Archives mensuelles : avril 2013

Pour une Silicon Valley européenne?

Un bref passage au journal du soir de la Radio Suisse Romande, Forum, m’a donné l’occasion de revenir sur un sujet qui m’est cher, la Silicon Valley. Vous pouvez écouter cet extrait de 5 minutes eviron ici.

Forum-SiliconValleyEuropeenne

Leo Apotheker, ancien patron de HP et de SAP a publié une chronique intitulée, Pour une Silicon Valley européenne. Le texte est assez court, le voici en intégralité, mais j’ai mis en gras ce qui me semble important. Ensuite je reprends mon point de vue donné à la radio.

« Il est temps d’en prendre vraiment conscience. L’Europe ne peut se permettre de rester à la traîne. Il est urgent qu’elle s’unisse autour d’une volonté et d’actions communes pour concentrer les efforts et les ressources. Faute de quoi, l’Union européenne manquera le train de l’avenir. Aujourd’hui, seule une poignée d’acteurs européens figure parmi le «top 10» des géants du high-tech. Parmi eux, des SSII qui emploient un nombre important d’Européens. Le classement est donc un peu faussé, car ces SSII sont plus orientées vers le déploiement de technologies –activité à moindre valeur ajoutée– que vers la création et la commercialisation de technologies, où se trouve l’enjeu essentiel. Les exemples de Microsoft, Google ou SAP montrent, en effet, que si l’on veut devenir un leader dans le domaine du numérique, il est indispensable de créer une plate-forme utilisée par beaucoup d’autres. Cet enjeu dépasse la seule filière des TIC. Si ces dernières sont économiquement et socialement essentielles en tant que telles, c’est surtout leur capacité à s’intégrer horizontalement dans d’autres industries qui importe. Exemple, dans l’automobile où l’informatique représente aujourd’hui 70% de la valeur du véhicule…

« En outre, face à des concurrents comme les Etats-Unis et la Chine qui, rien que sur leur marché domestique, opèrent à l’échelle d’un continent, l’Europe a, elle aussi, tout intérêt à se mettre en ordre de bataille. Aborder le sujet en ordre dispersé, chaque pays, chaque région, chaque ville initiant ses propres démarches locales, aurait des effets regrettables. Au bout du compte, la démarche ne pèse pas grand-chose au niveau mondial. Une étude du cabinet AT Kearney a d’ailleurs clairement identifié les problèmes qui empêchent l’Europe d’être vraiment compétitive au niveau mondial. Contrairement aux Etats-Unis ou à la Chine, elle est éclatée en 27 marchés différents et ne bénéficie pas d’une langue commune. Les industries TIC y ont plus difficilement accès à des crédits de financement. Elles se concentrent trop sur l’accumulation de brevets, et sont insuffisamment performantes en termes d’innovation. Elles manquent d’ingénieurs, mais elles manquent encore plus cruellement de capacités commerciales et de marketing. C’est donc bien à l’échelle de notre continent que de tels déséquilibres seront dépassés et qu’est susceptible de se créer un environnement propice à la constitution de futurs leaders européens fournisseurs de plates-formes.

« Une telle politique européenne volontariste commune de l’Union européenne pourra jouer sur de multiples leviers : un environnement financier et fiscal de nature à attirer les capitaux indispensables; la concentration sur le haut de gamme des produits et services; des investissements dans la formation et les entreprises bien choisis pour faciliter l’émergence de «champions » européens; l’appui à la création d’une culture de «gagnants » en aidant le développement des start up…dans le but de créer les géants de l’industrie de demain! Il s’agit en somme de réunir, de concentrer ses forces et de faciliter les éclosions de toute nature. La recette, en son temps, a montré son efficacité à quelques encablures de San Francisco. Cela s’appelle la Silicon Valley. Le nom avait été inventé en 1971, c’était il y a déjà quarante-deux ans… Il est peut-être temps que le «Vieux » Continent se libère de ce qualificatif et se décide enfin, dans les têtes et dans les faits, à créer sa propre Silicon Valley.

Leo Apotheker, Dirigeant d’entreprise allemand, Léo Apotheker a été PDG de SAP (d’avril 2008 à février 2010) et d’Hewlett-Packard (de septembre 2010 à septembre 2011)

Le sujet est un vrai complément au rapport Tambourin que j’ai mentionné plusieurs fois récemment. Ma réaction est la suivante: Ce n’est pas tellement le fait de créer une Silicon Valley le problème mais de savoir pourquoi nous n’en avons pas! (Et de plus, il n’y aura jamais de nouvelle Silicon Valley.) L’Europe est clairement passée à côté des technologies de l’information (ordinateurs, téléphones portables, internet). Les USA ont créé environ une centaine de grandes entreprises depuis 1970, dans ces domaines, les européens sans doute un vingtaine seulement. L’Europe et les USA ont la même taille.

En grande partie parce que l’Europe soutient plus les entreprises établies (PMEs et grands groupes) et ce que j’appelle l’innovation incrémentale (l’amélioration des produits existants). Les américains ont su faire des révolutions technologiques et créer de nouvelles grands entreprises et des nouveaux produits (Apple, Google, Facebook, mais aussi Genentech en biotech) tout en protégeant leur industrie. Or les entreprises ne sont pas éternelles, elles vivent entre 50 et 100 ans, et comme les humains, c’est triste, mais il faut que les jeunes remplacent les vieux… Si nous ne créons pas de jeunes grandes entreprises qu’arrivera t il quand nos vieilles entreprises mourront?

Culturellement, politiquement, économiquement, nous ne sommes pas sensibles à ce problème et comme l’Europe est en crise, avec 27 pays qui rament en effet dans des directions différentes, il n’y a pas accord sur le diagnostic. Un jeune pense rarement start-up et plus à travailler dans une grande entreprise par exemple. L’investissement dans les start-up est bien plus élevé aux USA. J’aimerais fournir la part de ces domaines dans l’économie des USA, de l’Europe et la Suisse (surtout en termes de produits, c’est ce qui compte ici, plus que des services.) Ce n’est tant un problème de coordination, qui serait tout de même idéale, on ne va pas avoir 27 MIT en Europe par exemple, qu’un problème d’accord sur le diagnostic et donc d’investir largement dans la créativité et l’avenir (que nous ne connaissons pas) et pas seulement dans ce qui va bien ou existe déjà…

Steve Jobs par Walter Isaacson

J’ai enfin lu la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson. J’ai longtemps hésité (l’édition originale date de 2011) car je redoutai un peu se lecture. de plus j’avais lu l’excellent The Apple Revolution ainsi que Return to the Little Kingdom. Je l’ai finalement lu en français et c’est aussi excellent. A lire si vous avez un intérêt pour le sujet. Je ne vais pas en faire l’analyse mais faire comme à mon habitude quelques extraits subjectifs ou frappants. Les citations font référence à la version livre de poche datant de octobre 2012.

jobs-isaacson

La Silicon Valley

« Divers séismes culturels bouleversèrent San Francisco et la Silicon Valley vers la fin des années 1960. Il y avait la révolution technologique, initiée par l’augmentation des contrats militaires, qui avait attiré des sociétés d’électronique, des fabricants de puces, des concepteurs de jeux vidéo et des fabricants d’ordinateurs. Il y avait une sous-culture, celle des pirates – des inventeurs de génie, des cyberpunks, des dilettantes comme des purs geeks ; on comptait également dans leurs rangs des électroniciens qui refusaient d’entrer dans le moule de HP et leurs enfants impétueux qui voulaient faire tomber toutes les barrières. Il y avait des groupes de recherche quasi-universitaires, qui menaient des expériences in vivo sur les effets du LSD, tels que Doug Engelbart à l’Augmentation Research Center, qui participera plus tard au développement de la souris et des interfaces graphiques, ou Ken Kesey, qui faisait l’éloge de la drogue dans des spectacles psychédéliques, mêlant musique et lumière, animés par un groupe de musiciens qui deviendra le mythique Grateful dead. Il y avait également le mouvement hippie, issu de la beat génération de Kerouac, originaire de la baie de San Francisco, et les activistes politiques, nés du Mouvement pour la liberté d’expression de Berkeley. Et, englobant tout ça, il y avait divers courants spirituels cherchant l’illumination intérieure – zen, hindouisme, méditation, yoga, cri primal, privation sensorielle et massage Esalen.
Steve Jobs était l’incarnation de cette fusion du Flower Power et des puces électroniques, de la quête de la révélation personnelle et de la haute technologie : il méditait le matin, suivait l’après-midi des cours de physique à Stanford, travaillant la nuit chez Atari en rêvant de lancer sa propre entreprise. » [Page 114]

La passion pour l’entrepreneuriat

Bushnell [fondateur de Atari] est de cet avis: « Pour être un bon chef d’entreprise, il faut avoir quelque chose de particulier, et j’ai vu cette chose chez Steve. Il n’était pas seulement intéressé par l’électronique, mais aussi par les affaires. Je lui ai montré qu’il fallait se comporter comme si on allait réussir ce qu’on voulait entreprendre et qu’alors ça se faisait tout seul. C’est ce que je dis tout le temps : si l’on feint de savoir ce que l’on fait, les gens vous suivent. » [Page 111]

Ses amis les plus proches pensent qu’avoir appris, si jeune, qu’il avait été abandonné à la naissance avait laissé des cicatrices indélébiles. « Son besoin d’avoir la maîtrise totale dans tout ce qu’il entreprend vient de cette blessure » [Page 34] … « Le plus étonnant chez Steve, c’est qu’il ne peut s’empêcher d’être cruel envers certaines personnes – une sorte de réflexe pavlovien. La clé du mystère, c’est le fait d’avoir été abandonné à la naissance. » [Page 35]

Il retourna donc vers Nolan Bushnell : « Steve m’a demandé de mettre cinquante mille dollars sur la table et qu’en échange il me donnait le tiers des parts d’Apple. Je me suis cru finaud et j’ai dit non. Quand j’y repense, j’en ris encore. Pour ne pas en pleurer ! » [Page 142]

Le champ de distorsion de la réalité

– « C’est de la folie. C’est impossible. »
On lui répliqua que Jobs ne voulait rien savoir.
– La meilleure définition de cette bizarrerie, tu l’as dans Star Trek. Steve crée un champ de distorsion de la réalité. En sa présence, la réalité devient malléable. Il peut faire croire à n’importe qui à peu près n’importe quoi. L’effet, certes, se dissipe, quand il n’est pas là, mais cela t’empêche sérieusement d’avoir des prévisions réalistes pour quoi que ce soit.
Le CDR était un mélange troublant de charisme et de force mentale ; c’est la volonté de plier les faits pour qu’ils entrent dans le moule. [Page 207]
Quand Jobs décréta que les sodas dans le réfrigérateur seraient remplacés par des jus bio d’oranges et de carottes, quelqu’un de l’équipe fit imprimer des tee-shirts avec écrit devant : « Attention au Champ de Distorsion de la Réalité ! » et derrière : « Il vient des jus de fruits ! »

Il y a un petit bug page 225 : Pour tracer des cercles, Atkinson trouva une astuce fondée sur le fait que les sommes des nombres impairs donnaient une succession de carrés parfaits (par exemple, 1 + 3 = 4, 1 + 3 + 5 = 8, etc.) [L’affirmation est correcte car la dernière somme vaut 9 et pas 8 !]

Être un pirate

« Mieux vaut être un pirate que de rejoindre la marine » [Page 248] Et le Jolly Roger décoré du logo Apple flotta pendant quelques semaines sur le toit du Bandley 3.

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Les chapitres sur la vie privée de Jobs et sur Pixar sont assez passionnants. A propos de l’IPO de Pixar : « Plutôt cette année-là, Jobs avait tenté de trouver un repreneur pour Pixar, pour cinquante millions de dollars, histoire de récupérer ses fonds. A la fin de cette journée historique, les actions qu’il avait gardées – soit 80% de la société – valaient plus de 20 fois cette somme : un milliard deux cents millions de dollars ! C’était près de 5 fois plus que ce qu’il avait gagné avec l’introduction en bourse d’Apple en 1980. Mais Jobs de fichait de faire fortune, comme il le confia à John Markoff du new York Times : « Je ne compte pas acheter de yacht. Je n’ai jamais fait ça pour l’argent. » [Page 471]. Il est à ce titre très différent de Larry Ellison, fondateur et CEO d’Oracle dont il devint l’ami et qui l’aida à revenir aux commandes d’Apple.

Le retour

A ce sujet, il y a une anecdote amusante page 482 : « Deux ans plus tôt, Guy Kawasaki, le chroniqueur du magazine Macworld (et ancien évangéliste de la Pomme) avait publié dans le magazine une parodie racontant qu’Apple rachetait NeXT et élisait Jobs comme PDG. L’article mettant en scène Mike Markkula s’adressant à Jobs : « Tu veux passer le reste de ta vie à vendre Unix avec un joli enrobage, ou changer le monde ? » Et Jobs répondait : « Désormais, je suis père de famille et je ne veux plus jouer les aventuriers. » L’article faisait cette supputation : « Suite à ses déboires avec NeXT, il est possible que Jobs, pour son retour dans le giron de la maison mère, apportera à la direction d’Apple une dose d’humilité. Bill Gates était aussi cité ; il disait que si Jobs revenait en piste, Microsoft aurait à nouveau des innovations à copier ! Tout était inventé et purement humoristique. Mais la réalité a cette fâcheuse habitude de rattraper toutes les satires. » [Page 482]

Et sur son retour: « Son credo était la perfection. Il n’était pas très doué pour les compromis, ou pour s’arranger avec la réalité. Il n’aimait pas la complexité. C’était le cas pour le design des ses produits ou le mobilier des ses maisons ; il en était de même pour ses engagements personnels. S’il était sûr de son fait, alors rien ne pouvait l’arrêter- Mais s’il avait des doutes, il préférait parfois jeter l’éponge, plutôt que de se retrouver dans une situation qui ne le satisfaisait pas complètement. [Page 509]

La mort

[Avec Markkula] Ils passèrent le reste du temps à parle de l’avenir d’Apple. Jobs voulait édifier une société qui lui survive et il lui demanda conseil. Markkula lui répondit que les sociétés qui perdurent sont celles qui savaient se renouveler. C’est ce qu’avait fait sans cesse Hewlett-Packard; elle avait commence par construire des instruments de mesure, puis des calculettes, puis des ordinateurs. « Apple a été évincé par Microsoft sur le marché des micro-ordinateurs, lui expliqua Markkula. Tu dois changer de cap, orienter Apple vers un autre produit. Tu dois être comme un papillon et accomplir ta métamorphose. » Jobs ne fut guère loquace, mais il retint la leçon. [page 515]

La musique fut évidemment un art essentiel dans la vie de Jobs. On sait sa passion pour Bob Dylan, pour Joan Baez, pour les Beatles. Mais voici un extrait plus étonnant : Bach, déclara-t-il, était son compositeur classique préféré. Il appréciait particulièrement le contraste entre les deux versions des Variations Goldberg enregistrées par Glenn Gould – la première en 1995 par le pianiste peu connu de vingt-deux ans qu’il était, la seconde en 1981, un an avant sa mort. « Elles sont comme le jour et la nuit, me dit un jour Steve après les avoir passées l’une après l’autre. La première est une œuvre exubérante, jeune, brillante, jouée si vite que c’en est une révélation. La seconde est plus économe, plus austère. On décèle âme profonde, au vécu douloureux. » Jobs en était à son troisième arrêt maladie quand il écouta les deux versions. Je lui demandai quelle était sa version préférée. « Gould préférait la dernière version. Autrefois, je préférais la première, l’exubérante. Mains maintenant, je comprends mieux ce qu’il voulait dire. »

Isaacson termine son livre par une brillante pirouette de Jobs sur le sujet de la vie et la mort. « Mais d’un autre côté, peut-être que c’est comme un interrupteur on/off. Clic et plus rien! » Il marqua une nouvelle pause et esquissa un sourire. « C’est sûrement pour cela  que jee n’ai jamais aimé les interrupteurs on/off sur les produits Apple. »

L’héritage

J’aurais aussi pu placer ces dernières remarques plus haut dans la section la passion pour l’entrepreneuriat. « Ma passion a été de bâtir une entreprise pérenne, où les gens étaient motivés pour fabriquer de formidables produits. Tout le reste était secondaire. Bien sûr , c’était génial de réaliser des profits, parce que cela nous permettait de créer de bons produits. Mais la motivation est le produit, non le profit. […] La différence est subtile, mais au final elle est cruciale, car elle définit tout: les gens qu’on embauche, ceux qu’on promeut, les sujets abordés en réunion. […] Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent tant qu’ils ne l’ont pas sous les yeux, Voilà pourquoi je ne m’appuie jamais sur les études de marché. […] L’intersection entre les arts et les sciences. J’aime ce point de jonction, il a une aura magique. […] Notre innovation recèle une grande part d’humanité. Je pense que les grands artistes et les grands ingénieurs se ressemblent.. Tous deux ont le désir de s’exprimer. […] J’ai ma propre théorie pour expliquer le déclin de sociétés telles qu’IBM ou Microsoft. L’entreprise fait du bon boulot, innove et arrive au monopole ou presque dans certains domaines. C’est alors que la qualité du produit perd de son importance. La société encense les bons commerciaux […] qui finissent par prendre le contrôle de la boite. […] Je déteste les gens qui se disent entrepreneurs quand leur unique objectif est de monter une start-up pour la revendre ou la passer en Bourse. Il n’ont pas la volonté de bâtir une véritable société. […] Il ne faut jamais cesser d’innover. […] Je pense que la plupart des gens créatifs veulent remercier leurs prédécesseurs de l’héritage qui leur ont laissé. » [pages 889-892]

 

Une vie incroyable. Jobs ne peut que rester une des plus importantes célébrités du XXe siècle. Je me suis demandé ce que je garde en mémoire de Apple et Jobs et voici le résultat.

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Le capital risque en Europe et aux USA

Une très brève note sur une excellente présentation de Jean-David Chamboredon, partenaire du fonds ISAI intitulée Funding Innovation in Europe. J’en retiens deux slides qui montrent l’une le taux de succès de l’investissement dans une start-up, l’autre abordant un sujet qui m’est cher, la comparaison du VC en Europe et aux USA. Merci à ma collègue Marie-Laure de m’avoir mentionné cette étude 🙂

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L’impact entrepreneurial de Stanford

Mon ami Jean-Jacques m’a rappelé cette nouvelle étude sur l’entrepreneuriat à l’Université de Stanford. Charles Eesley (qui est aussi le co-auteur de l’étude sur l’impact du MIT) et William Miller l’ont publiée en Octobre dernier après avoir interrogé des milliers d’anciens de Stanford . J’ai été un peu déçu par les résultats, mais il se pourrait que je sois partial (je travaille sur le sujet, voyez mon post précédent sur les entrepreneurs de Stanford) et aussi parce que je préférais l’étude du MIT. Il y a tant à dire sur Stanford et ses start-up! Il y a  tout de même des données très intéressantes (voir figures ci-dessous), et elles commencent avec le résumé:

« Le rapport […] estime que 39 900 entreprises actives peuvent retracer leurs racines à Stanford. Si ces entreprises collectivement forment une nation indépendante, son économie estimée serait au 10e rang dans le monde. En extrapolant à partir des résultats de l’enquête, ces entreprises ont créé environ 5,4 millions d’emplois et générer des revenus annuels de $ 2,7 trillions. » [Page 6]

J’ai aussi beaucoup aimé le petit paragraphe sur la prise de risque [page 27]: Lorsque nous avons demandé à Bechtolsheim si prendre des risques fait partie des raisons de son succès, il a plutôt proposé: « Le risque n’est pas le bon mot. Pour moi, Sun Microsystems était une start-up sans risque parce que je savais qu’il y avait une grande opportunité de marché pour ce produit. Il suffisait de se lancer pour le vendre. Franchement, les bonnes start-up ne prennent pas beaucoup de risques. Elles se concentrent sur des choix technologiques et des investissements dans des produits à la recherche de  marchés significatifs. Si vous construisez le bon produit au bon moment pour le bon marché, le succès est beaucoup plus prévisible. C’est encore vrai aujourd’hui « .

Maintenant, les chiffres que j’ai notés,  (il y en a beaucoup plus dans l’étude): le capital initial levé par start-ups est élevé. Il est cohérent avec mes données sur 190 entreprises cotées. La valeur moyenne est de 7,2 millions de dollars au total dans mon étude et la médiane 3,0 M $ (tous domaines confondus; les chiffres sont de 6,4 M $ et 2,7 M $ sans la biotech).

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De nombreux fondateurs sont des immigrants. En voici une nouvelle illustration

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Enfin, il y a une tendance intéressante sur le nombre d’années entre l’obtention du diplôme et l’acte entrepreneurial.

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Le rapport Beylat Tambourin et les écosystèmes.

Un élément majeur du rapport Beylat-Tambourin sur lequel j’ai déjà publié deux articles concerne les écosystèmes innovants. Avant d’en mentionner quelques passages, voici deux références intéressantes sur ce concept:

– Josh Lerner dans son livre Boulevard of Broken Dreams montre comment les entrepreneurs et les investisseurs ont bénéficié les uns des autres dans des situations de collaborations et de tension dans les années 60-70. Il montre également l’importance de l’appui public au moins dans les premières années (lié au financement de la guerre froide et au soutien au capital-risque – SBIR, Actes Erisa) de sorte qu’il peut affirmer que «le secteur public a joué un rôle clé dans l’évolution de la Silicon Valley. Il essaye de montrer ensuite quelques-unes des erreurs: incompétence dans l’allocation des ressources publiques, utilisation des subventions de manière inefficace, par «les organisations qui ont pour mandat d’aider les entrepreneurs», (« Sept des incubateurs fournissait moins de 50% des fonds aux entreprises » – un exemple en Australie) et le programme SBIR qui a atteint ses limites. Aussi, ses recommandations sont:
– Renforcer la culture entrepreneuriale [par les lois, l’accès aux technologies, les incitations fiscales et la formation],
– Accroître l’attractivité du monde des start-up (humain et financier) [grâce à des partenariats; en créant des marchés locaux; en permettant l’accès au capital humain à l’étranger],
– Éviter les erreurs courantes sur le calendrier [soyez patient], la taille [ni trop petit, ni trop grand], la flexibilité [apprendre par la pratique], les incitations appropriées [et ici il s’agit d’une situation si complexe que les effets pervers de bonnes idées ont souvent lieu] et l’évaluation [ce qui n’arrive pas assez souvent]. Dès son introduction il écrit qu’il faut des règles, de l’expérience, du temps, des incitations et de l’évaluation. Mais avec toute son expérience et sa connaissance de l’entrepreneuriat high-tech, Lerner reste très humble: le sujet est très complexe, tous ces conseils doivent être mis en œuvre et il est vraiment attentif à ce que leurs interconnexions fera un écosystème vivant ou non. Il y faut évidemment beaucoup de talent.

Brad Feld en donne les ingrédients entrepreneuriaux .

startupcommunities 1. Un bassin d’entrepreneurs high-tech
2. Du capital de proxmitié
3. Des événements dynamiques
4. L’accès à des universités de haut niveau
5. Des « Champions » motivés
6. Des média actifs: presse / sites web / outils d’organisation
7. Une communauté d’anciens étudiants
8. Des succès
9. Un capital qui se réinvestit
10. Des entrepreneurs qui se relancent
11. Une capacité à attirer une masse critique d’ingénieurs
12. Une capacité d’accueil d’entreprises technologiques locales

Retour au rapport beylat Tambourin: « Partout dans le monde, l’innovation est stimulée au sein de réseaux d’acteurs fédérant la formation, la recherche, de jeunes entreprises à croissance rapide (start-up), des entreprises de services, des grands groupes engagés dans une politique d’« innovation ouverte », les professionnels de l’accompagnement et du financement de l’innovation, et parfois l’hôpital. »

Les exemples les plus emblématiques sont bien sûr la Silicon Valley, la région de Boston ou encore Israël. […] En Europe, les États ont commencé depuis une dizaine d’années à mettre en place une politique de clusters : pôles de compétitivité en France (en complément de clusters déjà existants de manière variable selon les régions), avec un focus sur la dimension de la R&D collaborative, plus récemment mise en avant d’un nombre restreint de Spitzencluster de niveau mondial en Allemagne, etc. L’efficacité de ces réseaux repose sur la fluidité et la rapidité de la circulation des « actifs » de l’innovation : compétences (personnes), technologies, infrastructures, services, financement. L’innovation est avant tout affaire de stimulation et de confrontation à des points de vue différents. Le rôle des clusters et des écosystèmes innovants, comme par exemple les pôles de compétitivité (dans cette dimension de leur activité et non en tant qu’usines à projets de R&D), est donc clé.

Le succès des clusters au niveau international est à présent relativement bien analysé et repose essentiellement sur quelques facteurs:
– des universités haut de gamme,
– une industrie du capital risque agrégeant financeurs institutionnels et investisseurs privés,
– une offre de services sophistiqués (RH, juristes, marketing) pour accompagner la croissance des jeunes entreprises innovantes,
– des professionnels du transfert de technologie, et,
– ingrédient incontournable, la culture entrepreneuriale.

Les processus de transfert et d’innovation sont « naturellement » complexes pour plusieurs raisons :
–– le transfert a lieu à l’interface de deux mondes aux logiques différentes, ce qui exige d’atteindre et de maintenir un niveau significatif d’échanges, de confiance, de compréhension des enjeux et des objectifs des uns et des autres…
–– l’innovation ne peut pas se déployer à l’intérieur d’une entité « constituée » : ce constat est largement à la base du concept d’innovation ouverte (open innovation).
–– la complexité du processus de transfert et d’innovation augmente aussi avec la profondeur de la recherche et le caractère disruptif de l’innovation.
–– les processus en jeu ne sont pas « déterministes » : se fixer des objectifs et définir des jalons intermédiaires est bien entendu nécessaire pour construire une trajectoire « nominale », mais il faut accepter que la trajectoire « réelle » sera différente, et il est plus efficace de savoir s’adapter que de tenter de prédire l’avenir.

–> Les politiques publiques doivent comprendre finement le fonctionnement des écosystèmes : les approches administrées ne sont pas efficaces, il faut laisser faire le darwinisme et évaluer en permanence.

Les défis des écosystèmes

–– l’impossibilité d’identifier le « plan de construction » d’un écosystème ex nihilo ou à partir de quelques éléments déjà présents : un écosystème se construit dans la durée et « se constate ». La durée nécessaire à sa construction (souvent quelques dizaines d’années !) suffit a démontrer que toute recherche de la « cause première » à l’origine de l’écosystème est vaine. C’est un point dur pour les pouvoirs publics qui aimeraient pouvoir créer un écosystème d’innovation pour telle ou telle « filière » sur tel ou tel « territoire ». Les pouvoirs publics locaux, nationaux, européens sont généralement les financeurs mais ils doivent avoir la patience de l’investisseur.

–– la complexité de la mesure de l’efficacité d’un écosystème : l’évaluation est centrale, mais difficile à mettre en œuvre. L’évaluation de chacun des acteurs de l’écosystème est bien sûr possible, si tant est qu’ils aient des missions clairement définies et les moyens pour les remplir. Cependant, l’ensemble de ces évaluations individuelles ne constitue pas une évaluation de l’écosystème, selon le principe pascalien qu’il est « impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties ».

–– un écosystème efficace repose sur l’acception de leur rôle par chacun des acteurs : tous sont nécessaires au bon fonctionnement, mais aucun ne peut se prévaloir d’être l’unique cause du succès. Or, la tentation pour chacun de se déclarer indispensable est d’autant plus forte que la plupart des acteurs dépendent de subventions publiques et peuvent se considérer en compétition pour accéder à ces ressources. Chaque acteur doit éviter d’être à la fois « suffisant et insuffisant » et se rappeler que sa propre efficacité dépend en grande partie de celle de l’écosystème (ou des écosystèmes) auquel(s) il appartient.

–– « simplifier » ou « optimiser » un écosystème, a fortiori un ensemble d’écosystèmes, n’est pas pertinent : il faut accepter le « darwinisme », penser les articulations, et évaluer en permanence pour maintenir les dynamiques et améliorer l’efficacité des investissements publics. Les propositions de simplification et d’optimisation émanant de certains acteurs et/ ou des pouvoirs publics (locaux, nationaux, européens) consistent en réalité à créer un nouvel « objet », censé répondre à une déficience constatée : c’est l’illusion de la « mesure exceptionnelle » qui va changer la donne de l’innovation, par la création d’un dispositif ou d’une structure, qui explique pour une large part l’accumulation de dispositifs et de structures en France. Tout l’enjeu est en revanche de définir le positionnement de tout nouvel « objet » au sein de l’existant (car un écosystème se construit dans la durée) et d’expliciter en quoi il va améliorer l’efficacité du système global.

L’innovation en France: le rapport Beylat Tambourin

J’ai publié le 8 avril un premier article sur le rapport Beylat Tambourin L’innovation, un enjeu majeur pour la France, et j’avais alors promis d’ajouter quelques remarques. Ce premier article donnait les 19 recommandations du rapport. Voici quelques commentaires de plus.

Comme le dit très bien le Wall Street Journal dans Nineteen Ways to Make France More Innovative, « In the short-term, the government should move away from considering R&D spend as a metric of innovation recommended the authors, and look at jobs created. France outspent Germany on R&D in many areas, said Mr. Beylat and Mr. Tambourin, but the effect wasn’t felt in the economy. »

Un second commentaire concerne le sous-titre du rapport: Dynamiser la croissance des entreprises innovantes. Tout est dit. Que l’on me comprenne bien, il n’est pas question de start-up uniquement ici, mais le message est que les entreprises innovantes doivent être source de croissance, qu’elles soient des grands groupes, des PMEs ou des start-up. Ce n’est peut-être pas une révolution culturelle, quoi que!

Pour enfoncer le bouchon un peu plus loin, voici un court extrait: « La France oscille entre le rêve américain de la Silicon Valley, où des innovations de rupture sont portées par des start-ups, le rêve allemand d’un Mittelstand industriel bien établi et performant en innovation incrémentale, et une tradition française de la planification industrielle dans des filières régaliennes. Cette oscillation brouille la représentation que la France se fait de l’innovation car elle mélange innovation de rupture, innovation incrémentale et « politique industrielle stratégique ». Il faut couper court à un mythe : si l’innovation nécessite souvent une excellente R&D, elle ne se réduit pas à la R&D. Ce n’est pas non plus son prolongement naturel. L’innovation, c’est avant tout le processus qui mène à la mise sur le marché de produits ou de services rencontrant un besoin, portés par des individus engagés dans une démarche entrepreneuriale. L’innovation est ainsi au carrefour de plusieurs domaines, au premier rang desquels la recherche, l’entrepreneuriat, l’industrie et l’éducation. Il n’y a donc ni optimisation conceptuelle, ni schéma normatif à attendre. » [Page 6]

Et encore sur les aspects culturels: « L’innovation est avant tout une affaire d’individus, de disposition d’esprit et d’ambition pour la société et pour soi. La diffusion des cultures de l’innovation et de l’entrepreneuriat est donc fondamentale. Ces cultures sont en effet étroitement liées : esprit visionnaire, prise de risque, acception et apprentissage de l’échec, capacité d’initiative, culture du projet et volonté d’aboutissement en sont les principales composantes. Enfin, la capacité à créer des entreprises à fort potentiel de croissance (spin-off et start-up), dont certaines deviendront des leaders mondiaux, parfois en quelques années, caractérise un système d’innovation efficace. » [Page 7]

Et j’ajoute enfin une citation du président Obama, qui symbolise parfaitement la problématique: “We insist on personal responsibility and we celebrate individual initiative. We’re not entitled to success. We have to earn it. We honor the strivers, the dreamers, the risk-takers, the entrepreneurs who have always been the driving force behind our free enterprise system – the greatest engine of growth and prosperity the world has ever known”.

Le rapport a été remis aux ministres concernés le 5 avril, puis au premier ministre français le 8 avril, lors de la nomination de Anne Lauvergeon à la présidence d’Innovation 2030. Geneviève Fioraso a toutefois souligné, dans son introduction à la remise de ce rapport, que le Président Obama était capable de prendre la parole pendant près d’une heure sur ce seul chapitre de l’innovation. Quel autre personnalité peut en faire autant?

Enfin et ceci est une note personnelle, ce rapport doit être utilisé plus comme un socle pour l’innovation que comme une boite à outils ou un ensemble de recettes. C’est la vision d’ensemble qui importe et non pas l’extraction de recommandations qui conviendraient aux uns ou aux autres. « Les enjeux de compétitivité montrent que l’innovation doit être placée au cœur des politiques publiques, comme l’ont illustré nos recommandations. Alors que c’est un sujet technique, qui est par nature complexe (du fait de toutes les dimensions qui le composent), pour lequel les « bonnes » décisions sont parfois contre-intuitives (par exemple, la vision linéaire de l’innovation est séduisante mais fausse), il nous semble indispensable que l’innovation devienne un vrai sujet politique pour garantir son appropriation par les décideurs et les citoyens. » [Page 121]

Enfin j’aimerais ajouter des citations sur les écosystèmes innovants. Comme cela commence à être long, je vais le faire dans un prochain article…

Quelques faits et chiffres

Ils montrent les défis de l’innovation, en France en particulier. Je vous laisse juger par vous même.

L’intensité de la R&D

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Une (intéressante) typologie de la recherche…

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… et son évolution en France

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Un vrai problème de croissance

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Des liens complexes avec le financement

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L’innovation, un enjeu majeur pour la France

J’ai eu le plaisir de faire partie du groupe qui a contribué au rapport Beylat Tambourin, L’innovation, un enjeu majeur pour la France, dont le sous-titre n’est pas anodin: Dynamiser la croissance des entreprises innovantes. Ce fut un travail de longue haleine, nous avons commencé à travailler en septembre et le document final a été remis aux ministres compétents le 5 avril. Vous pouvez d’ors et déjà télécharger ce rapport au format pdf. Essayez ici si le lien précédent ne fonctionne plus…

Ce qui est à noter avant de discuter le contenu est que les 25 personnes de la mission viennent de mondes différents (voir en fin d’article), ce qui aurait pu rendre le projet difficile. Ce ne fut pas le cas. Il y eut des débats, mais ce rapport synthétise les propositions sans oublier de points importants, ni diluer le propos, je crois. J’ai lu un (seul) article désobligeant dans les media, mais je ne suis pas sûr que l’auteur avait lu le rapport (voir en fin d’article également)… Je reviendrai plus longuement sur ce travail, mais en voici un bref résumé.

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Cliquer sur l’image pour télécharger le rapport au format pdf)

J’extrais de l’introduction les phrases suivantes: « Face à cette accélération et à cette complexification des enjeux, les politiques publiques paraissent parfois démunies, souvent désordonnées. […] Elles l’ont souvent été en regard d’un système de valorisation de la recherche, jugé trop faible, et finalement peu tourné vers la création d’entreprises à forte croissance, en capacité de créer des emplois. […] Mais il n’y a pas de modèle unique de l’innovation. […] En revanche, des invariants existent: l’excellence de la recherche, un décloisonnement entre acteurs publics et privés, une culture de l’entrepreneuriat, une diversité culturelle, une capacité à attirer des talents au niveau international, une politique migratoire orientée, une association réussie entre jeunes entreprises, grands groupes, recherche publique, enseignement supérieur et investisseurs. » [Pages 1-2]

La difficile définition de l’innovation
Voici un excellent paragraphe que je tiens à rappeler: « Il n’y a pas de définition – incontestée et incontestable- de l’innovation mais il est possible de faire émerger quelques caractéristiques de l’innovation :
– l’innovation est un processus long, imprévisible et peu contrôlable,
– l’innovation ne se réduit pas à l’invention et l’innovation n’est pas seulement technologique,
– au bout de ce processus, sont créés des produits, des services ou des procédés nouveaux qui font la démonstration qu’ils répondent à des besoins (marchands ou non marchands) et créent de la valeur pour toutes les parties prenantes.
Un autre point mérite d’être souligné : une innovation ne se décrète pas, ne se planifie pas mais se constate par le succès commercial (ou sociétal) qu’elle rencontre. Ceci explique qu’elle naît souvent aux marges des entreprises existantes et dans des interactions avec des acteurs très différents : « Internet est le produit d’une combinaison unique de stratégie militaire, de coopération scientifique et d’innovation contestataire » selon la phrase célèbre de Manuel Castells. » [Page 5] « En conséquence, il faut passer d’une vision où la dépense de R&D est la principale préoccupation, à une vision systémique axée sur les résultats en termes de croissance et de compétitivité. »[Page 6] Autrement dit, l’innovation n’est ni l’invention, ni la R&D.

Voici donc les 19 recommandations, déclinées en 4 groupes :
I. Développer la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
II. Accroître l’impact économique de la recherche publique par le transfert.
III. Accompagner la croissance des entreprises innovantes.
IV. Mettre en place les instruments d’une politique publique de l’innovation.

Pour le premier groupe (culture):
1. Réviser les méthodes pédagogiques de l’enseignement primaire et secondaire pour développer les initiatives innovantes.
2. Mettre en place un programme de grande ampleur pour l’apprentissage de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur.
3. Favoriser l’essaimage à partir des grands groupes.
4. Organiser une politique d’attractivité des talents autour de l’innovation.
Pour le deuxième groupe (transfert):
5. Mettre en place le suivi opérationnel des 15 mesures pour une refondation du transfert dans la recherche publique (voir http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid66110/une-nouvelle-politique-de-transfert-pour-la-recherche.html)
6. Favoriser la mobilité des chercheurs entre public et privé.
7. Mettre en place un programme cohérent en faveur du transfert par la création d’entreprise.
8. Focaliser les SATT sur la maturation.
9. Mettre en place une politique cohérente de recherche partenariale public-privé, en regroupant les différentes politiques aujourd’hui éparpillées.
Pour le troisième groupe (croissance):
10. Combler le manque de financement en fonds propres des entreprises innovantes (capital-risque et capital-développement technologique) en mobilisant une faible part de l’épargne des français et en améliorant les stratégies de sortie possibles pour les investisseurs sur ces segments.
11. Lancer des initiatives sectorielles « early stage ».
12. Mettre en place les instruments d’une politique de protection (PI, normalisation) au service des entreprises innovantes.
13. Harmoniser les différents labels et qualifications d’entreprises innovantes pour plus de lisibilité et les inscrire dans un parcours jalonné d’accompagnement vers la croissance, alignant de manière cohérente l’ensemble des outils de soutien disponibles.
14. Inciter les grands groupes et les grands établissements publics à s’impliquer dans l’émergence et la croissance des entreprises innovantes, en intégrant de nouvelles dimensions dans leur obligation de publication de RSE.
Enfin pour le dernier groupe (politique publique):
15. Reconnaître le rôle des écosystèmes d’innovation métropolitains comme points d’appui des stratégies régionales et de la stratégie nationale d’innovation.
16. Organiser le système de transfert pour le rendre plus lisible et plus efficace.
17. Se donner les moyens de concevoir, de piloter et d’évaluer une stratégie française de l’innovation, globale et cohérente.
18. Mandater un opérateur unique pour la consolidation opérationnelle des politiques publiques de financement de l’innovation, la BPI (partie innovation).
19. Faire de l’innovation un vrai sujet politique, en organisant un vaste débat public.

Comme indiqué plus haut voici l’origine des 27 membres (2 présidents, 25 experts).

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Quelques réactions des médias:
Une mission sur l’innovation après le rapport Gallois (les Echos)
Cinq pistes pour favoriser l’innovation en France (L’Expansion)
Le gouvernement va-t-il enfin mener une politique volontariste d’innovation ? (ZDnet)
Un rapport sur l’innovation qui sent la naphtaline (L’article désobligeant de L’Informaticien)