Mort d’un entrepreneur suisse

Magnifique hommage de France Culture ce matin en l’honneur de Stefan Kudelski, inventeur du Nagra. Vous pouvez retrouver l’interview sonore à la fin de l’émission des Matins. Elle avait été faite en 1987 par Yann Paranthoën ‎et s’intitulait: « On Nagra : Il Enregistrera… »

J’étais étudiant à l’Ecole Polytechnique de Lausanne, c’était dans les années 49, par là, 50, et un jour en visitant une usine, j’ai découvert tout d’un coup le monde des machines outil. Et je me suis dit, mais, non d’une pipe, il faudrait électroniser cela. Et l’idée m’est venue en somme de construire des robots. Soit des robots anthropomorphiques, soit des machine-outil commandées électroniquement. Mais, il y avait le problème de la mémoire. Il fallait apprendre à la machine à faire des opérations. Il fallait que la machine soit capable de les répéter. Or j’avais vu les premiers magnétophones ; je me suis dit utilisons la première bande magnétique pour mémoriser les ordres. Alors j’ai commencé par construire quelques magnétophones pour me faire la main, pour me familiariser avec cette technique et alors après, on avait fait un appareil à peu près convenable, c’était le Nagra 1, en fait. Parce que je n’avais pas le sou, voyez-vous. C’était un camarade d’école qui a fait les pièces mécaniques. Moi j’ai bricolé les pièces électroniques. Alors il fallait faire quand même quelque chose qu’on puisse vendre, pour pouvoir construire le suivant, etc. Autofinancé ! … On est allé trouver des fabricants de machine-outil, pour les convaincre un peu d’aller dans cette voie. C’était le niet absolu. Tandis que j’avais un camarade dont le père travaillait à Radio Genève. Ils ont vu les appareils et ont dit : « tiens, ça nous intéresse. » Et voilà le début. J’ai continué à faire mes études à l’Ecole et j’ai commencé à fabriquer ces appareils. Il est né dans une cave ou dans ma chambre d’étudiant en fait. A Lausanne ? Oui, c’était à Pully, la banlieue Est de Lausanne tandis que les pièces mécaniques étaient faites au grenier, chez un de mes camarades. – Et d’où vient son nom, le Nagra ? – Ah, ça c’est venu un peu plus tard. Mais enfin, il a fallu donner un nom, et je n’ai pas voulu mettre mon nom là-dessus car je me suis dit c’est une petite aventure sans lendemain. Alors j’ai trouvé un nom synthétique, qui semble vaguement avoir une étymologie slave, venant d’enregistrement, ce qui veut dire « il enregistrera » en polonais. Tout simplement. « On Nagra – Il Enregistrera »


Hommage de la RTS, Radio Télévision Suisse

Je ne peux pas m’empêcher de mentionner également un article de Libération, fidèle à son jeu sur les mots, Le Nagra bande encore. Notes plus personnelles pour finir: un de mes grands amis de Lycée avait un magnétophone, je crois que c’était un Nagra, c’était la classe à la fin des années 70; puis le premier entretien que j’ai donné à la radio fut enregistré sur un Nagra numérique…

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