ». Enfin « une bonne règle de base est de ne jamais investir dans des sociétés qui sont à la recherche de moins de 1 million de dollars ou de plus de 1 milliard de dollars. Si les entreprises peuvent faire tout ce qu’elles veulent avec moins d’un million de dollars, les choses peuvent être un peu trop faciles. Il ne peut y avoir rien de très difficile à construire, et c’est juste une question de timing. A l’autre extrême, si une entreprise a besoin de plus d’un milliard de dollars pour réussir, elle doit devenir si grande que l’histoire commence à devenir invraisemblable ».

Si Thiel devait parier sur quelque chose, ce serait apparemment le thorium comme combustible nucléaire.

La classe 15 traite ​​d’autres paris sur l’avenir.

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Thiel est un fervent partisan de paris « contrariens » (et parfois énormes). Il est intéressé ou au moins intrigué par les transports, la robotique, la météorologie et le stockage de l’énergie. Et sa façon de choisir est de regarder ce qui n’a pas (encore) marché dans le passé. « Plusieurs entreprises de capital-risque de la Silicon Valley m’ont mis en garde et ont exprimé leur préoccupation [à propos de investissements dans des technologies uniques]. Ils nous ont avertis que l’investissement dans SpaceX était risqué et peut-être même fou. Ce n’était pas même à un stade très précoce. […] (Danielle Fong:) les gens aiment dire qu’ils aiment être perturbateurs et prendre des risques. Mais c’est en général juste en parole. Ils ne le pensent pas. Ou si c’est les cas, ils n’ont pas nécessairement l’influence au sein du partenariat pour y arriver. (Peter Thiel:) il est très dur pour les investisseurs de parier sur les choses qui sont uniques. La difficulté psychologique est difficile à estimer. Les gens sont attirés par l’approche moderne du portefeuille. Le récit que les gens font, c’est que leur portefeuille sera diversifié. Mais cela semble étrange. Les choses qui sont vraiment différentes sont difficiles à évaluer. […] L’avantage de faire quelque chose avec lequel vous n’êtes pas familier, comme les fusées, c’est qu’il est probable que personne d’autre n’y connaît plus quelque chose. Le niveau concurrentiel est abaissé. Vous pouvez vous concentrer sur l’apprentissage plus que sur le processus, ce qui est peut-être mieux que de rivaliser contre des experts ».

La classe 16 traite peut-être du plus grand de tous les paris: la vie et la mort.

Je n’ai pas parlé jusqu’ici de la phrase qui vient au début de chaque série des notes de cours: « Votre esprit est un logiciel, programmez-le; votre corps est une coquille, changez-en; la mort est une maladie, guérissez-en; l’extinction est proche, combattez-la ».

Le problème.

« Comme la mort elle-même, la découverte de médicaments modernes est probablement trop une question de chance. Les scientifiques commencent par envisager 10000 composés différents. Après un processus de sélection rigoureux, les 10000 sont réduits à peut-être 5 qui pourraient atteindre la phase 3 des essais cliniques. Peut-être un seul passera les tests et sera approuvé par la FDA. c’est un processus extrêmement long et assez aléatoire. C’est pourquoi le démarrage d’une entreprise de biotechnologie est généralement une entreprise brutale. Pour la plupart, cela dure 10 à 15 ans. Il y a peu ou pas de contrôle en chemin. Ce qui semble prometteur peut ne pas fonctionner. Il n’y a pas d’itération ou de sens du progrès. C’est juste un résultat binaire à la fin d’un processus largement stochastique. Vous pouvez travailler dur pendant 10 ans et ne toujours pas savoir si vous avez perdu votre temps .

Pour être juste, il faut reconnaître que tous ces processus basés sur les statistiques et la chance et qui ont dominé la pensée des gens ont assez bien fonctionné au cours des dernières décennies. Mais cela ne signifie pas nécessairement que l’indétermination est une bonne pratique. Les coûts peuvent augmenter rapidement. Peut-être avons-nous trouvé tout ce qui est facile à trouver. Si c’est le cas, il sera difficile d’améliorer quoi que ce soit avec des processus aléatoires. Cela se reflète dans l’augmentation des coûts de développement. Cela coûtait 100 millions de dollars pour développer un nouveau médicament en 1975. Aujourd’hui, cela coûte 1,3 milliard $. Probablement tous les fonds d’investissement en sciences de la vie ont perdu de l’argent. L’investissement biotech a été à peu près aussi mauvais que la cleantech ».

Les perspectives.

« La découverte de médicaments est fondamentalement un problème de recherche. L’espace de recherche est extrêmement grand. Il y a beaucoup de composés possibles. Une question importante est donc de savoir si nous pouvons utiliser la technologie informatique pour réduire la chance. L’informatique peut-elle rendre la biotechnologie plus déterminée? »

« Ce sont de grands secrets qui se jouent sur ​​des horizons de temps très longs, et non pas des applications web qui ont une fenêtre de 6 semaines pour conquérir le monde. »

« Le séquençage du génome est comme les premiers paquets envoyés sur ARPANET. C’est une preuve de concept. Cette technologie se développe, mais elle n’est pas encore convaincante. Donc, il y a un marché énorme si l’on peut faire quelque chose de suffisamment convaincant avec un génome séquencé. C’est comme l’email ou le traitement de texte. Initialement, ces choses étaient peu pratiques. Mais quand elles deviennent manifestement utiles, les gens quittent leurs zones de confort pour les adopter.  »

« La Biotech a eu son plus grand éclat à la fin des années 70 et au début des années 80, avec le nouvel ADN recombinant et des techniques de biologie moléculaire. Genentech a ouvert la voie à la fin des années 70. Neuf des 10 plus grandes sociétés de biotechnologie américaines ont été fondées au cours de cette très courte période. Leur technologie est sortie 7-8 ans plus tard. C’était leur la fenêtre d’opportunité. Peu d’ entreprises de biotechnologie intégrées ont vu le jour depuis. Il y avait peu de choses à trouver et des gens les ont trouvées. Et avant Genentech, le paradigme était la pharma, pas la biotech. Cette fenêtre-là (devenir une société pharmaceutique intégrée) avait été fermée pendant environ 30 ans avant Genentech. Ainsi, le pari est que, bien que la fenêtre de la biotechnologie traditionnelle soit peut-être fermée, la fenêtre de la bio-informatique est juste en train de s’ouvrir. »

« Il n’y a vraiment pas d’urgence à divulguer des plans secrets. Cet espace est très différent de celui des start-up Internet. Ici, si vous avez quelque chose d’unique, vous devez prendre votre temps. »

« L’itération lente n’est pas une loi de la nature. Pharma et Biotech se développent habituellement très lentement, mais les deux se sont parfois développées très rapidement. En 1920-1923, l’insuline s’est développée à la vitesse du logiciel. Aujourd’hui, les plates-formes comme Heroku ont considérablement réduit les temps d’itération. La question est de savoir si nous pouvons le faire pour la biotechnologie. Nulle part il n’est écrit dans la pierre que vous ne pouvez pas aller de la conception au le marché en 18 mois. Cela dépend beaucoup de ce que vous faites. Genentech a été fondée la même année que Apple, en 1976. Construire une plate-forme et une infrastructures prend du temps. Il peut y avoir beaucoup de frais généraux. Des choses auxiliaires peuvent prendre plus de temps qu’un seul cycle de vie du produit. [Le modèle] VC est cassé dans la biotechnologie. Les VCs Biotech ont tous perdu de l’argent. Ils ont généralement des horizons temporels qui sont beaucoup trop courts. Les VCs qui disent investir dans la biotechnologie ont tendance à chercher des produits mis sur le marché très rapidement. « Une plate-forme de médicaments intégrée » à mauvaise presse chez les VCs. Les autres VCs dans la biotechnologie sont axés sur la mondialisation plus que sur l’innovation technique. Les VCs trouvent généralement une entreprise autour d’un seul composé, puis déversent un tas d’argent pour la pousser vers un processus d’essais cliniques intensif en capital. La plupart des VCs ne sont pas intéressés dans les entreprises multi-composés qui font de la recherche pré-clinique sérieuse ».

Et en conclusion de la classe 16, « Les startup ont toujours des débuts difficiles. On stocker futons et planche à repasser dans les bureaux. Vous vous dépêchez de tout ranger juste avant les réunions. Mais peut-être la chose la plus difficile est juste de bien commencer les choses et de vous assurer que vous construisez quelque chose de valeur. Il ne doit pas s’agir d’un forum scientifique au début. Vous avez juste à faire la bonne analyse que ce que vous faites est valable. Vous devez vous donner le meilleur chance de succès ».

La classe 17 aborde ​​le cerveau, l’intelligence artificielle (iA), peut-être la dernière frontière de la technologie, certainement Thiel va encore plus loin que pour les sujets précédents traités ici.

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Pas grand-chose de plus à ajouter, sauf peut-être une brève description de l’approche de 3 start-up:
Vicarious tente de construire sont IA en développant des algorithmes qui utilisent les principes sous-jacents du cerveau humain. Ils croient que les concepts de plus haut niveau sont issus de l’expérience, et créer l’IA exige d’abord de résoudre une modalité sensorielle humaine.
Prior Knowledge (acquise par Salesforce depuis la classe de Thiel) adopte une approche différente de la construction de l’IA. Leur but est moins d’imiter le fonctionnement du cerveau et plus d’essayer de trouver différentes façons de traiter de grandes quantités de données. Ils appliquent une variété de techniques probabilistes bayesiennes pour identifier des modèles et déterminer le lien de causalité dans les grands ensembles de données. Dans un sens, c’est le contraire de simuler le cerveau humain.
– La grand pari de Palantir (…) n’est pas une analyse par régression, où vous regardez ce qui a été fait dans le passé pour tenter de prédire ce qui va être le prochain événement. Une meilleure approche serait la théorie des jeux. Le cadre de Palantir n’est pas fondamentalement ​​l’IA, mais plutôt ​​l’augmentation de l’intelligence.

Et voici un commentaire de plus: « Pour la plupart, les universitaires ne sont pas motivés par cela (le travail sur l’IA forte ou des choses folles) parce que leur structure d’incitation est tellement bizarre. Ils ont une incitation perverse à ne faire que marginalement des progrès. Et la plupart des entreprises privées ne fonctionnent que pour gagner de l’argent à court terme. (…) Des revendications audacieuses exigent également des preuves extraordinaires. Si vous promettez une machine temporelle, vous aurez besoin de montrer des progrès graduels. Peut-être que votre démo envoie une chaussure de l’investisseur dans le temps. Ce serait génial. Vous pouvez montrer un prototype et expliquer aux investisseurs ce qui sera nécessaire pour faire fonctionner la machine sur les problèmes les plus valables.
Il est intéressant de noter que, si vous promettez une technologie révolutionnaire par opposition à une invention incrémentale, il est beaucoup mieux de trouver des VCs qui peuvent comprendre la technologie. Lorsque Trilogy essayait de lever leur premier tour, les VCs ont engagé des professeurs pour évaluer leur approche du problème du configurateur. La stratégie de Trilogy était trop différente du statu quo, et les professeurs dirent aux VCs que ça ne marcherait jamais. Ce fut une erreur coûteuse pour les VCs. Quand il y a des connaissances à contre-courant, vous voulez des investisseurs qui ont la capacité de penser par eux-mêmes ».

Fin de la partie 5 !

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 4: et les clients?

Les classes 9 à 12 de Thiel quittent le champ des start-up pour aborder des sujets touchant à l’économie et à l’innovation. Thiel donne des conseils généraux, tels que le fait que les clients sont importants et aussi plus importants que les concurrents, avec en plus cette « obsession » récurrente que la paix et, de manière corrélée, le monopole sont plus souhaitables que la guerre et la compétition.

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La classe 9 traite de ce sujet important des clients et plus particulièrement comment les trouver. « Les gens disent tout le temps: ce produit est si bon qu’il se vend sans effort. Ce n’est presque jamais le cas. […] La vérité est que vendre n’est pas une entreprise purement rationnelle. Il y a beaucoup de choses étranges à l’œuvre ici. […] La plupart des ingénieurs sous-estiment le côté commercial des choses parce que ce sont des gens axés sur la vérité. En ingénierie, quelque chose fonctionne ou alors n’existe même pas. […] L’ingénierie est transparente. […] La vente n’est pas transparente du tout. (J’en profite pour vous conseiller à nouveau de lire Packer sur la transparence et de la politique dans SV, lié d’ailleurs à ce qui suit!) […] Une bonne analogie pour l’opposition ingénieur – ventes est celle des experts et des politiques. Si vous travaillez dans une grande entreprise, vous avez deux choix. Vous pouvez devenir expert en quelque chose. L’autre choix est d’être un politique. […] Les très bons politiciens valent beaucoup mieux que vous pourriez le penser. les grande vendeurs valent aussi bien mieux que vous le pensez. Mais cela est toujours profondément caché. En un sens, probablement tous les présidents des États-Unis étaient d’abord et avant tout des vendeur déguisés.

Thiel aime les quadrants mais ne le dessine pas ici , il l’explique simplement:
– Le produit se vend, sans aucun effort de vente. Cela n’existe pas .
– Le produit a besoins de vendeurs et il n’y aucun effort de vente. Vous n’avez pas de revenus.
– Le produit a besoins de vendeurs, et il y a un fort effort de vente. Il s’agit d’une entreprise axée sur la vente.
– Le produit se vend [relativement facilement j’imagine], et il y a un fort effort de vente. C’est l’idéal.

Thiel a des vues similaires sur le marketing. « La publicité est aussi difficile que la vente » et il utilise la célèbre citation : « La moitié de l’argent que je dépense en publicité est gaspillée : le problème est que je ne sais pas quelle moitié. » Thiel pense que les ventes suivent une loi de puissance similaire à celle existant dans la création de valeur. « Le marketing viral fonctionne rarement… et le marketing viral nécessite que l’utilisation de base du produit doit être intrinsèquement virale. »

Dans sa classe 10, Thiel explore le sujet du futur et de ces incertitudes. Il montre combien il est difficile d’identifier les opportunités. Il mentionne même la jolie citation (mais si elle ne fut jamais dite en réalité) « tout ce qui peut être inventé a été inventé » (faussement) attribuée au commissaire des brevets américain Charles H. Duell en 1899. Encore une fois tant en termes d’innovation technologique (face aux ordinateurs) que de mondialisation (contre la Chine), Thiel conseille de ne pas chercher la concurrence mais de collaborer.

Mais la pire menace est le temps… « Plus intéressants sont les cas où les gens sont juste sur la vision et ont tout simplement tort sur le moment. […] Et être trop précoce est un problème plus important pour les entrepreneurs que de ne pas être correct. Il est très difficile de s’asseoir et d’attendre que les choses arrivent. Cela ne fonctionne presque jamais. » Andreessen qui était l’invité de Thiel approuve: « Pour les entrepreneurs, le timing est un risque énorme. Vous devez innover au bon moment. Vous ne pouvez pas arriver trop tôt. C’est vraiment dangereux parce que vous faites essentiellement un pari sur le temps. Il est rare de recommencer la même entreprise cinq ans plus tard si vous essayez une fois en ayant eu tort sur ​​le calendrier. Jonathan Abrams a fait Friendster mais pas Facebook ».

Et Andreessen est également d’accord sur les ventes: « La raison numéro un de dire non à un entrepreneur même si nous apprécions son projet est de se concentrer sur les produits à l’exclusion de tout le reste. Nous avons tendance à cultiver et à glorifier cette mentalité dans la Silicon Valley. Nous sommes tous amoureux du modéle « lean start-up ». L’ingénierie et les produits sont la clé. Il y faut beaucoup de talent, et toute cette culture a aidé à créer des entreprises de la plus grande qualité. Mais l’aspect sombre de la vente et du marketing, c’est que les entrepreneurs trouvent des excuses pour ne pas faire ces choses difficiles de la vente et du marketing. Beaucoup d’entrepreneurs développent de grands produits mais n’ont tout simplement pas de stratégie de distribution. Et le pire est quand ils affirment qu’ils n’en ont pas besoin, ou que leur stratégie de distribution est le marketing viral. »

Et à nouveau le sujet du timing: « Vous pouvez vous tromper de bien des manières. La première est que l’avenir est trop éloigné […] C’est comme le surf. Le but est d’attraper une grosse vague. Si vous pensez que une grande vague arrive, il faut pagayer dur. Souvent, il n’y a pas de vague, ce qui est très pénible. Mais vous ne pouvez pas attendre d’être sûr qu’il y a une vague avant de commencer à pagayer. Vous allez la manquer complètement. Vous devez pagayer au début, puis laissez la vague vous attraper. La question est comment savoir quand la prochaine grosse vague est susceptible de venir? »

Quelques sujets divers:
– Vous avez besoin de trouver l’équilibre qui vous permet de penser le moins possible aux brevets. La propriété intellectuelle est essentiellement une taxe réglementaire qui distrait du business.
– L’idéal est d’avoir un fondateur / CEO qui est une personne de produit. Les commerciaux gèrent la force de vente. Larry Ellison [ne fait pas exception et] et est un homme de produit.
– Etre CEO est une compétence qui s’apprend. « Avec la mode du « CEO de classe mondiale », vous manquez les Microsoft, Google et Facebook. Les PDG de ces entreprises, bien sûr, se sont avérés être excellents. Mais ils étaient aussi des gens de produits qui ont construit des entreprises. [Ne vous méprenez pas] tout le monde pense que les gestionnaires sont une bande d’idiots, et que les ingénieurs doivent sauver l’entreprise en faisant les bonnes choses pour tout rattraper. Ce n’est pas juste. La gestion est extrêmement importante. Une excellente gestion et de bons produits qui fonctionnement sont la caractéristique des meilleures entreprises. »

La classe 11 traite aussi du futur, mais en termes de « secrets », ce qui peut être important pour savoir identifier les vraies opportunités: « Certains secrets sont petits et incrémentaux. D’autres sont très grands. L’accent devrait être mis sur les secrets qui comptent: les grands secrets. Les grands secrets abordés dans ce cours jusqu’ici sont monopole contre la concurrence, la loi de puissance, et l’importance de la distribution. « Le capitalisme et la concurrence sont des antonymes. » C’est un secret bien gardé et une vérité importante, et la plupart des gens en désaccord avec cela ».

Thiel explique pourquoi secrets sont importants: « Quatre choses principales ont été le moteur d’une grande incrédulité sur la notion de secret.
– Tout d’abord, il y a un incrémentalisme omniprésent dans notre société. Les gens semblent penser que la bonne façon de s’y prendre pour faire les choses est de procéder petit à petit. […] Les universitaires sont incités par le quantitatif, pas le qualitatif. L’objectif est de publier de nombreux articles, dont chacun est, dans la pratique au moins, nouveau seulement d’une manière incrémentale. […]
– Deuxièmement, les gens ont de plus en plus d’aversion au risque. Aujourd’hui, les gens ont tendance à avoir peur des secrets. Ils ont peur de se tromper. Bien sûr, les secrets sont censés être vrais. Mais dans la pratique, ce qui est vrai de tous les secrets, c’est qu’il y a de bonnes chances qu’ils soient faux. Si votre objectif est de ne jamais faire d’erreurs dans la vie, vous ne devriez certainement jamais vous intéresser aux secrets. Penser en dehors de la norme sera dangereux pour vous. […]
– La troisième raison est la complaisance. Il n’y a vraiment pas besoin de croire aux secrets aujourd’hui. Les doyens des facultés de droit à Harvard et Yale débitent le même discours devant les étudiants de première année à chaque rentrée : « Vous êtes arrivés. Vous êtes dans une école d’élite. […]
– Finalement, il y a une tendance certaine vers l’égalitarisme qui nous éloigne des secrets. Nous constatons qu’il est de plus en plus difficile de croire que certaines personnes ont des informations importantes sur la réalité que d’autres personnes n’ont pas. Les prophètes ont perdu leur aura. Avoir des visions de l’avenir est considéré comme de la folie. En 1939, Einstein a envoyé une lettre au président Roosevelt pour lui demander de se pencher sérieusement sur l’énergie nucléaire et les armes atomiques. Roosevelt avait lu et réagi. Aujourd’hui, une telle lettre serait perdue dans le courrier de la Maison Blanche. »

Mais… « il n’existe pas de formule simple qui peut être utilisé pour trouver des secrets. »

La classe 12 parle de ​​la Guerre et de la Paix de nouveau, mais je n’ai pas grand chose à commenter ici, sauf une citation de Reid Hoffman: « Un commentaire sur les inventions et l’innovation: quand vous avez une idée de start-up, consultez votre réseau. Demandez aux gens ce qu’ils pensent. Ne recherchez pas la flatterie. Si la plupart des gens pensent immédiatement que le projet est génial, vous êtes probablement foutu; cela signifie probablement que votre idée est évidente et ne fonctionnera pas. Ce que vous cherchez est une réponse véritablement réfléchie. Deux tiers des personnes de mon réseau pensaient LinkedIn était une idée stupide. Il s’agissait de gens très intelligents. Ils avaient compris qu’il y aucune valeur dans un réseau social tant que vous n’avez pas un million de membres. Mais ils ne connaissaient pas les plans secrets qui nous ont amenés à croire que nous pourrions réussir. Et atteindre le premier million nous a demandé environ 460 jours. Maintenant, nous grandissons à plus de 2 utilisateurs par seconde. » Les secrets pacifiques sont plus sûrs que de la compétition pour des choses connues…

Quand Peter Thiel et ses amis parlent des start-up – partie 3: culture, fondateurs, équipes, investisseurs

La troisième partie de ma série de commentaires sur les notes de cours de Thiel à Stanford couvrent principalement ses classes 5-8. Mais d’abord je dois ajouter que Thiel a invité un « hall of fame » d’innovateurs au cours de ses 19 classes. Tout à fait fascinant!

Thiel-Friends-CS1ère ligne: Stephen Cohen, co-founder et executive VP – Palantir Technologies,
Max Levchin, co-fondateur -PayPal et Slide,
Roelof Botha, partner – Sequoia Capital et ancien CFO de PayPal,
2ème ligne: Paul Graham, co-fondateur – Y Combinator,
Bruce Gibney, partner – Founders Fund,
Marc Andreessen, general partner – Andreessen Horowitz,
3ème ligne: Reid Hoffman, co-fondateur – LinkedIn,
Danielle Fong, co-fondateur et Chief Scientist – LightSail Energy,
Jon Hollander, Business Development at RoboteX,
4ème ligne: Greg Smirin, COO – The Climate Corporation,
Scott Nolan, principal – Founders Fund et ex-SpaceX,
(Elon Musk devait venir, mais été occupé au lancement de fusée),
5ème ligne: Brian Slingerland. co-fondateur & COO – Stem CentRx,
Balaji S. Srinivasan, CTO – Counsyl,
Brian Frezza, co-fondateur – Emerald Therapeutics,
6ème ligne: D. Scott Brown, co-fondateur Vicarious,
Eric Jonas, CEO – Prior Knowledge,
Bob McGrew, Director Eng. – Palantir,
7ème ligne: Sonia Arrison, Associate Founder – Singularity University,
Michael Vassar, Singularity Institute for the study of Artificial Intelligence (SIAI),
Aubrey de Grey, Chief Science – SENS Foundation.

Thiel aborde dans ces nouvelles leçons la manière de bâtir une start-up depuis les idées et grâce à la vision des fondateurs, en cosntruisant une équipe en faisant parfois appel au financement d’investisseurs. Mais il a d’avord commencé par un concept essentiel même s’il est flou, la culture d’entreprise : « Une culture d’entreprise robuste est celle dans laquelle les gens ont quelque chose en commun et se reconnaissent si bien qu’elle les distingue assez nettement de reste du monde. »

Il mentionne certaines dimensions importantes de cette culture:
– Consultant nihiliste ou dogmatisme sectaire : « Vous voulez être quelque part au milieu de ce spectre . Dans la mesure où vous graviter vers l’extrême, vous voulez probablement être plus près d’être une secte que d’être une armée de consultants ». ce qui pourrait être la raison pour laquelle Thiel a dit plus tôt que
pre-money évaluation = ($1M * n_engineers) – ($500k * n_MBAs).
– Lutte ou ne pas se battre (nerds ou athlètes ou encore jeu à somme nulle et jeu à somme non nulle). « Donc vous devez trouver le juste équilibre entre les nerds et les athlètes. Aucun extrême n’est optimal. Considérons une matrice 2 x 2. Sur l’axe des y, vous avez des gens à somme nulle et des gens à somme non nulle. Sur l’axe des x des combattants, des environnements concurrentiels et puis vous avez des environnements paisibles, monopoles capitalistes. » L’endroit optimal de la matrice est le capitalisme monopolistique avec une combinaison adaptée de gens à somme nulle et à somme non nulle. Vous voulez choisir un environnement où vous n’avez pas à lutter. Mais vous devez apporter quelques bons combattants pour protéger vos équipes et mission à somme non nulle, juste au cas où.
(On m’a fait remarquer que cela est un peu elliptique… je l’avoue… alors lisez Thiel dans le texte!)

Les fondations sont évidemment un moment précis dans le temps. Mais combien de temps cela dure peut être une question difficile. Le récit typique prévoit une fondation, les premières embauches, et une première augmentation de capital. Mais il y a un argument selon lequel la fondation dure beaucoup plus longtemps que cela. L’idée d’aller de 0 à 1 – l’idée autour de la technologie – suit en parallèle les moments fondateurs. Le 1 à n de la mondialisation, en revanche, vient en parallèle de l’exécution post-fondation. Il se peut que la fondation dure aussi longtemps que l’innovation technique de l’entreprise continue. Les fondateurs devraient sans doute rester en charge tant que le paradigme reste 0 à 1. Une fois que le modèle se déplace vers 1 à n, la fondation est terminée. À ce moment, les dirigeants doivent exécuter.

Max Levchin : La notion que au début, la diversité dans une équipe est importante, est complètement fausse. Vous devriez essayer de bâtir l’équipe aussi non-diversifiée que possible. Il y a quelques raisons à cela. Le plus notable est que une start-up est sous-financée avec pas assez d’employés. C’est un gros inconvénient. Non seulement vous n’avez probablement que des problèmes, mais vous ne savez même pas ce que les problèmes sont vraiemnt. La rapidité est votre seule arme. Tout ce que vous avez c’est la rapidité. […] Comment embaucher ? Un exemple de stratégie est le parti pris anti-mode. Vous ne devriez pas juger les gens par l’élégance de leurs vêtements, les gens de qualité n’ont pas souvent des vêtements de qualité. Ce qui conduit à une observation générale: les très bons ingénieurs ne portent pas de jeans à la mode. Donc, si vous interviewez un ingénieur, regarder ses jeans. Il y a toujours des exceptions, bien sûr. Mais de manière surprenante, c’est une bonne heuristique. […] PayPal a également eu du mal à recruter des femmes. Un étranger pourrait penser que les gars de PayPal étaient dans le stéréotype que les filles ne font pas d’informatique. Mais ce n’est pas vrai du tout. La vérité est que PayPal avait du mal à embaucher des filles parce que PayPal était juste un tas de nerds! Ils ne parlaient jamais aux filles. Alors, comment seraient-ils censés interagir avec elles et les embaucher?

« Aucun CEO ne devraut être payé plus de $150k par an » (dans la Silicon Valley).
« Une autre idée importante est que les gens doivent être soit pleinement dans l’entreprise soit pas du tout. »

Dilution et financement.
Bâtir une start-up de valeur est un long périple. Une question clé pour garder du pouvoir en tant que fondateur est la dilution Les fondateurs de Google avaient 15,6% de la société à l’introduction en bourse. Steve Jobs avait 13,5% d’Apple quand il y est allé au début des années 80. Mark Pincus avait 16 % de Zynga à l’IPO. Si vous avez plus de 10 % après plusieurs tours de financement, c’est en général un très bon résultat. La dilution est implacable. L’alternative est que vous ne laissez pas quelqu’un d’autre monter à bord. Il faut se rappeler que de nombreuses entreprises florissantes sont construites comme ça. Craigslist pourrait valoir quelque chose comme cinq milliards de dollars si elle était gérée plus comme une entreprise que comme une commune. GoDaddy n’a jamais eu de financement. Trilogy à la fin des années 1990 n’avait pas d’investisseurs extérieurs. Microsoft a presque rejoint ce club, il a fallu un investissement de petite taille juste avant son introduction en bourse. Lorsque Microsoft est devenue publique, Bill Gates possédait encore un étonnant 49,2 % de la société. Ainsi, la question de penser VC n’est pas du tout différente des questions sur les co-fondateurs et les employés. Qui sont les meilleurs? Qui voulez-vous ou devez-vous voir monter bord?

Le modèle VC en un mot: une loi de puissance. « En première approximation, un portefeuille de VC ne rendra l’argent que si votre meilleur investissement vaut plus que votre fonds entier. (Et l’investissement dans la deuxième meilleure entreprise est à peu près aussi rentable que depuis le numéro trois jusqu’au dernier.) »

Je n’ai pas encore lu la suite…

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 2: la création de valeur.

Comme promis, voici d’autres commentaires de mes notes de lecture sur le cours de Peter Thiel sur les start-up à l’Université Stanford (comme suite aux commentaires généraux dans la partie 1 sur l’innovation). Et aujourd’hui, il s’agit de la création de valeur. Quand j’enseigne les techniques de valoriation à l’EPFL, je fournis des informations similaires: la création de valeur est basée sur les flux futurs de trésorerie, ajustés au présent (vous pouvez consulter Wikipedia pour la valorisation par DCF en anglais) . La difficulté avec le DCF est que dans le cas des start-ups la plus grande partie de la valeur apparaît dans le très long terme et compte tenu de l’incertitude des revenus des start-up, cela rend le DCF presque inutile… C’est pourquoi, pour les start-up, il est souvent plus facile d’utiliser des techniques basées sur des multiples et comparables (encore une fois vous pouvez consulter Wikipedia pour la valorisation à l’aide des multiples.)

Thiel apporte ici un éclairage intéressant en fournissant une explication au fait que le DCF a encore un sens pour les start-up. D’abord, il définit les « Grandes Entreprises technologiques » : « Les grandes entreprises font trois choses. D’abord, elles créent de la valeur. Deuxièmement, elles sont durables ou permanentes d’une manière significative. Enfin, elles capturent au moins une partie de la valeur qu’elles créent. » Surprenant (pour moi) est que la deuxième argument : elles sont durables ou permanentes d’une manière significative. Il introduit alors le DCF avec un taux de croissance :
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puis il ajoute: « Les entreprises high-tech et autres entreprises à forte croissance sont différentes. Dans un premier temps, la plupart d’entre elles perdent de l’argent. Lorsque le taux de croissance g, dans nos calculs ci-dessus est plus élevé que le taux d’actualisation r, beaucoup de la valeur dans les entreprises de haute technologie existe assez loin dans l’avenir. En effet, un modèle typique permet de constater que 2/3 de la valeur est créée au cours des années 10 à 15. C’est contre-intuitif. La plupart des gens, même les personnes qui travaillent dans des startups aujourd’hui, pensent en mode vieille économie où il faut créer de la valeur dès le départ. L’accent, en particulier dans les entreprises à très forte croissance, est mis sur ​​les prochaines mois, trimestres ou, moins fréquemment, les prochains années C’est un calendrier trop court. Le modèle vieille économie fonctionne pour la vieille économie. Il ne fonctionne pas pour penser technologie et forte croissance des entreprises. Pourtant, la culture start-up aujourd’hui ignore ostensiblement, et même résiste, à une pensée à 10-15 ans ».

Je ne vais pas ajouter beaucoup plus ici, mais juste mentionner que Thiel a dans ses classes 3 et 4 des arguments très intéressants selon lesquelles la concurrence n’est peut-être pas une si bonne chose et le monopole n’est pas si mal pour l’économie et les individus … « Que la concurrence est bonne ou mauvaise est une question intéressante (et souvent négligée). La plupart des gens supposent que la compétition est bien. Le récit économique standard, avec tout l’accent sur la concurrence parfaite, l’identifie comme la source de tout progrès. Si la concurrence est bonne, l’arguemnt par défaut sur ​​son contraire – le monopole – c’est qu’il doit être très mauvais. Mais pourquoi exactement le monopole est mauvais est difficile à expliquer en réalité. Cela est généralement juste accepté comme une donnée. Mais il est probablement utile de s’interroger plus en détail ».

Il fait l’analyse non seulement pour les entreprises mais aussi pour les personnes ayant une partie assez émouvante sur la concurrence féroce à Princeton, Yale ou Harvard avec une comparaison intéressante avec Stanford : « De toutes les meilleures universités, Stanford est la plus éloignée de la concurrence parfaite. C’est peut-être par hasard ou c’est peut-être de par sa conception. La géographie y contribue probablement: depuis la côte Est, on ne fait pas beaucoup attention à nous, et vice-versa . Mais il y a aussi une dimension d’hétérogénéité structurée: Stanford a une solide composante d’ingénierie, lune forte présence en sciences humaines, et même le meilleur programme de sport du pays. Quand on aborde le sujet de concurrence, c’est souvent une blague: regardez par exemple la rivalité de Stanford-Berkeley. C’est également assez assymétrique; ainsi au football, Stanford gagne régulièrement. Mais pour prendre quelque chose qui compte vraiment, comme la creéation d’entreprises de haute technologie, si vous posez la question: « d’où viennent les étudiants ayant créé le plus de start-up de valeur? » pour chacune des 40 dernières années, Stanford l’emporte probablement par quelque chose comme 40 à 0. C’est le capitalisme monopolistique, loin d’un monde de concurrence parfaite ».

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Il termine par une analyse cohérente avec sa première classe sur « Zero to One »: « Si la mondialisation devait avoir un slogan, cela pourrait être que « le monde est plat ». Dans le monde de la technologie, en revanche, on part de l’idée que le monde est le mont Everest. Si le monde était vraiment plat, ce serait juste une concurrence exacerbée (…) Et pourtant, l’idée la plus commune pour les entrepruses est que plus le marché est grand, la meilleure est l’opportunité. C’est tout à fait faux. Le secteur de la restauration est un énorme marché. Il n’est pourtant pas un très bon domaine pour gagner de l’argent ».
(…)
Quelle est la place du capital-risque dans tout cela? Les VCs ont tendance à ne pas avoir un très grand portefeuille d’investissements. Au contraire, ils s’appuient sur des réseaux très discrets de personnes. Autrement dit, ils ont accès à un réseau unique d’entrepreneurs. Donc le VC est tout sauf banalisé. Ce genre de dynamique caractérise sans doute toutes les grands entreprises de haute technologie, à savoir des monopoles basés sur le « last mover ». Les « last movers » construisent des entreprises non banalisées. Ils sont axés sur les relations. Ils créent de la valeur. Ils durent. Et ils gagnent de l’argent ».

La suite dans quelque temps…

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 1

« Nous voulions des voitures volantes, nous avons eu 140 caractères à la place ». Le Founders Fund

PeterThiel

Peter Thiel est probablement l’un de mes personnages favoris quand je pense start-up et Silicon Valley. Voici deux articles où je l’ai mentionné :
La Technologie, notre salut en Octobre 2010
Les promesses de la technologie. Décevantes ? en Novembre 2013 (à propos d’un magnifique article de George Packer du New Yorker: Pas de mort , pas de taxes – Le futurisme libertaire d’un milliardaire de la Silicon Valley.
Et je ne devrais pas oublier de brèves mentions liées sur Le réseau social – Facebook et PayPal.

Une connaissance de l’EPFL et business angel (merci Dave 🙂 ) vient de me parler du cours donné par Thiel à Stanford en 2012 et des notes détaillées prises par un de ses élèves, Notes Essays—Peter Thiel’s CS183: Startup—Stanford, Spring 2012. J’ai copié les notes de cette classe de 19 sessions, et j’en ai fait un document pdf de 233 pages! D’ailleurs, Thiel publiera cet été en collaboration avec son élève un livre intitulé Zero to One: Notes on Startups, or How to Build the Future.

zerotoone

Comme je l’ai fait avec Mazzucato, j’ai l’intention de faire quelques articles sur ce travail que je trouve vraiment intéressant. Son premier chapitre porte sur la nécessité des start-up pour l’innovation et la technologie, et il motive ainsi le titre « Zero to One »:

« Le progrès vient en deux versions: horizontal/vertical ou étendu/intensif.
– Le progrès horizontal ou étendu signifie fondamentalement copier les choses qui marchent. En un mot, il signifie simplement « mondialisation ».
– Le progrès vertical ou intensif, en revanche, signifie faire de nouvelles choses. Le mot simple pour cela est « technologie ».
le progrès intensif implique aller de 0 à 1 (pas simplement de 1 à n comme pour la mondialisation ) .
[…]
Peut-être nous focalisons nous tant d’aller de 1 à n, parce que c’est plus facile à faire. Il y a peu de doute que aller de 0 à 1 est qualitativement différent, et presque toujours plus difficile, que de copier quelque chose n fois. Et en essayer d’atteindre le vertical, de l’étape 0 à 1 présente le défi de l' »exceptionnalisme »: tout fondateur ou inventeur de quelque chose de nouveau doit se demander: suis-je en bonne santé ? Ou suis-je fou ?
[ … ]
Enseigner cette progression verticale et l’innovation est presque une contradiction dans les termes. L’éducation est fondamentalement une question allant de 1 à n. Nous observons, imitons, et répétons. Les nourrissons n’ont pas inventé de nouvelles langues; ils apprennent l’existant. Dès le début, nous apprenons en copiant ce qui a fonctionné avant. C’est insuffisant pour les startups. À un certain point, vous devez aller de 0 à 1, vous avez à faire quelque chose d’important et le faire bien, ce qui ne peut pas être enseigné. Et donc, les études de cas sur les entreprises qui réussissent sont d’une utilité limitée ».

Puis il traite de « pourquoi les start-up ? » et « pourquoi faire une start-up ? »

« La taille ainsi que les coûts de coordination interne/externe sont très importante. Au delà de 100 personnes dans une entreprise, les employés ne se connaissent pas tous. La politique devient importante. Les start-up sont importantes parce qu’elles sont petites; si la taille et la complexité d’une entreprise est quelque chose comme le carré du nombre de personnes en elle, alors les start-up sont dans une position unique pour réduire les coûts interpersonnels ou internes et donc en position de vraiment agir.
[ … ]
La réponse la plus facile à « pourquoi les start-up ? » est négative : parce que vous ne pouvez pas développer de nouvelles technologies dans des entités existantes. N’importe qui ayant un sens de sa mission a tendance à vouloir aller de 0 à 1. Vous ne pouvez le faire que si vous êtes entouré par d’autres personnes voulant aussi aller de 0 à 1. Cela se produit dans les start-up, pas dans d’énormes entreprises ou dans les organismes gouvernementaux.
[ … ]
Faire une start-up pour l’argent n’est pas une bonne idée. Peut-être faire une start-up pour qu’on se souvienne de vous ou pour devenir célèbre est une meilleure motivation. Peut-être pas. Une meilleure motivation serait toujours un désir de changer le monde. Les États-Unis en 1776-1779 était une start-up en quelque sorte. Quels ont été les motivations des fondateurs ? Il y a aussi un grand élément culturel à la question de la motivation. Au Japon, les entrepreneurs sont considérés comme des preneurs de risques inconsidérés. La chose respectable à faire est de devenir un employé permanent quelque part. La version littéraire de ce sentiment est « derrière chaque fortune se cache un grand crime ». Les pères fondateurs étaient-ils des criminels ? Les fondateurs sont-ils tous des criminels d’une manière ou d’une autre ? »

Plus à venir bientôt. Mais si vous aimez tout cela, il suffit de lire Thiel !