Freeman Dyson : Portrait du scientifique en rebelle

Freeman Dyson est un étrange scientifique, mélange de conservatisme sage et modéré et de défricheur de l’iconoclasme. Il prône des analyses à froid mais adore ce qui est étrange. Je viens de lire Portrait du scientifique en rebelle, un livre magnifique ou chacun doit pouvoir trouver sa part de stimulation intellectuelle.

Quel rapport avec l’innovation ou l’entrepreneuriat high-tech? Assez peu directement, et le sujet est plus proche des mes autres articles sur des livres de réflexion sur la science (Smolin, Ségalat par exemple). Il y a en fait de nombreuses connections entre recherche scientifique et innovation technologie, ne serait-ce que du point de vue de la créativité. Autre lien des plus ténus, il est le père de Esther Dyson, capital-risqueuse célèbre dans la Silicon Valley.

L’échec en est un autre exemple. Dans une interview antérieure à ce livre Dyson disait à propos du rôle de l’échec: « Vous ne pouvez pas raisonnablement obtenir une bonne technologie sans un nombre énorme d’échecs. Si vous regardez les bicyclettes, il y avait des milliers de modèles bizarres construits et testés avant qu’ils ne trouvent celui qui marchait vraiment. Vous ne pouvez jamais construire une bicyclette théoriquement. Même maintenant, après les avoir construit depuis une centaine d’années, il est très compliqué de comprendre comment fonctionne une bicyclette – il est même difficile de le formuler comme un problème mathématique. Mais juste par essais et échecs, nous avons trouvé comment le faire, et l’erreur était essentielle! » (tiré de Freeman Dyson’s Brain.)

Le titre « Portrait du scientifique en rebelle » n’est pas non plus sans me rappeler la citation de Pitch Johnson que j’avais mentionnée dans Entrepreneurs et Révolution: “Les entrepreneurs sont les révolutionnaires de notre temps” et il s’expliquait ainsi: “La démocratie fonctionne mieux quand il y a un peu de turbulence dans la société, quand ceux qui ne sont pas encore à l’aise peuvent grimper l’échelle économique en utilisant leur intelligence, leur énergie et leur habileté pour créer de nouveaux marchés ou mieux servir les marchés existants.”

Dans ce livre, il est question d’éthique, de religion, de changement climatique et de scientifiques aussi varés que Gödel, Erdös, Hardy, Oppenheimer, Feynman bien sûr, Teller l’indéfendable, et Thomas Gold dont je n’avais jamais entendu parler.

Le chapitre sur Gold et celui qui a le plus retenu mon attention et s’intitule « un hérétique des temps modernes. » Gold a abordé des sujets aussi divers que
– la physiologie de l’oreille (validée 30 ans plus tard malgré les résistances de tout ordre),
– la théorie du déplacement de 90 degrés de l’axe de la terre,
– l’origine abiotique du gaz naturel et du pétrole, (i.e. pas issu de la dégradation d’êtres vivants,)
– l’existence de la vie à l’intérieur de la croute terrestre,
– l’interprétation des pulsars.
Il n’a pas eu peur de se tromper sur des sujets comme
– l’état stationnaire de l’univers,
– la lune couverte de poussière électrostatiques.
Gold était « un intrus mais tout sauf un ignorant » et ajouta que « la science n’est pas drôle si on n’a jamais tort. » Je viens de trouver un autre article de blogger sur Gold si vous souhaitez en savoir plus: The Radical Ideas Of Thomas Gold.

Dyson a écrit un livre stimulant, passionant, et je ne peux qu’en encourager la découverte!

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