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Le dilemme des fondateurs suisses

Comme suite à mon récent post sur le livre de Wasserman, Les Dilemmes du Fondateur, permettez-moi de réagir sur des événements récents (et moins récents) liés à des start-ups et des fondateurs suisses. Avons-nous ici les mêmes dilemmes que ceux auxquels les Américains sont confrontés, à savoir le développement d’une start-up avec une stratégie soit orientée vers le contrôle soit orientée vers prospérité ? Si vous ne savez pas ce que je veux dire, lisez mon post ou laissez-moi simplement ajouter que ce modèle binaire correspond à deux choix possibles, soit créer lentement la valeur avec vos clients et partenaires avec peu d’argent des investisseurs, soit prendre le risque d’une croissance rapide avec des investisseurs, en prévision de la demande des clients.

L’exemple ultime de ce modèle dans le livre de Wasserman est Evan Williams qui a fondé Blogger, Oddeo et Twitter, avec des stratégies très différentes. Paul Graham aborde souvent question (par exemple dans Start-up = Croissance ou dans Comment Créer de la Richesse) et pour un jeune entrepreneur, gagner un million peut être évidemment important. Au niveau macro – économique , il y a aussi un débat que honnêtement, je n’ai jamais vraiment compris. Je pense que l’écosystème est (ou devrait être) intéressé dans les entreprises à croissance rapide, et une croissance lente sera moins une priorité, non pas parce que ce ne serait pas important, mais parce que cela a toujours existé et continuera d’exister avec ou sans soutien public… Cependant, parce qu’il y a beaucoup de PMEs en Suisse, le soutien aux petites entreprises semble être important. La situation est-elle très différente des Etats-Unis ? Je vais essayer d’illustrer le propos.

Sensirion est une start-up suisse qui est une bonne illustration du débat. Dans un article écrit en 2008, son co-fondateur, Felix Mayer a écrit sur ​​« Comment financer la croissance ? A mi-chemin entre le « modèle américain » qui vise la lune et le modèle suisse qui développe l’entreprise sur son cash flow avec peu d’employés au début, nous n’avons pas choisi le chemin de capital-risque classique pour financer la première phase de la croissance de l’entreprise, mais nous avons réussi à trouver un investisseur privé. En Suisse, si vous cherchez des investisseurs privés, vous pouvez trouver des entrepreneurs expérimentés qui sont prêts à investir dans une entreprise prometteuse. Ils sont également connus comme les « business angels ». Il a fallu un certain temps pour aller du prototype à une famille de produits ou de 1 à 10 à 100 comme décrit précédemment. Vous devez avoir des partenaires compétents et patients pour survivre durant cette phase faite de hauts et de bas. Et e plus, cela prend plus longtemps que prévu. Néanmoins, à la fin de la journée, vous devez arriver au point où vous générez la croissance avec votre propre trésorerie, ce que Sensirion a atteint 6 ans après sa création. Depuis lors, nous générons suffisamment de trésorerie pour financer une croissance annuelle de l’ordre de 30% à 40%. Afin de gérer cette croissance, nous recherchons en permanence d’excellents talents ! »

Est-ce que Sensirion décrit un modèle différent ? Je suis allé au registre suisse du commerce et j’ai étudié le financement de Sensirion (le canton de Zurich offre des informations très détaillées) . Ce n’était pas un exercice facile et je ne suis pas sûr de l’exactitude des chiffres (vous verrez que les chiffres diffèrent légèrement sur les graphiques !). J’ai essayé aussi de montrer la dilution des fondateurs avec le temps :

Sensirion-equity

et voici sa croissance des employés de Sensirion depuis sa création

Sensirion-employees

Sensirion est clairement une réussite, mais cela est-il si différent du modèle américain ? Il n’y a peut-être pas de VC, mais pour l’investisseur(s) privé(s), il est question d’un total de CHF13M avec une évaluation de CHF190M lors du dernier tour de financement. La croissance a été plus rapide que celle de nombreuses start-up soutenues par des VCs. Les investisseurs étaient peut-être plus patients et la sortie peut-être moins une priorité. Ceci reste très similaire à de nombreux start-up américaines… Mais Sensirion est souvent citée comme un exemple selon lequel les start-up n’auraient pas besoin de capital-risque (ou d’investisseurs). Il n’y a pourtant pas beaucoup de différence entre un investisseur privé et un VC (ou bien?!)

Maintenant, il est vrai que beaucoup des start-up du Top100 Suisse lèvent très peu d’argent avec des business angels, dans l’ordre de CHF1-2M. Récemment Jilion de l’EPFL a été acquis par Dailymotion pour un montant non divulgué et la presse locale mentionne que Jilion avait levé environ un million. Optotune à Zurich est un modèle similaire avec 200’000 élevés selon le registre du commerce. TechCrunch s’est inquiété du premier tour de BugBuster de seulement 1 million. Dacuda soulevée au sujet d’un million de trop à une évaluation de CHF7M . LiberoVision soulevé CHF200k avec Swisscom à une valeur de CHF2.5M avant d’être acheté pour environ CHF8M ( il aurait pu être plus avec bons côtés ). NetBreeze a été acquise par Microsoft après sensibilisation sur CHF5M d’un groupe d’investisseurs qui détenait 80 % de la société. Wuala a été acquis par LaCie 2 ans après sa création et il a été totalement auto-financé . Et la liste est presque sans fin .

Mais il y a aussi des entreprises à croissance rapide. Covagen, GlyxoVaxyn, GetYourGuide, InSphero, Molecular Partners, NEXThink, TypeSafe, UrTurn ont levé beaucoup d’argent avec les VCs. Et les gens qui qui pensent que la Suisse est essentiellement focalisée sur les start-up du médical verront qu’elle est beaucoup plus diversifiée …

Start-up Domaine Investissement Valorisaiton récente Investisseurs
Covagen Biotech 56M ND Gimv, Ventech, Rotschild
GetYourGuide Internet 16M 50M Highland
GlycoVaxyn Biotech 50M 37M Sofinnova, Index, Rotschild
InSphero Biotech 4M 16M Redalpine, ZKB
Molecular Partners Biotech 56M 115M Index, BB Biotech
Nexthink Logiciel 15M ND VI, Auriga
Sensirion Electronique 13M 190M ND
TypeSafe Logiciel 16M ND Greylock
UrTurn Internet 12M 36M Balderton

 

Et bien sûr les fondateurs sont dilués. Je ne vais pas donner la dilution individuelle mais l’illustrer de manière anonyme même si les données sont publiques.

Start-up Fondateurs Seed A B et suivants ESOP
1 9% 26% 65%
2 30% 33% 31% 6%
3 34% 32% 33%
4 40% 7% 12% 41%
5 43% 47% 10%
6 35% 11% 27% 28%


Je ne suis pas sûr, avec tous ces chiffres, que la Suisse soit bien différente qualitativement… je vais terminer en rappelant une interview de Daniel Borel, fondateur de Logitech: « La seule réponse que je puisse avancer c’est la différence culturelle entre les Etats-Unis et la Suisse. Lorsque nous avons créé Logitech, en tant qu’entrepreneurs suisses, nous avons dû jouer très tôt la carte de l’internationalisation. La technologie était suisse, mais les Etats-Unis, et plus tard le monde, ont défini notre marché, alors que la production est vite devenue asiatique. Je m’en voudrais de faire un schéma définitif parce que je pense que beaucoup de choses évoluent et que beaucoup de choses bien se font en Suisse. Mais il me semble qu’aux Etats-Unis, les gens sont davantage ouverts. Lorsque vous obtenez les fonds de Venture capitalists, automatiquement vous acceptez un actionnaire extérieur qui va vous aider à diriger votre société, et peut-être vous mettre à la porte. En Suisse, cette vision est assez peu acceptée: on préfère un petit gâteau que l’on contrôle complètement qu’un gros gâteau que l’on contrôle seulement à 10% ce qui peut être un facteur limitatif. »

SwissSU-overall
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Quelques enseignements des start-up valant un milliard: licornes, super-licornes et cygnes noirs

Quelques collègues m’ont mentionné Welcome To The Unicorn Club: Learning From Billion-Dollar Startups de Aileen Lee. Je comprends pourquoi. L’article est étroitement lié à certains de mes principaux centres d’intérêt : croissance des start-up et dynamique des entrepreneurs. Aileen Lee a analysé les start-up dans le domaine du logiciel et de l’internet qui ont atteint le milliard de dollars de valorisation tout en ayant été fondées ces dix dernières années. Elle les appelle des licornes, alors que les super-licornes sont les entreprises qui ont atteint une valeur 100 milliards de dollars !

unicorn2a

Tout cela me rappelle mon analyse des 2700 start-up liées à Stanford. Vous pouvez consulter Les serial entrepreneurs sont-ils meilleurs? ainsi que Croissance et profits et dans une moindre mesure le lien entre l’âge et la création de valeur dans Y a t-il un âge idéal pour créer?

Aileen Lee a obtenu des résultats intéressants :
– Sur plus de 10.000 entreprises créées par an, il y a 4 licornes par an (39 dans la dernière décennie – soit .07 % du total) et environ 1 à 3 super-licornes par décennie,
– elles ont levé plus de 100 millions de dollars auprès de leurs investisseurs (plus de 300 millions de dollars pour les start-up « B2C »). Elles peuvent avoir été maigres (cf le mouvement lean start-up) à leurs débuts , mais elles grossissent rapidement!
– il faut plus de 7 ans pour une sortie,
– les fondateurs ont une moyenne d’âge de 34 ans,
– ils ont 3 co-fondateurs en moyenne avec une longue expérience ensemble, souvent datant des années d’étude,
– 75% des PDG fondateurs dirigent la société à une sortie,
– ils sont souvent diplômés d’universités prestigieuses (1/3 vient de Stanford),
– Le « Pivot » (un changement radical de stratégie à un moment de la vie de la start-up) est une exception.

J’ai trouvé cet article intéressant, important et j’ai même ressenti de l’empathie et laissez-moi vous dire pourquoi. On a une certaine tendance à sous-estimer l’importance de la croissance hyper-forte et hyper-rapide. La croissance est extrêmement importante pour les start-up. Atteindre 100 millions de dollars de valeur est un succès. En regardant le petit groupe qui atteint le milliard de dollars et 100 milliards de dollars est intéressant. Vous avez besoin d’argent pour cela (des VCs), vous n’avez pas besoin de beaucoup d’expérience, mais vous devez avoir la confiance des co-fondateurs. Les fondateurs de super-licornes semblent être les explorateurs de territoires inconnus. Il y faut de la passion et des moyens.

EPFL-BlackSwan

Sur ces licornes, j’ai fait une analyse similaire dans « Y a t-il un âge idéal pour créer? » J’ai aussi un âge moyen de 34 pour la 1ère expérience start-up de tous les fondateurs, et en ce qui concerne les super-licornes que j’appelle cygnes noirs (les événements totalement imprévisibles selon Taleb), j’ai identifié 10 super-licornes (voir ci-dessous) et il y a une à quatre par décennie depuis les années 60. L’âge moyen des fondateurs est 28 et même 27 si je compte le 1ère expérience.

[Mes cygnes noirs – Ancêtre: HP (1939); Années 60: Intel (1968); 70: Microsoft ( 1975), Oracle (1976), Genentech (1976), Apple (1977); 80: Cisco (1984); 90: Amazon (1994), Google (1998); 00: Facebook (2004).
Age des fondateurs – HP: Hewlett et Packard (27) – Intel: Noyce (41) et Moore (39) (mais ils avaient fondé Fairchild 11 ans plus tôt). Andy Grove avait 32 ans – Microsoft: Gates (20) et Allen (22) – Oracle: Ellison (33) – Genentech: Swanson (29) et Boyer (40) – Apple: Jobs (21) et Wozniak (26) – Cisco: Lerner et Bosack (29) – Amazon: Bezos (30) – Google: Brin et Page (25) – Facebook: Zuckerberg (20) – son cofondateur avait 22 ans].

Voici maintenant quelques données et statistiques sur les entreprises liées à Stanford. Vous pouvez consulter une présentation récente puis mes statistiques sur les licornes.

Microsoft PowerPoint - BCERC-Stanford HTE-Lebret.ppt [Mode de co

Analyse des licornes liées à Stanford

Stanford unicorns by decade

Stanford unicorns by field

Il y a 3 super-licornes dans ce groupe (HP, Cisco et Google). Sur 2700 start-up, il y a 97 licornes, ce qui est un énorme 3% ! Cela signifie probablement que mon échantillon n’est pas exhaustif! En effet, le professeur Eesley estime que 39’900 entreprises actives peuvent trouver leurs racines à Stanford. Cela signifie désormais 0.2%. Maintenant, ce sont de vraies sorties tandis que Lee inclut des sociétés privées sans sortie, avec une valorisation fournie par leurs investisseurs. Quel que soit ce pourcentage, les licornes sont rares. Les miennes sont moins grasses que celles de Lee: elles lèvent $30M avec les VCs.

J’ai moins de 2 fondateurs liés à Stanford par entreprise (mais je ne compte pas ceux sans lien à Stanford). Cela confirme le commentaire de Lee que de nombreux fondateurs ont des liens qui datent de l’école. Il faut 8 ans pour une sortie (moins au cours des dernières années toutefois) et 7 ans pour décider de fonder une entreprise .

Le concept de licornes et la création de grande valeur sont intéressants pour ne pas dire un sujet important. Des valorisations de un milliard de dollars ne sont pas seulement des événements rares; elles nous disent quelque chose à propos de l’impact de l’innovation high-tech et de l’esprit d’entreprise . Ils sont possibles et souhaitables !

Qu’est-ce qu’une start-up? (partie 3)

Mon collègue Jean-Philippe Solvay m’a récemment demandé de réagir à un message Facebook demandant ce qu’est exactement une start-up. Et comme vous pouvez le lire dans ce message facebook, ce n’est pas si facile de répondre. Une des meilleures références données dans le post est l’analyse assez exhaustive de swombat.com.

Dans le passé, j’ai écrit deux messages sur le sujet: dans la Partie 1 en 2011, j’avais donné ma définition: « Une start-up est une entreprise qui est née d’une idée et a le potentiel pour devenir une grande entreprise » ainsi que la très bonne définition de Steve Blank: « les start-up sont des entités temporaires destinées à la recherche d’un modèle d’affaires extensible et reproductible. » (Il y a toutefois quelque chose avec quoi je ne suis pas à l’aise chez Steve Blank de: je voudrais supprimer le mot « modèle », et le remplacer par « business » car une start- peut savoir ce qu’elle veut faire, mais ne l’a pas encore validé. Les start-up copiant des modèles d’affaires existants n’en seraient pas…)

Puis, dans la « partie 2 » en janvier 2013, j’ai ajouté ce qui suit: « Une start-up est une société qui explore, qui est à la recherche d’un modèle d’entreprise, d’un marché, de clients et tente d’innover. Elle cherche généralement un grand marché (« scalable/extensible ») et donc les entreprises de services ne sont pas des start-up (sauf sur le web). Il est donc aussi question de croissance forte et rapide car pour ces marchés émergents, la concurrence est rude et les gagnants peu nombreux. Il faut souvent aller vite. C’est aussi pourquoi c’est un état d’esprit: vous êtes curieux, dans un monde incertain, en essayant d’apporter de nouvelles choses au monde, voire de le changer. Parce que vous êtes à la recherche d’un modèle d’affaires, vous n’avez pas assez de clients payants, et vous aurez probablement besoin de capitaux externes (business angels, capital-risque), sauf si vos futurs clients acceptent de payer en ‘avance. C’est pourquoi il existe une forte corrélation entre le statut de start-up et avoir des investisseurs. »

Je suis d’accord avec la plupart des caractéristiques indiquées dans les contributions Facebook ou swombat: « les start-up sont de nouvelles entreprises focalisées sur l’innovation et la croissance dans des situations de grande incertitude (ou de risque) ». Elles n’ont pas à être dans la technologie et si c’est le cas, ielles sont appelées start-up high-tech. Peut-être que l’innovation n’est pas si importante, comme beaucoup d’entre elles copient les autres, mais la croissance (la scalability) est critique. Les entreprises de services ou de consulting ne sont généralement pas des start-up parce que la croissance est linéaire, et non exponentielle (avec le nombre d’emplois).

Permettez-moi d’ajouter un autre point: si le mot a été créé, il doit y avoir une bonne raison! Quand est-il apparu? Wikipedia affirme qu’il est devenu populaire avec la bulle dot.com des années 90. Cependant, j’ai trouvé le terme dans Regional Advantage de Saxenian (1994) et même dans Silicon Valley Fever (1984). Il ne fait aucun doute que le terme a émergé avec les clusters technologiquse tels que la Route 128 et la Silicon Valley, raison pour laquelle il est associé à la haute technologie ainsi qu’au capital-risque. Mais toutes les start-up ne font pas partie de ces entités géographiques. Microsoft et Amazon sont basées à Seattle, qui n’est pas vraiment un cluster. Quand ils n’appartiennent pas à un cluster géographique, ils appartiennent à une grappe technologique, principalement IT (électronique, logiciel, internet) ou biotech / medtech. Tesla Motors est considéré comme une start-up, car elle appartient à l’écosystème de la Silicon Valley même si elle est dans un secteur où il existe très peu de start-up. Je ne pense pas que EasyJet ait jamais été appelée une start-up, car elle n’appartient à aucun cluster (technologique ou géographique). Donc, j’aurais tendance à définir une start-up comme « une nouvelle entreprise focalisée sur la croissance dans des situations de grande incertitude, et appartenant à un cluster technologique ou géographique ».

PS: en regardant le sujet à nouveau, j’ai découvert un débat sur ​​la façon d’épeler le mot … En 2007, j’avais décidé pour « start-up », mais « start up » et « startup » étaient employés également. Il semble « startup » soit maintenant de plus en plus populaire. Je m’en tiens à « start-up » pour le moment, pour être cohérent avec ce que j’ai toujours fait. De même je ne mets pas de « s » au pluriel…

Les start-up en France

Je suis attaché à la France pour des raisons évidentes et récemment encore, j’ai lu plus encore que d’habitude sur l’innovation de mon pays. Elle n’est pas aussi mauvaise qu’on pourrait le croire, mais elle n’est pas aussi efficace que je le souhaiterais. Il y a pourtant de l’espoir comme le montre deux travaux récents:
– un article du journal Le Monde, intitulé Heureux comme un patron de start-up en France
– un rapport d’OSEO (l’Agence Française d’Innovation ) que j’avais déjà mentionné dans Il faut viser global tout de suite, mais que j’avais lu trop rapidement alors!

L’article du Monde traite de l’accélérateur Le Camping. L’article est optimiste (peut-être un peu trop), mais il mérite la lecture. J’y ai noté:

– « L’hexagone peut d’ailleurs compter sur des fonds expérimentés, comme Partech (mais aussi Idinvest, Apax) qui ont continué à irriguer le secteur après l’éclatement de la bulle Internet, en 2000. Une quinzaine de fonds de capital-risque financent environ un millier de start-up et injectent 200 à 300 millions d’euros par an dans le numérique, selon Philippe Collombel. L’industrie française est l’une des meilleures au monde, juge Christophe Bavière, le président d’Idinvest. Et de citer tous les domaines où un petit Frenchy est parvenu à se faire un nom aux côtés du leader anglo-saxon : Dailymotion face à YouTube, Viadeo derrière LinkedIn, Deezer sur les talons de Spotify… » A mon avis, la partie trop optimiste et ne somme nous là que pour faire des copies conformes des Etats-Unis?

– « Autre atout de l’Hexagone : ses serial entrepreneurs. La première génération a commencé avec le Minitel, s’est lancée dans le numérique à la fin des années 1990, et a surmonté la bulle. C’est celle des Marc Simoncini (iFrance, Meetic), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée), Patrick Robin (Imaginet, 24h00), Xavier Niel … Vingt ans plus tard, ils jouent les business angels auprès des plus jeunes : PriceMinister, Dailymotion, Criteo, ou Deezer… » Bien mieux et raison d’espérer en effet.

– « Certes, il y a des trous dans le canevas. Les business angels n’accompagnent pas encore assez les chefs d’entreprise, […] A l’autre bout de la chaîne, il manque des fonds pour passer du stade de start-up à celui d’entreprise de taille moyenne. » Trop vrai malheureusement.

Vous pouvez également être intéressé par une analyse de l’évolution des accélérateurs dans un article du Financial Times, Les Start-up mettent le pied sur l’accélérateur. « Dans le passé, ils auraient pu être étiqueté comme incubateur, ce qui est apparemment différent d’un accélérateur. » […] « Probablement le premier accélérateur est Y Combinator de Paul Graham dans la Silicon Valley. Depuis 2005, il a soutenu près de 500 start-up, y compris de grands succès tels que AirBnB et Dropbox. » […] « Cette méthode de construction de nouvelles entreprises à toute vitesse est fascinant. La philosophie est de soutenir beaucoup d’idées différentes, avec des échecs rapides, et de pivoter si quelque chose ne fonctionne pas. J’aime le sentiment d’urgence, l’éthique du travail, l’environnement à forte pression qui contribue aux développements rapides, et les incroyables possibilités de réseauter et de cross-fertiliser. » […] « Cependant, en général, je pense que les start-up prennent un certain temps pour devenir viables – des années et non pas des mois. Essayer d’obtenir autant dans une si courte période de temps ne me semble pas pas réaliste. » …] « Il y a maintenant quelques 123 programmes d’accélération dans le monde entier. » […] « Certains anciens pensent que beaucoup vont fermer, tout comme bon nombre des projets qu’ils incubent vont échouer. Mais toute cette activité frénétique va sûrement stimuler l’esprit d’entreprise, stimuler l’emploi et – dans le long terme – créer de la richesse, de sorte qu’elle mérite les applaudissements. »

Vous pouvez trouver le rapport OSEO en cliquant sur l’image. J’avais tort en écrivant mon post précédent, car j’ai découvert pas mal de choses en le relisant! Il ajoute en profondeur à l’excellent article du Monde. Par exemple sur les peurs et défis des entrepreneurs.


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La peur de l’échec avec ses stigmates reste la plus importante. Trouver des clients est le défi le plus grand, plus difficile que de trouver du financement. Enfin, il y a de jolies données sur l’âge des fondateurs, que l’on peut comparer un travail que j’ai fait sur 165 entreprises cotées en bourse.


Cliquer sur l’image pour l’agrandir. Source: données personnelles

C’est un sujet à la mode, qui fait parler et sur lequel je reste persuadé qu’un jeune âge compte. Vous pouvez lire par exemple les travaux de Vivek Wadhwa, son article du Washington Post ou encore L’âge des fondateurs. Je ne suis pas sûr des conclusions à tirer de tout cela, mais il semble y avoir un vieillissement des entrepreneurs… L’âge moyen des entrepreneurs français est 41 ans alors que celui des fondateurs de sociétés cotées en bourse que j’ai compilé est 36.5 (et même 34 ans pour celles fondées avant 1995).

Enfin il y a une intéressante analyse des « modèles de développement des start-up ».


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Les auteurs analysent en particulier 2 classes of start-up (sur 5 au total), les deux classes les plus fréquentes à savoir les classes 3 et 5 du graphique). [La classe 4 ressemble à un statut intermédiaire en route vers la 3 ou la 5.]

« Dans la classe 3, soit 41 % de la population totale, les entreprises ont un niveau de développement plus faible parce qu’autocentré :
• Elle regroupe au moins la moitié des CEI (créations d’entreprises innovantes) sans partenariat, sans filiale ou sans internationalisation (implantation à l’étranger ou exportation).
• Le porteur de projet y a encore une position capitalistique dominante : 68 % des porteurs de projet avec une part du capital supérieure à 75 % sont dans cette classe ; 1 sur 2 pour ceux qui ont encore 50 % à 75 % du capital. »

« A l’opposé, les entreprises de la classe 5, presque aussi nombreuses, ont un comportement d’ouverture avéré :
• Elles ont ouvert leur capital pour avoir les ressources financières suffisantes pour faire avancer leur projet d’innovation. 60 % des porteurs de projet avec une part au capital aujourd’hui inférieure à 25 % sont dans cette classe, de même que la moitié de ceux qui possèdent entre 25 % et 50 % du capital. Par ailleurs, la quasi-totalité des entreprises cotées est dans cette classe.
• 80 % de ces entreprises sont internationalisées (export ou implantation).
• Ce sont des entreprises qui ont eu le temps de se développer : près de la moitié est âgée d’au moins 8 ans et près de 40 % ont entre 5 et 8 ans aujourd’hui.
• Cette maturité n’explique, cependant, qu’en partie leur dynamique. En effet, elles ont été confrontées, elles aussi, à des problématiques de redéfinition de business plan de même nature que la classe 3, mais un peu plus fréquemment. Or, elles se positionnent comme moins contraintes que ces dernières. »

« Par ailleurs, la classe 3 concentre plus de CEI pour lesquelles l’accès aux financements publics et privés est considéré comme un levier principal de croissance. La jeunesse de cette population et sa faible ouverture du capital permet d’émettre l’hypothèse selon laquelle l’aide publique est, en pré-amorçage et amorçage, un substitut essentiel des capitaux privés. »

« Enfin, 4 porteurs de projet sur 10 qui n’ont aucune expérience de création d’entreprise sont dans la classe 3, contre seulement 3 sur 10 dans la classe 5. »

« La comparaison chiffrée des classes 3 à 5 sur ces mêmes variables révèle que :
• la CEI médiane de la classe 5 a un effectif supérieur à celle de la classe 4, qui emploie elle-même, plus de personnes que celle de la classe 3 (respectivement 10, 6 et 4 salariés) ;
• les classes 4 et 5 réalisent un chiffre d’affaires médian identique (environ 580 k€) bien plus élevé que celui de la CEI médiane de la classe 3 (390 k€) ;
• l’ordre logique est aussi respecté pour l’export : 44 % des CEI de la classe 5 sont exportatrices, 37 % pour la classe 4 et 25 % pour la classe 3. Le taux d’ouverture médian (CA/CA export) est de 37 % pour la classe 5, mais seulement de 25 % pour les classes 4 et 3 ;
• quant au niveau médian de fonds propres, il est encore nettement plus élevé pour la classe 5 (409 k€ contre 284 k€ pour la classe 4 et 149 k€ pour la classe 3 ; plus de 1 M€ pour le quartile supérieur de la classe 5, seulement 389 k€ pour celui de la classe 3) ;

Bien sûr la conclusion de ce rapport tend à encourager la sélection et le développement vers la classe 5. Ma conclusion un peu moins optimiste reste les chiffres relativement modestes de cette classe et un manque de succès de grande taille.

L’innovation n’est pas une question de taille, mais de croissance.

Le débat est récurrent et dans mon dernier post, je mentionne la question du journaliste sur ma fascination pour les start-up et la Silicon Valley. D’une certaine manière cela est lié, je reviendrai sur ce sujet à la fin. Deux articles récents ont failli me surprendre. Le premier a un auteur célèbre, Clayton Christensen. The Empires Strike Back – How Xerox and other large corporations are harnessing the force of disruptive innovation a été publié dans le dernier numéro de la MIT Tech Review.

Voici de courts extraits: « Il y a longtemps qu’on n’a plus considéré Xerox comme une puissance d’innovation. Au contraire, Xerox sert généralement comme exemple édifiant des occasions manquées: de nombreux articles nécrologiques de Steve Jobs ont décrit comment sa visite fatidique au Xerox Palo Alto Research Center en 1979, a inspiré Apple pour ses innovations de l’ordinateur Macintosh. À l’époque, Xerox dominait le marché du photocopieur et était naturellement porté sur l’amélioration et le maintien de ses produits à forte marge. Le siège de la société allait devenir le lieu où les inventions de ses laboratoires mouraient. Inévitablement, les copieurs simples et moins chers de Canon et d’autres rivaux devancèrent ceux de Xerox sur son propre marché. C’est une histoire classique du « dilemme de l’innovateur. » […] Mais maintenant, Xerox est en train de retourner les choses […] Dans le passé, le succès de Xerox aurait été une anomalie. Moins d’une décennie auparavant, lorsque nous finissions le livre The Innovator’s Solution, nous avions souligné le fait que les innovations de rupture sont généralement mis en place par les start-up, les rebelles de l’univers des affaires. […] Dans les années 1980 et 1990, seulement environ 25 pour cent des innovations de rupture, que nous avons recensées dans notre base de données, provenaient des acteurs établis, le reste venant de startups. Mais durant les années 2000, 35 pour cent de ces ruptures ont été lancées par ces « incumbents ». En d’autres termes, la bataille semble tourner en faveur de l’Empire, comme les exemples suivants confirment. » L’auteur mentionne des exemples tels que GE, Tesla en compétition avec GM, Dow et Microsoft dans l’article.

Le second article provient de The Ecomist et est intitulé « Pourquoi les grandes entreprises sont souvent plus inventives que les petites. » Laissez-moi le citer un peu plus longuement: « Joseph Schumpeter […] a soutenu les deux côtés de l’affaire. En 1909, il a déclaré que les petites entreprises étaient plus inventives. En 1942, il fait volte-face. Les grandes entreprises ont plus intérêt à investir dans de nouveaux produits, pensait-il, car elles peuvent les vendre à plus de gens et récolter de plus grands bénéfices plus rapidement. Dans un marché concurrentiel, les inventions sont rapidement imitées, si bien qu’un investissement trop petit échoue souvent à produire des fruits. […] Ces jours-ci le Schumpeter seconde période est passé de mode: on croit que les petites start-up sont créatives et les grandes entreprises sont lentes et bureaucratiques. Mais ceci est une simplification grossière, explique Michael Mandel du Progressive Policy Institute, un think-tank. Dans un nouveau rapport sur « facteur d’échelle et innovation », il conclut que l’économie d’aujourd’hui favorise les grandes entreprises plutôt que les plus petites. « Big » est de retour, comme ce magazine l’a soutenu. Et « Big » est ce qui compte pour trois raisons. » Les arguments sont que 1-les écosystèmes ont grandis, 2-les marchés sont globaux et 3-les problèmes à résoudre le sont sur une grande échelle. Ceci n’est pas fait pour les petites entreprises. « Il est juste que l’argument « petit est innovant » semble daté. Plusieurs des champions de la nouvelle économie sont les entreprises qui étaient autrefois saluées comme de courageuses petites start-up, mais se sont depuis longtemps énormément développées, comme Apple, Google et Facebook. […] Les grandes entreprises ont un grand avantage pour l’accès aux ressources les plus précieuses d’aujourd’hui: le talent. (Les diplômés ont des dettes, et beaucoup préfèrent la garantie d’un salaire à la loterie des stock-options dans une start-up.) Les grandes entreprises parviennent de mieux en mieux à éviter la stagnation bureaucratique: elles ont des hiérarchies plus horizontales et s’ouvrent à des idées venues d’ailleurs. Procter & Gamble, un géant des biens de consommation, trouve la plupart de ses idées à l’extérieur de ses murs. Sir George Buckley, le patron de 3M, une grande entreprise avec une histoire de 109 ans d’innovation, soutient que les entreprises comme la sienne peut combiner les vertus de la créativité et de la taille. »

Eh bien, je n’ai pas été surpris longtemps. Le débat ne porte pas en définitive sur les petites ou grandes entreprises. Laissez-moi vous expliquer en citant mon livre à nouveau et plus précisément le paragraphe Small is not beautiful [page 112] «Il existe un autre malentendu au sujet des start-up. Sous prétexte qu’elles seraient de jeunes entités, mais aussi parce que les analyses macro-économiques montrent l’importance grandissante de l’emploi généré par les petites structures, il semblerait que le dicton « small is beautiful » soit devenu une devise pour le monde des start-up. Les start-up ne devraient pas avoir velléité à rester modestes, bien au contraire. Les entreprises qui ont réussi dans l’industrie des technologies de l’information sont devenues de vrais mastodontes. Au début 2007, Intel comptait 94 000 employés, Oracle, 58 000, Cisco, 49 000 et Sun, 38 000. Ces entreprises sont devenues des multinationales […] Le San Jose Mercury News, le quotidien au centre de la Silicon Valley publie chaque année par exemple le classement des 150 plus grandes sociétés. La simple comparaison de l’évolution de la liste entre 1997 et 2004 montre que parmi les 50 premières sociétés en 2004, 12 ne faisaient pas partie des 150 premières en 1997. J. Zhang montre très bien cette dynamique étonnante en comparant la liste des quarante plus grandes sociétés high-tech de la Silicon Valley en 1982 et en 2002 telle que fournie par la société Dun & Bradstreet. Vingt des sociétés de la liste de 1982 n’existaient plus en 2002. Vingt et une des sociétés de la liste de 2002 n’avaient pas encore été créées en 1982. Cette dynamique de naissances et de morts d’entreprises semble reconnue et même acceptée. »

C’est exactement ce que l’article de The Economist explique: « Cependant, il y a deux objections à l’argument de M. Mandel. La première est que, bien que les grandes entreprises excellent souvent à l’innovation incrémentale (par exemple, en ajoutant des améliorations aux produits existants), elles sont moins à l’aise avec l’innovation de rupture, celle qui change les règles du jeu. Les grandes entreprises que Schumpeter a célébré ont souvent enterré les nouvelles idées qui menaçaient leurs lignes d’affaires établies, comme AT&T l’a fait avec la numérotation automatique. M. Mandel affirme qu’il faut s’appuyer sur les grandes entreprises pour résoudre les problèmes les plus pressants de l’Amérique dans la santé et l’éducation. Mais parfois, les meilleures idées commencent à petite échelle, puis se développent largement au point de transformer des systèmes entiers. Facebook a commencé comme un moyen pour les étudiants dans une université de rester en contact. Maintenant il a 800 millions d’utilisateurs. La seconde objection est que ce qui importe n’est pas tant de savoir si les entreprises sont petites ou grandes, mais si elles se développent. Le progrès a tendance à provenir de sociétés à forte croissance. Les meilleures peuvent prendre une bonne idée et l’utiliser pour se transformer en géants à partir d’embryons en quelques années, comme Amazon et Google. Ces entreprises à forte croissance créent beaucoup d’emplois: en Amérique seulement 1% des entreprises génèrent environ 40% des nouveaux emplois. Laissez les petites entreprises grandir. La clé de la promotion de l’innovation (et de la productivité en général) consiste à permettre la croissance de nouvelles entreprises vigoureuses, mais aussi aux anciennes inefficaces de mourir. Sur ce point, Schumpeter n’a jamais changé d’avis. »

Si besoin était, il faut le répéter, il y a bien une différence entre start-up et PME. Ceci ne répond pas entièrement à l’argument de Christensen sur l’empire qui contre-attaque. Et bien, cela signifie que les grandes entreprises ont des gestionnaires intelligents qui ont appris des erreurs du passé. Mais Christensen dit aussi implicitement que 65% des innovations de rupture viennent de nouveaux venus, et non des acteurs établis. Les Gazelles ont encore un bel avenir devant elles.

La gestion et les défis de la croissance

Pas toujours facile de systématiquement maintenir un blog en français et en anglais. J’essaie de le faire aussi souvent que possible mais je n’en ai pas eu le courage pour les trois posts que je viens de faire sur « les défis de la croissance ». Je vous renvoie donc aux trois liens en anglais, qui sont consacrés respectivement à:

– une vieil article de Greiner, toujours d’actualité: Evolution and Revolution as Organizations Grow

– quelques notes sur la gestion de la croissance chez Google

– un rapport très complet du WEF dont j’extrais des citations que je trouve très instructives.

Croissance et profits

Je vais faire comme je fais parfois, juste mentionner ici un post en Anglais: High Growth and Profits, que je n’ai pas le courage de traduire entièrement. J’y parle de croissance, de profits comme deux domaines qui seraient contradictoires au début des start-ups, j’y parle de mon retour à la recherche académique à travers la conférence Babson où Ernesto Bertarelli et Nicolas Hayek ont été deux intervenants passionnants.

Bertarelli a parlé de
passion, fire and love,
team,
vision,
taking chances,
risk of failing is OK
donc de valeurs!

Quant à Hayek, il a parlé de l’importance des créateurs plus que des managers.

Enfin, j’y parle de mon débat avec d’autres chercheurs qui privilégient les profits sur la croissance, chose qui est peut-être valable pour les PMEs, mais peut-être pas pour les start-ups high-tech, du moins à leurs débuts…

Plus ici

Gazelles et Gorilles – la croissance des start-up

Depuis mon intérêt pour les start-up, c’est à dire depuis 1997 environ, j’ai toujours été intrigué par l’impact macroéconomique de ce type de sociétés, c’est à dire les sociétés à forte croissance, en général high-tech. On connait l’importance des Intel, Apple, Microsoft, Cisco, Yahoo et autres Google mais quel est-il au niveaux des économies globales.

De manière surprenante, le sujet n’est pas si bien connu qu’on pourrait croire. J’ai lu ces jours-ci quelques études récentes que vous pourrez trouver plus bas si vous êtes intéressé. La fondation Kauffman que j’ai déjà mentionnée sur ce blog publie d’excellentes choses et en particulier son expert Dane Strangler. Il est l’auteur de High-Growth Firms and the Future of the American Economy et de Exploring Firm Formation: Why is the Number of New Firms Constant? ainsi que de Where Will The Jobs Come From?

Grâce à son travail, j’ai pris aussi connaissance de travaux plus anciens, tels que Gazelles as Job Creators – A Survey and Interpretation of the Evidence and High-Impact Firms: Gazelles Revisited , tous les deux publiés en 2008.Enfin les Britanniques ont aussi leur étude, High growth firms in the UK: Lessons from an analysis of comparative UK performance. Ce dernier document est intéressant car il ne considère pas que les gazelles, autrement dit les sociétés de croissance, mais aussi les gorilles, les sociétés de croissance jeunes, c’est à dire qui ont cru rapidement en moins de 10 ou 15 ans.

Les premières réponses à ces questions furent fournies en 1981 par David Birch qui montra les grandes entreprises ne sont plus les créateurs de nouveaux emplois. Mais même à ce jour, la réponse à ces questions n’est pas très simple. En totu cas, il m’a fallu plus de temps que je n’aurais pensé pour me faire une idée que je vais essayer de partager ici avec vous. Par exemple, le tableau qui suit montre la création d’emplois aux USA par taille d’entreprises. Je fournis les chiffres sans garantie car je les ai rapidement compilé à partir de plusieurs sources, mais essentiellement de High-Impact Firms: Gazelles Revisited

Qu’est-ce que cela signifie? Premièrement, les « high impact firms » contribuent à l’essentiel des créations d’emplois. les « high impact firms » sont les sociétés qui croissent à plus de 20% par an (en emplois et en chiffres d’affaires*), les sociétés à forte croissance. Comme vous pouvez le constater, les « low-impact firms » créent aussi des emplois, mais seulement les PMEs (les petites et moyennes entreprises). Cela explique ce quasi-mythe autour de l’importance des PMEs de croissance.

Mais il y a là une simplification. Les « high-impact firms » ne sont pas que des PMEs et toutes ces études montrent de plus qu’

– elles ne sont pas jeunes, elles ont en moyenne 25 ans,

– elles ne sont pas nécessairement high-tech, on les trouve dans tous les secteurs de l’économie,

– elles ne sont que minoritairement financées par le capital-risque. ceci devient évident quand on sait que ces « high impact firms » sont environ 300 000 aux USA alors que les VCs ne financent que quelque milliers de sociétés par an…

Plus sur les gazelles ici. Et maintenant, qu’en est-il des gorilles? les gorilles sont des sociétés de croissance et jeunes. Le rapport britannique ci-dessus, leur donne un âge de 10 ou 15 ans. je me souviens aussi que Geoffrey Moore les définit comme les leaders de leur marché. mais assez peu est connu sur les gorilles. Ce rapport anglais indique qu’il n’y a pas eu de gorille récent au Royaume Uni alors que Yahoo, eBay, Amazon, Yahoo et Google sont Gorilles américains.

Dane Strangler dans son rapport fournit d’autres données intéressantes. Il ne décrit pas les gorilles à strictement parlé, mais il en est sans doute assez proche:

– Dans une année donnée, le pour-cent le plus performant 1 percent des jeunes sociétés crée environ 40% des nouveaux emplois.
– les jeunes sociétés de croissance, environ 1 percent de toutes les sociétés, créent environ 10% percent des nouveaux emplois d’une année donnée.

Plutôt impressionnant! Bien, je n’ai pas toutes les réponses que je souhaiterais avoir, mais je sais que les gazelles (environ 5-6% des sociétés américaines) sont importantes et que les gorilles (1% des sociétés) le sont peut-être encore plus. En définitive, ce qu’est l’impact de la high-tech et du capital est uen autre (mais intéressante) histoire!

*: La croissance en terme d’emplois est plus complexe que le chiffre de 20%… les experts emploient le « Employment Growth Quantifier » (EGQ), c’est à dire le produit des changements absolu et relatif (en pourcentage) en emplois sur une période de quatre ans et le prennent supérieur à 2 pour « high impact » … Une augmentation de 20% des ventes correspond aussi à un facteur 2 sur quatre ans.