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Les plus grandes sociétés de technologie en Europe et aux USA en 2020

Je regarde régulièrement les plus grandes entreprises technologiques aux États-Unis et en Europe et évidemment cette année, j’avais à l’esprit l’impact du Covid. Voici les tableaux que je construis une fois par an (et que vous pourriez comparer à ceux publiés en janvier 2020 ici ou et en 2017 ici.

J’ajoute en dessous les données de PS (« price to sales », ratio de capitalisation boursière sur revenus) et PE (« price to earnings », ratio de capitalisation boursière sur bénéfices lorsqu’ils sont positifs) ainsi que la croissance de la capitalisation boursière et des revenus. Il y a 3 nouvelles entreprises que je n’avais pas étudiées l’année dernière (Airbnb, Paypal et AMD) pour lesquelles la croissance n’est donc pas mentionnée.

Il y aurait beaucoup de commentaires à donner mais je vais faire court:
– Les GAFA sont les leaders incontestés, 4 d’entre eux sont des entreprises d’un billion de dollars. Facebook n’est un peu étonnamment pas aussi impressionnant et Tesla apparaît en tête.
– Le COVID n’a pas eu un grand impact, pour ne pas dire qu’il a eu un impact positif sur les entreprises technologiques (en termes financiers plus qu’en termes économiques)
– Encore une fois, en regardant les moyennes, nous voyons que l’Europe est à la traîne en termes de capitalisation boursière, d’emploi, de ventes et de bénéfices par des facteurs proches de 10…

Une lettre vers et sur l’Amérique

En examinant de vieilles archives, j’ai redécouvert une lettre écrite par un membre de la famille en octobre 1993. À l’époque, je vivais en Californie. Je l’ai relue, l’ai tellement adorée pour des raisons personnelles, mais aussi l’ai trouvée si clairvoyante que j’ai décidé de la partager ici. J’espère que certains l’aimeront.

Dites-moi, mes bons amis, qu’est-ce donc que l’Amérique ? La rudesse des confins, cette impossible frontière où l’homme se trouve par la violence dépouillé du mensonge, où la vérité se fait jour ? Les vieilles terres du sud, si charnelles, si indolentes, si cruelles ? Les coups de vents dévastateurs et les cyclones dans les affaires qui font migrer les gens d’un bout à l’autre du pays ? Les Noirs, les Jaunes, les basanés, les mordorés et ces Indiens qui ouvrent des casinos dans leurs réserves, histoire de reprendre un peu de pouvoir aux Blancs ? Les Indiens sont un songe déglingué, comme la route 66, comme le train des Rocheuses. En Europe, nous vivons paradoxalement l’Amérique sur le mode du regard, plus que sur celui de l’écrit ou de la pensée. Tout le monde ne lit pas Tocqueville, puis, quel est le successeur de Tocqueville ? Reste l’image. Une fatrasie d’images où régnait la violence et le mélo, entre pop-corn et ice-cream, les hommes tannés des westerns, statues de poussière et de vent, les comédiens éblouissants des musicals, Miles Davies, tête baissée, lunettes noires, visage émacié, poussant sur sa trompette dans une encoignure, des suffragettes excitées et des sodomites en délire. Le vrai et le faux de mélangent, se confondent. La mémoire bégaye. De Niro ne cesse de retourner vers ses compagnons, les aciéristes, par un soir de pluie, gravissant une rue boueuse bordée de petits pavillons, dans le décor gris-bleu, monstrueux et hétéroclite, des fonderies ; Kennedy s’effondre encore à l’arrière de sa grande voiture décapotable, sous l’œil effaré de Jackie ; et je contourne toujours Long Island et Brooklyn pour aborder le défi orgueilleux des tours de Manhattan. Ou je survole de hautes montagnes, des déserts, des lacs, des plaines sans fin, où l’œil accroche, jalonnant l’immensité, pressées, serrées, des grappes de gratte-ciel, termitières du jour, monuments de verre et de béton dans le silence des nuits, édifiés à la gloire dont ne sait quel dieu mort.

Je regarde parfois CBS Evening News, je vois des gens s’inquiéter de tout et de n’importe quoi, jusqu’à l’obsession. Hantés par le cancer, la cellulite, le lait empoisonné, l’amaigrissement hâtif, la fumée de tabac, la main lest des hommes et le regard de l’autre. Je me demande : qu’est devenue la fière Amérique ? Ou n’a-t-elle jamais existé que dans les discours des présidents sur l’état de l’Union ? Qu’est-ce donc l’Amérique ? Thoreau et les transcendantalistes, Charles Ives, l’assureur musicien, qui a capté comme personne le fracas des orphéons, la fête et les lenteurs provinciales, l’immensité des terres et la simplicité des êtres ? Ou les Noirs qui sont peut-être les plus américains des Américains puisqu’ils ont vraiment perdu leurs racines (l’Afrique n’est pas lieu, mais un mythe et des rythmes alors que les émigrants ont encore des familles, qui en Sicile, qui en Corée, qui au Mexique, qui en Irlande) ? Ou ce « melting pot » qui ne se mélange pas, mais qui unit parce qu’à la manière des féodaux, l’appartenance vise les personnes, la foi jurée, requiert l’individu au plus noble de lui-même ? (Peut-être ne faut-il pas trop se moquer des Bibles déposées dans les chambres d’hôtel. Elles symbolisent le rapport direct, intime que les protestants établissent entre l’homme et son créateur. Transposé, on aperçoit le rapport direct, transcendant toutes les médiations administratives, juridiques, institutionnelles, qui unit l’homme américain à l’Amérique : Dieu, c’est l’Amérique. Comme Dieu, serait-elle inaccessible à notre intellect ?) On trouve de tout, semble-t-il en Amérique. Serait-elle le grand magasin du créateur, la Samaritaine de l’éternité ? L’Amérique est-elle hors du temps ? Alice au pays des décombres erre parmi les silos abandonnés, les usines désertées, les jerricanes au rebut, les pneumatiques usés, les carrosseries rouillées, pour découvrir dans un champ d’épandage l’inattendu, le surprenant, l’éternellement neuf. L’Amérique pionnière et fatiguée.

Je me dis ceci, mais peut-être ai-je tort. L’attitude ambigüe que nous les Vieux Européens avons à l’égard de l’Amérique tient passablement du rapport parents-enfants qui mêle ambition, espoir, attente et déception, surprise et incompréhension, ravissement et exaspération, tendresse et colère. Reconnaissance, méconnaissance. Un être neuf est sorti de nous, qui nous prolonge mais qui n’est pas nous-mêmes et dont le destin nous échappe. America, America, le rêve de l’émigrant, mais aussi en quelque manière notre rêve à tous. La nouvelle Jérusalem ou la nouvelle Babylone. Quelque chose frappe, si l’on tente de survoler les siècles. L’autre côté. L’autre côté des collines, l’autre côté des montagnes. Nous sommes gens de petits témoins, d’horizons limités. Qui se sont souvent querellés, battus, entretués de vallée à vallée, de château à château, de bourg à bourg, de pays à pays. Moins pour prendre, sinon par rapine, moins pour s’agrandir que pour asseoir un lieu, un domaine, un territoire comme partie de soi, d’où l’autre sera exclu, toléré à la rigueur, toujours en situation d’extranéité. Et soudain, voilà que ces Lilliputiens s’en vont. Vous rendez-vous compte, mes amis, de ce que représente pareil départ ? Il ne s’agit pas exactement de voyage, de la curiosité du voyageur – il y a toujours eu des Hérodote, des Marco Polo. Pas davantage de commerce ou de l’errance qui suit les voies de l’échange. La démographie, l’économie, la politique des puissances, la religion peuvent nourrir les motivations et suffire à l’historien. Encore faut-il une détermination plus haute qui oriente les choix. Comment la nommer ? L’appel de l’inconnu, la volonté de force le destin, la capacité d’affronter le mystère ? Nous sommes des êtres de manque, dit le philosophe. Des êtres de désir. Manquer, c’est avoir le désir d’autre chose, qu’on ne peut définir puisqu’on en a une idée négative. Une audace inouïe : nier le présent pour s’ouvrir au mystère. Debout, les yeux ouverts sur l’horizon. Affronter l’immensité océane et ses fureurs, aborder des terres aussi vastes que la mer, s’enfoncer au profond de forêts immenses, cathédrales d’ombre grouillant d’une vie étrange, suivre la trace du soleil dans les mirages d’or du désert, découvrir des mœurs bizarres, incompréhensibles, sauvages, et des peuples plus nombreux que les grains de sable sur la plage. Mais surtout être devant la démesure dans la démesure dans céder. Et rester, ou revenir, avec dans la tête, le petit monde lointain, si lointain, quitté il y a si longtemps, dont les contours minuscules s’engourdissent lentement dans le sommeil du souvenir. Qu’y avait-il au cœur de cette volonté obstinée ? Peut-être la trace secrète d’une très longue mémoire. Après tout, chacun de nous descend plus ou moins de lointains envahisseurs. Celtes, Francs, Germains, Goths, quels étaient nos ancêtres ? Et avons-nous gardé dans les recoins de nos désirs l’empreinte de ces anciennes migrations ?

Asie, Afrique, Amérique, tous ces continents n’étaient pas également offerts au peuplement des colons. L’Asie, l’Afrique, des mondes trop remplis déjà ou des natures trop difficiles, trop hostiles. Restait l’Amérique et singulièrement l’Amérique du Nord à l’occupation lâche et dont la façade atlantique, vers le 40e parallèle, n’était somme toute pas si dépaysante pour des Européens. L’esprit d’entreprise du protestantisme a fait le reste. On pouvait bâtir sa Nouvelle Angleterre et s’imaginer qu’on allait reproduire en l’épurant dans une sorte de rêve virgilien la vieille mère Europe. Qu’est-ce alors que l’Amérique ? Vue rétrospectivement, elle peut apparaître comme le développement d’une simple conjoncture historique, comme le fruit du hasard et de la nécessité. Ou bien dira-t-on tel était le destin inscrit, quasiment de toute éternité, sur ce morceau de continent ? Pourquoi faut-il, que songeant à l’Amérique, j’ai le sentiment d’une réalité infiniment vieille et d’une promesse toujours inachevée ? En ce sens, si l’Amérique découle d’un destin, ce destin est toujours à venir, demeure toujours une ouverture sur l’inattendu.

Ceci par exemple, qui relève de l’entendement. Nous autres, Français, avons la religion du texte bien conduit, selon l’ordre des raisons : nous aimons une réflexion bien menée et quoi de plus aimable que d’aller de l’idée à ses conséquences ; nous sommes des législateurs de l’écriture. Le pragmatisme américain tend à n’avancer d’idées générales qu’étayées par l’analyse des faits. [C’est moi qui souligne.] Cela ne le libère pas de préjugés, mais lui donne une puissante mobilité et le prémunit contre l’excès des systèmes. Or je crois que dans la crise intellectuelle que nous vivons, nous ne parviendrons pas à nous diriger si nous ne retrouvons pas une compréhension satisfaisante du multiple et de la multiplicité, laquelle est bloquée, ou du moins contrariée, par le besoin de l’interprétation unitaire, besoin profondément enraciné en ce qu’il relève de la théologie chrétienne et de ses antécédents hébraïques. Parce que l’Amérique est essentiellement multiple, parce que l’unitaire n’est chez elle que le moyen d’associer et de coordonner ces multiplicités dans la foi en l’Amérique et la foi en l’individu, peut-être les pensées neuves nous viendront-elles d’outre-Atlantique. Et à notre habitude, nous les systématiserons. Pour le plaisir de l’ordre. Éternelle jeunesse de l’Amérique ? Mais qu’est-ce donc que l’Amérique.

Pardonnez-moi de vous écrire si tard. (J’espère que cette lettre tarabiscotée vous parviendra.) Je vous remercie de m’avoir donné de vos nouvelles. Si peu de gens le font. Mais je suis un mauvais épistolier. Je cours après les sous qui eux courent après les habiles et le temps me manque.

Je vous embrasse,
Georges, le 2 octobre 1993.

Startup Suisses : des analyses nouvelles, sans véritable surprise…

Un nouveau et intéressant rapport sur les startup suisses vien d’être publié par Startupticker, le Swiss Startup Radar.

On y voit une information assez nouvelle, le nombre de startup créées par an, environ 300,

et leur faible croissance…

Des témoignages intéressants également:

Est-ce à cause des conditions-cadres, comme on le dit souvent? (Page 48)
Non, le cadre réglementaire et fiscal de la Suisse est de premier ordre. Mais j’identifie deux lacunes. D’abord, il manque de structures destinées aux entrepreneurs qui ne font de la haute technologie. Ensuite, nous ciblons essentiellement les jeunes alors que des personnes d’autres classes d’âges aussi lancent des entreprises.

Les moyens financiers mis à part, quelles sont les autres différences entre les deux écosystèmes? (Page 57)
En Suisse, j’observe un focus sur ce qu’on appelle le taux de survie. Les startups sont soutenues si elles disposent de garanties – par exemple sous forme de brevets – et si elles sont prudentes. C’est pourquoi 8 startups de l’EPF de Zurich sur 10 sont encore actives cinq ans après leur création. En Israël, par contre, on accorde davantage d’attention à l’impact économique. Ce qui compte, c’est la perspective de croissance et la création d’emplois.

Les investisseurs sont davantage conscients du fait que financer des startups peut entraîner des pertes. C’est flagrant dans le capital d’amorçage. En Suisse, on présente des projets avec des plans d’affaires détaillés, des présentations PowerPoint et des projections de ventes jusqu’en 2023. En Israël, cette paperasserie a largement disparu. Les Business Angels et professionnels du capital-risque admettent qu’il ne peut y avoir de sécurité absolue.

Dans un article de Techcrunch, 30 European startup CEOs call for better stock option policies, on y parle aussi des lacunes dans les conditions cadres en Suisse:

avec les recommandations suivantes:
1- Créer un système de stock-options ouvert au plus grand nombre de jeunes entreprises et d’employés, offrant un traitement favorable en termes de réglementation et de fiscalité. Concevoir un modèle basé sur les modèles existants au Royaume-Uni, en Estonie ou en France pour éviter toute fragmentation et complexité supplémentaires.
2- Autoriser les startup à émettre des stock-options sans droits de vote, afin d’éviter d’avoir à consulter un grand nombre d’actionnaires minoritaires.
3- Reporter l’imposition des employés au moment de la vente des actions lorsque les employés reçoivent un avantage en espèces pour la première fois.
4- Autoriser les startups à émettre des stock-options sur la base d’une «évaluation de la juste valeur du marché» (Fair market value), ce qui dissipe les incertitudes fiscales
5- Appliquer des taux d’imposition sur la base du gain en capital (ou mieux) pour la vente d’actions des employés.
6- Réduire ou supprimer les impôts sur les sociétés associés à l’utilisation de stock-options.

Quelques réflexions sur les entrées en bourse en Europe

Comme certains d’entre vous le savent, j’aime compiler des données. Parmi mes hobbies sont les cap. tables de startups qui sont allées (ou au moins ont eu l’intention d’aller) en bourse. J’ai maintenant plus de 450 entreprises de ce type et vous pouvez jeter un coup d’œil à un résumé récent de plus de 400 entreprises dans Startups et Actionnariat. Ces derniers jours, j’ai jeté un coup d’œil sur des start-up cotées sur des bourses européennes (Paris, Amsterdam) à travers leur prospectus d’introduction en bourse. Quelle différence avec les dépôts S-1 du Nasdaq! Tellement moins d’informations que c’en était frustrant pour moi. Voici les exemples de Cellectis, Kalray et Adyen.

Je ne suis pas sûr que vous prendrez le temps d’analyser, mais savoir combien les fondateurs, les employés, les investisseurs possèdent dans ces startups est plus complexe à comprendre quepour celels cotées au Nasdaq. Regardez la différence entre Cellectis lors de son entrée en bourse à Paris en 2007 et en 2015 au Nasdaq.

Comment pouvez-vous lire qui sont les personnes derrière toutes ces structures dans l’actionnariat d’Adyen?
Et pourquoi les tours passés ne sont-ils pas disponibles plus systématiquement …?

Si vous voulez voir plus de données, voici le document des 450 startup.

Equity Structure in 450+ Start-ups by Herve Lebret on Scribd

Le top 10 des (anciennes) startup des États-Unis et d’Europe

Depuis que j’ai publié mon livre en 2007, j’ai régulièrement fait l’exercice de comparer les plus grandes (anciennes) startup américaines et leurs homologues européennes. Vous pouvez regarder mes données en 2016 dans Les plus grandes (anciennes) start-up des USA et d’Europe. Voici mes listes mises à jour:

Les choses n’ont pas beaucoup changé. Yahoo en est sortie. Rovio est fait son apparition…

« Comment j’ai survécu à la coolitude des startups » par Mathilde Ramadier

Les start-up sont tellement à la mode qu’il fallait bien que quelques nuages s’amoncellent. La chose n’est pas nouvelle. Dans le passé, j’ai mentionné Silicon Valley Fever. Il y a aussi eu le récent Disrupted – My Misadventure in the Start-Up Bubble de Dan Lyons Mais, chose inquiétante, les critiques se font plus nombreuses et plus graves. Ainsi par exemple l’article The evidence is piling up — Silicon Valley is being destroyed sur les scandales Juicero et Theranos. Sans oublier, plus fondamentalement la fièvre transhumaniste / apolitique

Voici un nouveau livre amusant et grave… Bienvenue dans le nouveau monde Comment j’ai survécu à la coolitude des startups de Mathilde Ramadier. La moquerie use du langage. La novlangue, la coolitude. Mais cela cache des comportements plus inacceptables. Salaires au rabais, conditions de travail ridicules. Tout cela sur le ton de l’humour, du moins de l’ironie glaçante. Excessif ? Un peu sans doute dans le sens où toutes les start-up n’agissent pas comme le décrit l’auteur, mais révélateur d’une réalité qu’il ne faudrait pas sous-estimer… Voici quelques exemples:

« Nous sommes une start-up, alors s’il te plait, apporte ton propre laptop. » [Page 24]

« Lors de l’entretien de fin de période d’essai, mon CEO m’apprend qu’au lieu des 1500 euros nets convenus au départ, je vais finalement être embauchée avec une paie trois fois inférieure. […Il] sait très bien ce qu’il fait et me débite un discours parfaitement rodé pour balayer ma déception. [… ] J’ai donc refusé une emploi payé 500 euros parce que je manquais de motivation, de conviction et d’ambition. Je ne méritais pas de participer à l’aventure. » [Page 26-7] Car le CEO a précédemment ajouté « que si je veux faire carrière, il va falloir que j’accepte de courber l’échine et de ‘tout donner’. Comme à la StarAc’. »

« Mais la disruption ne désigne-t-elle pas aussi une accélération imposée trop soudainement à la société ? […] L’économie collaborative permet la mise en relation d’un client qui a un besoin et un prestataire de services (disons plutôt une petite main qui a besoin d’argent. » [Page 28] Et de citer Bernard Stiegler. Qu’elle a raison !

« Mais cette tendance, poussée à l’extrême, est devenue le mot d’ordre d’un régime despotique qui n’admet pas « les plus faibles », c‘est à dire les réfractaires, et qui les relègue en bas de la pyramide sociale. Car si tout le monde peut, en théorie, devenir une superstar, on parle peu de ceux pour qui la « siliconisation » n’incarne ni un rêve… ni une sinécure. » [Page 36]

« Comme nous l’a appris Orwell, la manipulation du langage est le point de départ de tout discours totalitaire. […] La disparition de la capacité à penser par soi-même peut même être le cœur de compétence d’une entreprise. » [Pages 41-2]

« Il s’agit en vérité bien souvent de bullshit jobs, ces nouveaux ’jobs à la con’ du secteur des services qui se targuent de contribuer à l’organisation rationnelle de l’entreprise, mais qui ne peuvent se décrire facilement, tout simplement parce que même les premiers concernés ne parviennent pas à expliquer clairement ce qu’ils ni à y trouver une vraie utilité. […] Les salaires s’affranchissaient évidemment de toutes considérations égalitaires et restaient confidentiels. » [Pages 44-5]

« J’ai vu des gens dire ‘plus jamais ça’ et devoir recommencer. Se promettre qu’ils ne remettraient plus les pieds derrière le comptoir d’un bar après leurs premiers stages et y retourner, faute d’avoir trouvé un emploi dans leur branche. J’ai vu des jeunes femmes et des jeunes hommes devenir complétement dépendants financièrement de leur partenaire, sous-louer leur voiture ou leur chambre pour vivre dans leur salon (puisque tous les aspects de la vue sont désormais marchandables), ou retourner frapper à la porte de leurs parents à trente ans. Des femmes enceintes mettre de l’argent de côté parce que leur congé maternité ne leur permettait pas de vivre décemment. Ce sont ces gens que j’ai vus accepter un contrat précaire avec une paie ridicule dans une startup parce qu’on leur faisait des promesses, qu’on leur offrait des ‘perspectives d’évolution’ s’ils acceptaient de ‘tout donner’. [Page 70]

L’auteur fournir aussi quelques définitions intéressantes: « L’une des définitions de la startup pourrait être la suivante : il s’agit d’une jeune entreprise dotée d’un fort potentiel, mais qui nexerce pas encore d’activité rentable. L’objectif, dès le début, est donc la croissance rapide. » [page 94] Notez que Mathilde Ramadier a même son propre glossaire [pages 151-5] , souvent amusant… Ainsi :
Disruption : innovation super-puissante qui brise les codes de tout un marché. Véritable tremblement de terre, la disruption remet tout à plat et ne se soucie généralement guère des conséquences du chaos qu’elle induit.
Entrepreneur : personne courageuse au talent rare, qui a une idée de génie avant tout le monde, met tout en œuvre pour la réaliser et y parvient – ou pas.
Innovation : introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau. Une startup est forcément innovante (pour ceux qui la lancent en tout cas).

« Durant ces quatre années passées dans les startups, j’ai été prisonnière d’une boucle infernale, ballotée d’une absurdité à une autre, retrouvant ici et là le même folklore. (…) Paradoxalement, on pousse le rationnel jusqu’à l’irrationnel, l’originalité jusqu’au conformisme, la soif de nouveau jusqu’à la régression. (…) Les solutions que la startupsphère nous promet – à la crise, au chomage, à l’ennui, à la répétition du même et à la désuétude, à la vieillesse et à la laideur, etc. – se vasent elles aussi sur un leurre : on ne peut prétendre déjà vivre dans le nouveau monde avant de l’avoir véritablement bâti. » [Page 143]

Les plus grandes (anciennes) start-up des USA et d’Europe

Depuis la publication de mon livre en 2007, je fais régulièrement l’exercice de comparer les plus grandes (anciennes) start-up américaines et européennes. En 2010, j’avais obtenu les tableaux suivants.

top-10-usa-2010

top-10-europe-2010

Ce que j’appelle d’anciennes start-up sont des sociétés de technologies cotées en bourse qui n’existaient pas il y a 50 ans. Bien sûr l’Europe souffrait (et souffre encore) de la comparaison, raison d’être de mon livre. Voici l’exercice mis à jour.

top-10-usa-2016

top-10-europe-2016

Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur l’évolution des choses. Pour ma part, j’y vois quelques éléments frappants. Le plus impressionnant est lié à une présentation il y a quelques jours qui montrait l’évolution avec le temps des plus grandes capitalisations américaines . La voici… assez étonnant…

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Source: Visual Capitalist

Une analyse remarquable des faiblesses européennes: l’acquisition de Withings selon François Nemo

Il m’arrive de faire du copié-collé d’articles que j’ai aimés avec en général l’objectif de les traduire sur la partie anglaise du blog. Ici je vais ajouter mes commentaires personnels entre crochets et en italique. Vous pouvez trouver l’article original et les commentaires sur Frenchweb.fr

Withings ou l’histoire d’une naïveté française
Par François Nemo, spécialiste en conseil en stratégies de ruptures.

Le spectaculaire rachat de Withings par Nokia ne traduit pas comme on l’évoque systématiquement la faiblesse de notre système de financement mais le manque de vision et d’engagement de notre scène entrepreneuriale. L’incapacité à créer des écosystèmes à l’échelle mondiale afin de se positionner dans la guerre du numérique qui oppose la Chine aux Etats-Unis. Il est temps de se mobiliser pour «faire tomber les GAFA» et défendre notre souveraineté.

[Depuis des années, j’affirme que nous n’avons pas tant un problème de financement que de culture, une incompréhension totale de l’importance des start-up et de leur croissance]

Après Captain Train racheté par les Anglais pour 200M€, c’est au tour d’un emblème de la technologie française Withings et qui a fait grand bruit au CES de Las Vegas en jouant la carte du made in France, de passer sous le contrôle de Nokia pour 170M€. Et il y a fort à parier que Blalacar ne résisterait pas à une proposition de Facebook si ce dernier décidait d’introduire le covoiturage dans sa palette de services pour connecter la planète. L’aventure de ce que l’on appelle les pépites à la française n’a malheureusement qu’une seule issue : un gros chèque !

[Je vous laisse parcourir mes documents sur slideshare et en particulier celui qui compare Europe et Silicon Valley et sa slide 37]

L’intelligence first

Plus la technologie se développe et plus elle s’efface derrière les idées. Le «purpose» ou la raison d’être. Les grands acteurs du numérique l’ont compris en prenant le virage de «l’intelligence first». Le produit devient une fonctionnalité qui s’intègre dans une plateforme dont le rôle est de résoudre les problèmes du monde, la santé, les déplacements, les loisirs… gérer une communauté, organiser un écosystème circulaire, itératif, ouvert et inclusif qui met en contact directement les utilisateurs et producteurs pour raccourcir et optimiser l’interaction. C’est la mort annoncée des sites et des applications. Le rôle de l’entrepreneur est alors de défendre une «vision» et ensuite de designer le système qui va avec. C’est un chef d’orchestre plus qu’un créateur de ressources qui va défendre les actifs clés de l’entreprise ; les idées et les données. Dans ce nouveau contexte, des entreprises mono-produits comme Withings n’ont aucune chance de se développer sinon à intégrer un écosystème. On peut d’ailleurs s’interroger sur les véritables bénéfices pour Whitings d’un rachat par Nokia ? Dropbox ou Evernote en ont l’amère expérience en cédant au pouvoir de frappe des grandes plateformes. Et que dire de la pertinence de cette phrase de Steve Job : «Vous êtes une fonctionnalité et non pas un produit», en refusant de racheter Dropbox il y a dix ans ?

La nouvelle guerre des écosystèmes

C’est sur le terrain des écosystèmes que s’affrontent désormais les deux géants du numérique, les Etats-Unis avec les GAFA, sous-tendus par une idéologie, et la Chine avec des entreprises plus pragmatiques comme Alibaba, Wechat qui ont su développer de nouveaux écosystèmes dans des secteurs en plein essor en créant de nouveaux modèles de business et qui après avoir touché un nombre impressionnant d’utilisateurs sur leur marché intérieur commencent à se positionner à l’international en déclenchant une lutte féroce avec les Américains. C’est dans ce contexte que les GAFAs (principalement) font leur «marché» aux quatre coins de la planète pour alimenter et enrichir leur écosystème. Et la France avec la qualité de sa recherche et le dynamisme de ses start-up est un terrain de chasse particulièrement attractif.

Pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale ?

Le rachat de Withings n’est pas comme on l’évoque un problème de financement. Un écosystème européen d’investissement inadapté qui empêcherait un scale-up rapide de nos pépites. Le périmètre de withings quels que soient les fonds qu’on y injecte rend de toute façon un développement impossible hors d’une plateforme. La question est pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale au sein desquels des pépites comme Withings trouveraient toute leur place ?

[L’échec de l’Union Européenne n’est pas que politique. Il est aussi économique. Que de fragmentations et d’égoïsmes nationaux…].

Nous ne pensons pas le numérique à la bonne échelle !

Nos discours sur le made in France, la mise en scène autour de nos champions du numérique et de leur présence au CES appuyée par le ministre de l’économie en personne a quelque chose de naïf et de pathétique. Toutes nos infrastructures institutionnelles ou privées, accélérateurs, groupes de réflexion, French tech, CNNum, École 42, The Family, l’accélérateur ou le NUMA, pour ne citer que les plus en vue ne sont pas programmées pour développer des plateformes avec des visions mais des produits et des fonctionnalités ou des lois et des rapports. C’est notre culture économique et entrepreneuriale qui est en cause. Un monde encore très marqué par la culture de l’ingénieur et du spécialiste. Un monde qui n’est pas familier et qui reste méfiant envers les notions de vision et d’engagement et plus généralement envers le monde des idées. Des entrepreneurs plutôt conservateurs qui ne perçoivent pas la nature profondément subversive de la révolution numérique et la nécessité de changer leur «échelle de réflexion».

Des grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up

Nous pourrions aussi nous appuyer sur les grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up à l’image de l’Américain Goldman Sachs qui déclare : «Nous ne sommes plus une banque, mais une entreprise de technologie, nous sommes les Google de la finance», en faisant travailler trois mille cinq cents personnes sur le sujet et en annonçant un train de mesures comme l’ouverture en open source des données de marché et de gestion des risques. On imagine très bien des entreprises comme La Poste et Groupama dont les métiers vont être radicalement remis en cause dans les cinq prochaines années préparer l’avenir en organisant un écosystème autour du soin et de la santé (par exemple) qui intègre Withings et ses savoir faire. Mais en écoutant les représentants de ces grands groupes, Pierre Gattaz ou de Carlos Ghosn par exemple, on perçoit rapidement leur vision court terme et leur manque d’intérêt (ils n’ont rien à y gagner) pour les stratégies de rupture.

[Quels modèles ont nos jeunes générations en Europe, pas seulement en France, à la sortie de leurs études? Comment pourraient-elles faire des GAFAs quand le modèle est l’entreprise du CAC40 et une culture très ingénieur, en effet].

Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price»

Sommes-nous condamnés à devenir des satellites, à perdre notre souveraineté économique et de sécurité en restant sous l’emprise des GAFAs. Ou encore comme le propose François Candelon, Senior Manager au sein du Boston Consulting Group dans un très bon article «de regarder ce que la Chine peut nous apprendre et nous apporter» et de «créer une route de la soie du numérique». Sommes-nous condamnés à choisir entre Charybde et Scylla ? Non ! Car si les géants du web avec leur vision ont ouvert la voie à de nouvelles relations en construisant les entreprises les plus disruptives de l’histoire, elles nous laissent face à un trou béant. La «technicisation de l’individu». Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price», comme le titrait Viuz «dans des résidences fermées» gérées par des machines «avec des bosquets rondouillards, des pelouses impeccables et des routes goudronnées» où règne l’exclusivité, le premium et la rareté en laissant à la porte toute une partie de la population. Des sortes de maisons de retraite ultra sécurisées pour les plus fortunés ?

Faire tomber les GAFA

Il faut sans aucune hésitation nous engouffrer dans une troisième voie : «Faire tomber les GAFA». Si la formule est quelque peu provocante, elle incite à la mobilisation. Le retard sera difficile à rattraper, mais il est temps pour l’Europe de s’appuyer sur ses valeurs historiques et fondamentales pour construire de nouveaux écosystèmes et entrer de plain-pied dans la guerre économique qui oppose les deux grands blocs. Proposer des alternatives aux GAFAs. «Se servir des algorithmes et de l’intelligence artificielle pour créer une intelligence augmentée et résoudre les problèmes complexes que l’urgence écologique et sociale nous pose», comme le dit Yann Moulier Boutang. Intégrer les nouvelles technologies pour rééquilibrer les rapports de force, trouver les clés d’une véritable économie du partage et de la connaissance, s’attaquer à la question de l’avenir du travail, de sa rémunération, de la santé, du libre-arbitre, de l’éducation…

Changer d’échelle

Une rupture qui nécessite de changer d’échelle en bousculant notre culture économique et notre appréhension du monde. Une rupture qui, si elle se heurte encore à une «diabolique» inertie, s’impose comme une nécessité pour beaucoup d’entre nous.

Si vous faites partie de cette nouvelle «génération» de «l’intelligence first», si vous avez des idées et des solutions pour changer notre échelle de réflexion, je vous invite à nous joindre sur Twitter @ifbranding ou par email f.nemo@ifbranding.fr ensemble, nous avons des solutions à proposer et des projets à construire.

L’auteur
François Nemo, spécialiste en conseil en stratégies de ruptures.
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Créer une culture européenne de l’innovation selon Marcel Salathé

Régulièrement mais pas assez souvent je lis des gens qui appellent l’Europe à se réveiller et à réagir. Récemment, c’était Nicolas Colin dans Qu’est-ce qu’un écosystème entrepreneurial ? Mais maintenant, je me souviens aussi de Risto Siilasmaa dans Il faut chérir l’entrepreneuriat et de mon propre Europe, réveille-toi ! Le dernier en date Marcel Salathé sur la création d’une culture européenne de l’innovation. Un autre article à lire absolument. Merci Marcel! Alors permettez-moi de le citer longuement.

Salathe-Blog

L’enjeu est l’avenir de l’Europe. Et nous, les innovateurs, les entrepreneurs, les scientifiques, les militants et les artistes, nous devons agir et prendre possession de cet avenir. Parce que si nous ne le faisons pas, l’Europe continuera sa trajectoire descendante et deviendra ce qu’elle est déjà dans de nombreux lieux – un musée d’histoire.
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Le secteur des technologies de l’information et de la communication est aujourd’hui le moteur économique dominant de la croissance. Pensez Apple, Google, Facebook, Amazon, Uber. Vous remarquez quelque chose? Pas une seule société européenne. Seulement 1 dollar sur 4 dans ce secteur vient de sociétés européennes, et tous les indicateurs pour l’avenir pointent vers le bas. Certains chiffres sont encore plus désastreux: lorsque vous listez les 20 premiers leaders mondiaux de sociétés Internet qui sont cotées, vous savez combien sont européenne? Zéro. Et parmi toutes les sociétés cotées en bourse dans l’économie numérique, 83% sont américaines, et seulement 2% sont européens. 2%!
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Alors, où est le problème? Certains disent que c’est le financement par les VCs, ce qui est seulement partiellement vrai. Oui, la culture du financement VC est probablement moins mure en Europe qu’aux États-Unis, en particulier pour les tours A, B et C. Mais l’argent trouve les bonnes idées et les opportunités de marché d’une manière ou d’une autre. D’autres disent que c’est tout simplement le marché européen et la réglementation européenne. Je pense que c’est une illusion. Regardez Airbnb, la start-up américaine qui a maintenant une valorisation de plus de 25 milliards de dollars. Elle a commencé avec trois personnes chez YCombinator en Californie, mais elle génère maintenant plus de la moitié (!) de ses revenus en Europe. Et je rappelle que San Francisco est probablement l’un des pires environnements réglementaires. AirBnB est actuellement confronté à d’énormes batailles à San Francisco, et un juge californien a récemment statué sur les employés d’Uber, provoquant un mini-tremblement de terre dans cette économie de partage en plein essor. En effet, la Californie est probablement l’un des États américains les plus réglementé, et pourtant elle s’en sort extrêmement bien.
Je pense que le problème est en fait assez simple. Mais il est plus difficile à corriger. C’est tout simplement nous. Nous, les gens. Nous, les entrepreneurs. Nous, les consommateurs. Je l’ai vécu dans la région de la baie de San Francisco depuis plus de trois ans. Ce qui est remarquable dans cette région ne sont pas ses lois, ni ses règlements, son marché, ou son infrastructure. Ce qui est vraiment remarquable est que presque tout le monde fait une société d’une manière ou d’une autre. Presque tout le monde veut être un entrepreneur, ou les soutient. Presque tout le monde est en train de construire l’avenir. En effet, vous pouvez presque sentir physiquement ce que l’environnement exige de vous. Lorsque quelqu’un vous demande à ce que vous faites professionnellement, et que vous ne répondez pas en disant que vous faites une entreprise, ils vous regardent bizarrement, comme pour dire, « alors qu’est-ce que tu fais ici? »

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Ce n’est pas un point trivial selon moi. L’autre jour, j’étais à Turin en Italie, et j’avais désespérément besoin d’un café. Je suis entré dans le premier café sur mon chemin, où on m’a servi un cappuccino délicieux, avec un croissant au chocolat qui me fait toujours saliver quand j’y pense. Étais-je tout simplement chanceux? Nullement – tous les cafés sont bons là-bas. Parce que l’environnement l’exige. Bien sûr, vous pouvez ouvrir un café de faible qualité à Turin si vous voulez, mais vous aurez probablement à déposer le bilan avant que vous ayez le temps de dire Buongiorno. L’environnement ne peut tout simplement pas accepter la mauvaise qualité. Dans un autre domaine, j’ai eu la même expérience personnelle quand j’étais un postdoc à l’Université de Stanford. En regardant en arrière, j’y ai écrit mes meilleurs papiers et les plus cités. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Chaque matin, alors que je marchais à travers le campus jusqu’à mon bureau, je sentais l’exigence de l’environnement pour faire le travail le plus novateur – et si je le faisais pas, alors qu’est-ce que je faisais là?
Donc, ceci est mon message pour vous. Je vous demande de créer ces environnements, à la fois en faisant le meilleur et le plus innovant que vous pouvez, mais aussi en exigeant la même chose de tout le monde autour de vous. Ces deux choses vont de pair; elles créent un cercle vertueux.

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Ne pas demander la permission, demander pardon si nécessaire. Si vous attendez l’autorisation, il vous faudra attendre le reste de votre vie. La plupart des règles existent pour une raison simple: pour protéger l’établi. Ne demandez pas la permission, faites.
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Orson Welles a le mieux décrit pourquoi demander la permission est mortel.

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Alors s’il vous plaît, laissez-nous vivre tous dans le futur et construire ce qui manque – ici en Europe. Je suis malade d’inquiétude que la meilleure façon pour moi de vivre à l’avenir est d’acheter un billet pour San Francisco. Tout comme le moyen le plus facile pour les Américains de revivre le passé est d’acheter un billet pour l’Europe, riche en histoire. Je vous demande de devenir encore plus ambitieux, plus audacieux, et plus exigeants, à la fois vis-à-vis de vous-même, mais aussi encore plus important de votre environnement.

Salathé parle aussi de modèles. Le sien était le fondateur de Day Interactive, une start-up suisse, qui est est allée en bourse en 2000, avant d’être achetée par Adobe pour 250M$ en 2010. A venir… sa table de capitalisation.

DayInteractiveIPO

Biocartis, la start-up à succès (presque) suisse.

Biocartis aurait pu être une réussite suisse, mais la société est maintenant basée en Belgique. Probablement pas une décision des investisseurs (ce à quoi on pense en général quand une start-up déménage), mais plutôt de l’équipe de management. Un des fondateurs est belge et c’est un entrepreneur en série impressionnant: Rudi Pauwels. Voici ce que vous pouvez lire dans le document IPO:

BiocartisHistory

Pourtant les chiffres sont intéressants. La société a levé plus de €200M avant son introduction en bourse de €100M cette semaine. Malgré ces énormes montants, les fondateurs ont gardé environ 5% de la société. Son prospectus d’IPO est disponible sur le site Web de la société. Elle a signé des accords avec Philips, Hitachi, Biomérieux, Abbott, Janssen et Johnson & Johnson et compte Debiopharm, basée en Suisse, parmi ses actionnaires. Voici mon tableau de capitalisation habituel:

BiocartisCapTable
(cliquez sur l’image pour l’agrandir)