Pourquoi donc m’a-t-on offert ce livre? Humour et bureaucratie

En lisant Hammer And Tickle, une histoire du communisme racontée par les blagues communistes de Ben Lewis, je me suis demandé pourquoi un collègue m’avait offert un tel livre. Parce que je serais un stalinien? Parce qu’au contraire, je devrais faire attention à n’être pas trop critique? Ou plus simplement parce que les grandes institutions auraient toujours tendance à devenir des bureaucraties. Et bien je ne sais pas et ça n’a guère d’importance, en comparaison du fait que j’ai aimé lire ces blagues malgré le contexte terrible qui explique leur existence…

Le titre est un jeu de mot intraduisible en français. Le marteau et la faucille se dit Hammer & Sickle en anglais alors que Tickle signifie titiler, faire rire. Dans un style similaire, je vous encourage aussi à voir Une exécution ordinaire, un film magnifique et terrible dont voici la bande-annonce.


Les blagues mentionnées ici vous donneront peut-être envie d’en lire plus.

Qu’est-ce qui est plus froid en Roumanie que l’eau froide? L’eau chaude. [Page 3]

« Il y avait une autre blague qui était presque vraie – fidèle à la vie. Ceaușescu est très en colère parce qu’il n’entend pas de blagues à son sujet. Alors il ordonne une grande réunion de masse, et annonce « à partir de maintenant vous allez travailler sans être payés. » Et personne ne dit rien. « D’accord, continue-t-il, et à partir de maintenant vous allez tous travailler pour moi. » Personne ne dit rien. « Demain tout le monde est condamné à mort par pendaison », ajoute-t-il. Personne ne dit rien. « Hé, dit-il, êtes-vous fous? N’avez-vous tous rien à dire? N’allez-vous pas protester? » Il n’y a alors qu’un seul petit type qui dit: « Monsieur le Président, j’ai une question: est-ce que nous apportons notre corde ou est-ce que le syndicat va nous la donner? » [Page 3 à nouveau]

Après la Révolution d’Octobre, Dieu envoie trois observateurs en Russie: Saint Marc, Saint Pierre et Saint Matthieu. Ils lui envoient trois télégrammes.
‘Je suis tombé entre les mains de la Tchéka – Saint Marc.’
‘Je suis tombé entre les mains de la Tchéka, Saint Pierre.’
‘Tout va bien. Je vais bien. Matthias, Superintendant de la Tchéka.’

[Page 25]

L’antisémistime n’est malheureusement jamais très loin, mais comme les juifs eux-même en sont souvent les auteurs… je me permets d’en citer deux:

Un juif parle à son ami: ‘Mon fils Moïse et moi, nous allons très bien. Moisha travaille au Komintern en tant que communiste noir africain, alors que je suis au Kremlin, au sommet du clocher Ivan le Grand, attendant de sonner la cloche pour la révolution mondiale.
‘Eh bien, ce doit être un travail plutôt ennuyeux d’attendre la révolution mondiale’, dit son ami.
‘Oh oui, mais c’est un travail pour la vie.’

[Page 27]

Une diligence pleine de passagers voyage de Jytomyr à Kiev quand une bande de voleurs l’attaque. Leur chef commande: ‘Halte. Que personne ne bouge. Les mains en l’air!’ Tous les passagers sortent docilement de la diligence et mettent leurs mains en l’air. L’un d’eux se tourne vers le chef des bandits et dit: ‘Monsieur le chef, vous êtes en train de nous prendre tout ce que nous avons. Laissez-moi prendre quelque chose dans ma poche. Je dois donner quelque chose à la personne qui se tient à côté de moi.
‘Dépêchez-vous!’ Il montre le canon de son revolver au voyageur.
Le passager vide sa poche, prend cent roubles et, se tournant vers son voisin, dit: ‘Salomon! Je ne te dois pas cent roubles? Voici, prend-les. Et souviens-toi, maintenant, nous sommes quitte.’

[Page 29]

Un classique: Quels furent les derniers mots de Maïakovski avant de se suicider? ‘Camarades, ne tirez pas!’ [Page 50]

Humour en Absurdistan: Un troupeau de moutons est arrêté par les gardes-frontières à la frontière russo-finlandaise. ‘Pourquoi voulez-vous quitter la Russie?’ leur demandent les gardes.
‘C’est le NKVD’, répond le mouton terrifié. ‘Beria leur a ordonné d’arrêter tous les éléphants.’
‘Mais vous n’êtes pas des éléphants!’ soulignent les gardes.
‘Essayez de dire ça au NKVD!’

[Page 58]

À propos du progrès et de l’innovation [Page 66]
– Qui a découvert le rasoir électrique?
Il a été découvert par Ivan Petrovich Sidorov … dans la poubelle derrière l’ambassade américaine.
– Il y avait deux portraits sur le mur du musée, l’un du scientifique Ivanov qui a inventé la locomotive, le bateau à vapeur et l’avion, et l’autre du scientifique Petrov, qui a inventé le scientifique Ivanov.

Un enseignant demande à sa classe ‘Qui est votre mère et qui est votre père?
Un élève répond: ‘Ma mère est la Russie et mon père est Staline.’
‘Très bien’, dit le professeur. ‘Et qu’est-ce que tu aimerais être quand tu seras grand?’
‘Un orphelin.’

[Page 89]

A suivre… et voici la suite le 15 juin

Une femme au foyer à l’autre: «J’entends qu’il y aura de la neige demain!»
«Eh bien, je ne fais pas la queue pour ça.»
[Page 132]

Un homme meurt et va en enfer. Il découvre qu’il a le choix: il peut aller dans l’Enfer capitaliste ou dans l’Enfer communiste. Naturellement, il veut comparer les deux, alors il va voir l’Enfer capitaliste. Là-bas, à la porte d’entrée se trouve le diable, qui ressemble à un Ronald Reagan. «Qu’est-ce qu’il y a dedans?» demande le visiteur.
«Eh bien, répond le diable, dans l’Enfer capitaliste, ils vous écorchent vivants, puis ils vous font bouillir dans de l’huile et ensuite ils vous coupent en petits morceaux avec des couteaux tranchants.»
«C’est terrible!» halète-t-il. «Je vais vérifier l’Enfer communiste!»
Il passe à l’Enfer communiste, où il découvre une énorme file de personnes qui attendent d’entrer. Il attend dans la queue. Finalement, il arrive à à la porte de l’Enfer communiste où se trouve un petit vieux qui ressemble un peu à Karl Marx.
«Je suis toujours dans le monde libre, Karl, dit-il, et avant que j’arrive, je veux savoir comment ça se passe là-bas.»
«Dans l’Enfer communiste, dit Marx avec impatience, ils vous écorchent vivants, puis ils vous font bouillir dans de l’huile et ensuite ils vous coupent en petits morceaux avec des couteaux tranchants.
«Mais … mais c’est comme l’Enfer capitaliste!» proteste le visiteur. «Pourquoi une si longue file d’attente?»
«Eh bien, soupire Marx, parfois nous n’avons plus d’huile, parfois nous n’avons pas de couteaux, parfois pas d’eau chaude …»
[Page 133]

Pourquoi n’est-il pas possible de contrôler le taux de natalité dans les pays du bloc soviétique?
Parce que les moyens de production restent en mains privées.
[Page 145]

Le marxisme-léninisme est-il une science?
Non. Si c’était le cas, ils l’auraient testé sur les animaux en premier.
[Page 145]

Khroutshchev traverse le Kremlin, s’inquiète des problèmes de l’Union soviétique et crache sur le tapis dans un geste de dégoût.
«Comportez-vous, Nikita Sergeyevich», réprimande son aide. «Souvenez-vous que le grand Lénine a traversé ces salles!»
«Tais-toi», répond Khrouchtchev. «Je peux cracher autant que je veux ici; la reine d’Angleterre m’a donné la permission!»
«La reine d’Angleterre?»
«Oui! J’ai aussi craché sur son tapis à Buckingham Palace, et elle m’a dit: ‘Monsieur Khrouchtchev, vous pouvez le faire au Kremlin si vous le souhaitez, mais vous ne pouvez pas vous comporter comme ça ici …’»
[Page 154]

Pourquoi les Vopos se déplacent-t-il toujours par trois?
Un qui sait lire, un qui sait écrire et un qui garde un œil sur ces deux intellectuels.
[Page 158]

«Hmm», dit-il en ouvrant la lettre, «il m’a dit que si les choses allaient mal, il m’écrirait à l’encre rouge». La lettre est écrite à l’encre bleue. Il lit: «Cher Ivan, je passe un bon moment au Kazakhstan. Il fait chaud, j’ai un grand appartement et beaucoup à manger…»
Il interrompt la lettre, se tourne vers son fils et dit: «Tu vois, nous progressons sur la voie du socialisme…» Il lit la dernière ligne de la lettre: «Il n’y a qu’un problème – je ne trouve pas d’encre rouge.»
[Page 164]

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