Archives de catégorie : A lire ou à voir

L’Université de Stanford, le lieu où l’optimisme se mèle à l’empathie

Les gens qui me connaissent pourraient bien être fatigués de mon enthousiasme à propos de l’Université de Stanford. Mes enfants se moquent de moi, et même certains de mes anciens professeurs! Pourtant, souvent, quand j’entends quelque chose à propos de Stanford, cela me rappelle le bon vieux temps. Mais pas seulement. Stanford regarde la plupart du temps vers l’avenir! Je lisais hier soir, le Stanford Magazine et ai été attiré par deux articles qui illustrent ma nostalgie (et d’une certaine manière, l’EPFL a des caractéristiques similaires aujourd’hui):

– Stanford et la Silicon Valley ne sont pas connues pour leur intérêt pour l’art. Cependant, l’université va ouvrir une nouvelle galerie d’art (près des sculptures de Rodin) sur son campus, montrant une importante collection d’art moderne privé de la famille Anderson. Plus sur la collection d’une vie.

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le nouveau bâtiment de la Anderson Collection sur le campus de l’université de Stanford

– L’éditorial de son Président dit également des choses très vraies, comme « on me demande souvent ce qui distingue Stanford des autres universités. L’esprit d’entreprise de l’université est certainement une caractéristique distinctive. Mais il est un autre élément essentiel: le désir de rendre le monde meilleur pour les autres. » Encore une fois, on peut en rire, mais je vous invite vraiment à lire « Optimism Meets Empathy » de John Hennessy.

John Hennessy
John Hennessy

J’en ai fait une rapide traduction:

On me demande souvent ce qui distingue Stanford des autres universités. L’esprit d’entreprise de l’université est certainement une caractéristique distinctive. Mais il est un autre élément essentiel: le désir de rendre le monde meilleur pour les autres.

Dans un discours très émouvant lors du « Commencement » (remise des diplômes) cette année, les philanthropes Bill et Melinda Gates ont défini l’esprit de Stanford de cette façon: « c’est l’optimisme Il y a un sentiment contagieux ici que l’innovation peut résoudre presque tous les problèmes….. » Mais d’ajouter: «Si nous avons l’optimisme, mais pas l’empathie alors il n’est pas d’important de maîtriser les secrets de la science, nous ne pouvons pas vraiment résoudre les problèmes, nous sommes en train de travailler sur des devinettes.  » Ce fut l’un des plus beaux discours de Commencement que j’ai entendu -pragmatiques et plein d’espoir, émouvant et détaillé, je vous encourage à le lire ou l’écouter en ligne. [N’oubliez pas celui de Jobs en 2005 ! – HL]

Les Gates partagent l’optimisme de Stanford, et, à travers leur fondation, ils travaillent à améliorer la santé dans les régions les plus pauvres du monde. Par exemple, Bill a dit avoir été profondément affecté en Afrique du Sud par les patients atteints de tuberculose multi-résistante. «Cette année, nous entrons dans la troisième phase d’un nouveau régime antituberculeux. Pour les patients qui répondent, au lieu d’un taux de guérison de 50 pour cent après 18 mois pour $2000, nous pourrions obtenir un taux de guérison de 80 à 90 pour cent après six mois pour les moins de $100. » Melinda a parlé du chagrin de voir des femmes qui meurent du sida, souvent sans traitement. A la fin de leur discours, je me suis dit que notre monde a la chance d’avoir ces deux personnes incroyables tout investis à l’idée que «chaque vie a la même valeur. »

Le désir de «promouvoir le bien-être public» est un principe fondamental à Stanford et une pierre angulaire de l’esprit de Stanford. Comme je le disais au commencement, cette année marque le 50e anniversaire de la mort d’un ancien élève qui a illustré cet esprit. Herbert Clark Hoover – ingénieur, entrepreneur, humanitaire et le 31e président des États-Unis – était un membre de la Pioneer Class de Stanford. Orphelin à l’âge de 9 ans, Hoover vivait avec son oncle dans l’Oregon où il a entendu parler d’une nouvelle université qui enseignait l’ingénierie et était, à l’époque, sans frais de scolarité. À Stanford, il a rencontré Lou Henry, notre première diplômée en géologie (1898) et la future épouse de Hoover.

Après leurs études, le couple a beaucoup voyagé pour la carrière de Hoover. Lorsque la Première Guerre mondiale a commencé, ils étaient à Londres. Avec beaucoup d’Américains bloqués en Europe, Hoover a commencé à mettre son expertise au service de problèmes humanitaires, afin d’aider plus de 120’000 personnes à retrouver leur foyer. Peu de temps après, il s’est attaqué à l’aide alimentaire belge. Avec une grande partie de la Belgique détruite et occupée par les armées des deux côtés, beaucoup ont considéré la logistique des denrées alimentaires comme un problème insoluble. Mais Hoover a convaincu les deux parties de laisser le Comité de secours de la Belgique de faire son travail, et il a dirigé l’effort de trouver plus de 1 milliard de dollars pour nourrir 11 millions de personnes.

Après la guerre, il a poursuivi ses efforts, dirigeant l’American Relief Administration pour nourrir 300 millions de personnes dans 21 pays. Quand certains se sont opposés à fournir des secours pendant la famine russe de 1921, il n’admit pas l’argument: «Vingt millions de personnes souffrent de la faim; quelle que soit leur politique, ils doivent être nourris. » Cela est resté l’un des plus grands efforts de secours alimentaire de tous les temps.

Hoover est connu mondialement comme le « grand humanitaire », un homme qui pouvait résoudre les problèmes mondiaux. Bien que l’effondrement du marché boursier et la dépression qui suivit peu de temps après son élection comme président des États-Unis a changé la façon dont on se souvient de lui, ses nombreux efforts humanitaires, pour lesquels il n’a jamais reçu un seul centime en compensation, furent probablement ses plus beaux cadeaux au monde.

L’engagement pour un monde meilleur et l’optimisme pour trouver des solutions, même pour des problèmes très difficiles, ont motivé Herbert Hoover il y a des décennies, tout comme ils motivent Bill et Melinda Gates. J’espère que même esprit inspire nos diplômés à contribuer un monde meilleur.

Bruxelles et le street art de Space Invader

Deux articles ce soir sur mon blog. Un sérieux à venir sur la critique de l’innovation de rupture et un tout aussi important sur le street art. Hier il y avait à Bruxelles un magnifique meeting d’athlétisme où deux sauteurs en hauteur se sont envolés de plus en plus haut, jusqu’à tenter en vain le record du monde à …2,46m. C’était magnifique à voir. C’était l’occasion rêvée pour montrer le travail d’Invader à Bruxelles en mars 2012.

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Voici le fichier pdf: Space Invader à Bruxelles. Il n’a évidemment pas manqué de rendre hommage au symbole de la ville!

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Encore de l’art urbain: Space Invader à Grenoble

L’art urbain – le Street Art – est une étrange combinaison de références à l’art bien sûr, mais aussi à la sociologie, à la politique et à l’économie. C’est peut-être la raison pour laquelle je me suis intéressé au phénomène et à en parler ici, dans un blog lié aux start-up qui sont également une combinaison étrange de création, de politique sociale et d’économie. Les deux reconsidèrent le monde établi, les institutions. Le Street Art interfère avec la propriété privée et envahit des lieux, qu’il n’est pas autorisé à toucher en théorie. Le Street Art revisite le consumérisme et le capitalisme d’une manière très intéressante. Et finalement, il est devenu une partie du consumérisme, du capitalisme et le monde de l’art établi. Dans un sens, c’est exactement la même chose avec les start-up. Celles qui réussissent deviennent une partie de l’économie en place. En outre, les deux ont été initiés sans un objectif clair. L’ordinateur, l’Internet étaient presque aussi « inutiles » que l’art urbain dans leurs premières années. Dans l’image suivante, estil simple de séparer ce qui est du domaine de la publicité et de l’art?

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Peu importe. Je continue mes visites virtuelles et réelles des artistes de rue avec Space Invader à Grenoble en 1999. Comme vous pouvez l’imaginer, il ne reste pas grand-chose, mais il y a encore beaucoup d’images en ligne! Ci-joint ma compilation au format pdf de l’Invasion de Grenoble par Space Invader.

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PS: vous pouvez trouver mes compilations de Banksy à New York, les belles mosaïques-miroir de Pully et les invasions de Lausanne, Genève, Berne, Bâle, et Tokyo avec le tag Art Urbain.

Space Invader à Tokyo

L’été n’est pas la saison des start-up, les nouvelles sont plutôt maigres, à l’exception peut-être de l’IPO de GoPro. J’utilise aussi ce blog pour parler de temps en temps d’art urbain et en particulier de Space Invader. J’ai aussi découvert qu’un moyen indirect de découvrir une ville, physiquement ou virtuellement, est de partir à la recherche de ces œuvres éphémères.

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La Japon ayant toujours été pour moi lieu d’attraction, je me suis intéressé à ce que l’Artiste y avait accompli. On trouve des dizaines de photographies en ligne, quelques cartes, J’ai donc fait mon propre travail de synthèse au format pdf (en grande partie grâce au travail de Toruteam). [D’autres exemples de fans de SI à Tokyo incluent Nalice_Malice ou True2death.]

Voici une version récente (mai 2015) de mon pdf avec plus d’information…

Il me reste à faire la découverte réelle… Dernier sujet, Invader vient de lancer son application pour smart phone, Flash Invaders. C’est peut-être ce léger argument qui me fera changer de device!

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Si vous voulez être un entrepreneur high-tech, ne lisez pas cela. Ou bien?

Est-ce une période étrange ou suis-je de plus en plus vieux? Le fait est que mes récentes lectures sur l’esprit d’entreprise high-tech ou la Silicon Valley n’ont pas été optimistes ni positives. Je pense à:
The Hard Thing About Hard Things – Ben Horowitz
– Pour sauver le monde, cliquez ici de Morozov (qui est si négatif que je n’ai pas encore écrit d’article!)
– Le Silicon Valley de HBO – agréable et drôle mais un peu déprimant.

D’une certaine manière, il y a toujours eu des créations qui ne sont pas vraiment optimistes, mais il y avait toujours des éléments positif. Je pense
The First $20 Million Is Always The Hardest de Po Bronson,
I’M Feeling Lucky – Falling On My Feet in Silicon Valley de Douglas Edwards,
L’Homme qui ne croyait pas au hasard de Peter Harboe Schmidt,
– et la nouvelle très drôle The Anorexic Startup de Mike Frankel.

NoExit

Je viens de lire No Exit, Struggling to Survive a Modern Gold Rush de Gideon Lewis-Kraus (merci David!). La passion, l’excitation ont disparu. Les entrepreneurs sont assez honnêtes pour montrer qu’ils sont épuisés. Et la ruée vers l’or de nouveau fait plus de victimes que de gagnants.

J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une fiction, mais l’auteur est un journaliste de Wired. C’est pourquoi ma première réaction a été que ce n’est pas un bon travail, je ne pouvais pas voir le style, le rythme. Après avoir compris que c’était pas de la fiction, j’étais moins négatif mais je pense que ce n’est pas le meilleur document que j’ai lu, sur le sujet, et de loin. Mais voici quelques citations / leçons intéressantes que je traduis:

« La vallée a élaboré avec succès le fantasme que l’entrepreneuriat – et, plus largement, la créativité – peut être systématisée; ce sont les promesses de base des accélérateurs que le succès pour les start-up peut être non seulement enseigné mais rationalisé, et même prévisible (YCombinator et al.) ». (31/847 – référence Kindle) et plus loin « le livre le plus acheté de la Silicon Valley, Le Lean Startup de Eric Ries, est un pamphlet spiritul qui exhorte les gagnants à avoir faim, à aller vite, à être agile, sans état d’âme. Presque tous les fondateurs de la Silicon Valley ont lu les 30 premières pages de ce livre. » (618/847) Si vous ne connaissez pas le livre, il y est en effet question de dépenser peu et de pivot rapide et je suis d’accord, il y a quelque chose de faux dans tous ces fantasmes. En effet, même Steve Blank est maintenant d’accord. Vérifiez sa déclaration sur l’apprentissage de l’entrepreneuriat.

Pire encore, «[…] la crise des séries A. En partie en raison des accélérateurs comme Y Combinator, ainsi que de l’excédent de capital autour de la vallée après les dernières introductions en bourse, il n’a jamais été plus facile de lever une petite somme d’argent, disons 1 million de dollars. Et il n’a jamais été plus facile de construire une entreprise en particulier un produit web ou mobile avec cette petite somme d’argent, en partie grâce à la prolifération des outils de développement faciles à utiliser et peu onéreux et les plates-formes de cloud comme Amazon Web Services. Mais la quantité de « vrai » financement de capital-risque (c.-à-dire les séries A) n’a pas suivi le rythme. Les institutions qui signent les gros chèques, celles qui pourraient appuyer et soutenir la croissance réelle, peuvent considérer les centaines d’entreprises qui ont utilisé un petit chèque puis mettre leur vrai argent sur les propositions qui promettent le meilleur rendement avec le moins de risques » (41/847) et « le problème en 1999 était que, pour recevoir 5 millions de dollars, vous n’aviez pas besoin de beaucoup. Vous aviez besoin d’un ou deux diplômés de Stanford, une idée pour un prototype, et une personnalité enthousiaste à qui donner cet argent. Il est difficile d’obtenir 5 millions de dollars aujourd’hui en partie parce qu’il est si facile d’obtenir $500’000, surtout si vous sortez d’un accélérateur. Une façon de voir les choses est que les 5 millions de dollars qui étaient allé à une entreprise de 10 personnes en 1999 vont maintenant dans 10 entreprises de deux personnes. Vous avez baissé la barre d’un facteur 10 » (753).

Et les conséquences sont légèrement différentes … « La vallée est le lieu où l’incroyable succès de très peu de personnes a capté des jeunes gens en échange de leur temps, leur énergie et, aussi, leur jeunesse » (60). « Vous savez que les chances de succès de toute entreprise donnée sont faibles, et c’est pourquoi vous faites beaucoup de paris. Dans la première bulle Internet, le risque a été largement porté par les investisseurs. Maintenant que les bailleurs de fonds ont une emprise sur le marché et que les connaissances en ingénierie spécialisée est devenue une marchandise courante, le risque a été reporté sur la jeunesse » (760). « Le pire, c’est que ces gars obtiennent finalement un autre financement et soient coincés à continuer une année de plus. Jusqu’à présent, ils n’en ont perdu qu’une » (778).

Ses commentaires ont corrects, mais n’est-ce pas vrai de n’importe quel pari que vous faites dans la vie, devenir un artiste, un scientifique. Vous pouvez choisir une vie plus sûre bien sûr. Lewis-Kraus est pessimiste, il voit les gens qui ne gagnent pas. Et cela existe partout où les gens essaient. J’ai des vues plus optimistes. Même si je sais que c’est une expérience difficile … je préfère ce que dit Latour de son expérience avec Everpix: « J’ai plus de respect pour quelqu’un qui commence un restaurant et y met ses économies d’une vie que ce que j’ai fait. Nous sommes toujours heureux. Nous sommes dans un environnement qui a un assez bon filet de sécurité, dans la Silicon Valley ».

Une dernière citation, que j’ai bien aimée (lié à mon précédent post sur l’âge – en anglais seulement): « Il y a eu beaucoup d’articles récemment sur le fossé de l’âge dans la Silicon Valley, et même les articles les plus réfléchis – tels que que ceux du New York Times Magazine et de The New Republic – ont tendance à manquer l’évidence: les personnes plus âgées ne travaillent généralement pas dans les start-up, car elles ont des familles et ne peuvent plus supporter la situation de crise permanente. C’est exactement la même raison pour laquelle les gens dans la cinquantaine ont tendance à ne pas être freelance pour des magazines ou bassistes dans des clubs underground. Comme un investisseur me l’a dit: Quand je vois une personne de 40 ans dans une réunion pour un tour de série A, je le prends à part, lui mets ma main sur son épaule, et lui dis d’aller se trouver un emploi » (706).

PS: c’est toujours un défi pour moi de lire un e-book d’autant plus avec ces références qui ne sont pas des numéros de pages. Alors j’ai triché, créé un pdf et imprimé le document pour prendre des notes et ensuite faire des copier/coller dans le pdf …

Silicon Valley par HBO: suite et fin. Ou bien?

HBO a programmé son dernier épisode (le huitième) de Silicon Valley. Apparemment, il était assez réussi pour que la chaîne décide d’une deuxième saison. J’ai ri à nouveau même si je ne prétends pas que la série soit géniale. Aussi extrêmes que soient les anecdotes de la série, elles sont finalement assez réalistes.

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L’équipe semble d’abord extatique mais après la présentation de son concurrent, beaucoup moins… « Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi. Nous avons un super nom, nous avons une super équipe, nous avons un super logo et nous avons… un super nom. Maintenant nous avons juste besoin d’une super idée. Pivotons, nous devons pivoter. »
Est-ce suffisant ? Pas sûr quand vous écoutez ce qui se passe ensuite:
« Regardez-les, tous pleins d’espoir. Ils viennent tout juste de lever 20 millions de dollars en série A à une valorisation de 280 millions. » Il pourrait être temps de se joindre à eux…
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… sauf si le brainstorming n’arrive pas trop tard. Je ne vais pas vous dire comment les nouvelles idées sont venues, mais c’était « geeky, nerdy »…
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… et apparemment efficace. Tout le monde semble heureux. Et c’est l’Amérique. En fait, voici une des premières images montrant la Bay Area. Rien d’autre n’a vraiment prouvé que la série a été tournée là-bas.
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En guise de conclusion à la série, une nouvelle triste que j’ai apprise à travers une vidéo que j’ai postée dans un article précédent …
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PS: en plus de mes articles posts about the series (mot clé: HBO), vous pourtriez être intéressé par:
– les pages web de HBO: Silicon Valley
– le lien Wikipedia: Silicon Valley (série télévisée)

Mots clés : Film, Silicon Valley

The Hard Thing About Hard Things – Ben Horowitz: pas de recette sauf du courage

J’ai commencé mon blog précédent sur ​​The Hard Thing About Hard Things de Ben Horowitz en citant la première page. Je vais commencer ici avec sa dernière page:

« Les choses difficiles sont difficiles car il n’y a pas de réponses ou de recettes faciles. Elles sont difficiles parce que vos émotions sont en contradiction avec la logique. Elles sont difficiles parce que vous ne connaissez pas les réponses et vous ne pouvez pas demander de l’aide sans montrer vos faiblesses. Lorsque je suis devenu PDG , j’ai vraiment pensé que j’étais le seul en difficulté. Chaque fois que je parlais à d’autres chefs d’entreprise, ils semblaient tous avoir tout sous contrôle. Leurs entreprises allaient toujours « fantastiquement » bien et leur expérience était forcément «formidable». Mais comme j’ai vu ces entreprises fantastiques, formidables de mes collègues faire faillite l’une après l’autre et vendues pour pas cher, j’ai réalisé que je n’étais probablement pas le seul en difficulté ». […] « Acceptez votre étrangeté, votre passé, votre instinct. Si les clés s’y trouvent pas, c’est qu’elles n’existent pas ». [Page 275]

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Encore une fois le livre n’est pas une lecture facile. Il donne plus de conseils sur les processus que sur toute autre chose, et vous risquez de ne pas profiter de ce livre, si vous n’avez pas besoin de l’appliquer maintenant. Si vous n’êtes pas un entrepreneur ambitieux qui a besoin d’accélérer son entreprise, la lecture du livre peut ne pas être utile. Pourtant c’est un excellent livre. EN voici quelques illustrations:

« Déterminer le bon produit est le travail de l’innovateur, pas le travail du client. La cliente ne sait ce qu’elle pense qu’elle veut qu’en fonction de son expérience avec le produit actuel. L’innovateur peut prendre en compte tout ce qui est possible, mais doit souvent aller à l’encontre de ce qu’elle sait être vrai. En conséquence, l’innovation nécessite une combinaison de connaissances, de compétences et de courage. Parfois, seul le fondateur a le courage d’ignorer les données. » [Page 50]

Curieusement, Horowitz cite Thiel. (D’ailleurs, les soutiens du livre de Horowitz sur la 4ème de couverture sont Page, Zuckerberg, Costolo et Thiel…) « Je ne crois pas aux statistiques, je crois au calcul ». Et ses conseils « quand tout s’écroule » sont
– Ne mettez pas tout sur vos épaules.
– Ce n’est pas un jeu de dame, c’est un putain de jeu d’échecs.
– Jouer assez longtemps et vous pourriez avoir de la chance.
– Ne le prenez pas personnellement.
– Rappelez-vous que c’est ce qui sépare les femmes des filles.
Je résume ses conseils des pages 64 à 93 ainsi: quand tout s’écroule, faites face à la vérité et dites la vérité. Dites la vérité à vos employés, dites la vérité à vos futurs ex-collègues, dites la vérité à vos amis et surtout dites la vérité à vous-même.

Je comprends maintenant pourquoi Andreessen Horowitz est considérée comme une entreprise qui a mis en place des tonnes de processus. Horowitz décrit de nombreuses tâches auxquelle les fondateurs devraient apporter la plus grande attention. Prendre soin des personnes, d’abord. Il décrit également comment vous pouvez faire des erreurs en essayant de faire bien. Juste un exemple: « notre hockey stick [la forme du graphique du chiffre d’affaires sur le trimestre] était si mauvais que nous avions enregistré de 90% de nos nouvelles commandes le dernier jour du trimestre. […] J’ai conçu une incitation pour les décaler vers les deux premiers mois. […] En conséquence, le prochain trimestre fut plus linéaire et légèrement plus petit … les commandes furent décalées du troisième mois aux deux premiers mois du trimestre suivant. »

D’autres exemples intéressants concernent le sujet des gens intelligents qui sont de mauvais employés – « Parfois, vous aurez un joueur qui est tellement bon que vous le bus l’attendra, mais lui seulement » – et le sujet de l’intégration de personnes d’expérience – « Lorsque le chef de l’ingénierie est promu de l’intérieur, elle réussit souvent. Lorsque le chef des ventes est promu de l’intérieur, elle ne réussit presque jamais ». [Page 172] Horowitz explique aussi qu’il n’y a pas une règle, cela dépend de l’entreprise. Andreessen est en faveur de donner facilement des titres, Zuckerberg a des vues opposées.

« Peut-être la chose la plus importante que j’ai apprise en tant qu’entrepreneur était de me concentrer sur ce que je devais faire et cesser de m’inquiéter de toutes les choses que j’avais mal faites ou qui pourraient aller mal. » [Page 200] Se concentrer à nouveau sur ses forces, pas les faiblesses.

Des Uns et des Deux

Horowitz cite « De la Performance à l’excellence » de Jim Collins. « Les candidats internes surpassent considérablement les candidats externes. » Et puis il ajoute que « Collins n’explique pas pourquoi les candidats internes parfois ne réussissent pas. » Il y a « deux compétences de base pour la bonne gestion d’une organisation : premièrement, savoir quoi faire ; deuxièmement, amener l’entreprise à faire ce que vous voulez. Alors qu’être un grand chef de la direction exige ces deux compétences, la plupart d’entre eux ont tendance à être plus à l’aise avec l’une ou l’autre. J’appelle les gestionnaires plus heureux à définir la direction de l’entreprise des Uns et ceux qui ont plus de plaisir à faire réussir l’entreprise au plus haut niveau des Deux. » Quand ils ne sont pas compétents dans les deux domaines, « les Uns finissent dans le chaos et Deux ne parviennent pas à pivoter si nécessaire. » [Pages 214, 216]

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Horowitz montre qu’un PDG doit avoir de la vision comme Steve Jobs, de la compétence pour mettre en œuvre comme Andy Grove, et de l’ambition comme Bill Campbell. L’une des références favorites d’Horowitz est en effet le « High Output Management » de Andy Grove et même s’il montre tout le respect qu’il a pour Jobs et Campbell, la systématisation des processus restent un des ses sujets favoris, donc Grove également.

Temps de paix / temps de guerre

Horowitz croit aussi fermement que « la vie est un combat » (citant Karl Marx) et que les dirigeants doivent être prêts à être à la fois PDG en temps de paix (quand une entreprise a un grand avantage sur la concurrence dans un marché en pleine croissance – Eric Schmid chez Google jusqu’à ce que Page prenne les rênes) et PDG en temps de guerre (quand les entreprises sont confrontées à des menaces existentielles – le Grove d’Intel quand ils sont passés des mémoires à microprocesseurs ou le Jobs d’Apple quand il est revenu) .

« Soyez conscient que les livres de gestion ont tendance à être écrits par des consultants qui étudient les entreprises qui réussissent en temps de paix. En conséquence, les livres décrivent les méthodes de PDG en temps de paix. En fait, en dehors des livres écrits par Andy Grove, je ne connais aucun livre de gestion qui apprenne à gérer en temps de guerre comme Steve Jobs ou Andy Grove ». [Page 228]

Horowitz déteste l’idée que les fondateurs doivent être remplacés, que les entreprises doivent avoir des PDG professionnels qui savent passer à l’échelle ou qui « devraient être le vendeur numéro un de la start-up. » Les PDG définissent la stratégie (« Le storytelling et la stratégie sont la même chose. ») et prennent les décisions (« avec rapidité et qualité »).

Vous pourrez aussi apprécier les sections comme la « Technique de gestion du Freaky Friday » [Page 252] et « Devez-vous vendre votre entreprise? » [Page 257] mais laissez-moi finir avec certaines de ses dernières remarques : « Premièrement, les fondateurs techniques sont les meilleures personnes pour diriger les entreprises de technologie ». […] « Deuxièmement, il est extrêmement difficile pour les fondateurs techniques d’apprendre à devenir PDG tout en bâtissant leur entreprises. » [Page 268] C’est pourquoi les VCs devraient aider ces fondateurs à devenir des PDG en acquérant les compétences nécessaires ainsi que la construction d’un réseau.

Enfin, si vous vous demandez pourquoi le site web d’Andreessen-Horowitz est www.a16z.com, vous avez juste à compter le nombre de lettres dans le nom entre le a et le z…

Silicon Valley par HBO – épisode 6: des humains et des machines

Vous y découvrirez le génie des humains
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et des machines
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et pourrez alors décider si vous préférez l’autisme des machines
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ou la folie des humains.
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Il est clair que les auteurs du Silicon Valley de HBO n’ont pas une grande fascination pour les uns ni les autres, ce que vous pouvez également vérifier à travers l’interview de TechCrunch à laquelle ils ont participé…