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Hard Things de Ben Horowitz : du courage et encore du courage

J’avais lu The Hard Thing about Hard Things en 2014. Je l’avais relaté dans deux billets ici et . Puis un collègue que je crois être un ami m’en a mentionné la relecture, en disant « Le début de ce bouquin m’a rassuré :-), c’est pareil pour tout le monde même les meilleurs. » Il avait ajouté une image scannée du livre que je reproduis en fin d’article.

Bon je ne peux qu’encourager à lire l’ouvrage en version originale si vous êtes à l’aise avec l’anglais. Les mondes de la technologie et du business sont remplis de termes anglo-saxons, et même parfaite, une traduction française est toujours un peu étrange. Ici j’ai même l’impression de lire des choses similaires à ce que j’obtiens avec des outils de traduction automatique, tournant parfois au surréaliste. « Il n’en va pas comme de certaines start-up itératives qui lancent leur fusée »… ou un peu plus loin « les courbes de Bell » sans doute pour traduire bell curves… (page 69)

Je ne sais pas s’il y aura un second billet sur ce livre, je vais attendre d’en achever la (re)lecture moi aussi. Clairement Hard Things est un des meilleurs livres sur le monde des startup. En voici quelques extraits:

Chaque fois que je lis un livre ou un manuel sur le management, je ne peux m’empêcher de penser : « Fort bien mais cela ne traduit pas ce que j’ai vécu de plus difficile dans telle ou telle situation. » Car le plus difficile n’est pas de déterminer un grand objectif effrayant et audacieux, mais de devoir licencier des salariés quand on n’atteint pas cet objectif. […] Le plus difficile n’est pas d’élaborer un organigramme mais d’instaurer une véritable communication à l’intérieur de l’organisation que vous venez de créer. […] Ces ouvrages tentent en fait d’offrir des recettes à des problèmes qui n’admettent aucune solution. Il n’existe pas de réponse toute faite pour affronter les situations complexes et évolutives. (Page 9)

Le leadership se définit comme la capacité à entrainer les autres à vous suivre, même si ce n’est qu’à titre de curiosité. (Page 9 – Évident mais bon à rappeler.)

Le fait de voir le monde à travers des prismes différents m’a appris à établir une distinction entre les faits et la perception que l’on peut en avoir […] L’existence d’un scénario, plausible est souvent ce qui permet de maintenir l’espoir dans une équipe de travail qui ne sait plus à quel saint se vouer. (Page 10)

Et que dire de ce passage assez fort sur le combat, sur le courage.

J’ai retrouvé ce passage si important : « Identifier le produit approprié est la mission de l’innovateur, et non du client. Le client ne sait rien d’autre que ce qu’il croit vouloir en fonction de l’expérience qu’il a du produit existant. L’innovateur peut prendre en compte tous les possibles, mais doit souvent aller contre ce qu’il sait être vrai. En cela, l’innovation exige à la fois de la connaissance, de la compétence et du courage. Le fondateur est souvent le seul qui ait le courage d’ignorer délibérément les données. » (Page 62)

Mais j’avais oublié celui-ci : On me demande toujours « Quel est le secret d’un P-DG qui réussit ? » Il n’y a malheureusement aucun secret ; mais s’il existe une compétence indispensable entre toutes, c’est la capacité à se concentrer et à choisir l’action la plus pertinente possible faute de solutions adéquates. C’est précisément dans les moments où vous seriez tenté de vous cacher ou de disparaître que vous pouvez faire la différence en tant que P-DG. (Page 71)

Avoir le courage de dire les choses.

« Dans mon esprit, j’aidais tout le monde à conserver un moral d’acier en accentuant les côtés positifs et en passant sous silence ceux qui étaient négatifs. Mais mon équipe savait que ma réalité était plus nuancée que je ne la présentais. Et non seulement ils constataient par eux-mêmes que le monde n’est pas aussi rose que je le décrivais, mais ils devaient encore m’écouter leur raconter des histoires à chaque réunion. » (Page 76)

Ce passage m’a frappé et fait penser au message d’Arnaud Bertrand que je rappelle souvent : « Souvent, lorsque j’étais confronté à de mauvaises nouvelles, je les enterrais simplement dans un coin profond de mon esprit et choisissais de me concentrer sur des pensées plus positives. Pire encore, je ne les partagerais pas avec les autres membres de l’équipe en pensant qu’ils étaient mon fardeau et que mon rôle de leader était de donner une impression positive sur la direction de l’entreprise. »

Dans toute interaction humaine, le degré de communication est inversement proportionnel au niveau de confiance. [Oui relisez bien. Cela peut sembler curieux ! Mais la suite est convaincante] Prenons un exemple : si je vous fais totalement confiance, je n’ai pas besoin de vous demander d’expliquer ou de communiquer sur vos actions, parce que je sais que vous agissez en fonction de mon meilleur intérêt. (Page 77)

En résumé, si vous dirigez une entreprise, vous êtes sujet à une énorme pression psychologique vous incitant à afficher un optimisme à toute épreuve. Résistez-y, affrontez vos peurs et dites les choses telles qu’elles sont. (Page 79)

Un extrait de la version en anglais que m’a scanné mon ami entrepreneur

PS: je ne peux m’empêcher de mentionner ici un article que j’avais relayé sur LinkedIn il y a quelques jours. «La naïveté est indispensable pour lancer une start-up»
https://www.pme.ch/actualites/la-naivete-est-indispensable-pour-lancer-une-start-up.

J’y ai retrouvé avec plaisir et nostalgie une startupeuse de mon pays d’adoption. Et ce magnifique commentaire : «A 24 ans, on est naïf, confie Déborah Heintze. On part sur un sprint, alors qu’en fait, c’est un marathon. Avec beaucoup de sprints.» Mais cette naïveté est indispensable, souligne-t-elle: «C’est primordial de toujours croire au sprint. Et de tout donner à 200%, sans se rendre compte de l’énorme montagne face à nous. Et en pensant chaque année que le sommet de la montagne sera pour l’année suivante.» D’ailleurs, ce sera l’année prochaine. Sûrement.

Parts égales entre fondateurs de startups ?

Hier, j’ai eu un bref débat sur la propriété initiale de Wozniak et Jobs dans Apple Computer. Il est vrai qu’à l’introduction en bourse, Wozniak possédait beaucoup moins d’actions que Jobs, mais cela s’explique par le fait qu’il a donné ou vendu à bas prix des actions aux employés (qu’il pensait le mériter alors que Jobs ne le pensait pas). Mais à l’origine, ils détenaient des parts égales comme le montre l’extrait du prospectus.

J’ai donc jeté un coup d’œil à ma base de données de startups (qui compte actuellement 890 tables de capitalisation) et j’ai analysé aux chiffres. Les voici :

Alors quelles sont les leçons ?

Premièrement, la majorité des startups ont entre 1 et 3 fondateurs, et 1 fondateur (contrairement à l’intuition peut-être) n’est pas si rare. Maintenant, il y a une mise en garde : l’histoire d’une startup n’est jamais entièrement connue. Apple avait initialement (et pendant 2 semaines) 3 fondateurs ! Le troisième était Ronald Wayne

Deuxièmement, une répartition égale très minoritaire, mais elle n’est pas rare. Environ 15-20 %.

Mais cela ne signifie pas qu’un fondateur possède plus de 50 % des parts. Bien sûr oui avec 2 fondateurs. Mais pour 3 fondateurs, cela se produit dans 41% des cas. Quand il y a plus de 3 fondateurs, c’est 31% des cas. Je n’ai pas (encore) vérifié si la géographie ou les domaines d’activités ont un impact…

Enfin, si vous lisez ce blog, vous savez que les statistiques ne disent pas tout. Les startups sont un monde d’exceptions (et les statistiques sont rarement gaussiennes mais suivent une loi de puissance, donc attention aux moyennes et %). Par conséquent, de manière plus anecdotique, mais toujours importante, voici quelques exemples célèbres :

Startups célèbres – 2 fondateurs à parts égales
Adobe
Akamai
Apple
Atlassian
Broadcom
Cisco
Genentech
Google
Intel
Netscape
Riverbed
Skype
Soitec
Spotify
Tivo
Yahoo
Zalando

Startups célèbres – 3 fondateurs à parts égales
Airbnb
Checkpoint
Compaq
DoubleClick
Equinix
Marimba
nVidia
Palantir
Revolut
RPX
WeWork

Startups célèbres – plus de 3 fondateurs à parts égales
AMD
Regulus
ROLM
Xiaomi

Startups célèbres – fondateurs à parts non égales
Cypress
DropBox
Etrade
Eventbrite
Facebook
Lyft
Microsoft
Mysql
Oracle
Pinterest
Salesforce
Sun Microsystems
Twitter
Uber

Des nouvelles données (intéressantes?) sur les startup françaises.

Il y a un mois, je publiai des données sur les startups françaises. J’avais été surpris de découvrir que l’accès aux données sur les entreprises non cotées était enfin possible gratuitement dans mon cher pays. J’ai donc regardé quelques (célèbres) licornes françaises en m’intéressant à la structure de l’actionnariat et au montant d’argent qu’elles avaient levé globalement, ainsi qu’à leurs tours de financement d’amorçage et A. Vous trouverez le détail des données dans un pdf en fin de post.

Mais avant de passer à cette analyse, je vais mentionner un excellent article sur la levée de fonds en amorçage, qui donne des conseils et des informations assez riche. Il est intitulé La levée de fonds seed ou amorçage. Voici donc les résultats :

Dans ce premier tableau, j’ai analysé leur âge et leurs levées de fonds. Pour donner une règle simple, à propos de celles qui sont encore privées, elles ont environ 5 à 15 ans, elles ont levé environ 200 millions d’euros, avec des tours d’amorçage de 0,5 million d’euros et des « rounds A » de 2 à 3 millions d’euros. La capitalisation boursière devrait être (par définition) supérieure à un milliard d’euros, mais apparemment ce n’est pas toujours le cas (disons que la valeur d’une entreprise privée est une mesure très volatile !) et le rapport de cette valeur au montant levé semble être aller de 5 à 15…

J’ai ensuite regardé à quelle dilution correspondent les tours d’amorçage et A ainsi que l’âge des entreprises pour ces tours. Encore une fois, sans tenir compte des valeurs extrêmes (« outliers »), les tours d’amorçage et A semblent induire une dilution de 25 %, par conséquent, avec des tours de 0,5 M € et 2-3 M € respectivement, la valeur en « seed » est d’environ 2M€ et au tour A est 8-12M€. Enfin les startups ont moins de 1-2 ans au seed et moins de 4 ans au « A round ».

Le dernier tableau concerne la structure de l’actionnariat ou du capital ainsi que des données sur les fondateurs. Les fondateurs conservent 25 à 30 % de leurs startups, les investisseurs 60 à 65 % et les salariés 5 à 10 %.

Il y a environ deux fondateurs par startup, ils ont étonnamment souvent moins de 30 ans avec un âge médian et moyen de 29 ans et malheureusement pas une seule femme.

Equity List – French Unicorns

Pourquoi vous ne devriez jamais chercher un cofondateur

Cette question récurrente de la recherche d’un cofondateur me tracasse depuis des années. De même, je n’aime pas l’idée de donner des titres au début d’un projet de startup comme vous pouvez le lire ici : Les titres dans les startups.

Mon argument est que vous ne cherchez pas de cofondateurs. Vous les avez déjà, vous les avez trouvés en parlant de votre projet à des amis ou collègues. C’est un peu comme tomber amoureux, on ne cherche pas à se marier, on rencontre des gens. Point.

Bien sûr c’est un peu facile, car reste la solitude de l’entrepreneur. Mais se marie-t-on juste pour combler la solitude ? Il se trouve qu’en réfléchissant au sujet, je suis tombé sur un excellent article dans lequel je me suis totalement reconnu : Everything You Need to Know About Startup Founders and Co-Founders.

En voici quelques extraits:
– Un fondateur est une personne qui propose une idée et la transforme ensuite en entreprise ou en startup. Si un fondateur crée une entreprise avec d’autres personnes, il est à la fois fondateur et co-fondateur.
– « Fondateur » et « CEO » sont deux […] titres de startup que les gens peuvent porter simultanément. L’un est un titre permanent, tandis que l’autre ne l’est pas. « Vous serez toujours un fondateur ou un co-fondateur. » Assurez-vous toutefois de faire attention à la façon dont vous distribuez les titres de fondateur/co-fondateur. Cela devrait être un titre à vie, alors assurez-vous qu’il va aux bonnes personnes qui ont joué un rôle majeur dans le démarrage de l’entreprise et qui continueront à jouer un rôle dans les années à venir.
– Un membre fondateur peut souvent se sentir similaire à un fondateur ou à un co-fondateur, car il arrive si tôt dans le processus qu’il consacre également des heures folles et peut-être même une réduction de salaire pour faire partie de quelque chose d’important. Mais un membre fondateur de l’équipe est un employé précoce, pas un fondateur. Une différence importante ? Les types de stock que les deux groupes reçoivent. Des actions pour le fondateur sont différentes des attributions de stock options aux employés.
– « Je ne suis pas du tout convaincu que deux personnes puissent trouver une personne qu’elles ne connaissent pas auparavant et devenir un co-fondateur efficace », […] « Je pense que vous feriez mieux de trouver l’argent pour embaucher quelqu’un que de trouver un co-fondateur.
– Si quelqu’un est arrivé un peu plus tard dans le jeu, mais encore tôt – comme avant le premier employé – alors vous traitez de la même manière tout autre co-fondateur ! Si vous choisissez d’ajouter un « co-fondateur » après avoir déjà des employés, les choses peuvent devenir un peu délicates.

Un élément est oublié dans l’article, c’est l’investisseur (friends & family; BA, VC) ou l’institution qui entre à la création et de mon point de vue ils ne sont pas fondateurs parce qu’ils ne contribuent pas (en général) au business…

Enfin le terme de fondateur ne me semble pas avoir d’existence légale. Il n’est attribué que par le groupe de gens qui se reconnaissent comme tel. Il y a pourtant un exemple intéressant, à savoir comment un des fondateurs de Tesla porta plainte contre Elon Musk, en particulier parce qu’il considérait qu’il n’était pas fondateur. La plainte est lisible ici (voir page 28).

PS: pour ceux qui souhaiteraient approfondir, voici quelques posts passés:
Les dilemmes du fondateur. La réponse est “ça dépend !”
Fondateur isolé, fondateur sans expérience.

L’entrepreneuriat en action de Philippe Mustar – épisode 5

Ce nouvel épisode de l’ouvrage de Philippe Mustar est relatif à l’histoire de Criteo, startup déjà mentionnée sur ce blog ici et .

Pour une fois, je suis en léger désaccord avec une citation du livre (qui n’est pas de l’auteur): « Le profil de l’équipe constituée par les trois créateurs de Criteo est un parfait exemple de celui décrit de façon théorique par Kathleen M. Eisenhardt (professeure de management à Stanford University et co-directrice du Stanford Technology Ventures Program) comme étant « le meilleur possible ». Kathleen Eisenhardt, sur la base de nombreuses recherches sur la question, définit (un peu mécaniquement reconnaît-elle elle-même) ce qu’est une great team :
– elle se compose au départ de trois, quatre ou cinq personnes. Si on est deux, ce n’est pas suffisant tellement il y a de choses à faire dans une start-up et surtout, être deux n’offre pas une assez grande diversité d’opinions, de points de vue. Si l’on est six, sept ou huit, ce n’est plus une équipe, c’est un groupe dont le management et la coordination demandent trop de temps.
– elle est pluridisciplinaire et transversale, c’est-à-dire qu’elle mêle des compétences en ingénierie, en marketing, en finances. Mais, ces compétences doivent être réelles, c’est-à-dire ne pas reposer seulement sur un diplôme, mais sur une expérience effective.
– elle comprend des personnes qui ont déjà travaillé ensemble, cela est un atout important car la création d’une start-up est faite de situations stressantes, qui sont plus faciles à partager avec des gens que l’on connaît.
– enfin, et cela est plus surprenant, les « meilleures équipes » sont celles qui comportent des personnes d’âges variés, non seulement des jeunes de vingt ans mais aussi d’autres qui ont plus d’expérience. Cela permet souvent de voir différents aspects d’un même problème.
Pour Kathleen Eisenhardt, les équipes qui répondent à ces critères sont celles qui fonctionnent le mieux. »
[Page 199]

Autant je pourrai être d’accord si on parle de l’équipe de direction, autant je crois qu’au moment de la création, les fondateurs ont des pédigrées différents. Voici ce que j’écrivais dans mon livre en 2008: « Une start-up, c’est un bébé créé par ses parents, les fondateurs. Ils ont la responsabilité de lui permettre de grandir, de s’adapter à un monde en évolution permanente. Malgré ce qui se lit souvent, un fondateur expérimenté ne doit pas nécessairement céder le contrôle de sa société à des experts. Un parent devrait-il confier son premier bébé à d’autres sous prétexte qu’il n’en a jamais eu auparavant ? L’analogie est-elle excessive ? La responsabilité de permettre l’épanouissement n’en demeure pas moins. Les experts seront appelés à l’aide, qu’ils s’appellent médecins, enseignants pour l’enfant, consultants, professionnels pour la start-up. Les fondateurs de Google ont gardé une responsabilité inhabituelle tout au long du développement de Google. Eric Schmidt est devenu CEO, mais il est un partenaire des deux fondateurs, non pas leur supérieur. Les start-up ne se développent pas toujours aussi bien et sans doute, les investisseurs prennent des décisions difficiles lorsqu’ils retirent leur rôle de parent aux fondateurs. L’expérience montre qu’ils ne la prennent bien souvent qu’en dernier recours. Il s’agit peut-être ici de la description d’un monde idéal et chacun sait que toute réalité est complexe. » Et je pourrais ajouter, deux parents est probablement le modèle idéal.

Par contre j’adhère totalement aux sources de l’innovation: La sociologie de l’innovation a montré que les sources de l’innovation, comme celles du Nil, sont multiples et parfois difficiles à identifier. Elle a aussi souligné que les idées de produits ou de services nouveaux sont les choses les plus répandues au monde, et même qu’elles sont à l’origine toujours mauvaises, toujours mal échafaudées et approximatives. Comme le dit Bruno Latour : « Toutes les découvertes importantes naissent inefficaces : ce sont des hopeful monsters, des « monstres prometteurs ». [Page 251] et le texte de Latour sur http://www.bruno-latour.fr/sites/default/files/P-92-PROTEE.pdf. [Une courte parenthèse sur Hopeful Monsters, un terme que je ne connaissais que d’un de mes romans préférés, et j’ai blogué à ce sujet ici.]

Charles Geschke, cofondateur d’Adobe, est mort

Charles Geschke n’est peut-être pas aussi célèbre que de nombreux entrepreneurs de la Silicon Valley, mais il est vraiment une légende de la technologie et du logiciel. Avec John Warnock, il a cofondé Adobe en 1982 et il est une exception dans le groupe des fondateurs de la région car il était au début de la quarantaine lorsqu’il a quitté Xerox pour créer la société qui a développé Postcript, PDF, Adobe, Photoshop et tant d’autres produits. Il est décédé le 16 avril 2021.

J’avais découvert Geschke (et Warlock) dans un bon nombre de livres et j’avais blogué à son sujet ici:
En compagnie des géants en novembre 2008
La brève histoire d’Adobe, de John Warnock et Charles Geschke en mars 2009

J’ai trouvé hier cette courte vidéo très intéressante que vous devriez regarder (ou lire le transcription ci-dessous).

Voici ma traduction: « lorsque John et moi avons lancé Adobe, nous avions une sorte de pensée simple en tête sur la façon dont nous voulions organiser l’entreprise

nous voulions créer une entreprise dans laquelle nous aimerions travailler et nous avons en quelque sorte mis en pratique des principe en termes de définition de la structure, de réflexions organisationnelles opérationnelles que nous avions sur la manière de gérer l’entreprise

et une partie de cette reconnaissance était que nous avions des constituants que chaque entreprise a et qui doivent être équilibrés,

nous avions nos actionnaires, nous avions nos employés, nous avions nos clients et bien sûr les communautés dans lesquelles nous opérions

et si vous songez à diriger une entreprise, ces quatre groupes sont légèrement en conflit, ce qui est bon pour l’un peut ne pas être bon pour l’autre et pour réussir en tant qu’entreprise et pour conserver le type d’employés de qualité que vous souhaitez avoir, il est extrêmement important que vous surveilliez en permanence la façon dont ces quatre constituants sont servis et que vous les mainteniez en équilibre.

quelques autres principes que les gens se posaient souvent alors qu’ils travaillaient

bien chez Adobe: que faudra-t-il pour que j’améliore ma carrière

et John et moi leur disions que la première chose que vous devez comprendre est de savoir comment vous licencier en embauchant quelqu’un pour travailler pour vous qui peut faire votre travail mieux que vous et il n’y a pas d’autre alternative que d’être promu une fois que vous faites cela

et le deuxième élément de philosophie qui est franchement le plus critique pour construire une entreprise de haute technologie est de dire à chaque ingénieur et à chaque manager que votre travail consiste à embaucher des gens qui sont plus intelligents que vous, car il s’agit d’une population beaucoup plus grande parmi laquelle choisir et cela s’est avéré en fait avoir été extrêmement important dans la création de l’entreprise

et encore une fois, je tiens à dire que sans ma relation avec John et notre partenariat, il est difficile d’imaginer que nous aurions pu réaliser ce que nous avons fait au cours des vingt-sept dernières années et nous sommes extrêmement heureux de ce prix et de l’opportunité d’avoir servi notre industrie

Merci beaucoup

[Warnock ajoute]

Ce qui est vraiment cool à propos de ce prix, c’est qu’il vient d’ingénieurs, nous avons déjà reçu des prix d’entrepreneur, mais ils proviennent d’hommes d’affaires et obtenir un prix pour l’entrepreneuriat des ingénieurs est très très cool

Chuck et moi, lorsque nous avons démarré l’entreprise, nous n’avions pas l’ambition de devenir riche rapidement, nous étions frustrés par Xerox et notre principale frustration est que nous savions que nous pourrions inventer une excellente technologie, mais personne ne l’utiliserait jamais et elle ne verrait jamais le marché. Et je pense que notre motivation principale en démarrant Adobe et en continuant avec Adobe était de créer des éléments que les gens utiliseraient que beaucoup de gens utiliseraient et je pense que dans chaque ingénieur, il y a ce besoin de base d’utiliser vos éléments, c’était donc la principale motivation. derrière ce que nous avons fait

L’autre chose la chose la plus difficile pour créer une entreprise puis agir de manière soutenue et continue est de continuer à innover et nous n’avons jamais compris comment vous institutionnalisez l’innovation l’innovation est une chose très remarquable qui arrive parfois, parfois non, mais le mieux que vous puissiez faire est de créer un environnement dans lequel les gens sont heureux de vivre une aventure qu’ils essaient de créer et j’espère que de grandes choses se produiront dans ce processus »

Coursera prépare son entrée en bourse (#750)

Après Deliveroo hier, voici Coursera. C’est la 750e table de capitalisation dans ma longue liste de startups (voir ici l’analyse la plus récente – des données dans plus de 700 startups).

Coursera et Udacity sont probablement les sociétés de MOOCs les plus connues et je ne serais pas surpris si elles avaient contribué à créer la catégorie Edtech. Coursera vient de déposer une demande d’entrée en bourse au Nasdaq si bien que les éléments suivants sont disponibles.

Un chiffre d’affaires de $293M, avec une perte de $66M en 2020. Beaucoup de capital-risque depuis sa fondation en 2011, $464M au total venus entre autres de Kleiner Perkins (et son partenaire légendaire John Doerr), et de NEA.

Fondée par deux professeurs de Stanford, spécialistes d’intelligence artificielle, Daphne Koller et Andrew Ng, avaient 43 et 34 ans au moment de la fondation. Ils ne gèrent plus l’entreprise aujourd’hui. Par contre aucune information sur l’actionnariat de Daphne Koller (sans doute parce qu’elle est sous les 5% de participation et n’a aucun rôle opérationnel)


Andrew Ng et Daphne Koller, fondateurs de Coursera, sont professeurs d’informatique à l’Université de Stanford.
Source : NPR

Deliveroo annonce son entrée en bourse prochaine

Il y a eu beaucoup de buzz aujourd’hui à propos de l’annonce prochaine de l’introduction en bourse de Deliveroo. Au fait, Coursera, la société edtech vient de l’annoncer aussi et je posterai à ce sujet bientôt. J’ai donc construit sa table de capitalisation et j’ai pu le faire (au moins partiellement) avant même que la société ne dépose son document d’introduction en bourse, grâce à la transparence du registre britannique des sociétés.

Des données intéressantes, je crois, sur la croissance de l’entreprise, ses financements et les fondateurs. 1,3 milliard de livres sterling investi pour couvrir une perte de 1,1 milliard de livres sterling, 2 500 employés en 2019 et 1,2 milliard de livres de revenus en 2020. Parmi les meilleurs VC européens (Index, Accel) plus Amazon, Fidelity, DST, T.Rowe Price en tant qu’investisseurs en phase finale. Que dire d’autre?

PS (le 19 mars) : un ancien collègue m’a mentionné un article disant que les premiers investisseurs auraient réalisé un retour de « 60’000 pour cent » sur leur investissement. En même temps, j’ai découvert Coupang en Corée du Sud qui ressemble un peu à Deliveroo. J’ai donc également vérifié le rendement en multiple des investisseurs seed de Coupang. Voici d’abord sa table de capitalisation

Donc, pour Coupang, le prix initial par action était de 0,02$, et j’ai supposé un prix de 35$ lors de l’introduction en bourse, ce qui fait un multiple de 1750x.

Pour Deliveroo, je suppose un prix par action de 900£ avec un prix de série A à 8,36£. Il est vrai qu’il y avait aussi des actions seed à 1,5£. Ce sera un 600x, ce qui revient à 60000 pour cent (en brut et non en annuel)

Airbnb annonce son entrée en bourse. Le dernier des géants ?

Airbnb vient d’annoncer son entrée en bourse. Enfin ! C’est peut-être la dernière introduction en bourse des géants (et pas seulement la dernière en date), ces géants qui ont émergé au 21e siècle, comme

et bien sûr voici sa table de capitalisation, pas si éloignée de ce que j’avais essayé de deviner en 2017 dans www.startup-book.com/fr/2017/03/13/quelle-est-la-structure-actionnariale-duber-et-dairbnb:

Une furie de startup numériques préparant une entrée en bourse

Après de très nombreux dépôts d’introduction en bourse de startups biotech en 2020 (j’en ai compté 20 parmi les 43 que j’ai suivis et dont j’ai construit les « cap. tables »), la fin du mois d’août a vécu 8 dépôts de sociétés de logiciels (pour seulement 15 au total en 2020). Je ne pense pas qu’il y ait de rationnel ici (à moins que Palantir n’ait été un déclencheur), mais j’ai décidé de jeter un œil à ces 8 entreprises.

Celles-ci sont
BigCommerce (Australie)
Palantir Technologies (voir mon article précédent ici)
Asana, Sumo Logic, SnowFlake (Silicon Valley)
Unity Software (Danemark), Jfrog Ltd (Israël)
AmWell (Boston)

Vous pouvez aller voir leurs actionnariat dans le pdf plus bas (pages 633, 636-42) mais plus que les données individuelles (aussi disponibles à la fin du post), ce sont les statistiques (limitées) que je trouve intéressantes:

Ces « jeunes » startups ont mis 12 ans à préparer leur entrée en bourse, c’est bien plus que par le passé (récent) et elles ont utilisé des quantités incroyables de capital-risque, dans les centaines de des millions. Même la série A, le 1er tour, est énorme, environ 10 millions de dollars. Leurs ventes sont également importantes (plus de 100 millions de dollars pour toutes) avec une valeur mediane de 150 millions de dollars. Leurs pertes ne sont pas minimes avec une valeur médiane de 100 millions de dollars …

Maintenant, si nous regardons l’actionnariat, les investisseurs détiennent environ 45% de la société, pas plus que par le passé (malgré les énormes levées de fonds), les actions d’introduction en bourse sont assez petites (environ 4%). Les actions ordinaires (principalement celles des employés) représentent environ 35% et vous devriez également remarquer que ces startups comptent des centaines pour ne pas dire des milliers d’employés. En guise de commentaire parallèle, les PDG non fondateurs ne sont pas la norme et détiennent environ 3,5% de l’entreprise (les directeurs financiers ont environ 0,7%)

Les fondateurs en gardent environ 14%. Ils sont environ 2 par entreprise, avec un âge médian de 35 ans (la moyenne est de 33 ans donc légèrement inférieure à la moyenne générale de 38 ans.

Je pense que tout cela est assez intéressant et n’hésitez pas à consulter les statistiques globales dans mon article plus tôt cette année: des données sur l’actionnariat dans plus de 600 startups.

Les données méritent quelques explications et méritent aussi d’être comparées aux moyennes des plus de 600 startup étudiées dans le pdf (pages 644-659).

Equity List August2020