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Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? (Partie 3)

Voici mon troisième article relatif au livre Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? Après les considérations générales sur le système des promesses, le livre présente les contributions décrivant des domaines spécifiques:

I.3 : les nanotechnologies
II.1 : les semiconducteurs à travers la loi de Moore
II.2 : le Big Data
II.3 : les Digital Humanities
III.1 : les neurosciences et la psychiatrie
III.2 : le Human Brain Project (HBP)
III.3 : la médecine personnalisée
III.4 : la biodiversité et la nanomédecine
IV.1 : la procréation médicalement assistée
IV.2 : la médecine régénératrice

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Chaque chapitre est intéressant pour le lecteur curieux car chacun montre les dynamiques entre promesses et attentes des acteurs (chercheurs, politiques, grand public). Le chapitre consacré au HBP est en particulier intéressant dans la description de la déconnexion entre contenu et forme. « Comment se fait- que le HBP ait « gagné la compétition » malgré le déficit d’évidences à même de fonder pragmatiquement la pertinence scientifique et la légitimité organisationnelle de ses ambitieux objectifs ? Nous développons ici l’hypothèse que ce déficit, reproché après coup, a été à la fois masqué et pallié par la production de promesses façonnées de manière à anticiper et/ou répondre de manière efficace à des enjeux politiques, économiques, sociaux et sanitaires, inscrits à l’agenda des « défis à relever ». [Page 166] La crédibilité du HBP scellée par cette décision s’est construite […] selon un processus d’adaptations et de validations réciproques dans le double registre de la politisation de la science et de la scientifisation de la politique. En d’autres termes, nous montrerons que l’une des conditions importantes de cette crédibilité a été la co-production réussie d’une congruence stratégique entre les promesses [des scientifiques] et l’agenda des enjeux politiques. [Page 171] L’assemblage entre connaissance du cerveau et forme de vie sociale s’est opéré essentiellement dans l’ordre du discours. […] Dans cette situation contrastée, l’inflation discursive autour du cerveau et des neurosciences semble bien être le corollaire d’un déficit d’évidences, comme si elle venait pallier, positivement ou négativement, les écarts entre l’actuel et le futur, l’avéré et le possible, le manque et le désir. Cette caractéristique ordinaire des projets de big science a pour conséquence l’élaboration et la mise en œuvre d’une rhétorique prophétique qui vise à anticiper la possibilité d’une avenir meilleur en empruntant aux registres de l’espoir et de la promesse. » [Page 176-77]

Je reviens à une citation du chapitre 3 qui me parait essentielle comme conclusion à ce nouveau post: Les véritables progrès des techno-sciences viendront moins de leur capacité à tenir des promesses que de leur capacité à s’en passer, à hériter de manière critique de l’époque des grandes promesses technologiques. Il ne s’agit pas de briser une idole, mais d’apprendre à en hériter. [Page 111]

Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? (Partie 2)

Voici déjà une suite à mon article d’hier qui décrivait le 1er chapitre de Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? Dans le chapitre 2 (aussi intéressant que le premier), il est question de rapport au temps, de « présentisme », « futurisme » et de sa place dans le régime des promesses. Il y a le joli passage suivant :

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Depuis La nouvelle Atlantide, les spéculations futuristes ont accompagné l’essor des sciences modernes. Et au XXe siècle, Jean Perrin a scellé une nouvelle alliance entre la science et l’espérance. Mais pour lui, c’est la science qui précédait et suscitait l’espérance alors que désormais, c’est plutôt l’espérance qui meut la recherche. Les technosciences renversent, en effet, l’ordre des questions qui enchainait la suite des trois critiques de Kant : « Que puis-je connaître ? » question traitée dans La Critique de la raison pure, puis la question « Que puis-je faire ? » traitée dans la Critique de la raison pratique, puis la question « Que puis-je espérer ? » abordée dans la Critique du jugement. Au contraire dans les politiques scientifiques actuelles, on détermine ce qu’on doit faire et ce qu’on peut éventuellement acquérir comme savoir en cernant les espoirs, les promesses. (Page 50)

Il y a pourtant un paradoxe déjà exprimé dans le premier chapitre entre un futurisme avec les termes de promesse, prospective et prophétie qui nous projettent et un présentisme particulièrement marqué par la mémoire qui fige le passé et fait du futur une menace qui n’éclaire plus ni le passé, ni le présent. Au point de parler de présentification du futur…

De plus, il est question du futur comme choc, de « crise » du temps due à l’accélération. A l’impression d’incompréhension et d’impuissance, s’ajoute l’expérience de la frustration, du stress provoqué par l’accélération du rythme de vie, la déception d’une promesse liée à la modernité, où les techniques étaient supposées nous faire gagner du temps, nous émanciper.

Autre confusion : la planification et la feuille de route caractéristiques des projets technologiques s’est glissée dans les projets de recherche où il est question de production de savoir, alors que dans une recherche, il est impossible de garantir un résultat. Mais l’auteur montre par deux exemples, que cette évolution est complexe.

Dans le cas des nanotechnologies, il y a bien eu feuille de route avec deux premières étapes relativement prévisibles de production de composants suivie d’une troisième étape plus spéculative sur des systèmes couronnée par une quatrième étape où il est question d’émergence, tout cela « au mépris de la contingence, de la sérendipité et des bifurcations possibles », non pas pour prédire, mais « linéariser la production des connaissances ». la feuille de route prévoit l’imprévisible en annonçant une émergence, en combinant un scénario rassurant de contrôle avec un scénario d’émergence, ce qui permet d’inspirer confiance et en même temps de faire rêver. (Pages 55-56)

Dans le cas de la biologie de synthèse « malgré des convergences manifestes avec les nanotechnologies », le développement rapide se fait sans feuille de route. « Une commune intention – le design du vivant – rassemble ces trajectoires de recherche. » Et il est plus question de refaire le passé (« 3.6 milliards d’années de code génétique ») que d’imaginer des futurs. Le futur devient abstrait et il est question de preuve de concept. Et d’ajouter que dans une science normale au sens de Kuhn, ces preuves de concepts seraient tombées dans l’oubli. Le paradoxe est qu’il n’est pas question de vrai ou de faux, mais de design, sans nécessaire fonctionnalité.

Dans le premier cas, « prédiction ou prospective sont convoquées comme la base indispensable pour une stratégie fondée sur des choix rationnels », « le futur est tourné vers le présent. » Dans le second cas, il est question de « tracter le présent. » et de « fuite hors du temps. » On fédère et mobilise sans objectif nécessaire. Le futur est virtuel abstrait, vidé de toute culture et humanité ; la vie de l’homme augmenté ressemble au repos éternel…

En définitive, l’économie des promesses reste rivée sur le présent, soit en faisant du futur un point de référence pour guide l’action au présent, soit en cherchant à éterniser le présent.

Les chapitres trois et quatre sont moins théoriques en décrivant d’une part de nouveaux exemples dans le domaine des nanotechnologies et d’autre part comment la Loi de Moore est devenue une loi alors qu’elle n’était qu’une vision prospective des progrès des semi-conducteurs. Peut-être bientôt une suite sur les autres chapitres…

Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? (Partie 1)

Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses? est le titre d’un ouvrage issu d’un collectif d’auteurs, sous la direction de Marc Audétat, politologue et chercheur à l’Interface Sciences-Société de l’Université de Lausanne. Ce n’est pas un livre de lecture facile, il est assez exigeant, mais il pose des question importantes.

J’ai déjà rendu compte sur ce blog de livres qui parlent d’une certaine crise de la science, par exemple dans La Crise et le Modèle Américain, à propos des livres « La science à bout de souffle » ou « La bulle universitaire. Faut-il poursuivre le rêve américain? » Ou encore dans Rien ne va plus, livre de Lee Smolin, sans oublier la critique plus violente des promesses de la technologie selon Peter Thiel dans La Technologie, notre salut.

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Ce nouvel ouvrage explore les promesses liées à la science et la technologie au point de parler d’une économie des promesses. Il s’agit d’un ouvrage collectif ce qui n’en rend pas la lecture aisée, mais la diversité des points en est aussi sans doute une richesse. Je n’en ai pas achevé la lecture et j’y reviendrai certainement. Dans le premier chapitre, P.-B. Joly décrit le régime des promesses techno-scientifiques. Il commence par introduire les concepts d’imaginaire et de vision [Page 33], ce « couple de concepts prend en compte la façon dont les sources d’inspiration diverses interviennent dans la création technique. […] L’imaginaire donne une apparence presque tangible à des concepts et idéaux qui en sont a priori dépourvus [… et devient] un sens commun qui fonde l’action en société. […] Le concept de vision est proche de celui d’imaginaire, mais à une échelle plus réduite. Il s’apparente à celui de « mythe rationnel » utilisé pour analyser les dynamiques de l’action collective dans des contextes de changement. […] Des coalitions d’acteurs se forment autour de ces visions d’un ordre prospectif et contribuent à leur dynamique. […] Si l’on admet cette distinction conceptuelle entre imaginaires (à des échelles amples – la Nation – et s’inscrivant dans la longue durée) et visions (caractéristiques de coalitions d’acteurs et actives sur des périodes de moyenne durée), se pose la question de l’interaction entre les deux. »

« A la différence des visions et des imaginaires, pour lesquels le contenu des agencements techniques prime, ce qui est essentiel pour les promesses techno-scientifiques, c’est l’instauration d’une relation, la création d’un horizon d’attente. […] Les promesses sont essentielles dans la création technologique, car elles permettent aux acteurs de l’innovation de légitimer leurs projets, de mobiliser des ressources et de stabiliser leur environnement. […] Toute promesse techno-scientifique doit convaincre un large public qu’elle conditionne un avenir meilleur que les solutions alternatives, même si la réalisation de la promesse requiert des transformations majeures, parfois douloureuses. » (L’auteur mentionne l’histoire de l’électricité ou de la révolution verte comme solution de la faim dans le monde)

« Notre concept de promesses techno-scientifiques s’est systématisé pour devenir, depuis une quarantaine d’années, le mode de gouvernance des nouvelles techno-sciences (les biotechnologies et la génomique, les nanotechnologies, les neuroscience, la biologie synthétique, la géo-ingénierie, etc.) La construction d’une promesse techno-scientifique répond à deux contraintes contradictoires : la contrainte de nouveauté radicale et celle de crédibilité. […] (Et j’interprète que) pour que cette demande soit crédible, il faut disqualifier les solutions alternatives. [De plus] Pour qu’une théorie scientifique soit crédible, sa validité n’est ni nécessaire, ni suffisante. […] Les promesses techno-scientifiques doivent bénéficier du soutien d’un cercle de spécialistes. Sinon, elles ne peuvent pas résister aux oppositions qui se manifestent soit dans les arènes scientifiques, soit dans les arènes publiques. On observe une version extrême lorsque les spécialistes se réfèrent à des lois naturelles pour faire croire au caractère inéluctable de l’évolution technologique. (Exemples : loi de Moore et loi de Gabor.) Ainsi, en principe, les promesses génériques ne sont pas soumises à des tests de validité. »

Enfin cette intensification est renforcée par trois éléments complémentaires [page 39] :
– l’avenir constitue plus une menace qu’une source d’espoir ;
– la recherche et l’innovation sont souvent présentées comme la seule façon de résoudre les problèmes ;
– les acteurs de la recherche doivent démontrer leurs impacts sociétaux.

Ce qui conduit à des pathologies [pages 40-43] :
– le mythe d’un public en proie à des peurs irrationnelles et qu’il convient d’éduquer devient un schéma intangible;
– les promesses se transforment en bulles spéculatives ;
– la radicalité de la nouveauté et des incertitudes crée des discours contradictoires, sources de méfiances car les effets produits d’une telle radicalité ne sont pas prédictibles et en expérimentant, le technologue devient apprenti-sorcier et la société, laboratoire ;
– enfin les promesses conduisent à des discussions interminables sur des fictions, sur des questions qui n’ont parfois rien à voir avec la réalité des recherches.

En conclusion Joly pense que ce régime de promesses est l’un des ennemis du futur en raison de la séparation nette qu’il créée entre ceux qui formulent la promesse et ceux qui sont censés l’accepter. La reconnaissance de ce régime et de ces problèmes est donc un impératif préalable.

A la lecture de ce premier chapitre, j’ai retrouvé les préoccupations sociétales de Cynthia Fleury, dont j’ai déjà dit le plus grand bien dans une digression sur l’article « Le transhumanisme, c’est de la science fiction ». Nos sociétés démocratiques sont en crise, et la méfiance face aux politiques et face aux experts n’a jamais été aussi forte. La problématique de la recherche et de l’innovation sont une des composantes de cette crise. Je suis donc impatient de découvrir la suite de ce très intéressant (et important) ouvrage…

Comment pouvons-nous encourager l’entrepreneuriat étudiant?

J’étais à Eindhoven aujourd’hui pour l’excellent programme d’EVP (20 jeunes entrepreneurs de 4 universités techniques européennes ont passé deux semaines sur 4 campus pour le développement de leurs projets). J’ai eu deux moments inspirants: le 1er par le maire d’Eindhoven qui a fait un grand discours sur l’importance de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Le 2ème eut lieu lors d’une réunion de 20 personnes pour débattre sur la façon de favoriser l’esprit d’entreprise dans les universités.

Les efforts d’Eindhoven pour l’entrepreneuriat et l’innovation

Le maire d’Eindhoven, Rob van Gijzel, a expliqué que Philips avait été à peu près tout pour Eindhoven depuis des décennies (les emplois, bien sûr, les écoles, les hôpitaux, le PSV …), mais beaucoup d’emplois ont été délocalisés, et Philips a souffert. Il a mentionné que l’espérance de vie des sociétés du Fortune 1000 est passée de 70 à 12 ans (ce sont des notes que j’ai prises après coup et je peux me tromper, mais l’esprit y est) et que l’espérance de vie d’un produit est de 2 ans pour Philips aujourd’hui.

Donc, en tant que maire, c’est sa mission de réfléchir à l’avenir, pas seulement au présent. Eindhoven s’épanouit parce qu’il y a NXP et ASML (Spin-offs de Philips), parce qu’ils ont le plus grand R & D centre de Samsung extérieur de la Corée, et une antenne de la Singularity University. Rob van Gijzel sait inhabituellement beaucoup de choses sur la technologie pour un politicien! Peut-être parce qu’il est à Eindhoven … et Eindhoven met beaucoup d’énergie et d’argent dans les universités, les accélérateurs, les start-up et aussi le campus de haute technologie d’Eindhoven (www.hightechcampus.com) qui, Eindhoven l’espère, créera beaucoup d’emplois à haute valeur ajoutée. Les grandes entreprises établies, les PMEs, les start-up et les universités semblent travailler ensemble dans la même direcction. Je suis sûr que ce n’est pas parfait, mais l’effort est impressionnant!

Eurotech sur l’entrepreneuriat

Mon deuxième moment d’inspiration a eu lieu au cours d’une réunion d’Eurotech sur l’entrepreneuriat. Pour une fois, ce ne fut pas le débat habituel des start-up contre les entreprises établies, d’une croissance contrôlée contre une croissance rapide, mais nous avons eu une discussion sur la façon de vraiment aider les étudiants intéressé(e)s par les start-up, ce qui est important, l’exposition à ou l’enseignement de l’esprit d’entreprise,

Juste quelques notes:

« dès le début vous devez trouver l’inspiration, vous êtes intéressés et vous allez où sont ces fous qui font des start-up » … « c’était la chose à faire» … «Je suis entrepreneur parce que ma mère m’a poussé à être responsable et indépendante, alors j’ai essayé et échoué à deux reprises, puis réussi une fois « .

C’est un effort à long terme, vous enseignez, vous exposez, vous inspirez, et « vous les infectez avec le virus » avec éventuellement une longue incubation. Mais devons-nous le faire tôt ou tard, de façon obligatoire ou facultative, filtrer les bons entrepreneurs ou exposer/enseigner à tout le monde…

« Vous devez enseigner l’entrepreneuriat en dehors de la classe … »

Donc, vous avez besoin d’un écosystème convivial, où l’université a son rôle (même s’il n’est pas clair exactement, mais elle en a un!) « Les jeunes entrepreneurs doivent savoir qu’ils ne doivent pas payer pour des avocats, ils ont besoin de trouver des amis qui sont avocats, ou qui ont une expertise juridique. » Vous avez besoin de briser les barrières, aider les gens à se rencontrer et de trouver les personnes dont ils ont besoin, aussi briser les barrières régionales parce que le soutien régional se concentre sur le développement local, qui n’est pas nécessairement le meilleur ami d’un entrepreneur qui a besoin de penser globalement. Les écosystèmes doivent être ouverts, les gens ont besoin de se déplacer, où se trouvent le talent et l’argent.

Nous avons donc confirmé qu’il n’y avait pas un accord général sur la manière stratégique de promouvoir l’entrepreneuriat … mais qu’il est très important …

Les universités doivent-elles s’enrichir avec leurs spin-offs?

La question est l’objet d’un débat dans le numéro de juin 2015 de la revue Horizons du Fonds National Suisse pour la Recherche Scinetifique auquel il m’a été demandé de participer.

Des dizaines de start-up sont lancées chaque année en Suisse pour valoriser des recherches scientifiques financées en très grande partie par l’Etat. Les universités qui les ont soutenues devraient-elles s’enrichir en cas de succès commercial?

Oui, affirme le politicien Jean-François Steiert

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Au cours des vingt dernières années, environ un millier d’entreprises, le plus souvent de petite taille, a contribué au succès de la Suisse. La majorité d’entre elles sont prospères, même si les investisseurs enclins à prendre des risques sont plus rares en Suisse que par exemple aux Etats-Unis. La plupart du temps, les spin-offs sont soutenues par l’argent du contribuable, au niveau des infrastructures, des réseaux sociaux, des bourses ou des services de coaching des hautes écoles. L’objectif de ce genre d’investissements publics est avant tout d’encourager l’emploi et la recherche.

Grâce au soutien de fonds publics, ces innovations génèrent par le biais de ventes ou de brevets des bénéfices importants de l’ordre de dizaines ou de centaines de millions de francs. L’investisseur public doit pouvoir exiger une partie de ces bénéfices. Non pas pour permettre à l’Etat ou aux hautes écoles de s’enrichir, mais pour réinvestir ces fonds dans l’encouragement de la prochaine génération de chercheurs.

A l’heure où la Confédération et les cantons mettent en place des programmes d’économies en raison de baisses d’impôts exagérées, des fonds supplémentaires doivent pouvoir être générés de cette manière et soutenir les jeunes chercheurs dans la valorisation économique de leurs innovations.

«L’investisseur public doit pouvoir exiger une partie du bénéfice.» Jean-François Steiert

Lors de la vente des brevets, il ne s’agit ni de viser le rendement maximal, ni de prélever des bénéfices selon une clé unique. Les hautes écoles ont besoin d’une marge de manœuvre pour optimiser le prélèvement. D’un côté, il faut que la création et la direction de start-ups restent attrayantes. De l’autre, il convient de réinvestir de manière adéquate dans la prochaine génération de chercheurs.

Ce qui fait défaut, aujourd’hui, est la transparence. Si les hautes écoles veulent garder la confiance du contribuable, elles doivent déclarer combien d’argent est généré par leurs start-up prospères. Cette information, elles la doivent au contribuable qui, à raison, veut savoir si ses deniers sont bien investis dans la recherche, un domaine capital pour la Suisse.

Jean-François Steiert (PS) est conseiller national depuis 2007 et membre de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture.

Non répond Hervé Lebret, gérant d’un fonds de placement de l’EPFL.

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Lorsque Marc Andreessen lança Netscape en 1993, l’un des premiers browsers du Web, l’Américain de 22 ans préféra repartir de zéro plutôt que de signer une licence avec l’Université de l’Illinois, dont il jugeait les conditions abusives. Au contraire, l’Université de Stanford entretint des relations moins tendues avec les fondateurs de Google, en prenant une participation modeste de 2% (qui lui rapporta 336 millions de dollars six ans plus tard lors de l’entrée en bourse de la société). La même université ne demanda rien à Yahoo!, jugeant que les fondateurs avait développé le site sur leur temps libre. Quelques années plus tard, l’un des fondateurs de Yahoo! fit un don de 70 millions de dollars à Stanford – alors qu’Andreessen, lui, ne veut plus entendre parler de son alma mater.

Ces exemples montrent bien comment les rapports entre universités et entreprises peuvent se tendre lorsqu’elles ne partagent pas la même perception de la valeur d’un transfert de connaissances. Ce dernier est souvent gratuit lorsqu’il s’agit de formation, mais lorsqu’il est question de création d’entreprises, l’écrasante majorité des gens pense qu’il ne doit pas l’être. Néanmoins, un retour indirect existe déjà: d’abord sous la forme de l’impôt et, plus important encore, à travers les centaines de milliers d’emplois créés par les start-up. Leur valeur est, au final, bien supérieure aux dizaines de millions de dollars rapportés chaque année aux meilleures universités américaines par leurs licences.

«Des conditions abusives peuvent démotiver l’entrepreneur avant même qu’il ne se lance.» Hervé Lebret

Comment alors définir la juste rétribution pour les universités? Le sujet est sensible, mais aussi mal compris, notamment à cause d’un manque de transparence des différents acteurs. En 2013, j’ai publié une analyse des termes de licences publiques d’une trentaine de start-up [1]. Elle montre que les universités prennent une participation moyenne de l’ordre de 10% à la création de la start-up, qui se dilue à 1–2% après les premiers financements.

Il est impossible de connaître à l’avance le potentiel commercial d’une technologie. Il faut avant tout faire en sorte que celui-ci ne soit pas pénalisé par des termes de licence excessifs. Des conditions abusives peuvent démotiver l’entrepreneur avant même qu’il ne se lance et décourager les investisseurs. Et ainsi tuer la poule dans l’œuf.

[1] http://bit.ly/lebrstart

Hervé Lebret est membre de la Vice-présidence pour l’innovation et la valorisation de l’EPFL et directeur d’Innogrant, un fonds d’innovation de la haute école lausannoise.

Jacques Lewiner et l’innovation

J’ai eu la chance de rencontrer cet après-midi Jacques Lewiner, universitaire et entrepreneur français de renom, qui a beaucoup contribué à faire de l’ESPCI une école d’ingénieurs totalement atypique dans le paysage français. C’est sans doute l’école qui « innove » le plus, en particulier par ses spin-offs.

Lewiner-at-ESPCI

Nul besoin de vous relater la rencontre car tous ses messages se trouvent dans une excellente interview qu’il a donné au journal Le Monde en novembre dernier intitulée « En France, il existe un énorme potentiel d’innovation ». L’article est en ligne (et payant semble-t-il) mais il en existe aussi une version pdf. Je me permets donc de la recopier ci-dessous. Sa philosophie est simple: il faut encourager et encourager encore, avec beaucoup de flexibilité; il faut fortement encourager l’entrepreneuriat avec la Silicon Valley, Boston et Israel comme modèles.

Une anecdote avant de vous laisser lire l’interview: il s’est amusé à me rappeler plusieurs fois que sa vision des choses ne lui a pas fait que des amis tant il pense que la proximité avec l’industrie et la flexibilité sont essentielles. Mais il m’a raconté n’être que le successeur d’une lignée illustre à la philosophie similaire: Paul Langevin fut un scientifique de renom, un inventeur et auteur de brevets sur les sonars et… un communiste. L’ESPCI fut fondée par des ingénieurs inquiets du retard pris par la France et ses universités en chimie après la perte de l’Alsace et la Lorraine en 1870. La culture protestante facilita peut-être des liens plus étroits entre académie et industrie. (Voir l’Histoire de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris)

« En France, il existe un énorme potentiel d’innovation »

Pour le chercheur et entrepreneur Jacques Lewiner, il faut en finir avec l’idée que la recherche n’est pas compatible avec la création de richesse. Jacques Lewiner est directeur scientifique honoraire de l’école d’ingénieurs ESPCI ParisTech. Cet ancien chercheur aux « mille brevets » (en tenant compte des nombreux pays où ces brevets ont été déposés) est également à la tête du fonds de dotation ESPCI Georges-Charpak destiné à aider les chercheurs à mettre leurs idées en application. Il est aussi le doyen de la valorisation à Paris Sciences et Lettres (PSL), université de recherche regroupant plusieurs établissements. En parallèle à sa carrière de chercheur, il a créé ou cofondé de nombreuses entreprises, dont Inventel (fabricant de box Internet), Finsecur (sécurité incendie), Cytoo (analyse cellulaire) et Fluigent (gestion des fluides).

Qu’entendez-vous par innovation ? C’est ce qui permet de transformer des connaissances acquises – par l’étude, l’imagination, la recherche… – en un produit, un procédé, un service nouveau. Parmi ces connaissances, celles issues de la recherche ont un très fort effet de levier. Mais l’innovation ne donne pas forcément un prix Nobel. Et réciproquement, des idées magnifiques intellectuellement peuvent s’avérer sans intérêt industriel ! Par exemple, j’étais convaincu de l’intérêt des matériaux plastiques piézo-électriques, pour lesquels une tension électrique apparaît lorsqu’on les déforme. J’ai déposé des brevets et je pensais que ces dispositifs seraient utilisés partout. C’était il y a plus de vingt ans et ce n’est toujours pas le cas. Seuls quelques sièges de voiture ont pu détecter grâce à eux la présence d’un passager… En fait, souvent, les ingrédients de l’innovation sont déjà là, mais il manque quelqu’un pour les réunir. Lorsque nous avons imaginé les premières box Internet avec Eric Carreel, en créant Inventel, cela n’avait rien de génial. Nous avons simplement eu l’idée de mettre dans un même appareil un modem, un routeur, un pare-feu, une interface radio… Nous avons eu d’ailleurs beaucoup de mal à convaincre les opérateurs de l’intérêt d’un tel appareil, mais, heureusement pour nous, Free est arrivé et a ouvert le marché.

Vous n’avez pas toujours rencontré le succès, comme le montre l’aventure du premier livre électronique, commercialisé par Cytale, qui déposa le bilan en 2002. Quelles leçons tirez-vous des échecs ? Par définition, innover, c’est prendre des risques. Rien n’est acquis d’avance. En cas d’échec, il faut en analyser les raisons et ainsi gagner une expérience que les autres n’ont pas. C’est un enrichissement. Je me souviens d’ailleurs très bien de mon premier échec. J’étais convaincu d’avoir trouvé de nouvelles propriétés des « électrets », équivalents en électricité de ce que sont les aimants dans le magnétisme. J’ai finalement réalisé qu’ils étaient déjà connus depuis plus d’un siècle. Toutefois, ils pouvaient permettre la conception de nouveaux capteurs, en particulier les microphones. J’ai essayé de convaincre de grands industriels en les abordant par leur centre de recherche, et non par leur service commercial. C’était une erreur. Ces laboratoires n’avaient évidemment aucun intérêt à défendre une invention qu’ils n’avaient pas trouvée ! J’ai alors eu la chance de rencontrer un entrepreneur remarquable, Paul Bouyer, avec lequel j’ai pu créer ma propre entreprise. L’avenir s’offrait à nous, mais j’ai fait en un temps record toutes les erreurs possibles. Je voulais tout faire moi-même, sans comprendre l’importance du travail en équipe. L’aventure a duré un an…

Dans quelle position la France est-elle en matière d’innovations ? Il existe un potentiel énorme chez nous. Les gens sont bien formés et la recherche est de qualité. La culture de base est donc en place. Mais il existe trop d’obstacles entre la découverte scientifique et l’application qui séduira le marché. Notre système bride trop les initiatives. Il faut simplifier les lois françaises et en finir avec certaines absurdités.

Lesquelles ? Avant la loi Allègre de 1999, un chercheur ne pouvait même pas entrer dans un conseil d’administration ! Cela a changé, mais des absurdités persistent. Aujourd’hui, il est très difficile pour un chercheur de devenir consultant: l’autorisation peut lui parvenir au bout d’un temps très long, parfois un an, et, en plus, il faut que cela soit hors de son domaine de compétence ! Heureusement, certains dégourdis arrivent à se débrouiller, mais cela est un frein pour la grande majorité. A l’ESPCI ParisTech, pour aider nos chercheurs, nous avons créé un fonds de dotation. Nous nous faisons fort de répondre dans les deux semaines à un chercheur qui déclare une invention. Dans certains établissements, cette réponse peut prendre de six mois à dix-huit mois ! Un tel délai est de nature à retarder la publication scientifique du chercheur. On pourrait imaginer une règle qui stipule qu’au-delà de deux mois l’absence de réponse signifie accord.

Les brevets sont-ils indispensables ? Oui, ils sont utiles de deux manières. D’une part, ils évitent en cas de succès que l’innovation ne soit copiée et, d’autre part, ils sécurisent les investisseurs lors d’une levée de fonds. Mais les brevets peuvent parfois être comme des mirages. Le CNRS a longtemps reçu beaucoup de redevances de brevets de Pierre Potier sur les médicaments antitumoraux Taxotere et Vinorelbine. Mais, tombés dans le domaine public, ces brevets ne rapportent plus. [En 2008, ils représentaient 90 % des redevances du CNRS]. Pour créer de la richesse à partir de la recherche, il faut également favoriser la création d’entreprises innovantes. A l’ESPCI ParisTech, nous aidons à la prise de brevets mais aussi à la création de start-up, en leur accordant des conditions très favorables en contrepartie de 5 % de leur capital. C’est un modèle de fonctionnement similaire à celui de l’université de Stanford [en Californie], dont le portefeuille de participations dans des start-up (comme Google) représente plus que les revenus des brevets. Certains établissements demandent des parts de 10 % à 25 % dans les start-up, et exigent en plus le remboursement des prêts consentis. C’est beaucoup trop gourmand et décourageant pour les chercheurs. Il y a quelques années, l’Ecole centrale estimait que ses start-up généraient sur dix ans un chiffre d’affaires cumulé de 96 millions d’euros. Pour l’ESPCI ParisTech, sur la même période, c’était 1,4 milliard. Et pour l’Institut Technion, en Israël, 13 milliards en 2013. Ne me dites pas qu’on ne peut pas faire pareil en France !

Peut-être est-ce une question de culture. Peut-on la changer ? Il ne faut pas opposer recherche et création d’activité économique. Mais c’est vrai qu’en France persiste parfois encore l’idée que les chercheurs ne doivent pas bénéficier financièrement de leurs travaux. Or, il n’est pas choquant que la bonne recherche crée aussi de la richesse économique. Nous devons créer un terreau favorable en laissant le plus de liberté possible aux chercheurs. Nous pouvons aussi améliorer la formation des chercheurs et ingénieurs. L’université de Stanford ou le Technion sont ici aussi des modèles. La première, avec son Biodesign Center, favorise le mélange des cultures entre physiciens, chimistes, médecins, biologistes, informaticiens… Dans le cadre de leur cursus, ses étudiants doivent déposer un brevet, voire fonder une entreprise ! A PSL, nous avons créé dans cet esprit un nouveau parcours, l’Institut de technologie et d’innovation, dans lequel recherche et innovation sont mêlées.

Beaucoup d’économistes fondent leurs espoirs sur le numérique pour doper la croissance. Qu’en pensez-vous ? Bien entendu, le numérique aura sa place dans le futur puisqu’il interviendra dans tous les métiers. On assimile parfois numérique et sociétés Internet. Ces dernières rencontrent parfois des succès phénoménaux, parfois éphémères. Beaucoup échouent. Le secteur qui peut bénéficier directement de la recherche est le secteur industriel, créateur d’emplois et d’activités. Sommes-nous arrivés au pic du développement et des innovations ? Certainement pas. Au contraire, un monde nouveau est en train de s’ouvrir pour les nouvelles générations à la confluence de la chimie, de la physique, de la biologie, de l’électronique et des technologies de l’information. Tout cela continuera à se traduire par une amélioration de la qualité de vie. Ne mettons pas d’obstacles artificiels sur ce chemin et soyons donc optimistes sur les résultats qui en découleront.

Propos recueillis par David Larousserie
Le Monde le 23 novemvre 2014

Founding Angels

Je viens de publier sur la partie anglaise de mon blog une longue interview que j’ai donnée à un doctorant de ETHZ, Martin Würmseher, qui travaille sur le concept de Founding Angels. « Les Founding Angels contribuent à combler le fossé, qui existe entre la recherche universitaire et la commercialisation de nouvelles technologies. En collaboration avec les inventeurs, ils fondent des start-up pour faire avancer davantage la recherche et en commercialiser les résultats. Le modèle d’affaires des Founding Angels est similaire à celui des Business Angels, mais le soutien opérationnel et financier des Founding Angels commence avant la fondation réelle de la start-up et, en tant que membre de l’équipe fondatrice, continue dans la fondation et le renforcement de la nouvelle start-up ».

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Martin m’a envoyé hier la transcription de l’interview et je l’ai beaucoup aimée. Martin m’a autorisé à la publier mais elle est si longue que je n’ai pas eu le courage de la traduire depuis l’anglais, vous la trouverez donc sur ce lien: Founding Angels.

Que demandent les universités aux start-up pour une licence de propriété intellectuelle?

Que demandent les universités aux start-up pour une licence de propriété intellectuelle? Il s’agit parfois pour ne pas dire souvent d’un sujet délicat et l’information n’est pas facile à obtenir. Cependant, il y a certaines normes et pratiques courantes. J’ai déjà publié messages sur le thème: Licences et start-up universitaires en mai 2010 et une suite en juin 2010.

Pour simplifier, j’avais l’habitude de dire que la licence est composée de 3 éléments:
– Premièrement, les universités prennent environ 5% post-série A (pour quelques millions de dollars d’investissement) ou environ 10% à la création (les investisseurs prennent souvent la moitié de la société au premier tour)
– Deuxièmement, il y a également un pourcentage sur les ventes de produits utilisant la technologie concédée, d’environ 2 %, mais la fourchette peut-être 0.5 % à 5 %. Un montant annuel minimum est généralement demandé, de quelques 10k$ ou plus.
– Troisièmement, un petit détail important: les start-up payent la maintenance de l’IP à partir de la date de la licence.

J’ai décidé de regarder à nouveau les données à travers les documents S-1, que les start-up préparant une entrée en bourse (IPO), déposent habituellement au Nasdaq. J’ai trouvé environ 30 exemples de spin-offs universitaires qui avaient donné des détails sur la licence IP. Voici le résultat.

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(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Quelques commentaires :
Ce n’était pas un exercice facile et je ne prétends pas qu’il est sans erreur. Vous ne devriez le lire qu’à titre indicatif, j’espère qu’il est correct dans sa plus grande part! En supposant que les données soient exactes, les universités possèdent environ
– 10% lors de la création ou
– 5% après la série A (moyenne de 5 millions de dollars)
– Les universités gardent une participation de 1-2% à la sortie,
– Pour une valeur de quelques millions de dollars (médiane de 1 M $)
avec une moyenne de 70 millions de dollars d’investissement en capital-risque et une valorisation de l’ordre du milliard de dollars (médiane de 300 millions de dollars)
Les valeurs médianes sont aussi importantes que des moyennes.
les redevances sont dans la gamme de 1-4 % .
Tout cela concorde avec l’information donnée dans mes posts précédents!

Vous pouvez également consulter le document suivant Slideshare:

Une excellente étude sur les spin-off universitaires européennes

Je viens de lire une excellente étude sur les spin-off académiques européennes. Comme il s’agit d’un thèse de doctorat écrite en anglais, j’en ai fait un long résumé sur la partie anglaise de mon blog: A great study on European academic spin-offs.

les résultats sont parfois surprenants, mais la vraie leçon est qu’en Europe succès veut dire survie. C’est l’échec qui est craint et le gros succès n’est du coup peut-être pas l’objectif. Mais vous verrez que les leçons sont multiples.

Quand l’Amérique s’inquiète pour son entrepreneuriat

Trois après mon post inhabituel sur Obama, voici un sujet qui lui est lié. Mais avant d’aborder le sujet, je dois exprimer mon admiration pour le président américain. Même après voir vu The Ides of March de George Clooney et malgré les déceptions nombreuses qu’il suscite chez beaucoup de gens, je reste fasciné par le parcours. J’ajoute pour l’anecdote que j’étais à Washington en octobre 2009 quand il a reçu Prix Nobel de la Paix puis dans la Silicon Valley en septembre 2011 quand il a prononcé son récent discours au Congrès. J’avais aussi apprécié le Diner des Titans.

La Maison Blanche vient de publier TAKING ACTION, BUILDING CONFIDENCE et la deuxième initiative concerne l’entrepreneuriat. Ces six pages, denses, méritent une lecture attentive et j’ai, entre autres, été frappé par le fait que les USA, « la nation la plus entrepreneuriale de la planète » [page 17] s’inquiète « d’un environnement de plus en plus défavorable » et « d’un optimisme en chute libre ». Pour ces raisons, le rapport propose douze initiatives pour « aider à relancer l’esprit entrepreneurial ». (Elles sont listées en anglais à la fin de ce post)

En voici une analyse simplifiée:
– quelques propositions consistent à diminuer les contraintes, i.e. « changer les règles », que j’ai marquées d’un « R » ci-dessous.
– quelques autres sont liées à l’argent et à l’investissement, marquées du « M » de Money.
Il s’agit de mesures classiques, importantes et nécessaires, mais sans surprise.

Ce sont celles qui restent qui m’ont intéressé:
– trois concernent la Propriété Intellectuelle et le Transfert de Technologie , une indication que le système des brevets a peut-être des problèmes;
– plus intéressant encore, les trois dernières sont relatives aux Personnes, aux Talents. Il y est question d’Immigrants et de Mentors.

Je crois qu’il y a là belle matière à réflexion en particulier pour nous, en Europe!


Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Win the Global Battle for Talent
Some of the most iconic American companies were started by immigrant entrepreneurs or the children of immigrant entrepreneurs. Today, however, many of the foreign students completing a STEM degree at a U.S. graduate school return to their home countries and begin competing against American workers. A significant majority of the Jobs Council calls upon Congress to pass reforms aimed directly at allowing the most promising foreign-born entrepreneurs to remain in or relocate to the U.S.

Reduce Regulatory Barriers and Provide Financial Incentives for Firms to Go Public
Lowering the barriers to and cost of IPOs is critical to accessing financing at the later stages of a high growth firms’ expansion. A significant majority of the Jobs Council recommends amending Sarbanes-Oxley and “rightsizing” the effects of the Spitzer Decree and the Fair Disclosure Act to lessen the burdens on high growth entrepreneurial companies.

Enhance Access to Capital for Early Stage Startups as well as Later Stage Growth Companies
The challenging economic environment and skittish investment climate has resulted in investors generally becoming more risk-adverse, and this in turn has deprived many high-growth entrepreneurial companies of the capital they need to expand. The Jobs Council recommends enhancing the economic incentives for investors, so they are more willing to risk their capital in entrepreneurial companies.

Make it Easier for Entrepreneurs to Get Patent-Related Answers Faster
There are concerns among many entrepreneurs that, as written, the recently passed Patent Reform Act advantages large companies, and disadvantages young entrepreneurial companies. The Jobs Council recommends taking specific steps to ensure the ideas from young companies are handled appropriately.

Streamline SBA Financing Access, so More High -Growth Companies Get the Capital they Need to Grow
The SBA has provided early funding for a range of iconic American companies. The Jobs Council recommends that the Administration streamline and shorten application processing with published turnaround times, increase the number of full time employees who perform a training or compliance function, expand the overall list of lending partners, and push Congress to fully authorize SBIR and STTR funding for the long term, rather than for short term re-authorizations.

Expand Seed/Angel Capital
The Jobs Council recommends that the Administration clarify that experienced and active seed and angel investors should not be subject to the regulations that were designed to protect inexperienced investors. We also propose that smaller investors be allowed to use “crowd funding” platforms to invest small amounts in early stage companies.

Make Small Business Administration Funding Easier to Access
The SBA has provided early funding for a range of iconic American companies, including Apple, Costco, and Staples. The Jobs Council recommends that the Administration streamline and shorten application processing with published turnaround times, increase the number of full time employees who perform a training or compliance function, expand the overall list of lending partners, and push Congress to fully authorize SBIR and STTR funding for the long term, rather than for short term re-authorizations.

Enhance Commercialization of Federally Funded Research
The government continues to play a crucial role in investing in the basic research that enables America to be the launchpad for new industries. The Jobs Council recommends that the Administration do more to build bridges between researchers and entrepreneurs, so more breakthrough ideas can move out of the labs and into the commercialization phase.

Address Talent Needs by Reducing Student Loan Burden and Accelerating Immigration Reforms
A large number of recent graduates who aspire to work for a start-up or form a new company decide against it because of the pressing burden to repay their student loans. The Jobs Council recommends that the Administration promote Income-Based Repayment Student Loan Programs for the owners or employees of new, entrepreneurial companies. Additionally, we recommend that the Administration speed up the process for making visa decisions so that talented, foreign-born entrepreneurs can form or join startups in the United States.

Foster Regional Ecosystems of Innovation and Support Growth of Startup Accelerators
There is a significant opportunity to build stronger entrepreneurial ecosystems in regions across the country – and customize each to capitalize on their unique advantages. To that end, the Jobs Council recommends that the private sector support the growth of startup accelerators in at least 30 cities. Private entities should also invest in at least 50 new incubators nationwide, and big corporations should link with startups to advise entrepreneurial companies during their nascent stages.

Expand Programs to Mentor Entrepreneurs
Research consistently shows that a key element of successful enterprises is active mentorship relationships. Yet, if young companies do not have the benefit of being part of an accelerator, they often struggle to find effective mentors to coach them through the challenging, early stages of starting a company. Therefore, the Jobs Council recommends leveraging existing private sector networks to create, expand and strengthen mentorship programs at all levels.

Allow University Faculty to Shop Discoveries to Any Technology Transfer Office
America’s universities have produced many of the great breakthroughs that have led to new industries and jobs. But too often, research that could find market success lingers in university labs. The Jobs Council recommends allowing research that is funded with federal dollars to be presented to any university technology transfer office (not just the one where the research has taken place).