L’importance et la difficulté de la culture dans les start-up : Google à nouveau …

Je confirme que je n’aime les livres commençant par « comment » ou ceux qui vous aident avec des recettes, des méthodes. Il y a des exceptions, mais j’ai en général beaucoup de mal – même chose avec l’audio ou la vidéo d’ailleurs. Même chose pour la culture. Qu’est-ce que c’est? Comment la construisez-vous? Voici un élément de la raison pour laquelle cela difficile pour moi, et pas pour moi seulement: «Il y a trois choses qu’on ne vous dit jamais sur la culture. La première chose est qu’on ne vous parle jamais de culture. Personne ne parle de culture et personne ne dit jamais la nécessité d’avoir une culture forte. Il y a des tonnes d’articles sur la construction d’un très bon produit, il y a des tonnes d’articles sur la croissance et l’adaptation, et très peu de choses sur la culture. C’est une chose mystique, souple et floue. Voilà le premier problème. Le deuxième problème est qu’elle est difficile à mesurer. Les choses qui sont difficiles à mesurer souvent sont sous-estimées. Cela fait déjà deux problèmes difficiles. La troisième chose, le plus gros problème, c’est qu’elle n’est pas un bon investissement à court terme. Si vous voulez lancer une entreprise et la vendre en un an, la seule chose que je voudrais vous dire de faire est d’oublier la culture. Embauchez rapidement les gens. La culture vous fait engager vraiment lentement, vous fait réfléchir à deux fois sur vos décisions et va ralentir les progrès. » Ceci est extrait du cours Comment démarrer une start-up et plus particulièrement de la classe 10 de Brian Chesky, fondateur de Airbnb.

Ceci étant dit, il y a un grand livre sur la culture d’entreprise. Il s’agit de How Google Works, que j’ai déjà mentionné dans un post récent, Retour aux premiers principes de l’entrepreneuriat. Permettez-moi donc d’en extraire quelques notes de lecture.

HowGoogleWorks-cover

Aucun vrai business plan
« Une des principales raisons de notre succès est que le plan que nous avons livré à notre board ce jour-là en 2003 n’avait pas grand chose d’un plan. Il n’y avait pas de projections financières ou de discussion sur les sources de revenus. Il n’y avait pas d’études de marché sur ce que les utilisateurs, les annonceurs, les partenaires voulaient ou comment ils se situaient dans des segments de marché bien définis. Il n’y avait pas de notion de recherche de marché ou de discussion sur les annonceurs à cibler en premier. Il n’y avait pas de stratégie de canal de vente ou de discussion sur la façon de vendre nos produits publicitaires. Il n’y avait pas de concept d’organigramme, avec les ventes faisant ceci, le produit faisant cela et l’ingénierie autre chose. Il n’y avait pas de feuille de route détaillant le produit que nous allions construire et quand. Il n’y avait pas de budget. Il n’y avait pas d’objectifs ou de jalons que le conseil d’administration et l’équipe de direction auraient pu utiliser pour surveiller nos progrès. […] Nous n’avions rien de cela pour la simple raison que nous ne savions pas comment nous allions faire. Quand il fut question de tactique et de gestion, la seule chose que nous pouvions dire avec certitude à l’époque était que beaucoup de ce que [nous] avions appris au cours du XXe siècle était faux, et qu’il était temps de recommencer. » [Page 10]

Des smart créatifs
« La principale raison de l’absence de plan d’affaires est que la population Google est faite de Smart Creative. Lorsque nous comparons le travailleur du savoir traditionnel avec les ingénieurs et autres personnes de talent qui nous ont entourés chez Google pendant la dernière décennie, nous voyons que nos pairs chez Google représentent un type d’employés tout à fait différents. Ils ne se limitent pas à des tâches spécifiques. Ils ne sont limités ni dans leur accès à l’information et ni dans la puissance de calcul de l’entreprise. Ils ne sont pas opposés à la prise de risque, ils ne sont pas punis ni freinés en aucune façon lorsque ces initiatives ne réussissent pas. Ils ne sont pas encerclés par les définitions de rôles ou les structures organisationnelles; en fait, ils sont encouragés à développer leur propres idées. Ils ne se taisent pas quand ils sont en désaccord avec quelque chose. Ils se lassent facilement et changent beaucoup d’activité. Ils sont multidimensionnels, combinant généralement la profondeur technique avec le sens des affaires et la créativité. En d’autres termes, ils ne sont pas des travailleurs du savoir, du moins pas dans le sens traditionnel. Ils sont un nouveau type d’animal, un type que nous appelons un « smart créatif », et ils sont la clé de la réussite du siècle de l’Internet. » [Page 17]

Les attributs-clés du Smart créatif: expert dans le faire, à l’aise avec des données, voit une ligne directe de l’expertise technique à l’excellence des produits jusqu’au succès de l’entreprise, travaille dur, comprend l’utilisateur ou le point de vue du consommateur, remet toujours en question, n’a pas peur d’échouer, autonome, ouvert, approfondi. Communicatif, désireux et capable.

Mentor
Quand ils ont appris tout cela, ils ont décidé d’écrire ce livre comme si ils étaient des mentors. Lew Platt, PDG de HP a expliqué pourquoi il avait investi beaucoup de temps pour aider un jeune cadre dans une autre entreprise: « Ceci est la façon dont fonctionne la Silicon Valley. Nous sommes là pour vous aider. » Steve Jobs a expliqué que Noyce lui avait fait découvrir les astuces. Schmidt ajoute « ce que vous apprenez une fois que vous savez tout est ce qui compte » et « nous étions en première ligne et l’avons utilisée à réapprendre tout ce que nous pensions savoir sur la gestion, à savoir comment faire grandir une entreprise, attirer et motiver les smart créatifs, ce qui commence avec la culture, puis la stratégie. Les plans d’affaires ne sont pas aussi importants que les piliers sur lesquels ils sont construits » [pages 21-23]. La culture vient des fondateurs, mais elle est mieux reflétée par l’équipe que les fondateurs attirent pour lancer leur entreprise. [Page 30]

Les slogans (croyez-y)
– Vivent les ruches
– Travailler, manger et vivre ensemble
– Le désordre est une vertu
– Ne pas écouter les hippopotames (*)
(plus loin, il y a « votre titre fait de vous un manager, vos équipes font de vous un leader »)
– La règle de sept (trop de hiérarchie n’est pas bonne mais son absence non plus)
– Réorganiser en ​​un jour
– La règle des deux Pizza de Bezos
– Exiler les coquins , mais se battre pour les divas
– Trop de travail dans le bon sens
– Mettre en place une culture du Oui
– Le plaisir, pas le Fun
– Vous devez porter quelque chose
– Ah’cha’rye
– Don’t be evil
(*): Hippos pour « Highest Paid Person’s Opinion »

La stratégie
Pariez sur les connaissances techniques, pas sur les études de marché
Ne cherchez pas des chevaux plus rapides
Optimiser pour la croissance
Spécialiser
Par défaut ouvert, pas fermé
Par défaut ouvert, sauf si …
Ne suivez pas la concurrence

Le CEO doit être le CIO (directeur de l’innovation).

Un des meilleurs chapitres est celui intitulé Innovation. « Pour nous, l’innovation implique à la fois la production et la mise en œuvre d’idées nouvelles et utiles. Comme « nouveau » est souvent juste un synonyme fantaisiste pour inventif, il faut aussi préciser que pour quelque chose fasse preuve d’innovation, il doit offrir des fonctionnalités inventives, et il doit aussi être surprenant. Si vos clients vous demandent quelque chose, vous n’êtes pas innovant quand vous leur donnez ce qu’ils veulent; vous êtes juste à l’écoute. Voilà une bonne chose de dite, mais ce n’est pas être novateur. Enfin «utile» est un adjectif plutôt décevant pour décrire cette innovation « chaude », nous allons donc ajouter un adverbe et dire radicalement utile. Voilà: pour qu’une chose fasse preuve d’innovation, elle doit être nouvelle, surprenante, et radicalement utile. » [Page 206]

[NB. Ce sont les 3 vrais critères de la brevetabilité : inventif, non évident et applicable]

« Mais Google ajoute également plus de cinq cents améliorations à son moteur recherche chaque année. Est-ce innovant? Ou incrémental? Elles sont nouvelles et surprenantes, bien sûr, mais si chacune d’elles par elle-même est utile, il est peut-être exagéré de dire radicalement utile. Mettez-les toutes ensemble, cependant, et elles le sont. […] Cette définition plus inclusive – l’innovation ne concerne pas seulement les choses vraiment nouvelles, les très grandes choses – est importante car elle offre à chacun la possibilité d’innover, plutôt que de la réserver au domaine exclusif de ces quelques personnes dans ce bâtiment hors campus [Google[x]] dont le travail est d’innover. » [Page 206]

Et l’innovation est essentielle: « Il y a quelques années, un grand cabinet de conseil a publié un rapport recommandant à toutes les entreprises de nommer un directeur de l’innovation. Pourquoi? Prétendument pour établir une « uniformité de commandement » sur tous les programmes d’innovation. Nous ne savons pas ce que cela signifie, mais nous sommes pratiquement sûrs que les termes «uniformité de commandement» et «innovation» n’appartiennent pas à la même phrase (à part celle que vous lisez actuellement). […] L’innovation résiste obstinément aux tactiques de gestion traditionnelles de style MBA. Contrairement à la plupart des autres choses dans les affaires, elle ne peut pas être détenue, mandatée, ou prévue. On ne doit pas dire quoi faire aux gens innovants, ils doivent être autorisés à le faire. [Page 209]

InnovationAtGoogle

Si vous ne voulez vraiment pas lire ce très bon livre, voici une alternative:

PS: un petit détail. La dernière section concerne les remerciements. C’est généralement ennuyeux, ici ce ne l’est pas. Juste parce qu’il y a plus de 7 pages avec plus de 100 noms mentionnés …

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