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L’indice Tesla, la nouvelle mesure de l’innovation

Cela ne fait aucun doute, et comme l’été commence en douceur, je me permets un article un peu moins sérieux que d’habitude, qui reprend la thèse de mon précédent article, Le phénomène Porsche et les spin-offs universitaires! Ou le phénomène Tesla?

L’innovation est un sujet complexe mais cela n’empêche pas le désir de la mesurer. Le Global Innovation Index avec ses 83 paramètres en est la meilleure illustration. Mais ne peut-on pas faire plus simple? Je propose le simplissime Tesla Index qui mesure le nombre de Tesla liées à l’institution dont on veut mesurer l’innovation. Il montre en effet un certain succès financier allié à une curiosité pour la nouveauté. On pourra toujours le ramener à la taille de l’entité si nécessaire…

A l’EPFL, l’indice Tesla selon mes mesures est de 4 à la date du 26 juin 2017…


Une Tesla à la recharge sur le campus de l’EPFL le 26 juin 2017…


le 15 juin 2017


le 13 juin 2017


le 10 mai 2017


puis l’indice passe à 5, le 4 juillet 2017


L’indice passe à 7, le 14 juillet 2017 (je ne suis pas sûr que la Tesla rouge n’est pas celle que j’ai trouvée précédemment). Merci Aurélien!

Elon Musk et la recette secrète de l’entrepreneuriat (selon Tim Urban)

Un de mes étudiants (merci !) vient de m’envoyer un lien vers des articles étonnants sur Elon Musk. Je n’avais jamais entendu parler de l’auteur, Tim Urban, ni de son blog Wait But Why mais je vais certainement suivre son travail à partir d’aujourd’hui.

Tim Urban a écrit quatre articles sur « l’entrepreneur vivant le plus remarquable. » Ils sont écrits en angals et sont intitulés
Partie 1: Elon Musk: l’homme le plus radical du monde – http://waitbutwhy.com/2015/05/elon-musk-the-worlds-raddest-man.html
Partie 2: Comment Tesla va changer le monde – http://waitbutwhy.com/2015/06/how-tesla-will-change-your-life.html
Partie 3: Comment (et pourquoi) SpaceX colonisera Mars – http://waitbutwhy.com/2015/08/how-and-why-spacex-will-colonize-mars.html
Partie 4: Le chef et le cuisinier: la recette secrète de Musk – http://waitbutwhy.com/2015/11/the-cook-and-the-chef-musks-secret-sauce.html
Ces quatre articles représentent des centaines de pages si vous les imprimez. Sans blague! J’ai lu la partie 4 et cela a été un véritable choc (positif). Tim Urban explique les qualités entrepreneuriales de Elon Musk. Je vous en donne simplement quelques extraits:

« Je pense que généralement le processus de pensée des gens est trop attaché aux conventions et aux analogies avec leurs expériences antérieures. Il est rare que les gens essaient de penser à quelque chose sur la base des premiers principes. Ils diront: « Nous faisons cela que parce que cela a toujours été fait de cette façon. » Ou ils ne font pas parce que « Eh bien, personne n’a jamais fait cela, donc cela doit être une mauvaise idée. » Mais c’est juste une façon ridicule de penser. Vous devez construire votre raisonnement de bas en haut – « en utilisant les premiers principes » est la phrase qui est utilisée en physique. Vous regardez les fondamentaux et construisez votre raisonnement en conséquence, et ensuite vous voyez si vous arrivez à une conclusion qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas, et il se peut que cela soit différent ou non de ce que les gens ont fait dans le passé. » […] Musk est un chef impressionnant sans aucun doute, mais ce qui fait de lui une telle personnalité hors du commun, ce n’est pas qu’il est impressionnant – c’est que la plupart d’entre nous ne sommes pas du tout des chefs. […] « Quand j’étais enfant, j’avais vraiment peur du noir. Puis j’ai appris à comprendre que l’obscurité signifie simplement l’absence de photons dans les longueurs d’onde visibles de 400 à 700 nanomètres. Puis je me suis dit que c’était vraiment stupide d’avoir peur d’un manque de photons. Alors je n’ai plus eu peur de l’obscurité après cela. » Voilà tout simplement un chef enfant qui apprécie la réalité d’une situation et décide que sa crainte était mal placée. En tant qu’adulte, Musk a dit ceci: « Parfois, les gens craignent trop la création d’une entreprise. Vraiment, quel est le pire qui puisse arriver? Tu ne vas pas mourir de faim, tu ne vas pas mourir de froid – quel est le pire qui puisse arriver? » Même citation, non? […] Voilà la recette secrète d’Elon Musk. Ce qui explique pourquoi la vraie histoire ici n’est pas celle de Musk. C’est la notre. […] Les gens croient que penser en dehors du cadre et des conventions requiert de l’intelligence et la créativité, mais cela demande surtout de l’indépendance. Lorsque vous ignorez simplement le cadre et de construisez votre raisonnement à partir de zéro, que vous soyez brillant(e) ou non, vous vous retrouvez avec une conclusion unique – qui sortira ou non du cadre.

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Puis Tim Urban cite Steve Jobs et son célèbre discours à Stanford en 2005 (je crois) : « Quand vous grandissez, vous avez tendance à vous dire que le monde est comme il est et votre vie est juste de vivre votre vie à l’intérieur de ce monde. Essayez de ne pas trop cogner contre les murs. Essayez d’avoir une vie de famille agréable, avoir du plaisir, économiser un peu d’argent. Voilà une vie très limitée. La vie peut être beaucoup plus ample une fois que vous découvrez un fait simple. Et le voici: Tout ce que vous appelez la vie autour de vous a été faite par des gens qui n’étaient pas plus intelligents que vous. Et vous pouvez la changer, vous pouvez l’influencer, vous pouvez construire vos propres choses que d’autres personnes peuvent utiliser. Une fois que vous avez compris ceci, vous ne serez jamais la même personne ».

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Et tout cela me rappelle environ un essai que j’ai mentionné dans la conclusion de mon livre, un essai que Wilhelm Reich, le grand psychanalyste, rédigea en 1945 : « Écoute, Petit Homme! » est un magnifique essai, petit par la taille, grand par l’inspiration. « Je vais te dire quelque chose, petit homme : tu as perdu le sens de ce qu’il y a de meilleur en toi. Tu l’as étranglé. Tu l’assassines partout où tu le trouves dans les autres, dans tes enfants, dans ta femme, dans ton mari, dans ton père et dans ta mère. Tu es petit et tu veux rester petit. » Le petit homme, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Le petit homme a peur, il ne rêve que de normalité, il est en nous tous. Le refuge vers l’autorité nous rend aveugle à notre liberté. Rien ne s’obtient sans effort, sans risque, sans échec parfois. « Tu cherches le bonheur, mais tu préfères la sécurité, même au prix de ta colonne vertébrale, même au prix de ta vie. »

Tim Urban a tout à fait raison et vous devez lire son article sur les dogmes et les tribus. Il m’a fait aussi penser à mes récentes lectures de la grande philosophe français Cynthia Fleury et comment nous devons permettre l’équilibre entre les individus et les groupes et pourquoi la démocratie est un joyau fragile des sociétés …

PS: J’ai totalement oublié de mentionner une vidéo qu’une de mes collègues (merci à elle cette fois! 🙂 ) a mentionné il y a quelques jours. Par une de ces belles coïncidences de la vie, elle décrit l’une des raisons pour lesquelles selon Tim Urban certaines personnes sont des «cuisiniers» (des suiveurs ou des innovateurs incrémentaux) et d’autres des «chefs» (des innovateurs disrupteurs). Appréciez !

Elon Musk – le nouveau Steve Jobs – fou ou génie? (Partie 3)

Je viens de terminer la lecture de Elon Musk, et après mes deux posts précédents (partie 1 et partie 2), voici les notes complémentaires.

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Comment fonctionne l’innovation

C’est vraiment un livre fascinant et Elon Musk l’est tout autant. Un personnage vraiment unique et difficile. Et évidemment il est aussi très critiqué et détesté. Une de ces critiques sévères vient de la ​​Technology Review du MIT avec Tech’s Enduring Great-Man Myth par Amanda Schaffer. Vous devriez le lire. J’en extrais seulement deux phrases:
– « Pour le dire autrement, pensons-nous vraiment que si Jobs et Musk n’avaient jamais existé, il n’y aurait pas eu de révolution du smartphone, pas de regain d’intérêt pour les véhicules électriques? » Eh bien, cela est une question cruciale sur la source de l’innovation. La société ou les individus. La question est pertinente pour la science aussi.
– « C’est précisément parce que nous admirons Musk et pensons que ses contributions sont importantes que nous avons besoin de savoir à qui il doit son succès. » C’est une citation de Mariana Mazzucato que j’ai souvent mentionnée ici. Son livre The Entrepreneurial State est à lire absolument. Il y est question du rôle du gouvernement en matière d’innovation. Ma conviction de plus forte avec les années est que le gouvernement rend les choses possibles (science, technologie et invention, innovation), mais sans des individus d’exception – souvent des génies, parfois à la frontière de la folie – je ne crois pas que autant se passerait.

Maintenant, permettez-moi de citer encore Ashley Vance parce que les derniers chapitres du livres sont aussi passionnants que les premiers. Ces citations montrent que, malgré l’importance du gouvernement, il ne suffit pas à expliquer comment fonctionne l’innovation.

Alors que Tesla devenait une star de l’industrie américaine moderne, ses plus proches rivaux disparaissaient les uns après les autres. Fisker Automotive a fait faillite et a été acheté par une société chinoise de pièces d’automobiles en 2014. Un de ses principaux investisseurs était Ray Lane, un capital-risqueur chez Kleiner Perkins Caufield & Byers. Lane a coûté à Kleiner Perkins une chance d’investir dans Tesla et a alors soutenu Fisker – un choix désastreux qui a terni l’image de l’entreprise et la réputation de Lane. Better Place est une autre start-up qui a eu une plus grande aura encore que Fisker et Tesla mis ensemble et qui a recueilli près de un milliard de dollars pour construire des voitures électriques et des stations d’échange de batteries. La société n’a jamais vraiment rien produit et a déclaré sa faillite en 2013.
Les personnes comme Straubel qui avaient été chez Tesla depuis le début sont prompts à rappeler que la possibilité de construire une voiture électrique impressionnante a toujours existé. « Ce n’est pas vraiment comme s’il y avait une ruée vers cette idée, et nous y sommes arrivés en premier, » dit Straubel. « On oublie souvent avec le recul que les gens pensaient que c’était l’idée business la plus merdique de la planète. Les capital-risqueurs fuyaient tous en courant. » Ce qui séparait Tesla de la concurrence était la volonté de foncer vers cette vision sans compromis, avec un engagement complet à exécuter selon les normes de Musk.

[Pages 315-16]

Pendant toute la période de croissance de SolarCity, la Silicon Valley a déversé d’énormes quantités d’argent dans des entreprises de technologie verte avec des résultats souvent désastreux. Il y a eu les bourdes dans l’automobile comme Fisker et Better Place, et Solyndra, le fabricant de cellules solaires que les conservateurs aiment à considérer comme un récit édifiant des gaspillages du gouvernement et de clientélisme. Certains des plus célèbres capitaux-risqueurs dans l’histoire, comme John Doerr et Vinod Khosla, ont été attaqués par la presse locale et nationale pour l’échec de leurs investissements verts. L’histoire était presque toujours la même. Les gens avaient jeté l’argent dans les technologies vertes car cela semblait être la bonne chose à faire et non pas parce qu’il y avait une vraie opportunité. Des nouveaux types de stockage d’énergie aux voitures électriques et aux panneaux solaires, la technologie n’avait jamais été tout à fait à la hauteur du prix payé et demandait toujours trop de financement du gouvernement et d’incitations pour créer un marché viable. Une grande partie de cette critique était juste. Il y a juste qu’il y avait ce personnage, Elon Musk, qui semblait avoir compris quelque chose que tout le monde avait manqué. « Nous avions une règle générale de ne pas investir dans des sociétés de technologie propre pour environ une décennie, » a déclaré Peter Thiel, cofondateur de PayPal et capital-risqueur au Founders Fund. « Sur le plan macro, nous avons eu raison, car les technologies propres comme secteur ont été assez décevantes. Mais au niveau micro, il semble qu’Elon ait les deux sociétés de technologie clean-tech les plus prospères aux États-Unis. Nous préférerions expliquer son succès comme un coup de chance. Il y a toute cette histoire d’Iron Man dans laquelle il est présenté comme un homme d’affaires de dessin animé – cet animal de zoo très rare. Mais aujourd’hui, vous devez plutôt vous demander si son succès n’est pas un acte d’accusation contre le reste d’entre nous qui avons travaillé sur des choses beaucoup plus incrémentales. Dans la mesure où le monde doute encore d’Elon, je pense qu’il est une réflexion sur la folie du monde et non pas sur la folie supposée d’Elon. »
[Pages 320-21]

Tony Fadell à propos de Musk

Tony Fadell, l’ancien dirigeant d’Apple, crédité pour avoir mis l’iPod et l’iPhone sur le marché, a caractérisé le smartphone comme représentant d’un type de super-cycle dans lequel le matériel et les logiciels ont atteint un point critique de maturité. L’électronique est de qualité et peu chère, tandis que le logiciel est plus fiable et sophistiqué. […] Google a ses voitures sans conducteur et a acquis des dizaines d’entreprises de robotique car l’entreprise cherche à fusionner le code et la machine. […] Et une multitude de start-up ont commencé à intégrer dans les dispositifs médicaux du logiciel puissant pour aider les gens à surveiller et analyser leurs organes et diagnostiquer leur condition. […] Zee Aero, une start-up de Mountain View, compte quelques anciens employés de SpaceX et travaille à un nouveau type secret de transport. Une voiture volante enfin ? Peut-être. […] Pour Fadell, l’activité de Musk se trouve au sommet de cette tendance. « Que ce soit Tesla ou SpaceX, vous parlez de combiner le savoir-faire dans la fabrication et la production de l’ancien monde avec la technologie à faible coût des objets de grande consommation. Vous mettez ces choses ensemble, et elles se transforment en quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant. Tout à coup, vous avez un changement radical. C’est comme passer de zéro à un. »
[Pages 351-52] Cela ne vous rappelle pas le Zero to One de Peter Thiel.

Larry Page à propos de Musk

Google a investi plus que toute autre société de technologie dans les projets les plus fous de Musk: les voitures sans conducteur, des robots, et même un prix pour une machine qui ira sur la lune à bas prix. L’entreprise, cependant, fait face à un ensemble de contraintes et d’attentes qui son liées à l’emploi de dizaines de milliers de personnes et l’analyse constante des investisseurs. C’est dans cet esprit que Page se sent parfois un peu jaloux de Musk, qui a réussi à prendre des idées radicales comme base de ses entreprises. « Si vous pensez à la Silicon Valley ou aux chefs d’entreprise en général, ils ne manquent pas habituellement d’argent », dit Page. « Si vous avez tout cet argent, que vous allez sans doute donner et ne pourriez même pas tout dépenser même si vous le vouliez, alors pourquoi consacrez-vous votre temps à une entreprise qui ne fait pas vraiment quelque chose de bon ? Voilà pourquoi je trouve Elon un exemple inspirant. Il a dit: ‘Eh bien, que dois-je faire vraiment dans ce monde ? Résoudre les voitures, le réchauffement climatique, et rendre l’humanité multi-planétaire.’ Je veux dire que ce sont des objectifs assez convaincants, et il a maintenant les entreprises pour le faire. »
[Page 353]

Larry Page sur l’éducation

Ceci est un passage très intéressant [pages 355-56] indépendant de Musk: « Je ne pense pas que nous fassions un bon travail en tant que société à décider quelles choses sont vraiment importantes, » a dit Page. « Je ne trouve pas que nous éduquions les gens à réfléchir de cette façon générale. Vous devriez avoir une assez large formation scientifique et technologique. Vous devriez avoir une formation en leadership et un peu de formation de type MBA ou de connaissance sur la façon de gérer les choses, organiser les choses, et trouver de l’argent. Je ne pense pas que la plupart des gens le font, et c’est un gros problème. Les ingénieurs sont formés en général dans un cadre très rigide. Lorsque vous êtes en mesure de penser à toutes ces disciplines ensemble, vous commencez à penser différemment et vous pouvez rêver de choses beaucoup plus folles et comment elles pourraient fonctionner. Je pense que c’est vraiment une chose importante pour le monde. Voilà comment nous faisons des progrès. » [Pages 355-6]

Quelques derniers mots sur Musk

Il est presque drôle de constater que Musk passe tellement de temps à parler de la survie de l’homme, mais ne soit pas prêt à faire face aux conséquences de ce que son mode de vie fait de son corps. « Elon est arrivé à la conclusion au début de sa carrière que la vie est courte », a déclaré Straubel. « Si vous avez vraiment intégré cela, vous en arrivez à la conclusion évidente que vous devriez travailler aussi dur que vous le pouvez ». Souffrir a toujours été la chose de Musk. Les enfants à l’école l’ont torturé. Son père a joué avec lui à des jeux d’esprit brutaux. Musk a ensuite abusé d’un rythme de travail inhumain et et a toujours poussé ses entreprises aux limites. L’idée d’équilibre vie-travail semble vide de sens dans ce contexte. […] Il estime que la souffrance a contribué à faire de lui qui il est et lui a donné des réserves supplémentaires de force et de volonté. [Page 356]

Toutefois….

Comme l’a dit Thiel, Musk pourrait très bien être celui qui aura redonné de l’espoir aux gens et renouvelé leur foi dans ce que la technologie peut faire pour l’humanité. [Page 356]

Elon Musk – le nouveau Steve Jobs (suite)

Après avoir lu les chapitres 8 et 9 de Elon Musk et après mon récent post sur le leader de Tesla et SpaceX, je suis maintenant convaincu qu’Elon Musk est beaucoup plus important que Steve Jobs. Il a su faire renaître l’optimisme dans la Silicon Valley, aux Etats-Unis et peut-être dans le monde. Il a également ramené le hardware et l’ingénierie dans un monde qui pensait que tout était virtuel et en ligne. Mea culpa, je ressentais la même chose. Je pensais sincèrement que le logiciel et l’intelligence était ce que faisait bouger le monde. Elon Musk a montré que le bricolage, l’expérimentation couplés avec une vision ambitieuse pourrait changer le monde.

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« Quand le lancement a été un succès [le 4ème lancement de SpaceX mais le 1er réussi], tout le monde a éclaté en sanglots », dit Kimbal. « Ce fut l’une des moments les plus émouvants que j’ai connus. » Musk a quitté la salle de contrôle et est sorti de l’usine, où il a reçu un accueil de rock star. « Eh bien, ce fut trippant, » dit-il. « Il y a beaucoup de gens qui pensaient que nous ne pouvions pas le faire – beaucoup en fait – mais comme le dit le dicton, ’jamais trois sans quatre’, non? Il y a seulement une poignée de pays sur terre qui ont fait cela. C’est normalement le rôle d’un état, pas d’une entreprise…. [Page 203]

Mais le lecteur ne doit pas oublier la dure réalité: Pour Gracias, l’investisseur dans Tesla et SpaceX et l’ami de Musk, la période 2008 lui a illsutré tout ce qu’il aurait jamais besoin de savoir sur le caractère de Musk. Il a vu un homme qui est arrivé aux États-Unis sans rien, qui avait perdu un enfant, qui était cloué au pilori dans la presse par des journalistes et par son ex-femme et était au bord de voir l’œuvre de sa vie détruite. « Il a la capacité à travailler plus fort et à supporter plus de stress que quiconque j’ai rencontré », dit Gracias. « Ce qu’il a traversé en 2008 aurait brisé toute autre personne. Il n’a pas seulement réussi survivre. Il a continué à travailler et est resté concentré. » Cette capacité à rester concentré au milieu d’une crise est l’un des principaux atouts de Musk sur les autres dirigeants et concurrents. « La plupart des gens qui vivent cette sorte de pression finissent par s’user », a déclaré Gracias. « Leurs décisions se dégradent. Elon reste hyper rationnel. Il est toujours capable de prendre des décisions très claires et pour le long terme. Plus les choses sont dures, plus il s’améliore. Quiconque a vu ce qu’il a vécu en direct est reparti avec plus de respect pour le gars. Je n’ai jamais rien vu de tel que sa capacité à supporter la douleur. » [Page 211]

Encore une fois, Musk n’a pas peur de prendre des risques. Quand l’année 2008 a pris fin, Musk avait plus d’argent […] Le couple a dû commencer à emprunter des centaines de milliers de dollars à l’ami de Musk, Skoll et les parents de Riley ont offerts de ré-hypothéquer leur maison. Musk n’a plus volé dans son jet entre Los Angeles et la Silicon Valley. Il prenait Southwest. [Pages 206-207] Il réussit à sauver Tesla, le deal fut signé la veille de Noël, et quelques heures plus tard Tesla aurait fait faillite. Musk n’avait plus que quelques centaines de milliers de dollars et ne pouvait pas assurer la paie le lendemain. […] Le 23 Décembre 2008, cependant, SpaceX a reçu un choc. Des gens à l’intérieur de la NASA avaient soutenu SpaceX pour devenir un fournisseur pour l’ISS. La société a reçu 1,6 milliard de dollars pour le paiement de douze vols vers la Station spatiale. [Page 210]

Il est également intéressant de mentionner les méthodes d’embauche de Musk ! Le modèle d’embauche de SpaceX accorde une certaine importance à l’obtention des meilleures notes dans les meilleurs universités. Mais l’essentiel de l’attention consiste à repérer les ingénieurs qui ont démontré des traits de personnalité de type A au cours de leur vie. Les recruteurs de l’entreprise recherchent des gens qui pourraient se distinguer dans les concours de construction de robot ou qui sont amateurs de course automobile et qui ont construit des véhicules inhabituels. Le but est de trouver des personnes qui transpirent la passion, peuvent également fonctionner dans le cadre d’une équipe, et avoir une expérience réel du travail du métal par exemple. « Même si vous êtes quelqu’un qui a écrit du code pour votre travail, vous devez comprendre comment les choses fonctionnent. Nous recherchions les personnes qui avaient construit des choses depuis qu’ils étaient petits. » [Page 220] Les entretiens d’embauche sont difficiles avec des puzzles, de l’écriture de code et Musk a interviewé les 1’000 premiers employés de SpaceX.

Je suis loin d’avoir fini la lecture du livre de mais je vais terminer provisoirement avec mes habituelles tables de capitalisation, cette fois pour les entreprises de musK: 1-Paypal, 2-Tesla Motors, 3-SolarCity qu’il n’a pas fondée, mais qu’il a soutenu depuis les premiers jours et les deux fondateurs sont ses cousins, 4-enfin une tentative de tableau basé sur ce que SpaceX a annoncé.

1-Paypal
Musk-PayPal-Captable

2-Tesla Motors
Musk-Tesla-Captable

Musk-Tesla-Rounds

3-SolarCity
Musk-SolarCity-Captable

4-SpaceX
Musk-SpaceX-Captable

Elon Musk – le nouveau Steve Jobs

Elon Musk est probablement le nouveau Steve Jobs. Il est peut-être beaucoup plus encore. Ses débuts dans la vie, sa vie privée n’ont pas été simples ni faciles. Il est probablement aussi dur avec une perception déformée de la réalité similaire à celle du fondateur d’Apple. Mais en tant qu’entrepreneur, il a sans doute une vision et une ambition bien plus grandes. Il a commencé relativement modestement avec Zip2, une start-up fournissant l’équivalent des pages jaunes dans les premiers temps de l’Internet, qui a tout de même été vendue pour $307M, suivie de X.com qui avait l’ambition de changer le système bancaire avant sa fusion avec Confinity pour devenir Paypal. Tous deux étaient juste des expériences! Il a appris et a développé ses « chef d’œuvre »: Tesla et SpaceX.

Ashlee Vance vient d’écrire un livre remarquable et passionant, Elon Musk, Tesla, SpaceX, and the Quest for A Fantastic Future sur sa vie et ses réalisations.

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Zip2 – 1995 – 3 co-fondateurs (Elon Musk et Kimbal, Greg Kouri) $3M avec MDV – vendue à Compaq / AltaVista pour $307M le 1er avril 1999, après plus de 50 millions de dollars de financementd supplémentaired. Elon gagna $22M , Kimbal $15M, et MDV 22x son argent.

X.com – 1999 – 4 co-fondateurs (Ed Ho, Harris Fricker, Christopher Payne, Elon Musk) et le 1er employé, Scott Anderson. Bill Harris, PDG en décembre 99. X.com fusionne avec Confinity en mars 2000. Musk touche $250 M de la vente à eBay soit $180M après impôts.

Tous comptes faits, Musk a investi $12M dans X.com, lui laissant, après impôts, $4M pour sa fortune personnelle. « C’est ce qui sépare Elon des simples mortels », déclara Ed Ho, l’ancien dirigeant de Zip2 et co-fondateur de X.com. « Il est prêt à prendre des risques personnels insensés. Quand vous faites un pari de ce type, soit c’est payant soit vous vous retrouvez quelque part dans un abribus. » [Page 80]

Musk fut remplacé comme PDG pendant sa lune de miel. Mais quand il est devenu clair que la société avait déjà évolué, Musk a cédé. « J’ai parlé à Moritz [de Sequoia] et quelques autres », a déclaré Musk. « Ce n’était pas tellement que je voulais être le PDG, mais plutôt sans le style ‘Hé, je pense qu’il y a des choses assez importantes qui doivent être faites, et si je ne suis pas à la manœuvre, je ne suis pas sûr que cela va se produire. » Puis j’ai parlé à Max [Levchin] et Peter [Thiel], et il me sembla qu’ils feraient ces choses. Alors, je veux dire, ce n’est pas la fin du monde. […] Tout au long de cette épreuve, cependant, il a fait preuve d’une incroyable retenue. Il a embrassé le rôle de conseiller de la société et continué à investir, augmentant sa participation au point de devenir le plus grand actionnaire de PayPal. « Vous vous attendriez à ce que quelqu’un dans la position d’Elon soit amer et vindicatif, mais il ne l’a pas été », dit Botha [de Sequoia], « Il a soutenu Peter. C’était un prince. » [Pages 88-89]

Musk est direct et difficile, mais « Il vient de l’école de la pensée, dans le monde des relations publiques, que vous ne laissez pas une imprécision n’être pas corrigée » [page 91]. Un exemple de dureté dans sa vie privée: « Il me faisait constamment des remarques sur mes manques. ‘Je suis ta femme’, je lui ai dit à plusieurs reprises, ‘pas ton employée’. « Si tu étais mon employée, dit-il tout aussi souvent, tu serais virée » [page 94]. Il s’est marié et a divorcé trois fois, tout d’abord avec Justine Wilson, avec qui Musk avait 1 bébé qui est mort au bout de 10 semaines, puis 2 jumeaux, puis 3 triplés, puis deux fois avec Talulah Riley.

Les chapitres 6 et 7 sont à lire absolument. Ils montrent l’énergie, la folie, la vision, l’obsession que Musk a déployées dans la construction de fusées et de voitures électriques, combinant le chaos des start-up et de la structuration nécessaire à la fabrication.

SpaceX – Space Exploration Technologies Corp. – 2002 – https://en.wikipedia.org/wiki/SpaceX. Le deal [PayPal] donna Musk de la liquidité et lui a permis d’investir plus de 100 millions de dollars dans SpaceX.

Tesla Motors – fondée le 1er Juillet 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning qui avait vendu une précédente start-up pour $187M en 2000. En parallèle Musk a aidé JB Straubel, un étudiant passionné de Stanford, qui avait vu que les batteries avait atteint une efficacité compatible avec les besoins des voitures électriques. Musk a investi 6,5 millions de dollars dans Tesla et Straubel a rejoint la start-up en mai 2004. Le 27 Janvier 2005, les 18 employés de Tesla avaient construit le premier prototype. Musk a investi $9M de plus dans un tour de financement de $13M$. En mai 2006, Tesla avait 100 employés. Musk a nouveau investi 12 millions de dollars avec DFJ, Larry Page, Sergey Brin et d’autres dans un tour de $40M. A la mi-2007, Tesla était passé à 260 employés [page 165].

Il y a un passage intéressant sur Detroit et sa culture si différente de la Silicon Valley [page 164¡: Chaque fois que Tesla a interagi avec Detroit, la start-up a reçu une piqûre de rappel sur la façon dont ville au glorieux passé avait perdu sa culture de l’action. Tesla a essayé de louer un petit bureau à Detroit. Les coûts étaient incroyablement bas par rapport à la Silicon Valley, mais la bureaucratie de la ville transformait en parcours du combattant la location d’un simple bureau. Le propriétaire de l’immeuble voulait voir sept ans de comptes audités de Tesla, qui était encore une société privée. Ensuite, le propriétaire du bâtiment a voulu une avance équivalent à deux ans de loyer. Tesla avait 50 millions de dollars sur son compte en banque et aurait pu acheter l’immeuble purement et simplement. « Dans la Silicon Valley, vous dites que vous êtes soutenu par un capital-risqueur, et c’est la fin de la négociation. » dit Tarpenning. « Mais tout était comme ça à Detroit. Nous recevions des colis FedEx, et ils ne pouvaient même pas décider qui devait signer pour les paquets ».

Puis les disputes ont commencé entre Musk et Eberhard: Les ingénieurs soutenaient Eberhard pour ces décisions nettes et rapides. […] Musk voulait des changements qui ont commencé à retarder le Roadster, Musc a continué à insitser pour que la voiture soit plus confortable. […] Eberhard se plaignait que ces demandes ralentissaient la société. […] Les employés de la société dans leur ensemble était plutôt du côté de Martin [page 165]. Beaucoup de problèmes ont alors commencé à apparaître, des problèmes techniques comme la transmission, des problèmes de coût globaux du Roadster et en définitive des retards de livraison du Roadster à la clientèle qui avait versé une avance.

En Août 2007, le conseil d’administration de Tesla démit Eberhard au titre de président de la technologie. La plupart des employés étaient fatigués, Tesla était à court d’argent après avoir dépensé 140 millions de dollars. Dans l’intervalle, SpaceX avait échoué avec ses deux premiers lancements. Et Musk demanda le divorce. Lorsque la crise de 2008 éclata, Elon Musk était grande difficulté personnelle et managériale avec ses deux sociétés.

Plus à venir si j’aime autant les chapitres 8 à 11.

PS: pour rappel, deux articles passés sur Musk:
– le 3 juin 2010 : Qu’est-ce qui fait d’une entreprise de technologie un succès? Un mélange de peur et d’envie
– le 8 mars 2010 : Tesla Motors and Paypal, a tale of two founders (en anglais)