Archives de catégorie : La Silicon Valley et l’Europe

Israel, la « Start-Up Nation »

Grâce à l’occasion que j’ai eue de rencontrer le « Chief Scientist (OCS) » d’Israël, et le fait d’avoir reçu le livre Start-Up Nation à la fin de la réunion, permettez-moi de vous donner mon opinion sur ce livre très intéressant. Mais tout d’abord voici un certain nombre de choses toutes simples au sujet d’Israël et de l’innovation.


La version française publiée par Maxima en septembre 2011

Comme l’indique la carte (adaptée de John Kao, Harvard et présentée à cette réunion de l’OCS), Israël est une superpuissance de l’innovation. Cisco, Intel, Microsoft, Novartis, Nestlé et beaucoup d’autres y sont présents. Check Point est la plus grande réussite des start-up israéliennes, mais Israël a plus de start-up cotées sur le Nasdaq que l’Europe et le capital-risque y est très actif. Enfin, le bureau du Chief Scientist gère et finance le côté public de l’innovation en Israël. Tout cela est parfaitement analysé dans le livre Start-Up Nation que je viens de lire.

Je pensais que je savais beaucoup de choses sur Israël, mais le livre est riche en anecdotes. L’histoire d’Israël est bien décrite et l’innovation a été sans doute une nécessité pour survivre. S’il y a un point que j’ai apprécié un peu mois c’est l’importance que les auteurs donnent à l’armée. Ils peuvent avoir raison, ce n’est pas le problème, mais je trouve que le sujet revient un peu trop au fil des chapitres. Cela reste un grand livre et une lecture incontournable pour quiconque s’intéresse à l’innovation high-tech et à l’entrepreneuriat.

Je voudrais maintenant citer un certain nombre de choses que j’ai aimées. Ceci n’est pas structuré du tout, mais je j’espère que je vais ainsi vous inviter à lire le livre. De plus vous verrez que j’ai un peu trop utilisé Google Translate!

Extrait de l’introduction

Eric Schmidt, CEO et et président de Google, a ainsi déclaré que les États-Unis sont numéro un dans le monde pour les entrepreneurs, mais « après les États-Unis, Israël est le meilleur. » Steve Ballmer a appelé Microsoft « une société israélienne autant qu’américaine en raison de la taille et l’importance de ses équipes israéliennes. »

Les auteurs commencent par expliquer que l’adversité et la multidimensionnalité autant que le talent des individus, sont critiques: « c’est une histoire non seulement de talent, mais de ténacité, de contestation incessante de l’autorité, d’informalité tenace, combinée avec une attitude unique envers l’échec , le travail en équipe, un sens de la mission, du risque, et de la créativité interdisciplinaire. »

Chapitre 1 – Persistence

Les Américains ont toujours besoin de placer une plaisanterie, mais je l’ai trouvée drôle et juste!
Quatre hommes sont à un coin de rue. . .
un Américain, un Russe, un Chinois, et un Israélien. . . .
Un journaliste vient vers le groupe et leur dit:
« Excusez-moi. . . . Quelle est votre opinion sur la pénurie de viande?  »
L’Américain dit: Qu’est-ce qu’une pénurie?
Le Russe dit: Qu’est-ce que la viande?
Le Chinois dit: Qu’est-ce qu’une opinion?
et l’Israélien dit: Qu’est-ce que « Excusez-moi »?

-Mike Leigh dans Deux Mille Ans

– Aucune inhibition à défier la logique de la façon dont les choses ont été faites depuis des années.
– Un attitude rude, une culture agressive mais qui tolère l’échec.
– L’attitude et l’informalité israéliennes proviennent aussi d’une tolérance culturelle pour ce que certains Israéliens appellent des «échecs constructifs» ou «échecs intelligents».
– Il est essentiel de faire la distinction entre « une expérience bien planifiée et la roulette russe ».
(Lors de la réunion avec le chief scientist, il y eut un argument similaire: « si nous avons un taux de succès de 5%, nous ferions mieux de donner la responsabilité de choisir aux ânes et si il est de 70%, nous ne prenons pas assez risques »)
– Amos Oz parle « d’une culture du doute et de l’argument, un jeu ouvert d’interprétations, contre-interprétations, de réinterprétations, puis d’interprétations opposées. Dès le début de l’existence de la civilisation juive, elle a été reconnue pour son plaisir à argumenter.  »

Chapitre 2 – Leçons de l’armée

– Hiérarchie étroite et autonomie donnent beaucoup de responsabilités aux individus; dès la base, l’autorité est discutée.
– Les gens sont matures plus tôt.
– Pas besoin d’attendre pour agir.
– « La clé du leadership, c’est la confiance des soldats en leur commandant. Si vous n’avez pas confiance en lui, si vous ne le croyez pas, vous ne pouvez pas le suivre. »
– « Si vous ne savez même pas que les gens de l’organisation sont en désaccord avec vous, alors vous êtes en difficulté »

– « L’expérience réelle aussi vient généralement avec l’âge ou la maturité. Mais en Israël, vous acquérez de l’expérience, de la perspective, et de la maturité à un âge plus jeune, parce que la société mélange tant d’expériences de transformation alors que vous êtes à peine sortis de l’école secondaire. Au moment où ils sortent du lycée, leurs esprits sont différents de ceux de leurs homologues américains. « … » La notion que l’on doit accumuler de la compétence avant de lancer une entreprise n’existe tout simplement pas. « 

Un réseau dense – l’ensemble du pays n’est qu’à un degré de séparation (Yossi Vardi)

Chapitre 5 – Ordre et chaos

– « Les dirigeants de Singapour n’ont pas réussi à innover comme Israël dans un monde qui donne une grande importance à un trio d’attributs historiquement étrangers à la culture de ce pays: l’initiative, la prise de risque, et l’agilité; en plus d’être de véritables experts qui peuvent improviser dans des situations de crise. »
– « L’innovation est fondamentalement une entreprise expérimentale » (improvisation plus que discipline)
– « Apprendre de ses erreurs sans craindre de perdre la face. »
– « Personne n’apprend de quelqu’un qui est sur la défensive. »
– « Selon une nouvelle école d’économistes qui étudient les ingrédients clés pour l’esprit d’entreprise, la fluidité est un atout lorsque les gens peuvent traverser les frontières, s’opposer aux normes sociales, créer de l’agitation dans une économie de libre marché, et catalyser toutes les idées radicales. »

Chapitre 7 – Immigration

Les immigrants ne sont pas opposés à recommencer. Ils sont, par définition, des preneurs de risque. Une nation d’immigrants est une nation d’entrepreneurs. – Gidi Grinstein

Sergey Brin fut invité à parler dans une école israélienne: « Mesdames et messieurs, jeunes filles et jeunes garçons », dit-il en russe, sa langue maternelle (ce qui provoqua des applaudissements spontanés). « J’ai émigré de Russie quand j’avais six ans, » Brin continua. « Je suis allé aux États-Unis. Je suis comme vous, j’ai des parents juifs russes. Mon père est un professeur de mathématiques. Mes parents ont une certaine attitude au sujet des études. Et je peux comprendre que ici aussi, car on m’a dit que votre école a récemment obtenu sept des dix premières places dans un concours de mathématiques dans tout Israël. » … « Mais ce que j’ai à dire, » Brin a continué, à travers les applaudissements, « est ce que mon père disait- Mais pourquoi pas les trois autres prix? »

Les auteurs mentionnent les travaux fondateurs de AnnaLee Saxenian (Regional Advantage, the New Argonauts). Voici quelques exemples de la diaspora high-tech israélienne mentionnée dans le livre:
– Dov Frohman – Intel – 1974 – lien Wikipedia. Apparemment, Israël a été au cœur de l’innovation d’Intel dans les dix dernières années et Intel est le premier employeur privé en Israël.
– Michael Laor – Cisco – 1997 – Voir son profil Linkedin . Cisco a acquis 9 start-up israéliennes depuis que Laor est revenu (plus que les acquisitions de Cisco dans aucun autre pays sauf les États-Unis)
– Yoelle Maarek – Google – http://yoelle.com maintenant à Yahoo!

Mais il ne faut pas oublier Mirabilis / ICQ (voir ci-dessous) ou Check Point. Check Point a été créé en 1993, par le Président & CEO de la société Gil Shwed, http://en.wikipedia.org/wiki/Gil_Shwed à l’âge de 25 ans, avec deux de ses amis, Marius Nacht (actuellement au poste de vice-président) et Shlomo Kramer (qui a quitté Check Point en 2003 pour lancer une nouvelle entreprise).

Chapitre 9 – Yozma

Un autre membre de cette unique diaspora: Orna Berry – doctorat USC – Unisys -IBM puis ORNET et Gemini, enfin chef de l’OCS… L’industrie du VC a été vraiment lancée par l’effort de Yozma de même que pour les incubateurs israéliens. Gemini fut le premier fonds Israël. (voir la page wikipedia en anglais sur le capital risque en Israel)

Une autre citation sur les start-up face aux industries plus matures: « Dans l’aéronautique, vous ne pouvez pas être un entrepreneur »… « Le gouvernement est propriétaire de l’industrie, et les projets sont énormes. Mais j’ai appris beaucoup de choses techniques, qui m’ont énormément aidé plus tard. »

Chapitre 12 – La trans-disciplinarité

« Il ya une mentalité multi-tâche ici. » La mentalité multi-tâche produit un environnement dans lequel les titres et les cloisonnements qui vont de pair ne signifient pas grand chose.
– « La combinaison de mathématiques, biologie, informatique et chimie organique à Compugen »
– « Mettre tout cela ensemble nécessite une combinaison de compétences techniques peu orthodoxes. »

« Le terme aux États-Unis pour ce type de choses est un mashup. Et le terme lui-même a été rapidement transformé pour acquérir de nouvelles significations. … Un mashup encore plus puissant, à notre avis, se produit quand l’innovation est née de la combinaison de technologies et disciplines radicalement différentes. Les entreprises où les mashups sont les plus courants en Israël sont celles des appareils médicaux et le secteur de la biotechnologie, où vous trouverez des ingénieurs en soufflerie et les médecins qui collaborent à un dispositif au format carte de crédit. »

Mais les auteurs n’ont pas oublié de mentionner que Israël est un pays avec une raison d’être, une motivation très forte.

Les role models

« Bien qu’Israël fût déjà bien immergée dans la haute technologie, la vente d’ICQ/Mirabilis a été un phénomène national. Il a inspiré beaucoup d’Israéliens à devenir entrepreneurs. Les fondateurs, après tout, étaient un groupe de jeunes hippies. Nombreux sont ceux qui pensent qu’exposer à toutes les formes de succès pousse à penser « si ce gars-là l’a fait, je peux faire mieux« . En outre, la vente a été une source de fierté nationale, comme gagner une médaille d’or aux Jeux Olympiques. »

«Il y a un moyen légitime de réaliser un profit parce que vous êtes en train d’inventer quelque chose», dit Erel Margalit «Vous parlez d’un mode de vie, pas nécessairement combien vous allez gagner, même si l’argent est aussi une motivation.»

« En effet, ce qui rend le mélange actuel d’Israël si puissant est qu’il est un mashup de patriotisme des fondateurs, de motivation, de conscience constante de la rareté et de l’adversité et doté en plus d’une culture de la curiosité et de l’agitation qui ont des racines profondes dans l’histoire juive et israélienne. » explique Shimon Peres et d’ajouter: « La plus grand contribution du peuple juif dans l’histoire est l’insatisfaction ».

Encore une fois: « pas seulement du talent, mais de la ténacité, une insatiable contestation de l’autorité, une informalité déterminée, et une attitude unique face à l’échec, le travail en équipe, la motivation, le risque et la créativité interdisciplinaire. »

En guise de conclusion

« Alors, quelle est la réponse à la question centrale de ce livre: Ce qui rend Israël si novateur et entrepreneurial? L’explication la plus évidente réside dans un modéle de cluster classique du type décrit par le professeur de Harvard, Michael Porter et que la Silicon Valley incarne. Il se compose d’une proximité de grandes universités, de grandes entreprises, de start-ups, et d’un écosystème qui les relie entre eux, y compris des fournisseurs, un bassin de talent, et du capital risque. La partie la plus visible de ce système est le rôle des militaires avec une R&D considérable dans les systèmes de pointe et des unités d’élite technologique. Les retombées de cet investissement important, tant dans les technologies que les ressources humaines, vont directement vers l’économie civile… Mais cette  « couche externe » n’explique pas entièrement le succès d’Israël. Singapour a un fort système éducatif et la conscription, la Corée; a été confrontée à une menace sur sa sécurité durant toute son existence; la Finlande, la Suède, le Danemark et l’Irlande sont les pays relativement petits avec une technologie de pointe et d’excellentes infrastructures, ils ont produit beaucoup de brevets et en ont connu une croissance économique robuste. Certains de ces pays ont connu un croissance plus forte qu’Israël, mais aucun d’entre eux n’a produit un tel nombre de start-up ou n’a attiré de tels niveaux de capital-risque. Ce qui manque dans ces autres pays est un noyau culturel construit sur un goût de l’agressivité et un esprit d’équipe, bâtis sur un isolement et un réseau dense, avec le désir du petit de devenir grand. Quantifier cette face cachée, qui fait partie d’une économie culturelle n’est pas chose facile. C’est une combinaison inhabituelle de caractéristiques culturelles. En fait, Israël a des scores élevés sur l’égalitarisme, le dévouement et l’individualisme. En Israël, ces attributs apparemment contradictoires, à la fois ambitieux et collectiviste prend son sens quand on sait que les Israéliens vont passer tant de temps dans l’armée . Il n’y a pas de leadership sans exemple et sans inspirer votre équipe. Le secret du succès d’Israël est la combinaison d’éléments classiques de grappes technologiques avec certains éléments uniques de la culture israélienne qui renforcent les compétences et l’expérience des individus, les fait travailler ensemble plus efficacement en équipe, et fournit des connexions fortes et facilement accessibles au sein d’une communauté établie et en pleine croissance. »

J’espère que vous seraz arrivé au bout de ce long article malgré la langue googlelienne! Si cela est le cas, je crois que votre prochain achat sera Start-Up Nation!

Randy Komisar à propos de l’Europe, ses incubateurs et son entrepreneuriat

Voici un post magnifique post magnifique de Pemo Theodore sur notre culture entrepreneuriale. J’en traduis l’essentiel:

Pemo: Avez-vous des conseils à donner à tous les entrepreneurs en Europe où les investissements en capital-risque sont plus difficiles et la culture beaucoup plus prudente avec aversion pour le risque. Y a t-il d’autre choix que de vivre dans la vallée?

Randy: Je reviens tout juste de Barcelone où j’ai été invité à parler puis à être un juge pour une compétition appelée HIT. Et j’ai été très encouragé par ce que j’ai vu. Il y avait des entrepreneurs et du capital-risque provenant de partout dans le monde: du Chili, de l’Inde, de Chine, d’Allemagne, de Norvège. Il y avait grands entrepreneurs qui ont passé par plusieurs niveaux de compétition pour arriver à cette phase finale à Barcelone. J’ai été très impressionné par la qualité.

La qualité des gens que j’ai vu à travers ce prisme était aussi bonne que le meilleur que j’ai vu ici dans la vallée. Ce qui manquait, dans mon esprit, est un environnement dans lequel ces graines peuvent prendre racine.

Je me sentais presque gêné, parce que je leur ai donné des miettes d’information et de connaissances sur le sujet. Et mon cœur est allé à leur rencontre, car ce sont des gens qui ont la capacité de faire de grandes choses, et ils sont dans des environnements où ils ne sont pas en mesure de trouver les ressources, l’orientation, le mentorat, et le talent dont ils auraient besoin pour mettre leurs entreprises sur le marché. Certains, je l’espère vont réussir, certains sont prêts à se transplanter aux États-Unis pour être dans cet environnement. La vérité est que l’innovation est distribuée autour de la planète, partout il ya des gens intelligents, partout. L’innovation est une partie seulement de l’élan créateur, pour résoudre les problèmes et créer. Et il n’y a aucun avantage significatif à la croissance ici dans la Silicon Valley par rapport à grandir au Bhoutan pour être en mesure de résoudre les grands problèmes.

L’avantage est le suivant: tandis que l’innovation peut être uniformément répartie et distribuée dans le monde entier, l’esprit d’entreprise est un métier, l’esprit d’entreprise a une bonne pratique. Et la meilleure pratique de l’entrepreneuriat de la planète reste dans la Silicon Valley. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une bonne pratique ailleurs dans le monde. Cela ne veut pas dire que la Silicon Valley sera la meilleure pratique de l’entrepreneuriat dans 10 ans.

Mais il a fallu 70 ans pour bâtir la Silicon Valley, pour créer une culture de prise de risques, pour créer un environnement de ressources et d’investissement et surtout pour créer de grands esprits prêts à investir dans de grands esprits. Pas seulement leur argent investi dans de grands esprits, mais leur matière grise pour aider à créer la prochaine innovation. C’est quelque chose que je ne trouve pas dans d’autres cultures.

Quand je parle à mes homologues européens, en particulier aux entrepreneurs européens, ils me disent deux choses. Ils me disent que s’ils essaient & échouent en Europe c’est un échec personnel et pas seulement un échec commercial. Ce n’est pas le cas dans la Silicon Valley. Dans la Silicon Valley, si tel était le cas, nous n’aurions pas pu prendre des risques et nous aurions beaucoup moins d’entrepreneurs que nous n’en avons aujourd’hui. Les valeurs d’entreprise sont des valeurs d’entreprise et si vous échouez pour les bonnes raisons, ce qui est à peu près toute autre raison que d’être corrompu, stupide ou paresseux alors vous avez une éducation. Ensuite, vous êtes plus utiles.

L’autre chose que les entrepreneurs en Europe me disent, c’est que quand quelqu’un est couronné de succès en Europe, quand un entrepreneur a une grande victoire, il disparait de la scène. Il se retire, il achète un voilier, il font ce qu’ils ont à faire. Mais ils ne font pas ce qui se passe ici dans la Silicon Valley, réinvestir dans la prochaine génération. Et jusqu’à ce que vous ayez génération après génération un réinvestissement dans la réussite, l’orientation, le mentorat de la prochaine génération, alors vous n’avez pas de mécanisme de régénération dans votre culture d’entreprise.

Pemo: Et ceci est valable pour votre expérience à Barcelone? Que pensez-vous de ces groupes et concours de startups? En Janvier j’ai gagné une place sur le « Showcase TheFunded.com » et j’ai pris l’avion à Londres la veille. Ce fut un moment extraordinaire et une occasion de réseauter. Astia dirige également des formations pour les femmes entrepreneurs qui facilitent les possibilités de réseautage avec des capital-risqueurs, (il est évident qu’ils facturent pour cela !). Pensez-vous que ces possibilités de groupe facilitent, aident ou entravent le processus de démarrage? Et il y a un point que je note, parce que j’ouvre des portes : j’ai encore à déplorer qu’il n’y ait pas assez de « matchmaking ». J’ai suggéré à Adeo Ressi d’en mettre en place sur TheFunded.com mais jusqu’à présent ils n’ont pas été suffisamment intéressés pour le faire.

Randy: C’est une idée intéressante! En ce qui concerne les compétitions et les incubations, tous ces incubateurs créés à travers le monde, je suis partagé dans la mesure où ils ne créent pas l’écosystème nécessaire d’investisseurs, de talents pour aider ces entreprises à réussir et devenir prospères. Dans la mesure où ce sont juste des vitrines alors je ne pense pas que cela sert les intérêts de personne et ils construisent de fausses attentes. Les gens viennent pour y être exposés à des gens qui peuvent les aider à bâtir leur entreprise. Et si vous ne servez pas bien cette fonction de rencontre réelle, en rassemblant les bonnes, je pense que vous rendez un mauvais service aux deux groupes. C’est le point numéro un.

Numéro deux, sur l’incubation : dans un endroit comme la Silicon Valley je pense que les incubateurs ont une limitation. Dans le sens que les incubateurs éloignent du monde de l’entreprise et de sa culture. En fait la Silicon Valley est un incubateur en elle-même. Elle a l’environnement qu’il faut et les valeurs qui renforcent les bonnes idées et les bons entrepreneurs et les font grandir. Si vous construisez un incubateur, tout ce que vous faites, c’est d’isoler des mouvements naturels dans cette culture.

D’autre part si vous êtes dans une culture qui n’est pas aussi respectueuse de l’esprit d’entreprise, où vous avez besoin pour protéger vos organisations naissantes de leur fournir des soins et de l’alimentation pour les rendre plus forts, alors je pense que un incubateur est un outil utile!

A la recherche des innovations de croissance

Steve Blank est une des célébrités de la Silicon Valley. Je l’ai mentionné récemment dans mon post Steve Blank sur l’entrepreneuriat. Pascal Marmier, directeur de Swissnex à Boston, vient de me signaler un article de Blank dans Xconomy à propos du Chili et des cultures entrepreneuriales: Creating the Next Silicon Valley—The Chilean Experiment. Le document mérite plus qu’un coup d’oeil.

Les petits matins de la RSR

J’étais convié ce matin à parler d’innovation et de start-up par la RSR lors de son émission matinale (5h-6h!) des Petits Matins. Pour ceux qui connaissent le sujet, pas de révélation fracassante, à part peut-être ma découverte récente que d’après des études anglaises et américaines, la caractéristique la plus répandue chez les entrepreneurs serait la dyslexie. Au total une trentaine de minutes de conversation à bâtons rompus sur mon sujet favori, que vous pouvez retrouver sur le site de la RSR. Merci à Manuela Salvi, journaliste talentueuse de la radio suisse.

Mais le plus intéressant pour moi fut d’inviter une personne au téléphone à 5h45 (cadeau empoisonné!) Je fus donc ravi de laisser parler Peter Harboe-Schmidt de son roman The Ultimate Cure, beau thriller sur fond de start-up biotech à Lausanne, dont j’avais déjà parlé sur ce blog. Peter a annoncé sa prochaine traduction en Français. A suivre!

Le héros et le soldat des start-up

Je viens de découvrir un article de Techcrunch. Il est intitulé Is the search for the Startup Hero holding back startup teams?

Il contient des choses très intéressantes (même si elles ne sont pas forcément originales). Si vous avez le temps, écoutez la table ronde. C’est une bonne synthèse de la situation européenne (en comparaison à la Silicon Valley). Je ne suis pas d’accord avec tous les arguments, par exemple ceux qui sont liés au fait que l’Europe serait faible par trop de régulations. Je pense que la faiblesse est culturelle. Mais il est possible que les régulations changent la culture sur le long terme.

J’y ai entendu les arguments habituels (mais corrects!):
– Nous avons besoin d’une culture de compétition.
– Nous avons besoin d’argent, c’est à dire de capital intelligent (« smart money »).
– Nous avons besoin d’une éducation plus bâtie sur le faire que sur le penser (faire des produits, créer des sociétés)
– Nous avons besoin que nos start-up ait une vision internationale dès le début. Elles ne doivent être ni trop locales ni trop modestes. La perception du multilingue européen y est présentée autant comme un atout qu’une faiblesse.

Esther Dyson y fut plutôt convaincante sur le manque de compétences nécessaires à la croissance des entreprises. « En Europe, votre mère vous dira d’aller travailler pour SAP ou Coca Cola. » puis elles ajouta qu’il est relativement simple de créer une sociétés avec 5 employés mais qu’il est difficile de la faire grandir à 1000 personnes. Vous pouvez aussi lire les commentaires d’Esther Dyson dans son propre blog The Dangerous Myth of the Hero Entrepreneur. Elle y montre bien la complexité de la problématique.

Comme elle l’écrit joliment:
« Mais il y a au moins deux avantages pour un pays à avoir des entrepreneurs héros. Tout d’abord il sert de modèle. Il (rarement elle) encourage les gens à rêver – et aussi à prendre des risques, à être tenace face aux évènements souvent contraires, et à générer de l’activité économique.
(…)
Pourtant parfois, je me demande si le mythe du héros-entrepreneur n’est pas dangereux. Dans une économie comme celle des Etats Unis, où les start-up sont vénérées, les gens qui feraient de parfaits chefs de projet ou d’excellents vendeurs préfèrent créer leur entreprise, créant une pénurie de cadres dans l’écosystème. Des milliers de gens intelligents et hautement nécessaires se sentent inutiles parce que ce ne sont pas des héros. Nombreux sont ceux qui font les mauvais choix en quête de gloire.
(…)
Dans les cultures où les start-up sont jugées risquées et même assez peu respectables, il est aussi difficile pour les entrepreneurs de trouver les troupes qui ne vont pas jouer les rôles phares. La plupart des gens préféreront travailler pour une société établie ou pour le service public.
Alors, plutôt que de se focaliser sur le trop petit nombre d’entrepreneurs, considérez un instant la pénurie très réelle de gens qualifiés et prêts à travailler pour les entrepreneurs et les start-up. »

Start-Up en Russe

Mon livre vient d’être traduit en Russe. Il est disponible en cliquant ici ou sur l’image plus bas. Voici ce qu’en dit l’éditeur (selon Google Translate):

Chers lecteurs!

Nous sommes heureux de présenter le livre «Start-up. Ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley », par l’auteur Hervé Lebret [1]. Le livre est une traduction de l’original en langue anglaise. En Russie, il a été publié en tant que projet commun entre « Corporate Edition » et la Russian Venture Company. Le but du livre est de fournir une perspective différente des start-up. Le livre commence avec vision personnelle de l’auteur de la Silicon Valley, qui devient progressivement une description de la région. La deuxième partie est consacrée à l’Europe, où les start-up comme phénomène ont eu moins de succès. L’auteur analyse les causes des succès et des échecs, cite de nombreux exemples de la vie réelle, et de la construction d’entreprises prospères à partir d’idées.

Hervé Lebret donne une vision personnelle de la Silicon Valley et de sa culture, décrit la société et l’individu à travers le prisme d’histoires fascinantes de la réussite et l’échec, dont le lecteur ne manquera pas de tirer les leçons utiles. En présentant leur point de vue individuel, l’auteur montre une remarquable capacité à pénétrer dans l’essence des choses et voir la différence entre « Vieille Europe » et « Young America ».

Le livre est unique en termes de nombre de documents d’analyse et de référence et, selon Alexandra Johnson est le meilleur livre sur la Silicon Valley. Ce livre sera d’intérêt non seulement pour des experts sur l’innovation et les entrepreneurs dans la haute technologie, mais tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et l’économie des start-up.

Actuellement, l’écosystème de l’innovation de la Russie est encore au stade embryonnaire. Les infrastructures novatrices parfois lacunaires, de nouvelles sociétés de capital risque sont perçues comme très e. Cependant, il y a un mouvement pour construire l’« économie de l’intelligence » : dans le pays apparaissent des incubateurs d’entreprises, fonds de capital risque, des groupes de défense des intérêts des petites et moyennes entreprises, et la Russie a modifié ses lois relatives à la propriété intellectuelle et au droit d’auteur, augmentant le nombre de succès des projets innovants.

Nous croyons que le livre va nous aider une fois de plus « d’apprendre de la Silicon Valley », à comprendre le secret de son succès, à adopter son avantage concurrentiel et de les amener à notre réalité russe.

Vous pouvez acheter des livres liés à la formulation par téléphone ou par e-mail. Coût de l’ouvrage est de 300 roubles
Contact: Olga Morozova
Tel: 8 (495) 783 44 07
e-mail: ads@corporatepublishing.ru

[1] Hervé Lebret a consacré l’essentiel de sa vie professionnelle à la haute technologie. Après avoir passé plusieurs années dans la recherche universitaire, en 1997, il est devenu un investisseur en capital risque, a rejoint Index Ventures. Depuis 2005, il gère le Fonds d’innovation pour soutenir les entrepreneurs et les jeunes pousses dans la haute technologie à l’École Polytechnique de Lausanne (Suisse). Avec un doctorat en génie électrique, Hervé est diplômé de l’Ecole Polytechnique en France et à l’Université de Stanford aux États-Unis.

Finlande (épisode 3)

La semaine dernière, j’ai rencontré Pekka Roine. Cela fait suite à mon voyage en Finlande (et à mes récents posts sur le sujet) où nombreux furent ceux qui me conseillèrent de rencontrer ce « Finn » établi en Suisse. Il s’était décrit comme « bbb = big, bald, and bearded » (gros, chauve et barbu)… alors j’ai répondu que j’étais « gg = grey hair and glasses » (grisonnant à binocles) afin que nous puissions nous reconnaître sur le campus de l’EPFL.

Nous avons au moins un point commun: nous avons passé du temps à Stanford et il m’a dit quelque chose de très intéressant sur cette université. D’après lui il y a trois points qui font de Stanford (mais on pourrait généraliser à d’autres lieux aux moins aux USA) un endroit passionnant:
– le moins important des 3 est que Stanford a les meilleurs professeurs au monde,
– le second en ordre d’importance est que sur place, vous vivez avec 200 personnes qui sont comme vous, donc vous n’êtes pas isolé,
– mais le point le plus important est que vous êtes loin de chez vous et que cela donne de la perspective et ouvre de nouveaux horizons.

Pekka a travaillé pour DEC avant que la société ne disparaisse et y a vécu les plus belles années de sa croissance. Ensuite et depuis 1994, c’est un indépendant qui a siégé au board de plus de 25 compagnies et il a aussi co-fondé deux sociétés de capital-risque, PTV et Conor.

Nous avons eu une conversation à bâtons rompus sur la manière d’aider au mieux les apprentis-entrepreneurs. Il croit au modèle israélien et à ses incubateurs, où de vrais professionnels sélectionnent 2 à 3% des meilleurs projets et les suivent attentivement. Il m’a parlé de cette personne qui après avoir échoué dans sa première start-up, vendu sa deuxième et mis en bourse sa troisième, se sent qualifier pour diriger un incubateur. Bon point!

Je ne suis pas un grand supporter des incubateurs, quelqu’un m’avait demandé si je parlais d’incinérateur, mais avec un modèle où l’initiative de Yozma fut privatisée avec les bonnes personnes et motivations, c’est peut-être un modèle que je devrais revoir. C’est peut-être là le moyen de résoudre l’insoluble, ce problème de poule et d’œuf dans le sens oui n’avons pas de modèles et donc d’entrepreneurs avec les bons modèles. Pekka croit aux échanges avec Israël, je crois au « Go West » qui est finalement similaire. Il doit y avoir des moyens de convaincre nos politiciens et décideurs, locaux et nationaux, académiques et économiques et nous ne devrions jamais nous lasser d’essayer et d’essayer encore parce que… Pekka, nous avons RAISON! Nous avons besoin de start-up de croissance qui créeront les emplois pour nos enfants.

Comme vous le voyez, la Finlande et les Finlandais ont été une belle source d’inspiration!

Finlande (épisode 2.5)

Comme suite a mon post et demi sur la Finlande (https://www.startup-book.com/fr/2010/10/28/israel-en-passant-par-la-finlande/ et https://www.startup-book.com/fr/2008/04/03/finlande), voici quelques enseignements que j’ai retiré de mes amis du nord de l’Europe. Laissez-moi juste préciser que j’ai visité l’Université d’Aalto ainsi que l’Université de Technologie de Jyväskylä.

La leçon principale est la confirmation que les petits pays tels que la Finlande, la Suisse ou Israël doivent être ouverts sur le monde. Nokia est un bon exemple de ce que peut accomplir un petit pays, mais cette entreprise inquiète les Finlandais car elle est en perte de vitesse face à Apple ou Android. Alors la Finlande cherche aussi de nouvelles idées avec comme références Israël ou les États Unis. Relisez mes deux posts cités plus haut pour voir combien Israël est une référence.

A Aalto, j’ai particulièrement aimé des expériences telles que

  • leur Venture Garage
  • leur Entrepreneurship Society
  • et évidemment leur voyage en Silicon Valley
  • Will Caldwell coordonne une grande partie de l’effort avec ses collègues et j’ai rencontré des gens passionnés tels que Pauli, Teemu, Panu, Jari, Paolo, Ramine, Matalie, Juha, Kristo et pardon à ceux que j’oublie …

    L’internationalisation ne signifie pas juste envoyer des sociétés ou des individus à l’étranger, cela signifie d’attirer des gens chez soi. J’ai été très intéressé par leur récente étude Silicon Valley Journey, Experiences of Finnish IT Startups from Dot-Com Boom to 2010, sur des Finlandais dans la Silicon Valley dont l’expérience peut être précieuse. Il y a là-bas une conscience que nous n’en savons pas assez sur la Silicon Valley, et nos écosystèmes (étudiants, entrepreneurs, investisseurs et organismes de soutien) devraient toujours être plus curieux de cette expérience unique. Cela signifie aussi attirer des investisseurs internationaux, ce qu’Israël (mais aussi la Suisse d’ailleurs) a très bien réussi à faire.

    J’ai vu des choses similaires à Jyväskylä, mais si cette ville est assez éloignée de la capitale, Helsinki. En voici trois illustrations:

    – les mentors tels que Jussi Nukari, aussi auteur de « Launching Your Software Business in America »,

    – l’expérience Protomo qui soutient els entrepreneurs localement,

    – les cours d’entrepreneuriat de Sharon Ballard qui vient d’Arizona (et qui m’a aussi questionné sur l’efficacité du programme SBIR aux États Unis, un programme qui m’a(vait) toujours laissé sceptique 🙂 mais ceci est une autre histoire!). Sharon amène une attitude typiquement américaine à des étudiants Européens. Et il n’y avait pas là que des étudiants Finlandais, mais un groupe très international de jeunes gens enthousiastes!

    Mille mercis à Juha Saukkonen qui m’a invité à JAMK et qui a peut-être oublié qu’il faut la 1ère personne à me mentionner le rapport Victa report, et merci à ses collègues, Asta, Mari, Heikki, Sharon, Jussi, Kari, Marko, et … Juha, Juha, Juha et Juha encore.

    Des leçons moins positives? J’ai cette impression qui revient régulièrement d’un manque de taille critique en Europe. Chaque pays, chaque région, chaque ville essaie de promouvoir l’innovation et c’est en effet ce qu’ils doivent faire. Mais ne prenons nous pas le risque de diluer l’effort en ne prenant aucune décision de lieux plus concentrés ou centralisés pour l’entrepreneuriat, comme d’ailleurs on le fait pour l’éducation, la recherche, voire le sport ou les arts? Je n’ai pas de bonne réponse à apporter sur le sujet tant il est difficile, et nous savons tous que de toute façon, il faut essayer et essayer encore. Mais les États Unis n’ont qu’une Silicon Valley, même s’ils ont aussi Boston, Triangle Park, Seattle ou Austin. Mais nous n’avons pas de Silicon Valley en Europe. Alors quelle est l’efficacité de tous ces efforts est une question bien délicate.

    Le réseau social – Facebook

    Le nouveau film sur Facebook et son fondateur Mark Zuckerberg est un grand film. Il n’est sans pas très important de savoir ce qui tient de la fiction et de la réalité. Vous pouvez le voir comme une pure fiction et il restera un grand film grâce aux acteurs et au scénario.

    C’est aussi un excellent travail sur le monde des start-up qui est décrit d’une manière très fidèle. Même si ce n’est pas un documentaire sur cet univers, il y a quantité de détails qui m’ont rappelé des histoires vécues!

    La première leçon est que argent et amitié ne font pas bon ménage. Les histoires d’Eduardo Saverin, le fondateur dilué, de Sean Parker, le fondateur exubérant de  Napster et Plaxo puis mentor de Zuckerberg et la très brève apparition de Peter Thiel en sont de bonnes illustrations.

    Il montre aussi la différence entre le monde compassé de la Nouvelle Angleterre, de Boston et de Harvard où certains semblent croire que les idées ou le talent sont tout et celui, post-moderne, de la Silicon Valley où ce qui compte sont les actes. C’est la raison pour laquelle la Silicon Valley est bien le Triumph of the Nerds. Le film montre à quel point Paul Graham est dans le vari en écrivant que la Silicon Valley est le mariage des nerds et des riches. Chacun y verra les vies folles, tristes, excitantes ou déprimantes de ces fous du travail, qui s’amusent comme ils peuvent. C’est à prendre ou à laisser, mais c’est une description très proche de la réalité des start-up.

    J’ai cherché ce que les acteurs clés pensent du film. En voici quelques extraits. Eduardo Saverin a dit sur ce site-ci “The Social Network” was bigger and more important than whether the scenes and details included in the script were accurate. After all, the movie was clearly intended to be entertainment and not a fact-based documentary. What struck me most was not what happened – and what did not – and who said what to whom and why. The true takeaway for me was that entrepreneurship and creativity, however complicated, difficult or tortured to execute, are perhaps the most important drivers of business today and the growth of our economy.”

    Quant à Dustin Moskovitz, il ajoute sur ce site-là: It is interesting to see my past rewritten in a way that emphasizes things that didn’t matter (like the Winklevosses, who I’ve still never even met and had no part in the work we did to create the site over the past 6 years) and leaves out things that really did (like the many other people in our lives at the time, who supported us in innumerable ways). Other than that, it’s just cool to see a dramatization of history. A lot of exciting things happened in 2004, but mostly we just worked a lot and stressed out about things; the version in the trailer seems a lot more exciting, so I’m just going to choose to remember that we drank ourselves silly and had a lot of sex with coeds. […] I’m very curious to see how Mark turns out in the end – the plot of the book/script unabashedly attack him, but I actually felt like a lot of his positive qualities come out truthfully in the trailer (soundtrack aside). At the end of the day, they cannot help but portray him as the driven, forward-thinking genius that he is. And the Ad Board *does* owe him some recognition, dammit.

    Et Zuckerberg lui-même (en anglais)!

    Watch live video from c3oorg on Justin.tv
    Cela vient de la Start-up School de Paul Graham; voici la suite.

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    Bien sûr, il y a là de langue de bois institutionnelle. N’oublions pas que ces deux-là ont encore des actions dans Facebook! En parlant d’actions, il y a une autre chose qui m’a gêné récemment, à savoir que selon Forbes, Zuckerberg serait plus riche que Steve Jobs. J’ai eu une discussion sur le sujet avec un ami ce weekend et il était d’accord avec l’analyse alors que j’étais contre. C’est sans doute un détail, mais pour moi, tant que Facebook n’est pas cotée, la fortune de Zuckerberg est faite de papier qu’il ne peut pas vraiment vendre librement. Je suis sûr qu’il est déjà riche, il a sans doute déjà vendu pas mal de ses actions mais il n’est pas livre d’en faire ce qu’il veut tant que Facebook n’est pas en bourse alors que Jobs possède des actions qu’il est libre de vendre plus ou moins quand il veut. Ce n’est sans doute pas très différent tant Facebook semble être un succès, mais j’ai trop vu de start-up où les gens pensaient que la fortune liée aux actions était réelle et ne valait plus rien d’un jour au lendemain.

    Quand ma fille m’a dit hier qu’elle pourra enfin expliquer à ses amis ce que fait son père, c-a-d qu’il travaille dans le monde des start-up, je me suis dit que le film avait au moins le mérite de montrer à une très large audience ce qu’est ce monde et comme le dit Saverin que l’entrepreneuriat et la créativité sont essentiels pour notre avenir.

    Dernier point, que j’aborde de manière récurrent: la capitalisation et la structure actionnariale de Facebook. Comme Facebook n’est pas cotée, c’est un défi de s’atteler à sa tache et de séparer la vérité du mythe. J’ai utilisé les données disponibles sur le web. Le poitn le plus original est la dilution de Saverin de 30% à 5% alors que Zuckerberg ne passe que de 65% à 24%, pas vraiment proportionnel! Nous verrons quand Facebook ira en bourse, à quel point j’étais loin de la réalité!

    Une manière suisse d’entreprendre ?

    Dans cette nouvelle contribution au magazine Créateurs, je reste en Suisse avec deux très jolies PMEs. J’espère que vous apprécierez!


    Il est un débat récurrent dans le monde des start-up : et si le modèle américain de la croissance rapide alimentée par du capital-risque agressif n’était pas adapté aux entrepreneurs européens ou suisses. Deux exemples permettent d’apporter des éléments au débat : Sensirion et Mimotec.

    Dans ma dernière contribution, j’avais présenté Swissquote qui est devenu un magnifique succès sans ce capital-risque tant décrié semble-t-il en Europe. Mimotec est une spin-off de l’EPFL avec 24 employés et un chiffre d’affaires de 10 millions. La société fournit de la micro-technologie pour l’industrie de la montre. Mimotec a été fondée en 1998 par Hubert Lorenz, qui en a conté l’histoire lors du dernier « venture ideas » de l’EPFL. Cette PME est sans aucun doute une success story qui suit un modèle de croissance organique, soutenue sans être pour autant exponentielle.

    Sensirion est peut-être plus impressionnante encore. Fondée en 1998 également, elle est issue de l’ETHZ et fournit des capteurs de pression, autre domaine de spécialité de la Suisse. Dans un article pour la conférence MEMS 2008, son fondateur et CEO, Felix Mayer décrit le modèle de croissance de sa société. J’en traduis un passage : « Les Européens et les Suisses en particulier ne cherchent pas le grand succès. Ils préfèrent commencer petit et mettre un pied devant l’autre […] Autant que je sache, les Américains suivent plutôt la devise suivante : visons la lune ; si nous la loupons, nous finirons dans les étoiles […] Les USA ont une culture du risque et même quand ils échouent, ils ont une deuxième chance. L’Europe est différente. »

    Mayer ajoute que parce que les moyens financiers font défaut, l’entrepreneur européen aura du mal à s’attaquer aux très gros marchés. Il croit toutefois à une voie intermédiaire, qui ne générera pas des Google mais des sociétés leader dans leurs niches. Grâce au soutien patient d’un généreux business angel et fort de ses clients, Sensirion compte en 2010, 180 employés (le chiffre d’affaires n’est pas connu puisque la société est aux mains d’actionnaires privés). Il n’en demeure pas moins que Sensirion mettra six ans avant de financer sa croissance par ses activités ; son business angel fut donc essentiel au succès de la PME.

    Y a-t-il donc un modèle que l’Europe peut créer sans copier le modèle américain ? Oui, si l’on constate que très peu de sociétés ont atteint la taille d’un Logitech ou d’un Actelion. Au-delà des succès remarquables d’Hubert Lorenz et de Felix Mayer, je ne peux m’empêcher d’émettre les mêmes réserves que dans mon livre Start-Up. Pourquoi l’Europe ne devrait-elle pas viser les très gros succès en plus des succès de taille moyenne ? Ne croyez-vous pas que les Américains ont aussi leur Sensirion et leur Mimotec en plus de leur Google et Apple ? La critique du capital-risque est finalement assez facile, et je préfère à tout choisir cette remarque d’un entrepreneur américain : « La capital-risque, vous ne pouvez pas vivre avec lui, mais vous ne pouvez pas vivre sans lui ! » Et n’oublions pas que Google a aujourd’hui 20 000 employés et fut elle aussi créée en 1998… Il ne fait aucun doute que ni notre culture ni nos modèles financiers ne sont adaptés à fabriquer des Google mais je crois profondément que nous devons aussi avoir l’ambition des grands succès et ne pas sans cesse critiquer un modèle américain qui a aussi bien des atouts.