Archives de catégorie : A lire ou à voir

Ode au Désordre

Trop d’organisation nuit à l’innovation.

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Tels sont les titre et sous-titre du brillant article (de fond) de Julien Tarby dans le nouvel économiste publié le 5 juin. Un article proche des mes préoccupations sur l’innovation en Europe. L’article fait la part belle aux problèmes qu’ont les grandes entreprises à innover et l’analyse est passionnante. Mais il relève aussi des points connexes assez édifiants. Par exemple :

1 euro investi dans le venture-capital génèrera 10 fois plus de retombées qu’1 euro versé dans la R&D traditionnelle des entreprises (Source : Samuel Kortum et Josh Lerner)

Selon Pascal Picq, paléoanthropologue développant la théorie de l’évolution des espèces pour les entreprises : les start-up qui s’adaptent pour survivre son darwiniennes. “Malheureusement l’éducation française reste lamarckienne avant tout, considérant que les organisations s’améliorent dans un schéma de développement (administrations, grandes entreprises). C’est le pays des grands projets planifiés (avion, train…) et non des ruptures.” Cette culture de la norme n’admettrait pas la variabilité, ignorerait la phase essai/erreur, pousserait à améliorer les domaines d’excellence, non à créer de nouvelles filières.

Comme l’article est gratuit sur internet sous forme pdf, filez le télécharger !

L’Espagne est passionée par l’Innovation

J’ai eu le plaisir d’être interviewé sur le livre Start-Up par Doris Obermair. Le texte est disponible en Espagnol et en Anglais dans le magazine If… La Revista de Innovation : Más pasión y sueños, menos infraestructura y experiencia (version anglaise)

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et la video (anglais) est-elle disponible sur le site Infonomia.

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Cerise sur le gâteau, je participerai le 10 juillet à la conférence Ifest pour parler à nouveau du sujet. La conférence me semble passionnante en raison de la diversité des intervenants.

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Founders at Work

Voici un livre passionnant, si passionnant que je me décide à écrire un post alors que je n’en ai pas achevé la lecture: Jessica Livingston dans Founders at Work a interviewé 32 entrepreneurs. Les leçons sont convaincantes et souvent fascinantes. Sans obtenir son autorisation, j’en copie ici quelques extraits. Le livre est un vrai plaisir même s’il y a quelques fois des longueurs relatives au descriptif spécifique des start-up, mais cela fait dans doute partie des contraintes de l’exercice. A lire absolument !

 

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Paul Buchheit, créateur Gmail à propos de la prise de risque

As I say, for people, it depends on their situation if they can take that risk of joining a startup or moving to a new city if they don’t live in the right place. For me, I was actually single at the time, I didn’t have a mortgage, so the idea of joining a little startup that may well be destroyed was just like, “That will be fun.” Because I kind of thought, “Even if Google doesn’t make it, it will be educational and I’ll learn something.” Honestly, I was pretty sure AltaVista was going to destroy Google.

Mike Ramsay, fondateur de Tivo à propos de la Silicon Valley

I was curious to see what’s the attitude of a typical startup in Scotland compared to here. I found that they are just culturally a whole lot more conservative and cautious. And somewhat lacking in self-confidence. You come over here and . . . I had a meeting recently with a couple of early 20-year-olds who have decided to drop out of Stanford because they got bored, and they are trying to raise money to fund their startup. They believe they can do it, and nothing’s going to hold them back. They have confidence, they have that spirit, which I think is great and is probably unique to this part of the world. Being part of that for so long, for me, has been very invigorating.

Joshua Schachter, fondateur de del.icio.us à propos de l’exécution

But the guy who says, “I have a great idea and I’m looking for other people to implement it,” I’m wary of—frequently because I think the process of idea-making relies on executing and failing or succeeding at the ideas, so that you can actually become better at coming up with ideas.

…et à propos des VCs

In general, I found VCs to be significantly politer than the folks I worked with. The worst they did was not call me back. I’d never hear from them again. Brad Feld does a nice blog talking about how the VC process works. He says they never call you back to say no—they don’t want to close the door in case they want to open it again, but they don’t want to actually give you a response. Very few VCs actually said, “Sorry, we’re not interested.”

Craig Newmark, fondateur de craiglist sur la définition d’une start-up

“in the conventional sense, we were never a startup. In the conventional sense, a startup is a company, maybe with great ideas, that becomes a serious corporation. It usually takes serious investment, has a strategy, and they want to make a lot of money.”

PS : Juin 2024. J’ai publié un article sur les fondateurs et je me suis souvenu des notes que j’utilisais avec mes élèves à l’époque. les voici 16 ans plus tard…

Founders at Work - May08

L’ADN de l’Innovation

John HennessyIls sont peu nombreux à pouvoir parler d’innovation aussi bien que John Hennessy. Président de l’université de Stanford, fondateur de start-ups telles que MIPS ou Atheros, membre du conseil d’administration de Cisco et de Google, il est aussi un spécialiste d’informatique de classe mondiale.

Dans une tribune récente du Stanford Magazine, « the DNA of Innovation », il cite les trois ingrédients centraux à un esprit d’innovation :

les individus, à travers la diversité des talents et des approches,

un environnement favorable à la prise de risque et à la créativité

des institutions facilitant le transfert des connaissances et idées là où elles pourront être implémentées

Le texte est bref et mérite l’attention. Il est aussi disponible en pdf (scanné).

Stanford et Start-Up

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Quelle fierté que d’être interviewé par son Alma Mater. La School of Engineering de Stanford m’a demandé pourquoi j’ai écrit Start-Up et pour qui. Vous en trouverez les éléments sur le site de la Stanford SOE. J’essaie d’y expliquer que le livre n’est pas consacré (seulement) à cette infrastructure qui a échoué en Europe, mais (surtout) à cette nécessité d’encourager nos jeunes gens à prendre plus de risques. Un débat sur la nature et la culture que je développe longuement dans le livre.

Nurturing Science-based Ventures

Nurturing Science-based Ventures – An International Case Perspective par Seifert, Ralf W., Leleux, Benoît F., Tucci, Christopher L.

 

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Un nouveau livre sur les start-up vient d’être publié récemment (en anglais) and il est centré sur des projets suisses (incluant l’EPFL). Les auteurs ont en effet une connaissance approfondie de la région puisqu’ils sont professeurs à l’IMD ou à l’EPFL. Ce qui est très intéressant avec ce livre, c’est qu’il ne décrit pas que des success stories, mais aussi des échecs ou des sociétés peu connues. Les échecs sont souvent de meilleures leçons que les succès. Vous ne savez pas toujours pourquoi vous réussissez et un échec peut-être plus aisé à analyser qu’un succès. Les auteurs ont construit leur livre comme un processus, en commençant par l’analyse de l’opportunité (chapitre 1), suivie de la rédaction du business plan (chapitre 2), le financement de la société (chapitre 3), sa croissance (chapitre 4) pour arriver à la concrétisation de la création de valeur (chapitre 5). Le dernier chapitre est consacré à l’esprit d’entreprise dans les sociétés établies (« intrapreneuriat »). Je ne l’ai pas encore lu (il a plus de 700 pages !) mais les nombreuses études de cas (plus de 20) semblent riches et détaillées. Ce n’est peut-être pas le premier livre sur le sujet, mais certainement un des premiers consacrés aux start-up européennes.

 

L’Europe manque d’entrepreneurs audacieux, pas de moyens

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Merci à « Innovation – Le Journal » qui publie une interview ce matin, relative à « start-up ». Vous en trouverez le contenu sur « L’Europe manque d’entrepreneurs audacieux, pas de moyens. »

La difficile éclosion des start-up en Europe est généralement reliée à l’insuffisance du financement des projets innovants et au manque de business angels. Un point de vue que ne partage pas tout à fait Hervé Lebret…

Prendre des Risques

Le site Stanford Venture Technology Program est une des meilleures sources d’informations que je connaisse sur les start-up. Dans une récente newsletter, est mentionnée une vidéo deVinod Khosla (co-fondateur de Sun Microsystems et ancien capital-risqueur chez Kleiner Perkins). STVP résume son point de vue ainsi:

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« Launching a start-up is not a rational act. And Vinod Khosla, a partner in Kleiner, Perkins, Caufield & Byers and former Sun Microsystems CEO, believes that success only comes from those who are foolish enough to think unreasonably. Entrepreneurs need to stretch themselves beyond convention and constraint to reach something extraordinary. »

A propos de Peter Druker

Très éloigné de mon précédent post sur Perkins, le livre de Peter Drucker Innovation and Entrepreneurship aura été une lecture paradoxale. Les premiers chapitres me furent pénibles même s’ils sont brillants. J’y ai compris que l’innovation est un processus qui sera mené à bien s’il il est planifié et géré avec soin . Heureusement le chapitre 9 a complètement transformé mon malaise lorsque l’auteur s’attaque aux innovations basées sur la connaissance, qui englobent science et technologie. Je vais résumer (en anglais) ma compréhension de ce chapitre:

1- the characteristics of knowledge-based innovation:

a. the time span between the emergence of the technology and its application is long, 20 to 30 years,

b. it is a convergence of several knowledge and until all the needed ones are available, this innovation can not succeed,

2- the requirements:

a. a careful analysis of the required factors, i.e. the available knowledge and the missing ones,

b. a clear focus on the strategic position, i.e. you have to be right the first time or others will take your place,

c. learn and practice entrepreneurial management, because most tech. innovators lack management skills ,

3- the risks:

a. first, even after a careful analysis, knowledge-based innovation remain unpredictable and turbulent (see also Moore’s books about the chasm and the tornado), and this is linked to its characteristics above; this has two important implication:

i. time plays against innovators,

ii. survival rate is low,

b. there is a limited window where new ventures start, and when it closes, there is a general shakeout, where few survive; who survives is also unpredictable. The only chance of surviving is to have a strong management and resources,… and luck;

c. there is also a receptivity gamble. Even market research does not work with these innovations and the reason why an innovation is accepted or not is also unpredictable.

I have to admit this confirms an intuition I had since my VC years: you have to make a bet and then work hard. But there is no way, you can really plan the success of knowledge-based innovations.

The end of the book is quite good, in particular its conclusion: “The first priority in talking about public policies is to define what will not work: Planning is actually incompatible with an entrepreneurial society and economy. Innovation has to be decentralized, ad hoc, autonomous, specific. It had better start small, tentative, flexible. […] It is popular today [1983!], especially in Europe, to believe that a country can have “high-tech entrepreneurship” by itself. But it is a delusion. In fact a policy which promotes high-tech and high-tech alone will not even produce high tech. All it can come with is another expensive flop, another Concorde. […] The French are right, economic and political strength requires high tech but there must be an economy full of innovators with vision and entrepreneurial values, with access to venture capital, and full of economic vigour. »