Xavier Jaravel revient dans une chronique intitulée N’oublions pas les Marie Curie perdues pour le journal les Echos sur un de ses sujets favoris : « l’accès à l’innovation dépend fortement de l’origine sociale, du revenu des parents, du sexe et du département de naissance. A capacités égales, les enfants de milieux modestes ont de bine plus faibles chances de devenir des chercheurs, des entrepreneurs ou des inventeurs que ceux issus de familles favorisées. »
Je dis « un de ses sujets favoris » car j’avais adoré le court et magnifique essai qu’il a publié en 2023 : Marie Curie habite dans le Morbihan – Démocratiser l’innovation.
Pour les (très) curieux, il est possible d’approfondir le sujet en lisant deux articles scientifiques :
– Social Push and the Direction of Innovation du même auteur et de Elias Einiö et Josh feng, mars 2025.
– Invisible Geniuses: Could the Knowledge Frontier Advance Faster? de Ruchir Agarwal et Patrick Gaule, IMF Working Paper 18268, décembre 2018.
J’ai eu la chance d’être invité par le même FMI en janvier 2019 pour analyser les sources de l’innovation. J’y avais découvert le concept similaire de Lost Einstein. Un papier lui-aussi co-écrit par Xavier Jaravel et intitulé Who Becomes an Inventor in America? The Importance of Exposure to Innovation en donne la définition : Il existe de nombreux « Einstein perdus » – des individus qui auraient fait des inventions à très fort impact s’ils avaient été exposés à l’innovation dans leur enfance – en particulier parmi les femmes, les minorités et les enfants issus de familles à faibles revenus. (There are many “lost Einsteins” – individuals who would have had highly impactful inventions had they been exposed to innovation in childhood – especially among women, minorities, and children from low-income families.)
Quand je lis des analyses sur les raisons des échecs de l’innovation en particulier en Europe, j’y vois des explications « rationnelles et éconmiques », comme les régulations trop fortes, des marchés peu homogènes, des taxations inadaptées et des investissements inadéquats. J’entends moins de raisons culturelles ou sociologiques, qui me emblent pourtant autrement plus convaincantes. Xavier Jaravel contribue à mettre en avant des éléments importants et mal connus. Merci à lui !