Pemo: Avez-vous des conseils à donner à tous les entrepreneurs en Europe où les investissements en capital-risque sont plus difficiles et la culture beaucoup plus prudente avec aversion pour le risque. Y a t-il d’autre choix que de vivre dans la vallée?
Randy: Je reviens tout juste de Barcelone où j’ai été invité à parler puis à être un juge pour une compétition appelée HIT. Et j’ai été très encouragé par ce que j’ai vu. Il y avait des entrepreneurs et du capital-risque provenant de partout dans le monde: du Chili, de l’Inde, de Chine, d’Allemagne, de Norvège. Il y avait grands entrepreneurs qui ont passé par plusieurs niveaux de compétition pour arriver à cette phase finale à Barcelone. J’ai été très impressionné par la qualité.
La qualité des gens que j’ai vu à travers ce prisme était aussi bonne que le meilleur que j’ai vu ici dans la vallée. Ce qui manquait, dans mon esprit, est un environnement dans lequel ces graines peuvent prendre racine.
Je me sentais presque gêné, parce que je leur ai donné des miettes d’information et de connaissances sur le sujet. Et mon cœur est allé à leur rencontre, car ce sont des gens qui ont la capacité de faire de grandes choses, et ils sont dans des environnements où ils ne sont pas en mesure de trouver les ressources, l’orientation, le mentorat, et le talent dont ils auraient besoin pour mettre leurs entreprises sur le marché. Certains, je l’espère vont réussir, certains sont prêts à se transplanter aux États-Unis pour être dans cet environnement. La vérité est que l’innovation est distribuée autour de la planète, partout il ya des gens intelligents, partout. L’innovation est une partie seulement de l’élan créateur, pour résoudre les problèmes et créer. Et il n’y a aucun avantage significatif à la croissance ici dans la Silicon Valley par rapport à grandir au Bhoutan pour être en mesure de résoudre les grands problèmes.
L’avantage est le suivant: tandis que l’innovation peut être uniformément répartie et distribuée dans le monde entier, l’esprit d’entreprise est un métier, l’esprit d’entreprise a une bonne pratique. Et la meilleure pratique de l’entrepreneuriat de la planète reste dans la Silicon Valley. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une bonne pratique ailleurs dans le monde. Cela ne veut pas dire que la Silicon Valley sera la meilleure pratique de l’entrepreneuriat dans 10 ans.
Mais il a fallu 70 ans pour bâtir la Silicon Valley, pour créer une culture de prise de risques, pour créer un environnement de ressources et d’investissement et surtout pour créer de grands esprits prêts à investir dans de grands esprits. Pas seulement leur argent investi dans de grands esprits, mais leur matière grise pour aider à créer la prochaine innovation. C’est quelque chose que je ne trouve pas dans d’autres cultures.
Quand je parle à mes homologues européens, en particulier aux entrepreneurs européens, ils me disent deux choses. Ils me disent que s’ils essaient & échouent en Europe c’est un échec personnel et pas seulement un échec commercial. Ce n’est pas le cas dans la Silicon Valley. Dans la Silicon Valley, si tel était le cas, nous n’aurions pas pu prendre des risques et nous aurions beaucoup moins d’entrepreneurs que nous n’en avons aujourd’hui. Les valeurs d’entreprise sont des valeurs d’entreprise et si vous échouez pour les bonnes raisons, ce qui est à peu près toute autre raison que d’être corrompu, stupide ou paresseux alors vous avez une éducation. Ensuite, vous êtes plus utiles.
L’autre chose que les entrepreneurs en Europe me disent, c’est que quand quelqu’un est couronné de succès en Europe, quand un entrepreneur a une grande victoire, il disparait de la scène. Il se retire, il achète un voilier, il font ce qu’ils ont à faire. Mais ils ne font pas ce qui se passe ici dans la Silicon Valley, réinvestir dans la prochaine génération. Et jusqu’à ce que vous ayez génération après génération un réinvestissement dans la réussite, l’orientation, le mentorat de la prochaine génération, alors vous n’avez pas de mécanisme de régénération dans votre culture d’entreprise.
Pemo: Et ceci est valable pour votre expérience à Barcelone? Que pensez-vous de ces groupes et concours de startups? En Janvier j’ai gagné une place sur le « Showcase TheFunded.com » et j’ai pris l’avion à Londres la veille. Ce fut un moment extraordinaire et une occasion de réseauter. Astia dirige également des formations pour les femmes entrepreneurs qui facilitent les possibilités de réseautage avec des capital-risqueurs, (il est évident qu’ils facturent pour cela !). Pensez-vous que ces possibilités de groupe facilitent, aident ou entravent le processus de démarrage? Et il y a un point que je note, parce que j’ouvre des portes : j’ai encore à déplorer qu’il n’y ait pas assez de « matchmaking ». J’ai suggéré à Adeo Ressi d’en mettre en place sur TheFunded.com mais jusqu’à présent ils n’ont pas été suffisamment intéressés pour le faire.
Randy: C’est une idée intéressante! En ce qui concerne les compétitions et les incubations, tous ces incubateurs créés à travers le monde, je suis partagé dans la mesure où ils ne créent pas l’écosystème nécessaire d’investisseurs, de talents pour aider ces entreprises à réussir et devenir prospères. Dans la mesure où ce sont juste des vitrines alors je ne pense pas que cela sert les intérêts de personne et ils construisent de fausses attentes. Les gens viennent pour y être exposés à des gens qui peuvent les aider à bâtir leur entreprise. Et si vous ne servez pas bien cette fonction de rencontre réelle, en rassemblant les bonnes, je pense que vous rendez un mauvais service aux deux groupes. C’est le point numéro un.
Numéro deux, sur l’incubation : dans un endroit comme la Silicon Valley je pense que les incubateurs ont une limitation. Dans le sens que les incubateurs éloignent du monde de l’entreprise et de sa culture. En fait la Silicon Valley est un incubateur en elle-même. Elle a l’environnement qu’il faut et les valeurs qui renforcent les bonnes idées et les bons entrepreneurs et les font grandir. Si vous construisez un incubateur, tout ce que vous faites, c’est d’isoler des mouvements naturels dans cette culture.
D’autre part si vous êtes dans une culture qui n’est pas aussi respectueuse de l’esprit d’entreprise, où vous avez besoin pour protéger vos organisations naissantes de leur fournir des soins et de l’alimentation pour les rendre plus forts, alors je pense que un incubateur est un outil utile!
« Bien sûr les affaires, tout comme la vie, n’est jamais un long fleuve tranquille. L’échec peut survenir à tout moment et de manière inattendue, comme le succès d’ailleurs. Mais le vrai succès consiste à gérer les échecs. A chaque revers de fortune, il faut être capable de retourner la situation. C’est pourquoi il faut toujours être prêt à faire face aux échecs et construire des équipes solides. Pour être un entrepreneur, un investisseur ou un philanthropiste qui réussit, il faut réunir des gens qui savent qu’il y aura des problèmes, qui aiment résoudre ces problèmes et qui peuvent travailler en équipe. » … « Cela me rappelle qu’il faut être humble. Je célèbre donc l’échec, cela tempère le caractère et prépare au succès. » Kamran Elahian.
Kamran Elahian est un célèbre entrepreneur de la Silcion Valley. Il a fondé Cirrus Logic qui fut connue au point d’être sur le famuex poster de la Silicon Valley Genealogy. J’en fournis un extrait plus bas, vous ne pouvez pas lire le nom des fondateurs, mais voici ce qui est écrit: Suhal Patil (Patil Systems), Michael Hackworth (Signetics), Bill Knapp (General Instruments), M. Kei (Intel), H. Ravindra (Patil Systems) et Elahian himself (CAE Systems). Curieusement, Elahian a une liste différente sur son site web — Suhas Patil, H. Ravindra, Bill Knapp, Mark Singer.
Nesheim dans son livre High Tech Start Up mentionne aussi Cirrus et en donne la capitalisation à l’IPO. C’est d’ailleurs de ce livre dont je me suis inspiré pour faire mes propres tables.
Ensuite Elahian a fondé Centillium qui malgré une belle IPO en 200, n’a pas eu le même destin. En 2008, elle a été acquise pour environ $42M. L’échec précére donc le succès et lui succède parfois également. Elahian donne aussi les fondateurs de Centillium sur son site site: Shahin Hedayat, Faraj Aalaie, Babu Mandeva, Tony O’Toole.
Enfin, dans le même secteur que le semiconducteur pour les télécommunications, il y a une autre histoire similaire: Atheros vient d’annoncer son acquisition par Qualcomm pour environ $3.1B. Atheros est une des études de cas de mon livre car elle fut fondée par deux professeurs de Stanford (Theresa Meng et John Hennessy, aujourd’hui président de Stanford) et son CEO est Craig Barratt que j’ai eu comme « teaching assistant » quand j’étudiais en Californie. Qui a dit que les scientifiques/ingénieurs ne peuvent pas faire d’excellents dirigeants?!!
Mais le (possible) intérêt de tout cela est de comparer ces trois tableaux et de voir qu’à plus de 20 ans d’écart, ils ont de nombreuse ressemblances. Autant qu’avec les start-up du web dont j’avais tendance à plus parler récemment.
Steve Blank est une des célébrités de la Silicon Valley. Je l’ai mentionné récemment dans mon post Steve Blank sur l’entrepreneuriat. Pascal Marmier, directeur de Swissnex à Boston, vient de me signaler un article de Blank dans Xconomy à propos du Chili et des cultures entrepreneuriales: Creating the Next Silicon Valley—The Chilean Experiment. Le document mérite plus qu’un coup d’oeil.
J’ai été surpris de ne pas lire plus de presse sur les actions récentes de Intellectual Ventures (IV). Vous pouvez y lire le nom des sociétés poursuivies pour infraction à la propriété intellectuelle d’IV.
Si vous ne connaissez pas Intellectual Ventures, vous devez au moins savoir que IV a acheté environ 30’000 brevets (ou dépôts de brevet) et a levé des milliards de dollars. Jusqu’à présent, personne n’était tout à fait sûr de la stratégie d’IV, mais avec cette annonce, les choses sont claires: IV n’est autre qu’un patent troll.
Au même moment, Paul Allen n’a pu obtenir réparation pour sa plainte en infraction sur ses brevets. Plus ici. Je dois ajouter que j’ai eu connaissance des deux informations sur le site web Xconomy.
Voici aussi pour moi l’occasion d’ajouter que je n’ai jamais été un grand fan de la PI, de la propriété intellectuelle, des brevets et du droit d’auteur. Je n’ai pas de bonne alternative à proposer, mais il me semble que l’innovation est plus question de rapidité et d’avance sur la concurrence. Je sais que tout cela n’est pas simple. J’ai un peu travaillé dans le domaine et je donne encore des cours sur le sujet. Ceux que cela intéresse pourront cliquer sur l’image qui suit ou sur ce lien.
Intellectual Ventures fut fondée par Nathan Myhrvold, qui fut aussi directeur technique (CTO) de Microsoft. Pas besoin d’ajouter ce que fut le role de Paul Allen chez Microsoft. Tout ceci pourrait presque être amusant si on se souvient que Microsoft n’a pas vraiment eu besoin de brevets pour réussir (ni même du fait que quantité de gens ont sans vergogne pillé ses logiciels…)
J’étais convié ce matin à parler d’innovation et de start-up par la RSR lors de son émission matinale (5h-6h!) des Petits Matins. Pour ceux qui connaissent le sujet, pas de révélation fracassante, à part peut-être ma découverte récente que d’après des études anglaises et américaines, la caractéristique la plus répandue chez les entrepreneurs serait la dyslexie. Au total une trentaine de minutes de conversation à bâtons rompus sur mon sujet favori, que vous pouvez retrouver sur le site de la RSR. Merci à Manuela Salvi, journaliste talentueuse de la radio suisse.
Mais le plus intéressant pour moi fut d’inviter une personne au téléphone à 5h45 (cadeau empoisonné!) Je fus donc ravi de laisser parler Peter Harboe-Schmidt de son roman The Ultimate Cure, beau thriller sur fond de start-up biotech à Lausanne, dont j’avais déjà parlé sur ce blog. Peter a annoncé sa prochaine traduction en Français. A suivre!
Steve Blank est connu dans la Silicon Valley comme entrepreneur et enseignant en entrepreneuriat. En particulier, il a proposé sa vision de la région – a Secret History of Silicon Valley – qui montre l’importance des militaures et de la guerre froide dans sa construction.
Il affirme que les barrières que rencontre l’entrepreneur diminuent. Les voici:
1. de longs cycles de développement de la technologie (combien de temps de l’idée au produit),
2. le coût élevé de vendre à des premiers clients (combien de dollars pour construire le produit),
3. la structure de l’industrie du capital-risque (un nombre limité de sociétés de capital-risque chacun ayant besoin d’investir des millions pour le démarrage),
4. l’expertise sur la façon de construire des start-up (regroupés dans des régions spécifiques comme la Silicon Valley, Boston, New York, etc),
5. le taux d’échec des nouvelles entreprises (les start-up avait pas de règles formelles et le succès devenait très binaire),
6. le taux d’adoption lent des nouvelles technologies par le secteur public et les grandes entreprises.
Et il pense que nous entrons dans une nouvelle ère qu’il appelle « La démocratisation de l’entrepreneuriat ». Ainsi il voit:
– La compression du cycle de développement produit
– Des start-up construites pour des milliers plutôt que des millions de dollars
– La nouvelle structure de l’industrie du capital de risque
– L’entrepreneuriat comme domaine scientifique propre
– L’Internet et le consommateur individuel moteurs de l’Innovation
J’ai réagi directement sur son blog en écrivant ce qui suit. « Je dois admettre que je suis intrigué. Laissez-moi développer ma pensée. Sur le positif, l’optimisme exprimé dans cet article fait du bien et l’on se sent mieux après sa lecture. J’ai tendance à penser que des barrières à l’entrepreneuriat ont diminué. Mais j’ai sans doute gardé trop longtemps mais lunettes de soleil et je ne vois pas les étoiles. (mais je pense que l’article est excellent et doit être mentionné par chacun à son petit réseau de relations). Mais sur le négatif, je crains que ces mêmes barrières n’existent encore dans les domaines de la biotechnologie, du semiconducteur (et de la plupart des domaines matériels incluent des innovations radicales) ou même dans ces domaines de cleantech/greentech (qui par ailleurs sont peut-être plus des bulles spéculatives que de véritables innovations). Dans ces domaines, les cycles de développement restent longs, les investisseurs précautionneux en raison des besoins en capitaux; Richard Newton, le professeur de Berkeley (http://www.eecs.berkeley.edu/~newton/presentations), avait noté il y a longtemps déjà , que la plupart des talents quittaient ces domaines difficiles pour des contrées plus aisées ou plus prometteuses en s’inquiétant que nous ne prenions plus assez de risques (il s’agissait alors de la fuite vers l’Internet des entrepreneurs/chercheurs de l’IT et du HW). Il se peut tour à fait que nous n’innovions plus que que nous ayoons plus à innover dans ces domaines classiques auquel cas Blank a raison. Mais si au contraire nous sommes aveuglés par les supernovas, nous allons au plus facile ce qui brille le plus et nous ne voyons pas la myriade d’autres opportunités moins visibles et pourtant importantes…
Voici ma traduction intégrale de son article:
Au plus profond de la nuit, les hommes voient les étoiles
Au plus profond de la nuit, les hommes voient les étoiles
Ralph Waldo Emerson
A l’occasion de Thanksgiving, il pourrait sembler qu’il ya beaucoup moins de raisons d’être reconnaissants. Un Américain sur dix n’a pas de travail. La sagesse populaire dit que nous allons finir par nous mordre les doigts d’une série de décisions économiques désastreuses, comme la délocalisation de la production de biens hors d’Amérique. Les États-Unis sont maintenant un pays débiteur de la Chine et il va falloir rembourser la dette. Les experts disent que le rêve américain est mort et que cette prochaine décennie verra la poursuite du déclin et la chute de l’Occident et en particulier des États-Unis.
Il se peut que tous les prophètes de malheur aient raison.
Mais je ne le crois pas.
Permettez-moi de vous donner ma prédiction. Il y a une chance que la sagesse commune soit très, très fausse et que la deuxième décennie du 21ème siècle puisse se révéler en Occident et en particulier aux États-Unis comme son heure de gloire.
Je crois que nous regarderons cette décennie comme le début d’une révolution économique aussi importante que la révolution scientifique du 16ème siècle et la révolution industrielle au 18ème siècle. Nous sommes au début de la révolution entrepreneuriale. Cela ne signifie pas juste plus de technologie, même si c’en est un élément. C’est une révolution qui va remodeler les affaires telles que nous les connaissons et, plus important, changer la qualité de la vie sur la planète entière pour tous ceux qui viendront après nous.
Il se passe quelque chose ici, mais ce que c’est n’est pas très clair.
L’histoire est connue. Au cours des cinquante dernières années, la Silicon Valley est devenue la cœur de la technologie de pointe et le pôle d’innovation pour les États-Unis et le monde. La Silicon Valley nous a amusé, relié (et séparé) comme jamais auparavant, elle a rendu des entreprises plus efficace et conduit à la transformation complète de l’ensemble de l’industrie (librairies, location de vidéos, journaux, etc)
Vague après vague de matériels, logiciels, biotechnologie et produits des technologies propres ont émergé de ce qui est devenu le « Ground Zero » de la culture entrepreneuriale. La Silicon Valley a émergé d’intersections fortuites:
• la recherche financée par guerre froide en physique et en électronique à l’Université Stanford,
• un doyen de Stanford Engineering qui a encouragé la culture de l’innovation plutôt que la recherche purement académique,
• la guerre froide et le financement par les militaires conduisant à des produits pour l’industrie de défense dans les années 1950,
• un seul chercheur aux Bell Labs qui décide de lancer son entreprise de semi-conducteurs à côté de Stanford dans les années 1950 qui a conduit à
• la vague de start-up de semi-conducteurs dans les années 1960 / 70’s,
• l’émergence du capital-risque comme industrie,
• la révolution l’informatique personnelle dans les années 1980,
• l’essor de l’Internet dans les années 1990 et, enfin,
• la vague d’applications de commerce internet dans la première décennie du 21e siècle.
Le motif récurrent de la Vallée semblait être clair. Chaque nouvelle vague d’innovation a été comme un équilibre ponctué – juste au moment où vous pensiez que la vague avait fait son temps, un changement soudain et radical changement dans une nouvelle technologie émergeait.
Les obstacles à entrepreneuriat
Bien que les start-up aient continué d’innover à chaque nouvelle vague de technologies, le taux d’innovation a été entravé par des que limitations maintenant seulement nous pouvons comprendre. Ce n’est que dans les dernières années que nous apprécions que les start-up dans le passé ont été entravés par:
1. de longs cycles de développement de la technologie (combien de temps de l’idée au produit),
2. le coût élevé de vendre à des premiers clients (combien de dollars pour construire le produit),
3. la structure de l’industrie du capital-risque (un nombre limité de sociétés de capital-risque chacun ayant besoin d’investir des millions pour le démarrage),
4. l’expertise sur la façon de construire des start-up (regroupés dans des régions spécifiques comme la Silicon Valley, Boston, New York, etc),
5. le taux d’échec des nouvelles entreprises (les start-up avait pas de règles formelles et le succès devenait très binaire),
6. le taux d’adoption lent des nouvelles technologies par le secteur public et les grandes entreprises.
La démocratisation de l’entrepreneuriat
Ce qui se passe est quelque chose de plus profond qu’un changement dans la technologie. Ce qui se passe, c’est que toutes les choses qui ont été des barrières pour les startups et l’innovation disparaissent. Toutes à la fois. À partir de maintenant.
La compression du cycle de développement produit
Dans le passé, le temps pour construire un premier produit se mesurait en mois voire en années pour répondre à la vision du fondateur ou aux besoins des clients. Cela signifiait la construction de toutes les fonctions dans un produit monolithique. Pourtant, une fois le produit livré, les start-up concluaient que les clients n’avaient pas utilisé la plupart de ces caractéristiques. Les fondateurs avaient tout simplement tort sur leurs hypothèses ou sur les besoins des clients. L’effort qui avait été fait pour toutes ces fonctionnalités avait été gaspillé.
Aujourd’hui les start-up ont commencé à construire des produits différemment. Au lieu d’inclure le nombre maximum de fonctionnalités, elles cherchent à fournir une fonctionnalité minimale dans les plus brefs délais. Cela leur permet de livrer une première version du produit à des clients en une fraction du temps.
Car les produits sont simplement des « briques » livrées sur le web, un premier produit peut être livré en quelques semaines plutôt qu’en quelques années.
Des start-up construites pour des milliers plutôt que des millions de dollars
les start-up exigeaient traditionnellement des millions de dollars de financement juste pour obtenir leur premier produit. Une société de développement de logiciels devait acheter des ordinateurs et des logiciels à d’autres entreprises et embaucher du personnel pour exécuter et maintenir. Une start-up de matériel devait construire des prototypes et investir dans l’équipement d’une usine pour fabriquer le produit.
Aujourd’hui l’open source a réduit le coût de développement de logiciel de millions de dollars à des milliers. Pour le matériel, on ne doit plus construire sa propre usine et les coûts sont absorbés par les fabricants offshore.
Le coût pour obtenir le premier produit de commerce sur Internet a chuté d’un facteur dix ou plus dans la dernière décennie.
La nouvelle structure de l’industrie du capital de risque
Le coût en chute libre d’un premier produit sur le marché (en particulier pour les start-up Internet) a secoué l’industrie du capital-risque. Le capital- risque était un club fermé et regroupé dans la Silicon Valley, à Boston et New York. Bien que ces entreprises soient toujours là (et grandissent), la quantité d’argent qui investit du capital risque dans les jeunes entreprises a augmenté, et une nouvelle classe d’investisseurs a émergé. De nouveaux groupes de capital-risque, des Super Angels, plus petits que les fonds traditionnels (tailles de plusieurs centaines millions de dollars), peuvent faire de petits investissements nécessaires pour lancer une start-up Internet. Ces anges font beaucoup de paris au début, puis réinvestissent quand les premiers résultats apparaissent. (Et les résultats viennent beaucoup plus vite que dans une start-up traditionnelle.)
En plus de « super anges », les incubateurs comme Y Combinator, TechStars et plus de 100 autres à travers le monde, ont commencé à formaliser le modèle. Ils paient des frais de la start-up pendant 3 mois, jusqu’à ce que les résultats permettent de lever des fonds à plus grande échelle.
Enfin, le capital-risque et l’investissement des anges n’est plus un phénomène américain ou euro-centrique. Le capital-risque a émergé en Chine, l’Inde et d’autres pays où la prise de risque, l’innovation et la liquidité est encouragée, à une échelle jusqu’alors connue seulement aux États-Unis
L’émergence d’incubateurs et des super anges a considérablement élargi les sources du capital d’amorçage. La mondialisation de l’esprit d’entreprise signifie que le potentiel de start-up a augmenté d’au moins dix fois depuis le début de ce siècle.
L’entrepreneuriat comme domaine scientifique propre
Au cours des dix dernières années, les entrepreneurs ont commencé à comprendre que les start-up ne sont pas simplement des versions plus petites des grandes entreprises. Alors que les entreprises exécutent des modèles d’affaires, les start-up cherchent des modèle d’affaires. (Ou plus précisément, les start-up sont des organisations temporaires destinées à la recherche de modèles d’entreprises multipliables et reproductibles.)
Au lieu d’adopter les techniques de gestion des grandes entreprises, qui, trop souvent, étouffent l’innovation dans une jeune start-up, les entrepreneurs ont commencé à développer leurs propres outils de gestion. En utilisant une liste de solutions pour le modèle d’affaires / les développement clients / le développement agile, les entrepreneurs tout d’abord bâtissent des hypothèses (leur modèle d’affaires), ensuite vérifient ces hypothèses avec les clients en dehors de leur domaine (développement de la clientèle) et utilisent une méthodologie de développement itératif et incrémental (développement agile) pour créer le produit. Lorsque les fondateurs découvrent que leurs hypothèses sont fausses, ce qui arrive inévitablement, il n’y a pas nécessairement crise, mais activité d’apprentissage appelée un pivot – et une occasion de changer le modèle d’affaires.
Le résultat : les start-up ont maintenant les outils qui accélèrent la recherche de clients, réduisent les délais de commercialisation et coupent les coûts de développement.
L’Internet et le consommateur individuel moteurs de l’Innovation
Dans les années 1950 et 60, la Défense et les organisations de renseignement américain furent les moteurs de l’innovation dans la Silicon Valley en fournissant des fonds pour la recherche et le développement dans les universités, et en achetant des systèmes d’armes utilisant les premières technologies micro-ondes et les composants semi-conducteurs. Dans les années 1970, 80 et 90, le relais fut pris par les grandes entreprises avec l’innovation dans les PC, les matériels de communication et les logiciels d’entreprise. Secteurs publics et entreprises sont maintenant des suiveurs plutôt que des leaders. Aujourd’hui, ce sont les consommateurs – en particulier les entreprises Internet grand public – qui sont les moteurs de l’innovation. Lorsque le produit et le canal sont des bits informatiques, l’adoption par 10 ou 100 millions d’utilisateurs peut se produire en quelques années et non plus en décennies.
La singularité entrepreneuriale
Les obstacles à l’entrepreneuriat ne sont pas simplement supprimés. Dans chaque cas, ils sont remplacés par des innovations qui accélèrent chaque étape, parfois par un facteur dix. Par exemple, pour le commerce Internet, le temps nécessaire pour obtenir le premier produit sur le marché a été divisé par dix, les dollars nécessaires pour obtenir le premier produit sur le marché également, le nombre de sources de capital initial pour les entrepreneurs a été multiplié par dix, etc.
Et tandis que l’innovation se déplace à la vitesse d’Internet, cela ne sera pas limité aux start-up internet. Elle se propage à l’entreprise et, finalement, à tous les segments d’affaires.
Au plus profond de la nuit, les hommes voient les étoiles
Le ralentissement économique aux États-Unis a eu une conséquence inattendue pour les start-up – il a en créé plus. Jeunes ou vieux, des innovateurs qui sont sans emploi ou sous-employés font maintenant face à moins de risques pour le démarrage d’une entreprise. Ils ont beaucoup moins à perdre et beaucoup plus à gagner.
Si nous sommes à la veille d’une révolution aussi importante que les révolutions scientifique et industrielle, qu’est-ce que cela signifie? Les révolutions ne sont pas évidentes quand elles se produisent. Lorsque James Watt a commencé la révolution industrielle avec la machine à vapeur en 1775, personne ne dit: «Ceci est le jour où tout change. » Lorsque Karl Benz a conduit son véhicule autour de Mannheim en 1885, personne ne dit: « Il y aura 500 millions de ces véhicules dans d’un siècle. » Et certainement en 1958, lorsque Noyce et Kilby inventèrent le circuit intégré, l’idée d’un quintillion (10 à la puissance 18) de transistors produits chaque année semblait ridicule.
Pourtant, il est possible que nous regardions un jour cette décennie comme le début de notre propre révolution. On se rappellera de ce temps où les découvertes scientifiques et les avancées technologiques auront été intégrées dans le tissu de la société plus vite qu’ils ne l’avaient jamais étés. Que la vitesse d’opération des entreprises exploitées aura changé pour toujours. Comme le moment où nous avons réinventé l’économie américaine et que notre produit intérieur brut a commencé à décoller ; que les États-Unis et le monde ont atteint un niveau de richesse jamais vu avant. Il peut être l’aube d’une nouvelle ère pour une nouvelle économie américaine basée sur l’entrepreneuriat et l’innovation.
Une période que nos enfants regarderont en arrière et s’émerveilleront que au plus profond de la nuit, nous avons vu les étoiles.
Il contient des choses très intéressantes (même si elles ne sont pas forcément originales). Si vous avez le temps, écoutez la table ronde. C’est une bonne synthèse de la situation européenne (en comparaison à la Silicon Valley). Je ne suis pas d’accord avec tous les arguments, par exemple ceux qui sont liés au fait que l’Europe serait faible par trop de régulations. Je pense que la faiblesse est culturelle. Mais il est possible que les régulations changent la culture sur le long terme.
J’y ai entendu les arguments habituels (mais corrects!):
– Nous avons besoin d’une culture de compétition.
– Nous avons besoin d’argent, c’est à dire de capital intelligent (« smart money »).
– Nous avons besoin d’une éducation plus bâtie sur le faire que sur le penser (faire des produits, créer des sociétés)
– Nous avons besoin que nos start-up ait une vision internationale dès le début. Elles ne doivent être ni trop locales ni trop modestes. La perception du multilingue européen y est présentée autant comme un atout qu’une faiblesse.
Esther Dyson y fut plutôt convaincante sur le manque de compétences nécessaires à la croissance des entreprises. « En Europe, votre mère vous dira d’aller travailler pour SAP ou Coca Cola. » puis elles ajouta qu’il est relativement simple de créer une sociétés avec 5 employés mais qu’il est difficile de la faire grandir à 1000 personnes. Vous pouvez aussi lire les commentaires d’Esther Dyson dans son propre blog The Dangerous Myth of the Hero Entrepreneur. Elle y montre bien la complexité de la problématique.
Comme elle l’écrit joliment:
« Mais il y a au moins deux avantages pour un pays à avoir des entrepreneurs héros. Tout d’abord il sert de modèle. Il (rarement elle) encourage les gens à rêver – et aussi à prendre des risques, à être tenace face aux évènements souvent contraires, et à générer de l’activité économique.
(…)
Pourtant parfois, je me demande si le mythe du héros-entrepreneur n’est pas dangereux. Dans une économie comme celle des Etats Unis, où les start-up sont vénérées, les gens qui feraient de parfaits chefs de projet ou d’excellents vendeurs préfèrent créer leur entreprise, créant une pénurie de cadres dans l’écosystème. Des milliers de gens intelligents et hautement nécessaires se sentent inutiles parce que ce ne sont pas des héros. Nombreux sont ceux qui font les mauvais choix en quête de gloire.
(…)
Dans les cultures où les start-up sont jugées risquées et même assez peu respectables, il est aussi difficile pour les entrepreneurs de trouver les troupes qui ne vont pas jouer les rôles phares. La plupart des gens préféreront travailler pour une société établie ou pour le service public.
Alors, plutôt que de se focaliser sur le trop petit nombre d’entrepreneurs, considérez un instant la pénurie très réelle de gens qualifiés et prêts à travailler pour les entrepreneurs et les start-up. »
J’ai découvert l’existence d’Isilon hier. Cela montre à quel point je suis de plus en plus déconnecté de ce monde des start-up :-(. Isilon était financée par Atlas et Sequoia entre autres avant d’entrer en bourse en décembre 2006. Elle vient d’être achetée par EMC pour $2.2B!
Fred Destin mentionne Isilon dans son blog, vous y trouverez plus d’information. Ce que j’ai fait depuis hier, c’est d’étudier les chiffres de la société depuis sa fondation en 2001. Voici tout d’abord l’évolution de ses revenus et de sa valeur en bourse.
Ce ne fut donc pas un long fleuve tranquille. Après l’entrée en bourse (IPO), la société n’a pas tenu ses promesses si bien que la valeur en bourse plongea avant de repartir à la hausse (même si les investisseurs ont toujours connu un joli multiple sur leur argent). Mais il aura fallu attendre l’acquisition par EMC pour rendre les employés et les investisseurs particulièrement heureux. Destin indique que Atlas aura fait un multiple de 22 sur son investissement.
Ce qui est pour moi (et je l’espère pour vous aussi) d’intérêt particulièrement est la structure actionnariale qui est décrite dans le tableau qui suit. Il vous faudra cliquer sur le tableau pour en lire les détails. (Si vous souhaitez avoir le fichier excel qui lui est lié, demandez moi…)
Ce que le document d’entrée ne bourse ne dit pas est aussi intéressant que les informations fournies:
– il n’y a pas grand chose sur les deux premiers tours (series A et B). On ne peut distinguer les investissements de Atlas, Sequoia et Madrona. On pourrait sans doute affiner les choses quand on sait que Sequoia n’investit que dans le series B et que les acteurs gardent un général un droit d’investir au pro-rata de leur 1er investissement.
– Paul Mikesell, un des deux fondateurs, n’est mentionné nulle part si bien que je n’ai aucune donnée sur sa situation. Dommage…
Enfin, Isilon n’est pas issue de la Silicon Valley, mais de Seattle. Je rapproche ce fait d’un post récent de Bill Curley, intitulé Silicon Valley IPO’s anxiety. Bien que la Silicon Valley reste un « berceau d’innovation » pour ne pas dire le point central de l’innovation, son ratio d’IPO y est plus faible que dans le reste des Etats Unis. Curley apporte quelques explications.
Ce qui est amusant, c’est que la semaine dernière, alors que je déjeunais avec un entrepreneur suisse qui cherchait des contacts dans la Silicon Valley, j’ai découvert que dans mon réseau LinkedIn, un de mes anciens contacts chez eBay était passé chez Facebook, un de mes anciens contacts chez Microsoft était passé chez LinkedIn, donc au niveau micro comme macro, il semble se passer quelque chose.
Vous savez que Google comme start-up à analyser est un de mes dadas. Je regarde régulièrement sa courbe de croissance. La voici mise à jour. Il est encore trop tôt pour dire si Google passe dans la partie ralentie de la courbe en S toutefois.
Quant à Facebook? Les chiffres sont des rumeurs et donc à traiter avec prudence.
J’avais noté dans le passé qu’il y avait un lien direct enrte nombre d’employés et revenus, de l’ordre de $1M par employé. Facebook semble un peu moins efficace.
La Silicon Valley a toujours été une guerre pour les talents. Dans les années 90, c’est l’électronique qui a souffert face à l’Internet Internet (souvenez vous que Yang et Filo, les fondateurs de Yahoo! étudiaient dans le domaine de la conception circuits ou EDA) puis Google a été l’endroit qui kidnappait les talents au début des années 2000, aujourd’hui c’est le réseau social qui a le vent en poupe. Je ne m’inquiéterais pas trop pour Google pour autant. Pas encore!
Comme le disait Richard Newton dans EDA Cafe : « La Silicon Valley et la région de la Baie sont des berceaux d’innovation. » et d’ajouter en citant un de ses confrères : « La région de la Baie est l’Entreprise… [Quand les gens changent de travail dans la région,] ils ne font que changer de département au sein de cette entreprise qu’est la Région de la Baie. »