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Les Bons Vieux Jours

Deux articles on attiré mon attention ces derniers jours. L’un est intitulé Frank Quattrone, Star Banker of Technology Ventures, Talks Wistfully of the Good Old Days—Before Netscape’s IPO.

L’autre est moins nostalgique et je vous passe la traduction du titre du site, que je trouve amusante: You’re in Deep Chip Now.

En voici le contenu:

Je ne vais pas commenter cette info, mais je reviens brièvement sur Quattrone. Quattrone était une des stars du monde des IPOs comme vous pourrez le lire sur ce post de Xconomy. Ce qui est frappant est que depuis 8 ans, depuis l’éclatement de la bulle internet, il y a (beaucoup) moins de capital-risque et d’IPOs. Les causes en sont multiples. Mais la question principale est pour moi la suivante: faisons-nous face à une crise majeure de l’innovation? Les années 60 avaient donné le transistor et l’industrie du semiconducteur date de ces années-là, puis vint l’ordinateur dans les années 70, le PC dans les années 80, puis l’Internet et les communications mobiles dans les années 90. Mais que nous ont donné les années 2000? Sans parler de la décennie à venir… je n’ai pas de réponse. Et vous?

Entrepreneuriat en temps de crise et de récession.

La crise a-t-elle a un effet sur l’entrepreneuriat. C’est la question que m’a posée Manuela Salvi lors du journal de la Radio Suisse Romande (RSR) aujourd’hui. Vous pouvez retrouver ma réponse sur le document
audio en cliquant ici.

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Voici ma réponse développée plus en détail: la réalité est complexe et il ne semble pas y avoir tant d’études que cela sur le sujet. La fondation Kauffman a cependant publié en décembre dernier une étude fort intéressante sur le sujet: Entrepreneurs and Recessions: Do Downturns Matter?

L’analyse couvre 8464 entrées en bourse entre 1975 et 2006, de sociétés créées entre 1831 et 2006. Les auteurs recensent 9 crises sur cette période:  1907–1908, 1918–1921, 1929–1939, 1953–1954, 1957–1958, 1973–1975, 1980–1982, 1990–1991, et 2001–2003. Le graphe suivant ne semble pas montrer de différences notables. La second guerre mondiale a un impact. Plus inquiétante est sans aucun doute la chute récente. Mais il peut tout simplement être trop tôt pour juger.

Dans une autre étude intitulée Economic Crisis Survey, la fondation Kauffman indique que  71% des Américains pensent « que la crise rend plus difficile la création d’entreprises ». Pourtant les anecdotes qui indiquent le contraire sont nombreuses: Texas Instruments, Revlon pendant la Grande Dépression, Microsoft, Apple pendant la crise du pétrole furent de tels succès. Sans parler de création d’entreprises, le lancement des Pampers en 1961 et de l’iPod en 2001 sont une autre illustration que les périodes de crise n’empêchent pas l’innovation.

Sans traduire, je vous fournis un extrait de la première étude:

« At a high level we essentially are concerned with the relationship between the supply of companies (“births”) by founding period, and the outcome achieved by those date-based founding cohorts over time. To deal with this supply aspect, a few broad points can be made. The first is what we might call the scarcity argument. It says that fewer companies are founded during difficult economic times, so we can expect disproportionately fewer successful companies to emerge from that economically constrained population. Why might we expect fewer companies founded during recessions, for example?

There are several reasons. First, entrepreneurs might decide to delay creating companies until the economy into which they anticipate selling products or services is more robust. This argument applies most strongly to entrepreneurs in service industries where there is little lag time from company founding until first product/service sale. If there is a longer lag between company founding and product launch, we might not expect entrepreneurs, all else being equal, to hesitate as much in starting their new ventures. Why? Because first revenues might be anticipated to more likely coincide with a resurgent economy.

There are other reasons to expect fewer companies to be founded during economic downturns. One has to do with entrepreneurs’ unwillingness to leave their current places of employment during a weak economy. Another, and perhaps more compelling, obstacle to company founding in weak economic periods might be the limited availability of risk capital during such periods. To the extent that it is difficult to raise money for a new entrepreneurial venture, we might expect fewer companies founded during such periods.

The preceding touches mostly on supply issues—why we might (or might not) expect more companies to be founded during weaker economic periods. There also is a demand issue. Even if similar numbers of companies are founded, it is plausible that more of these companies do not achieve material financial success due to the poor economy at founding, thus leading to poorer longer-term outcomes for cohorts of companies founded during weak economic periods.

In summary, we can plausibly make three broad points. First, it is reasonable to expect that fewer companies will be founded during weak economic periods. Second, companies founded during those periods might be expected to fail at higher rates than companies founded during more economically receptive periods. Third, the combination of lower birth rates and higher failure rates would conspire to deplete company cohorts founded during recessionary periods. »

Il y a donc bien un paradoxe, puisque les succès semblent équivalents. Voici donc pour terminer sans concuure, quelques arguments tirés du blog envie d’entreprendre qui expliquent pourquoi un entrepreneur aurait plus de chances de succès en temps de crise:

« Puisque les financements sont plus difficiles à obtenir, ceux qui savent opérer de façon très low cost, frugales, ont un edge évident. Et comme beaucoup de gens sont attentistes, voire carrément « frozen », prenant la crise comme excuse pour ne rien faire, ou ne peuvent pas démarrer faute de financement, il y a objectivement moins de concurrence sur la place. Effet d’une concurrence moindre également, le marché de l’emploi est bien moins tendu [et donc plus de talents sont disponibles]. A ce sujet, le fait de se retrouver parfois « out » pour une raison ou une autre, peut justement donner le coup de pouce pour se lancer dans une aventure entrepreneuriale. »

J’aime bien ces éléments,
– moins de concurrence
– plus de talents disponibles
– une meilleure efficacité due à plus de frugalité.

Les périodes de crise semblent donc créer des opportunités, mais il n’en reste pas moins vrais que les entrepreneurs essaieront toujours, quelque soit la dureté des temps.