Pourquoi la Silicon Valley est-elle la Silicon Valley ? Un débat initié par AnnaLee Saxenian

Je devrais retourner dans la Silicon Valley pour demander à AnnaLee Saxenian ce qu’elle pense de la Silicon Valley aujourd’hui et, surtout, si elle pense que son analyse est toujours valable (ce qui est mon avis !).

Je viens de tomber par hasard sur un court article de six pages qu’elle a écrit en 1999 et intituléComment on Kenney and von Burg,‘Technology, Entrepreneurship and Path Dependence: Industrial Clustering in Silicon Valley and Route 128’ que vous pouvez facilement trouver sur le net, par exemple sur Researchgate.

Pourquoi m’intéresser à un article vieux de 25 ans sur l’innovation ? Parce que j’ai souvent le sentiment que l’Europe, et la France en particulier, passent à côté de l’essentiel. L’argument de Saxenian peut être résumé par un extrait de cet article : C’est précisément l’ouverture, la multiplicité et la diversité des interconnexions dans la Silicon Valley qui permettent aux acteurs économiques d’analyser en permanence l’environnement à la recherche de nouvelles opportunités et d’investir dans des technologies, des marchés et des applications novateurs à une vitesse sans précédent. La structure autarcique des entreprises et des institutions de la Route 128, en revanche, a historiquement découragé précisément les flux décentralisés d’informations, de compétences et de capitaux qui encouragent cette expérimentation technologique. [Page 5]

L’analyse est subtile car on pourrait avoir l’impression que l’Europe a compris le rôle de la collaboration, mais je crains qu’elle soit resté institutionnelle et pas informelle. Y a t il jamais eu un Wagon Wheel Bar en Europe ?

Je le répète, l’article est concis et mérite d’être lu. Le débat porte également sur le rôle des grandes entreprises dans les pôles technologiques. La figure suivante en est une parfaite illustration :

Source: J. Zhang (2003) a compilé des données de VentureOne basées sur des spin-offs financées par des VC de 1992 à 2001

Zhang avait travaillé avec Saxenian et le tableau montre que, d’un point de vue académique, l’entrepreneuriat était aussi fort à MIT/Harvard qu’à Stanford/Berkeley. Mais si l’on compare IBM Ouest et IBM Est, la différence est frappante. « Les résidents de la Silicon Valley quittent régulièrement leurs emplois dans des entreprises établies pour rejoindre des start-up, et inversement, tout en entretenant des réseaux de relations personnelles et professionnelles transversales. Il n’est pas rare non plus que des ingénieurs travaillant dans de grandes entreprises réalisent des investissements personnels dans des start-up prometteuses, ou que des entreprises établies organisent des divisions de capital-risque pour soutenir de nouvelles entreprises dans des secteurs connexes. » [Page 4]

J’ai utilisé ce tableau depuis que je l’ai découvert il y a bien des années, notamment lorsque je donnais des cours sur les startups et la Silicon Valley. Avec un brin de nostalgie, je vous propose ci-dessous mon pdf d’introduction, où j’insiste sur le rôle de la culture dans l’entrepreneuriat.

eLab01 - SiliconValley

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