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Doris Lessing à nouveau – à propos des Grands hommes

J’ai écrit dans Testament ou témoignage ? Lessing, Reich, Grothendieck, Jobs, Arles à quel point j’avais aimé lire Le carnet d’or.

Je viens de lire une page étrange qui m’a intrigué. Et encore plus étrange, j’ai découvert que la traduction française (que j’ai découverte en premier) était assez différente de la version originale. Allez sur l’article en anglais pour comparer ou à ma traduction ci-dessous. Voici le texte original (mais allez jusqu’à la fin de l’article pour une autre surprise) :

Mais, ma chère Anna, nous ne sommes pas les ratés que nous croyons. Nous passons notre vie à lutter pour faire accepter à des gens à peine moins sots que nous les vérités que les grands hommes ont toujours sues. Ils ont toujours su, depuis dix mille ans, qu’en enfermant un être humain dans un isolement total on peut faire de lui un ou une bête. Ils ont toujours su qu’un homme pauvre ou terrorisés par la police ou par son propriétaire est un esclave. Ils ont toujours su qu’un homme terrorisé est cruel. Ils ont toujours su que la violence entraine la violence. Et nous le savons. Mais les grandes masses, dans le monde, le savent-elles ? Non. Notre travail consiste à le leur dire. Car les grands hommes ne peuvent pas y perdre leur temps. Leur imagination s’emploie déjà à inventer des moyens de coloniser Vénus ; ils créent déjà dans leur esprit une vision d’une société composée d’être humains libres et nobles. Pendant ce temps, les êtres humains ont dix mille ans de retard sur eux, et sont prisonniers de la peur. Les grands hommes ne peuvent pas y perdre leur temps. Et ils ont raison. Parce qu’ils savent que sommes là, nous, les pousseurs de pierre. Ils savent que nous continuerons à pousser des rochers sur les premiers contreforts d’une immense montagne, pendant qu’ils sont déjà libres au sommet. Ils comptent sur nous, et ils ont raison. Et c’est pour cela que finalement nous ne sommes pas inutiles.

Voici maintenant ma traduction de la version originale, elle est assez différente de la traduction française au Livre de poche !

Toi et moi, Ella, nous sommes les ratés. Nous passons notre vie à nous battre pour que des gens un peu plus stupides que nous acceptent des vérités que les grands hommes ont toujours connues. Ils savent depuis des milliers d’années qu’enfermer une personne malade à l’isolement l’aggrave. Ils savent depuis des milliers d’années qu’un pauvre qui a peur de son propriétaire et de la police est un esclave. Ils le savent. Nous le savons. Mais la grande masse éclairée du peuple britannique le sait-elle ? Non. C’est notre tâche, Ella, la tienne et la mienne, de leur dire. Parce que les grands hommes sont trop grands pour être dérangés. Ils découvrent déjà comment coloniser Vénus et irriguer la lune. C’est ce qui est important pour notre temps. Toi et moi sommes les pousseurs de rochers. Toute notre vie, toi et moi, nous mettrons toutes nos énergies, tous nos talents, à pousser un gros rocher sur une montagne. Le rocher est la vérité que les grands hommes connaissent par instinct, et la montagne est la bêtise de l’humanité. Nous poussons le rocher. Parfois, j’aimerais être mort avant d’avoir obtenu ce travail que je voulais tellement – je le considérais comme quelque chose de créatif.

Je ne sais pas quelle version je préfère, mais j’ai été vraiment assez étonné par ce que Doris Lessing a écrit il y a plus de cinquante ans, d’autant plus que cela me rappelle la citation de Wilhelm Reich dans le post que j’ai mentionné ci-dessus.

Maintenant honte sur moi ! J’ai eu un gros doute et je ne pouvais pas croire que le traducteur était si créatif, alors j’ai regardé à nouveau et j’ai trouvé cette nouvelle partie :

Toi et moi, Ella, nous sommes des ratés. Nous passons notre vie à nous lutter contre des gens à peine plus sots que nous pour leur faire admettre des vérités que les grands esprits ont toujours connues – ils ont su depuis des milliers d’années qu’on aggrave l’état d’un homme malade si on le confine en isolement total. Ils ont su depuis des milliers d’années qu’un homme terrorisé par son propriétaire ou par la police est un esclave. Ils l’on su. Nous le savons. Mais la grande masse éclairée du peuple britannique le sait-elle ? Non. Notre tâche, à toi et à moi, consiste à le leur dire. Car les grands esprits sont trop grands pour qu’on les dérange. Ils sont déjà en train de découvrir comment coloniser Vénus et irriguer la lune. C’estcela qui compte à notre époque. Toi et moi, nous sommes des pousseurs de rochers. Toute notre vie, toi et moi, nous consacrerons notre énergie et tous nos talents à pousser un gros rocher jusqu’au commet de la montagne. Le rocher est la vérité que les grands esprits connaissent d’instinct, et la montagne est la bêtise de l’humanité. Nous poussons le rocher. Je regrette parfois de ne pas être mort avant de pratiquer ce métier qui m’attirait tant – je l’imaginais créatif.

Pourquoi y avait-il Anna et Ella, j’aurais dû y penser tout de suite. La partie sur Ella est à la page 247 et celle sur Anna à la page 711 de ma version. Mon erreur au moins est une indication de l’étrange richesse du roman de Lessing.

Qu’est-ce qu’une startup ? (partie 4)

J’ai utilisé à nouveau aujourd’hui la merveilleuse définition de Steve Blank d’une startup que j’avais utilisée pour la dernière fois en 2013 ici.

Vous pouvez l’écouter la donner à Helsinki en 2011 à l’université Aalto

ou grâce à son Mooc ici:

C’est évident une fois que vous l’avez entendu mais cela a pris des années à être conçu!

Dans ces temps incertains de Coronavirus, je ne peux que vous encourager à la relaxation. Une manière pour moi l’a été à travers Recomposed by Max Richter – Vivaldi’s Four Seasons.

La créativité selon Isaac Asimov

Lors de mon voyage aux États-Unis en janvier, il m’a été mentionné un essai écrit par Isaac Asimov en 1959, « Comment les gens ont-ils de nouvelles idées ? » – J’en ai lu la version publiée en anglais par le MIT Technology Review).


Isaac Asimov par Andy Friedman (Source: MIT Technology Review)

J’ai toujours été sceptique sur la façon d’enseigner la créativité ou même de l’encourager. Je me sens du coup beaucoup plus en accord avec ce qu’avait écrit Asimov il y a 60 ans. Laissez-moi en donner quelques extraits:

– la méthode de génération [d’idées] n’est jamais claire même pour les « générateurs » eux-mêmes,

– il faut non seulement des personnes ayant une bonne expérience dans un domaine particulier, mais également des personnes capables de faire une connexion entre un point 1 et un point 2, points qui pourraient ne pas sembler normalement liés,

– une fois la connexion croisée établie, cela devient évident,

– la connexion croisée nécessite une certaine audace,

– une personne disposée à se lancer contre la raison, l’autorité et le bon sens doit être une personne dotée d’une grande assurance; puisque cela ne survient que rarement, il/elle doit sembler excentrique (du moins à cet égard) au reste de nous autres,

– mon sentiment est que pour ce qui est de la créativité, l’isolement est nécessaire; la personne créatrice, en tout cas, travaille continuellement; son esprit est en train de mélanger des informations à tout moment, même s’il/elle n’en a pas conscience,

– la présence des autres ne peut qu’empêcher ce processus, car la création est embarrassante; néanmoins, une réunion de telles personnes peut être souhaitable pour des raisons autres que l’acte de création lui-même,

– le nombre optimal de personnes du groupe [i.e. de telles personnes juste au-dessus] ne doit probablement pas très élevé. J’imagine que moins de cinq est souhaitable.

C’est assez fascinant: pour Asimov, la créativité est un acte isolé; rendre les connexions possibles peut-être aidé par de petits groupes, mais même de cela, Asimov n’est pas totalement convaincu… J’ai souvent lu des articles intéressants sur la créativité dans l’art, la science, la technologie et l’idée que la liberté de penser combinée à une obsession de résoudre ou de faire quelque chose pourrait être beaucoup plus critique que les interactions sociales.

Du Street Art à Florence

Il n’y a sans doute pas de ville au monde sans Street Art. Après mes découvertes de Banksy, de Space Invader à travers la planète ou des mosaïques miroir de Pully, voici quelques images de Florence.

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L’artiste semble être connu par sa signature – .K – et j’ai trouvé quelques autres pages qui décrivent son travail: Exit/Enter et The Elusive “.K”. Les images qui suivent l’icluent aussi avec le célèbre Clet Abraham qui « sévit » lui aussi sur toute la planète.

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Et encore…

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Voici un autre lien des ses interventions à Florence: Florence street sign art by Clet. Et que dire de ces images poétiques?

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Lorsque l’entrepreneuriat rencontre le street art

De temps en temps, je poste des articles qui ne sont pas liés aux start-up ou à l’entrepreneuriat, mais à d’autres sujets tels que le Street Art par exemple. Maintenant se présente l’occasion de joindre les deux grâce à Banksy. Et en plus, je peux même parler des migrants (qui sont une composante essentielle de l’entrepreneuriat). Banksy a récemment créé l’œuvre de Street Aart qui suit:

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Banksy a expliqué: « On nous amène souvent à penser que l’immigration est un fardeau pour les finances publiques. Mais Steve Jobs était le fils d’un immigrant syrien. Apple est l’entreprise qui fait le plus de profits au monde, et paye 7 milliards de dollars d’impôts par an. Et tout ça ne peut exister que parce qu’on a laissé entrer un jeune homme originaire de Homs (Syrie). » Dois-je ajouter quelque chose sur l’importance des migrants dans la haute technologie ? Si oui, il suffit de lire à nouveau AnnaLee Saxenian, Migrations, Silicon Valley, et Entrepreneuriat.

L’art comme réponse à la tragédie de la vie

Ce blog parle des Start-up. Mais de temps en temps, je prends la liberté de toucher à d’autres sujets. Souvent sur l’Art. Ce sera encore le cas ici. Et aussi lorsque des événements tragiques se produisent. Vendredi dernier, Paris a été frappé à nouveau. Et je n’ai pas de réponse, mais simplement dire que je crois en la paix et l’amour, pas la guerre et la haine. Mon frère m’a envoyé deux belles photos qu’il a prises récemment à Paris. Elles signifient beaucoup.

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Mon ami Dominique m’a envoyé une citation de René Girard dans «Achever Clausewitz», 2007, Gallimard Champs, pages 57/58 « Ces échecs de résolution [de conflit] sont fréquents quand deux groupes « montent aux extrêmes » : nous l’avons vu dans le drame yougoslave, nous l’avons vu au Rwanda. Nous avons beaucoup à craindre aujourd’hui de l’affrontement des chiites et des sunnites en Irak et au Liban. La pendaison de Saddam Hussein ne pouvait que l’accélérer. Bush est, de ce point de vue, la caricature même de ce qui manque à l’homme politique, incapable de penser de façon apocalyptique. Il n’a réussi qu’une chose : rompre une coexistence maintenue tant bien que mal entre ces frères ennemis de toujours. Le pire est maintenant probable au Proche Orient, où les chiites et les sunnites montent aux extrêmes. Cette escalade peut tout aussi bien avoir lieu entre les pays arabes et le monde occidental. Elle a déjà commencé : ce va et vient des attentats et des « interventions » américaines ne peut que s’accélérer, chacun répondant à l’autre. Et la violence continuera sa route. L’affrontement sino-américain suivra…. »

Donc ma réaction est ailleurs. J’ai reçu des e-mails vendredi soir et samedi de la communauté des Space Invader pour vérifier que tout le monde allait bien. Ceux qui aiment l’art urbain cherchent les œuvres pour les prendre des photos. Invader, lui-même, était dans le même état d’esprit en Janvier dernier. Il est maintenant en train d’envahir New York, avec une cinquième vague. En suivant avec son travail en cours, je vois l’art comme une réponse à la tragédie de la vie.

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Voici mon propre travail en cours:

ainsi que ma carte (si je vous ai donné accès – Invader demande aux gens de ne pas donner inidcations à des gens qui détruisent son travail).

Space Invaders à Paris et Toyko : une mise à jour.

Pas directement liée à mon activité principale sur ce blog, je publie de temps à autre sur le Street Art. L’été est un bon moment pour faire des synthèses et j’ai fait un peu de travail sur ma quête dse Space Invaders de Paris et Tokyo. Paris a maintenant 1167 invasions. Tokyo est toujours à 138 mais j’ai pu trouver quelques anciens en ligne.

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Voici également deux autres œuvres. Tout d’abord, mon artiste préféré, l’homme aux mosaïques miroirs de Pully en Suisse. Voiic une oeuvre qu’il a déposée à Paris.
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– Breaking Bad
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– Cost
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Plus «sérieusement» voici quelques stats à propos de Paris (mise à jour en octobre 2015 avec 1182 invasions)
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Donc, ma synthèse, que vous trouverez aussi sur SlideShare donne ceci:

Paris: de PA_1000 à …

Toyko

Street Art, Space Invaders et les miroirs de Pully

Ces dernières semaines ont été plutôt riches pour moi question Art Urbain – Street Art. D’abord, j’ai trouvé un beau miroir mosaïque à Pully. J’en suis maintenant à plus de 40 lieux avec environ 50 mosaïques.

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Ensuite, j’ai accidentellement trouvé deux Space Invaders à Tokyo. J’ai fini de compiler les Space Invaders de Tokyo et j’ai des images quasiment pour toutes les 138 oeuvres déposées dans la capitale japonaise.

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Enfin, j’ai achevé ce pari fou de répertorier tous les Space Invaders parisiens et je pense qu’il y en a eu 1139 jusqu’à présent (mai 2015). Fou mais amusant … vous pouvez trouver ma compilation complète dans mon article sur les Space Invaders à Paris.

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Space Invader à Paris

Un billet très court sur Space Invaders à Paris. Jusqu’à présent, plus de 1100 céramiques ont été créées, la plupart d’entre elles détruites par ailleurs.

En septembre 2014, j’ai commencé à visiter Paris. De temps en temps j’ajoute plus d’informations à leur sujet. Voici des fichiers pdf de certains arrondissements:
le 1er,
le 2ème,
le 3ème,
le 4ème,
le 5ème,
le 6ème,
le 7ème,
le 8ème,
le 9ème,
le 10ème,
le 11ème,
le 12ème,
le 13ème,
le 14ème,
le 15ème,
le 16ème,
le 17ème,
le 18ème,
le 19ème,
le 20ème,
la banlieue de Paris,
et aussi un document sur les récentes invasions: les 1000+.

Si vous êtes intéressés par mon fichier excel avec plus de 1000 entrées sur les invasions parisiennes, demandez-moi! Et voici ma carte de Paris. Cependant, j’ai reçu un message de l’équipe d’Invader en juin 2015. Ils se plaignent du taux élevé de destruction de leurs œuvres et m’ont demandé de cacher autant d’informations que possible sur l’emplacement des Space Invaders. Mes cartes sont donc désormais privées et mes pdfs beaucoup moins instructifs. Désolé pour cela, et bonne chance à ceux qui cherchent eux juste pour prendre des photos …

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Patrick Modiano, Prix Nobel de Littérature

Je me souviens d’une conférence de Carlos Fuentes à l’université de Stanford en 1989 ou 1990. L’écrivain mexicain y déclara que la littérature était devenue métissée. Je n’ai pas trouvé de trace de cette conférence, mais par contre des traces d’une conférence similaire.
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“Our future depends on the freedom of the polycultural to express itself in a world of shifting, decaying and emerging power centers.” He talked about the voices in literature today – Third World writers such as Salman Rushdie and V. S. Naipul – whose works reflect a diverse world that is no longer bipolar in terms of power and culture. (« Notre avenir dépend de la liberté du polyculturel à s’exprimer dans un monde dont les centres du pouvoir se déplaçent, se décomposent et émergent ». Il parla des voix de la littérature d’aujourd’hui – des écrivains du tiers monde tels que Salman Rushdie et VS Naipul – dont les œuvres reflètent une diversité d’un monde qui n’est plus bipolaire en termes de puissance et de culture.)

J’avais pris mon courage à deux mains et fait la queue pour lui parler quelques instants. Je lui demandai quand mon tour arriva ce qu’il pensait de la littérature française. Il me dit en effet que dans la tendance du métissage global, elle était moins visible à l’exception de quelques auteurs tels que Michel Tournier et J.M.G Le Clézio. Il ne mentionna pas Patrick Modiano mais il aurait dû ! Rien n’est plus métissé que l’écriture de Modiano depuis La place de l’étoile jusqu’au très justement intitulé Un pedigree. Et rien ne vaut les avis les plus surprenants sur ce grand auteur que ceux de François Mitterrand et de Frédéric Mitterrand.

Frédéric Mitterand : « Il a reçu le prix Nobel parce que, à mon avis, il interroge la culpabilité occidentale d’une manière permanente sur le comportement des uns et des autres dans les périodes de totalitarisme, de cruauté, de maltraitance de la part de l’État. [… ]Il ne sait pas pourquoi des gens bien ont pu devenir collaborateurs et des salauds résistants et ce qui est peut-être la clé de la mélancolie et de la poésie profonde qui se dégage de ses livres c’est que précisément il ne sait pas. » (Minute 0:56 de la vidéo qui suit)

Quant à François Mitterrand, l’archive date de 1978 quand Bernard Pivot demanda à celui qui n’est pas encore Président de la République d’inviter quatre écrivains. Il invita entre autres Patrick Modiano et aussi Michel Tournier! À partir de la minute 56:10, on put écouter un échange étonnant… « Il y a une grande limpidité de style, qui peut faire illusion. Rue des boutiques obscures, c’est une histoire intéressante de quelqu’un qui, dans la recherche de lui-même – il est amnésique, il ne sait plus qui il est – tombe sur des familles russes, pittoresques… Mais ce n’est qu’une histoire. Et puis on arrive au bout […] et tout d’un coup on s’aperçoit que c’est pas une histoire simple, c’est pas une histoire limpide. […] On s’aperçoit qu’on est projeté dans une autre histoire, c’est que cet homme qui se cherche n’est pas simplement quelqu’un qui est amnésique – ou bien alors, nous sommes tous des amnésiques: qui sommes-nous? […] C’est un grand style classique français et puis on s’aperçoit ensuite qu’il y a du russe là-dessous. Ce sont des gens qui ont à parler comme Dostoïevski le ferait, mais dans le style de Stendhal ou d’un roman policier. »

Quand on sait les relations elles aussi ambiguës et loin d’être simples entre François Mitterrand et la seconde guerre mondiale, l’échange est étonnant. Je ne sais pas si Modiano avait été surpris de l’invitation. Il allait recevoir le Prix Goncourt quelques mois plus tard et le Prix Nobel quelques 25 ans plus tard…

PS: Fuentes et Tournier n’ont pas reçu le prix Nobel, contrairement à Le Clézio et Modiano. Si je devais parier, je dirais que la prochain écrivain français sur la liste pourrait être Michel Houellebecq.

PS2: j’ajouterai le lien à son discours à Stockholm pour son prix Nobel dès qu’il sera disponible.