De la Silicon Valley à Bangalore en passant par Israël : les modèles de technopôles

Ce ne fut pas exactement le titre de l’émission de France Culuture, Culturesmonde, mais bien La fabrique de l’innovation : un monde en mutation (1/4) – De Bangalore à la Silicon Valley : les modèles de technopôles. L’invité, Stéphane Distinguin, y a fait une excellente synthèse des ingrédients qui ont fait le succès de la Silicon Valley.

Culturemonde

Voilà ce que j’ai retenu:
– la Silicon Valley (SV) reste le modèle incontournable des écosystèmes innovants. L’émission aurait pu s’intituler Le soleil se lève à l’Ouest à San Francisco;
– la Silicon Valley a inventé la start-up comme nouvelle manière d’entreprendre: non pas une PME; mais une jeune entreprise à très forte croissance,
– même lorsqu’elle est en retard pour inventer (comme ce fut le cas pour le mobile), la région a une flexibilité pour devenir leader de l’innovation. Le GSM vient plutôt de France et de Finlande, mais Apple est devenu un leader incontesté depuis 2007 et Nokia disparait. La SV pourrait bien faire la même chose dans d’autres domaines (énergie, transport).
– il n’y eut pas de véritable politique d’innovation; ce fut plutôt la rencontre improbable du militaire (qui a financé la recherche avec des ressources formidables) et de la contre-culture. Distinguin insiste avec raison sur cet aspect assez peu connu en donnant l’example de l’usage fréquent dans sa jeunesse de LSD par Steve Jobs. (Vous pouvez relire mes récents posts Les péchés capitaux de la Silicon Valley et Steve Jobs par Walter Isaacson.) Distingin m’a donné envie de lire From Counterculture to Cyberculture
– les universités (Stanford, Berkeley) ont eu un rôle considérable, au moins d’attraction des talents (en commençant par Hewlett et Packard) dés 1939;
– on fait confiance à la jeunesse; cela ne vaut pas dire qu’on fait du jeunisme mais cela veut dire que la jeunesse est un atout (voir mes posts sur l’âge des fondateurs)
– on fait aussi confiance aux migrants (indiens, chinois, mais aussi français) qui sont très nombreux aux plus hauts postes des start-up,
– contrairement aux attaques de Vivek Wadhwa, Distinguin indique qu’il y a beaucoup plus de diversité qu’on croit dans la SV. Pas seulement celle à laquelle on pense, je veux dire les minorités, mais les personnalités inhabituelles (dyslexies, syndrome d’asperger) sont très recherchées… (J’avais lu en effet que Ellison et Branson seraient dyslexiques – à vérifier)
– malgré une concurrence féroce, l’innovation n’est pas basée sur le secret. On échange dans la SV. On crée des normes et des standards. Puis on file dans son Garage pour aller plus vite que le voisin.

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La description de Bengalore et d’Israël fut un peu moins intéressante. On y retrouve toutefois des éléments similaires: confiance en la jeunesse, prise de risque (on explore, on teste), l’importance du financement militaire pour Israël – voir à ce sujet l’excellent la Nation Start-up.

Dernière remarque de Distinguin: les risques systémiques auxquels font face la Silicon Valley (i.e. les tremblements de terre) et Israël (i.e. la guerre quasi-permanente avec ses voisins) expliquent peut-être en partie cette capacité d’innovation. Je voyais plutôt l’optimisme originel du pionnier, mais après tout, la conscience que l’on peut mourir demain est peut-être de même nature… Aucun doute, Jobs avait raison: « Stay Hungry, Staty Foolish! »

Vous ne serez pas surpris que j’ai d’autant plus apprécié les messages que je me reconnais dans cette description de la Silicon Valley. Si vous n’en n’étiez pas encore convaincu, les slides 21, 22, 27, 29, puis 57, 58, 59 de mon long résumé sur la Silicon Valley dans Plus de contenu ont des messages similaires de même que le bref résumé qui suit.

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