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Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 4: et les clients?

Les classes 9 à 12 de Thiel quittent le champ des start-up pour aborder des sujets touchant à l’économie et à l’innovation. Thiel donne des conseils généraux, tels que le fait que les clients sont importants et aussi plus importants que les concurrents, avec en plus cette « obsession » récurrente que la paix et, de manière corrélée, le monopole sont plus souhaitables que la guerre et la compétition.

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La classe 9 traite de ce sujet important des clients et plus particulièrement comment les trouver. « Les gens disent tout le temps: ce produit est si bon qu’il se vend sans effort. Ce n’est presque jamais le cas. […] La vérité est que vendre n’est pas une entreprise purement rationnelle. Il y a beaucoup de choses étranges à l’œuvre ici. […] La plupart des ingénieurs sous-estiment le côté commercial des choses parce que ce sont des gens axés sur la vérité. En ingénierie, quelque chose fonctionne ou alors n’existe même pas. […] L’ingénierie est transparente. […] La vente n’est pas transparente du tout. (J’en profite pour vous conseiller à nouveau de lire Packer sur la transparence et de la politique dans SV, lié d’ailleurs à ce qui suit!) […] Une bonne analogie pour l’opposition ingénieur – ventes est celle des experts et des politiques. Si vous travaillez dans une grande entreprise, vous avez deux choix. Vous pouvez devenir expert en quelque chose. L’autre choix est d’être un politique. […] Les très bons politiciens valent beaucoup mieux que vous pourriez le penser. les grande vendeurs valent aussi bien mieux que vous le pensez. Mais cela est toujours profondément caché. En un sens, probablement tous les présidents des États-Unis étaient d’abord et avant tout des vendeur déguisés.

Thiel aime les quadrants mais ne le dessine pas ici , il l’explique simplement:
– Le produit se vend, sans aucun effort de vente. Cela n’existe pas .
– Le produit a besoins de vendeurs et il n’y aucun effort de vente. Vous n’avez pas de revenus.
– Le produit a besoins de vendeurs, et il y a un fort effort de vente. Il s’agit d’une entreprise axée sur la vente.
– Le produit se vend [relativement facilement j’imagine], et il y a un fort effort de vente. C’est l’idéal.

Thiel a des vues similaires sur le marketing. « La publicité est aussi difficile que la vente » et il utilise la célèbre citation : « La moitié de l’argent que je dépense en publicité est gaspillée : le problème est que je ne sais pas quelle moitié. » Thiel pense que les ventes suivent une loi de puissance similaire à celle existant dans la création de valeur. « Le marketing viral fonctionne rarement… et le marketing viral nécessite que l’utilisation de base du produit doit être intrinsèquement virale. »

Dans sa classe 10, Thiel explore le sujet du futur et de ces incertitudes. Il montre combien il est difficile d’identifier les opportunités. Il mentionne même la jolie citation (mais si elle ne fut jamais dite en réalité) « tout ce qui peut être inventé a été inventé » (faussement) attribuée au commissaire des brevets américain Charles H. Duell en 1899. Encore une fois tant en termes d’innovation technologique (face aux ordinateurs) que de mondialisation (contre la Chine), Thiel conseille de ne pas chercher la concurrence mais de collaborer.

Mais la pire menace est le temps… « Plus intéressants sont les cas où les gens sont juste sur la vision et ont tout simplement tort sur le moment. […] Et être trop précoce est un problème plus important pour les entrepreneurs que de ne pas être correct. Il est très difficile de s’asseoir et d’attendre que les choses arrivent. Cela ne fonctionne presque jamais. » Andreessen qui était l’invité de Thiel approuve: « Pour les entrepreneurs, le timing est un risque énorme. Vous devez innover au bon moment. Vous ne pouvez pas arriver trop tôt. C’est vraiment dangereux parce que vous faites essentiellement un pari sur le temps. Il est rare de recommencer la même entreprise cinq ans plus tard si vous essayez une fois en ayant eu tort sur ​​le calendrier. Jonathan Abrams a fait Friendster mais pas Facebook ».

Et Andreessen est également d’accord sur les ventes: « La raison numéro un de dire non à un entrepreneur même si nous apprécions son projet est de se concentrer sur les produits à l’exclusion de tout le reste. Nous avons tendance à cultiver et à glorifier cette mentalité dans la Silicon Valley. Nous sommes tous amoureux du modéle « lean start-up ». L’ingénierie et les produits sont la clé. Il y faut beaucoup de talent, et toute cette culture a aidé à créer des entreprises de la plus grande qualité. Mais l’aspect sombre de la vente et du marketing, c’est que les entrepreneurs trouvent des excuses pour ne pas faire ces choses difficiles de la vente et du marketing. Beaucoup d’entrepreneurs développent de grands produits mais n’ont tout simplement pas de stratégie de distribution. Et le pire est quand ils affirment qu’ils n’en ont pas besoin, ou que leur stratégie de distribution est le marketing viral. »

Et à nouveau le sujet du timing: « Vous pouvez vous tromper de bien des manières. La première est que l’avenir est trop éloigné […] C’est comme le surf. Le but est d’attraper une grosse vague. Si vous pensez que une grande vague arrive, il faut pagayer dur. Souvent, il n’y a pas de vague, ce qui est très pénible. Mais vous ne pouvez pas attendre d’être sûr qu’il y a une vague avant de commencer à pagayer. Vous allez la manquer complètement. Vous devez pagayer au début, puis laissez la vague vous attraper. La question est comment savoir quand la prochaine grosse vague est susceptible de venir? »

Quelques sujets divers:
– Vous avez besoin de trouver l’équilibre qui vous permet de penser le moins possible aux brevets. La propriété intellectuelle est essentiellement une taxe réglementaire qui distrait du business.
– L’idéal est d’avoir un fondateur / CEO qui est une personne de produit. Les commerciaux gèrent la force de vente. Larry Ellison [ne fait pas exception et] et est un homme de produit.
– Etre CEO est une compétence qui s’apprend. « Avec la mode du « CEO de classe mondiale », vous manquez les Microsoft, Google et Facebook. Les PDG de ces entreprises, bien sûr, se sont avérés être excellents. Mais ils étaient aussi des gens de produits qui ont construit des entreprises. [Ne vous méprenez pas] tout le monde pense que les gestionnaires sont une bande d’idiots, et que les ingénieurs doivent sauver l’entreprise en faisant les bonnes choses pour tout rattraper. Ce n’est pas juste. La gestion est extrêmement importante. Une excellente gestion et de bons produits qui fonctionnement sont la caractéristique des meilleures entreprises. »

La classe 11 traite aussi du futur, mais en termes de « secrets », ce qui peut être important pour savoir identifier les vraies opportunités: « Certains secrets sont petits et incrémentaux. D’autres sont très grands. L’accent devrait être mis sur les secrets qui comptent: les grands secrets. Les grands secrets abordés dans ce cours jusqu’ici sont monopole contre la concurrence, la loi de puissance, et l’importance de la distribution. « Le capitalisme et la concurrence sont des antonymes. » C’est un secret bien gardé et une vérité importante, et la plupart des gens en désaccord avec cela ».

Thiel explique pourquoi secrets sont importants: « Quatre choses principales ont été le moteur d’une grande incrédulité sur la notion de secret.
– Tout d’abord, il y a un incrémentalisme omniprésent dans notre société. Les gens semblent penser que la bonne façon de s’y prendre pour faire les choses est de procéder petit à petit. […] Les universitaires sont incités par le quantitatif, pas le qualitatif. L’objectif est de publier de nombreux articles, dont chacun est, dans la pratique au moins, nouveau seulement d’une manière incrémentale. […]
– Deuxièmement, les gens ont de plus en plus d’aversion au risque. Aujourd’hui, les gens ont tendance à avoir peur des secrets. Ils ont peur de se tromper. Bien sûr, les secrets sont censés être vrais. Mais dans la pratique, ce qui est vrai de tous les secrets, c’est qu’il y a de bonnes chances qu’ils soient faux. Si votre objectif est de ne jamais faire d’erreurs dans la vie, vous ne devriez certainement jamais vous intéresser aux secrets. Penser en dehors de la norme sera dangereux pour vous. […]
– La troisième raison est la complaisance. Il n’y a vraiment pas besoin de croire aux secrets aujourd’hui. Les doyens des facultés de droit à Harvard et Yale débitent le même discours devant les étudiants de première année à chaque rentrée : « Vous êtes arrivés. Vous êtes dans une école d’élite. […]
– Finalement, il y a une tendance certaine vers l’égalitarisme qui nous éloigne des secrets. Nous constatons qu’il est de plus en plus difficile de croire que certaines personnes ont des informations importantes sur la réalité que d’autres personnes n’ont pas. Les prophètes ont perdu leur aura. Avoir des visions de l’avenir est considéré comme de la folie. En 1939, Einstein a envoyé une lettre au président Roosevelt pour lui demander de se pencher sérieusement sur l’énergie nucléaire et les armes atomiques. Roosevelt avait lu et réagi. Aujourd’hui, une telle lettre serait perdue dans le courrier de la Maison Blanche. »

Mais… « il n’existe pas de formule simple qui peut être utilisé pour trouver des secrets. »

La classe 12 parle de ​​la Guerre et de la Paix de nouveau, mais je n’ai pas grand chose à commenter ici, sauf une citation de Reid Hoffman: « Un commentaire sur les inventions et l’innovation: quand vous avez une idée de start-up, consultez votre réseau. Demandez aux gens ce qu’ils pensent. Ne recherchez pas la flatterie. Si la plupart des gens pensent immédiatement que le projet est génial, vous êtes probablement foutu; cela signifie probablement que votre idée est évidente et ne fonctionnera pas. Ce que vous cherchez est une réponse véritablement réfléchie. Deux tiers des personnes de mon réseau pensaient LinkedIn était une idée stupide. Il s’agissait de gens très intelligents. Ils avaient compris qu’il y aucune valeur dans un réseau social tant que vous n’avez pas un million de membres. Mais ils ne connaissaient pas les plans secrets qui nous ont amenés à croire que nous pourrions réussir. Et atteindre le premier million nous a demandé environ 460 jours. Maintenant, nous grandissons à plus de 2 utilisateurs par seconde. » Les secrets pacifiques sont plus sûrs que de la compétition pour des choses connues…

Quand Peter Thiel et ses amis parlent des start-up – partie 3: culture, fondateurs, équipes, investisseurs

La troisième partie de ma série de commentaires sur les notes de cours de Thiel à Stanford couvrent principalement ses classes 5-8. Mais d’abord je dois ajouter que Thiel a invité un « hall of fame » d’innovateurs au cours de ses 19 classes. Tout à fait fascinant!

Thiel-Friends-CS1ère ligne: Stephen Cohen, co-founder et executive VP – Palantir Technologies,
Max Levchin, co-fondateur -PayPal et Slide,
Roelof Botha, partner – Sequoia Capital et ancien CFO de PayPal,
2ème ligne: Paul Graham, co-fondateur – Y Combinator,
Bruce Gibney, partner – Founders Fund,
Marc Andreessen, general partner – Andreessen Horowitz,
3ème ligne: Reid Hoffman, co-fondateur – LinkedIn,
Danielle Fong, co-fondateur et Chief Scientist – LightSail Energy,
Jon Hollander, Business Development at RoboteX,
4ème ligne: Greg Smirin, COO – The Climate Corporation,
Scott Nolan, principal – Founders Fund et ex-SpaceX,
(Elon Musk devait venir, mais été occupé au lancement de fusée),
5ème ligne: Brian Slingerland. co-fondateur & COO – Stem CentRx,
Balaji S. Srinivasan, CTO – Counsyl,
Brian Frezza, co-fondateur – Emerald Therapeutics,
6ème ligne: D. Scott Brown, co-fondateur Vicarious,
Eric Jonas, CEO – Prior Knowledge,
Bob McGrew, Director Eng. – Palantir,
7ème ligne: Sonia Arrison, Associate Founder – Singularity University,
Michael Vassar, Singularity Institute for the study of Artificial Intelligence (SIAI),
Aubrey de Grey, Chief Science – SENS Foundation.

Thiel aborde dans ces nouvelles leçons la manière de bâtir une start-up depuis les idées et grâce à la vision des fondateurs, en cosntruisant une équipe en faisant parfois appel au financement d’investisseurs. Mais il a d’avord commencé par un concept essentiel même s’il est flou, la culture d’entreprise : « Une culture d’entreprise robuste est celle dans laquelle les gens ont quelque chose en commun et se reconnaissent si bien qu’elle les distingue assez nettement de reste du monde. »

Il mentionne certaines dimensions importantes de cette culture:
– Consultant nihiliste ou dogmatisme sectaire : « Vous voulez être quelque part au milieu de ce spectre . Dans la mesure où vous graviter vers l’extrême, vous voulez probablement être plus près d’être une secte que d’être une armée de consultants ». ce qui pourrait être la raison pour laquelle Thiel a dit plus tôt que
pre-money évaluation = ($1M * n_engineers) – ($500k * n_MBAs).
– Lutte ou ne pas se battre (nerds ou athlètes ou encore jeu à somme nulle et jeu à somme non nulle). « Donc vous devez trouver le juste équilibre entre les nerds et les athlètes. Aucun extrême n’est optimal. Considérons une matrice 2 x 2. Sur l’axe des y, vous avez des gens à somme nulle et des gens à somme non nulle. Sur l’axe des x des combattants, des environnements concurrentiels et puis vous avez des environnements paisibles, monopoles capitalistes. » L’endroit optimal de la matrice est le capitalisme monopolistique avec une combinaison adaptée de gens à somme nulle et à somme non nulle. Vous voulez choisir un environnement où vous n’avez pas à lutter. Mais vous devez apporter quelques bons combattants pour protéger vos équipes et mission à somme non nulle, juste au cas où.
(On m’a fait remarquer que cela est un peu elliptique… je l’avoue… alors lisez Thiel dans le texte!)

Les fondations sont évidemment un moment précis dans le temps. Mais combien de temps cela dure peut être une question difficile. Le récit typique prévoit une fondation, les premières embauches, et une première augmentation de capital. Mais il y a un argument selon lequel la fondation dure beaucoup plus longtemps que cela. L’idée d’aller de 0 à 1 – l’idée autour de la technologie – suit en parallèle les moments fondateurs. Le 1 à n de la mondialisation, en revanche, vient en parallèle de l’exécution post-fondation. Il se peut que la fondation dure aussi longtemps que l’innovation technique de l’entreprise continue. Les fondateurs devraient sans doute rester en charge tant que le paradigme reste 0 à 1. Une fois que le modèle se déplace vers 1 à n, la fondation est terminée. À ce moment, les dirigeants doivent exécuter.

Max Levchin : La notion que au début, la diversité dans une équipe est importante, est complètement fausse. Vous devriez essayer de bâtir l’équipe aussi non-diversifiée que possible. Il y a quelques raisons à cela. Le plus notable est que une start-up est sous-financée avec pas assez d’employés. C’est un gros inconvénient. Non seulement vous n’avez probablement que des problèmes, mais vous ne savez même pas ce que les problèmes sont vraiemnt. La rapidité est votre seule arme. Tout ce que vous avez c’est la rapidité. […] Comment embaucher ? Un exemple de stratégie est le parti pris anti-mode. Vous ne devriez pas juger les gens par l’élégance de leurs vêtements, les gens de qualité n’ont pas souvent des vêtements de qualité. Ce qui conduit à une observation générale: les très bons ingénieurs ne portent pas de jeans à la mode. Donc, si vous interviewez un ingénieur, regarder ses jeans. Il y a toujours des exceptions, bien sûr. Mais de manière surprenante, c’est une bonne heuristique. […] PayPal a également eu du mal à recruter des femmes. Un étranger pourrait penser que les gars de PayPal étaient dans le stéréotype que les filles ne font pas d’informatique. Mais ce n’est pas vrai du tout. La vérité est que PayPal avait du mal à embaucher des filles parce que PayPal était juste un tas de nerds! Ils ne parlaient jamais aux filles. Alors, comment seraient-ils censés interagir avec elles et les embaucher?

« Aucun CEO ne devraut être payé plus de $150k par an » (dans la Silicon Valley).
« Une autre idée importante est que les gens doivent être soit pleinement dans l’entreprise soit pas du tout. »

Dilution et financement.
Bâtir une start-up de valeur est un long périple. Une question clé pour garder du pouvoir en tant que fondateur est la dilution Les fondateurs de Google avaient 15,6% de la société à l’introduction en bourse. Steve Jobs avait 13,5% d’Apple quand il y est allé au début des années 80. Mark Pincus avait 16 % de Zynga à l’IPO. Si vous avez plus de 10 % après plusieurs tours de financement, c’est en général un très bon résultat. La dilution est implacable. L’alternative est que vous ne laissez pas quelqu’un d’autre monter à bord. Il faut se rappeler que de nombreuses entreprises florissantes sont construites comme ça. Craigslist pourrait valoir quelque chose comme cinq milliards de dollars si elle était gérée plus comme une entreprise que comme une commune. GoDaddy n’a jamais eu de financement. Trilogy à la fin des années 1990 n’avait pas d’investisseurs extérieurs. Microsoft a presque rejoint ce club, il a fallu un investissement de petite taille juste avant son introduction en bourse. Lorsque Microsoft est devenue publique, Bill Gates possédait encore un étonnant 49,2 % de la société. Ainsi, la question de penser VC n’est pas du tout différente des questions sur les co-fondateurs et les employés. Qui sont les meilleurs? Qui voulez-vous ou devez-vous voir monter bord?

Le modèle VC en un mot: une loi de puissance. « En première approximation, un portefeuille de VC ne rendra l’argent que si votre meilleur investissement vaut plus que votre fonds entier. (Et l’investissement dans la deuxième meilleure entreprise est à peu près aussi rentable que depuis le numéro trois jusqu’au dernier.) »

Je n’ai pas encore lu la suite…

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 2: la création de valeur.

Comme promis, voici d’autres commentaires de mes notes de lecture sur le cours de Peter Thiel sur les start-up à l’Université Stanford (comme suite aux commentaires généraux dans la partie 1 sur l’innovation). Et aujourd’hui, il s’agit de la création de valeur. Quand j’enseigne les techniques de valoriation à l’EPFL, je fournis des informations similaires: la création de valeur est basée sur les flux futurs de trésorerie, ajustés au présent (vous pouvez consulter Wikipedia pour la valorisation par DCF en anglais) . La difficulté avec le DCF est que dans le cas des start-ups la plus grande partie de la valeur apparaît dans le très long terme et compte tenu de l’incertitude des revenus des start-up, cela rend le DCF presque inutile… C’est pourquoi, pour les start-up, il est souvent plus facile d’utiliser des techniques basées sur des multiples et comparables (encore une fois vous pouvez consulter Wikipedia pour la valorisation à l’aide des multiples.)

Thiel apporte ici un éclairage intéressant en fournissant une explication au fait que le DCF a encore un sens pour les start-up. D’abord, il définit les « Grandes Entreprises technologiques » : « Les grandes entreprises font trois choses. D’abord, elles créent de la valeur. Deuxièmement, elles sont durables ou permanentes d’une manière significative. Enfin, elles capturent au moins une partie de la valeur qu’elles créent. » Surprenant (pour moi) est que la deuxième argument : elles sont durables ou permanentes d’une manière significative. Il introduit alors le DCF avec un taux de croissance :
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puis il ajoute: « Les entreprises high-tech et autres entreprises à forte croissance sont différentes. Dans un premier temps, la plupart d’entre elles perdent de l’argent. Lorsque le taux de croissance g, dans nos calculs ci-dessus est plus élevé que le taux d’actualisation r, beaucoup de la valeur dans les entreprises de haute technologie existe assez loin dans l’avenir. En effet, un modèle typique permet de constater que 2/3 de la valeur est créée au cours des années 10 à 15. C’est contre-intuitif. La plupart des gens, même les personnes qui travaillent dans des startups aujourd’hui, pensent en mode vieille économie où il faut créer de la valeur dès le départ. L’accent, en particulier dans les entreprises à très forte croissance, est mis sur ​​les prochaines mois, trimestres ou, moins fréquemment, les prochains années C’est un calendrier trop court. Le modèle vieille économie fonctionne pour la vieille économie. Il ne fonctionne pas pour penser technologie et forte croissance des entreprises. Pourtant, la culture start-up aujourd’hui ignore ostensiblement, et même résiste, à une pensée à 10-15 ans ».

Je ne vais pas ajouter beaucoup plus ici, mais juste mentionner que Thiel a dans ses classes 3 et 4 des arguments très intéressants selon lesquelles la concurrence n’est peut-être pas une si bonne chose et le monopole n’est pas si mal pour l’économie et les individus … « Que la concurrence est bonne ou mauvaise est une question intéressante (et souvent négligée). La plupart des gens supposent que la compétition est bien. Le récit économique standard, avec tout l’accent sur la concurrence parfaite, l’identifie comme la source de tout progrès. Si la concurrence est bonne, l’arguemnt par défaut sur ​​son contraire – le monopole – c’est qu’il doit être très mauvais. Mais pourquoi exactement le monopole est mauvais est difficile à expliquer en réalité. Cela est généralement juste accepté comme une donnée. Mais il est probablement utile de s’interroger plus en détail ».

Il fait l’analyse non seulement pour les entreprises mais aussi pour les personnes ayant une partie assez émouvante sur la concurrence féroce à Princeton, Yale ou Harvard avec une comparaison intéressante avec Stanford : « De toutes les meilleures universités, Stanford est la plus éloignée de la concurrence parfaite. C’est peut-être par hasard ou c’est peut-être de par sa conception. La géographie y contribue probablement: depuis la côte Est, on ne fait pas beaucoup attention à nous, et vice-versa . Mais il y a aussi une dimension d’hétérogénéité structurée: Stanford a une solide composante d’ingénierie, lune forte présence en sciences humaines, et même le meilleur programme de sport du pays. Quand on aborde le sujet de concurrence, c’est souvent une blague: regardez par exemple la rivalité de Stanford-Berkeley. C’est également assez assymétrique; ainsi au football, Stanford gagne régulièrement. Mais pour prendre quelque chose qui compte vraiment, comme la creéation d’entreprises de haute technologie, si vous posez la question: « d’où viennent les étudiants ayant créé le plus de start-up de valeur? » pour chacune des 40 dernières années, Stanford l’emporte probablement par quelque chose comme 40 à 0. C’est le capitalisme monopolistique, loin d’un monde de concurrence parfaite ».

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Il termine par une analyse cohérente avec sa première classe sur « Zero to One »: « Si la mondialisation devait avoir un slogan, cela pourrait être que « le monde est plat ». Dans le monde de la technologie, en revanche, on part de l’idée que le monde est le mont Everest. Si le monde était vraiment plat, ce serait juste une concurrence exacerbée (…) Et pourtant, l’idée la plus commune pour les entrepruses est que plus le marché est grand, la meilleure est l’opportunité. C’est tout à fait faux. Le secteur de la restauration est un énorme marché. Il n’est pourtant pas un très bon domaine pour gagner de l’argent ».
(…)
Quelle est la place du capital-risque dans tout cela? Les VCs ont tendance à ne pas avoir un très grand portefeuille d’investissements. Au contraire, ils s’appuient sur des réseaux très discrets de personnes. Autrement dit, ils ont accès à un réseau unique d’entrepreneurs. Donc le VC est tout sauf banalisé. Ce genre de dynamique caractérise sans doute toutes les grands entreprises de haute technologie, à savoir des monopoles basés sur le « last mover ». Les « last movers » construisent des entreprises non banalisées. Ils sont axés sur les relations. Ils créent de la valeur. Ils durent. Et ils gagnent de l’argent ».

La suite dans quelque temps…

Quand Peter Thiel parle des start-up – partie 1

« Nous voulions des voitures volantes, nous avons eu 140 caractères à la place ». Le Founders Fund

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Peter Thiel est probablement l’un de mes personnages favoris quand je pense start-up et Silicon Valley. Voici deux articles où je l’ai mentionné :
La Technologie, notre salut en Octobre 2010
Les promesses de la technologie. Décevantes ? en Novembre 2013 (à propos d’un magnifique article de George Packer du New Yorker: Pas de mort , pas de taxes – Le futurisme libertaire d’un milliardaire de la Silicon Valley.
Et je ne devrais pas oublier de brèves mentions liées sur Le réseau social – Facebook et PayPal.

Une connaissance de l’EPFL et business angel (merci Dave 🙂 ) vient de me parler du cours donné par Thiel à Stanford en 2012 et des notes détaillées prises par un de ses élèves, Notes Essays—Peter Thiel’s CS183: Startup—Stanford, Spring 2012. J’ai copié les notes de cette classe de 19 sessions, et j’en ai fait un document pdf de 233 pages! D’ailleurs, Thiel publiera cet été en collaboration avec son élève un livre intitulé Zero to One: Notes on Startups, or How to Build the Future.

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Comme je l’ai fait avec Mazzucato, j’ai l’intention de faire quelques articles sur ce travail que je trouve vraiment intéressant. Son premier chapitre porte sur la nécessité des start-up pour l’innovation et la technologie, et il motive ainsi le titre « Zero to One »:

« Le progrès vient en deux versions: horizontal/vertical ou étendu/intensif.
– Le progrès horizontal ou étendu signifie fondamentalement copier les choses qui marchent. En un mot, il signifie simplement « mondialisation ».
– Le progrès vertical ou intensif, en revanche, signifie faire de nouvelles choses. Le mot simple pour cela est « technologie ».
le progrès intensif implique aller de 0 à 1 (pas simplement de 1 à n comme pour la mondialisation ) .
[…]
Peut-être nous focalisons nous tant d’aller de 1 à n, parce que c’est plus facile à faire. Il y a peu de doute que aller de 0 à 1 est qualitativement différent, et presque toujours plus difficile, que de copier quelque chose n fois. Et en essayer d’atteindre le vertical, de l’étape 0 à 1 présente le défi de l' »exceptionnalisme »: tout fondateur ou inventeur de quelque chose de nouveau doit se demander: suis-je en bonne santé ? Ou suis-je fou ?
[ … ]
Enseigner cette progression verticale et l’innovation est presque une contradiction dans les termes. L’éducation est fondamentalement une question allant de 1 à n. Nous observons, imitons, et répétons. Les nourrissons n’ont pas inventé de nouvelles langues; ils apprennent l’existant. Dès le début, nous apprenons en copiant ce qui a fonctionné avant. C’est insuffisant pour les startups. À un certain point, vous devez aller de 0 à 1, vous avez à faire quelque chose d’important et le faire bien, ce qui ne peut pas être enseigné. Et donc, les études de cas sur les entreprises qui réussissent sont d’une utilité limitée ».

Puis il traite de « pourquoi les start-up ? » et « pourquoi faire une start-up ? »

« La taille ainsi que les coûts de coordination interne/externe sont très importante. Au delà de 100 personnes dans une entreprise, les employés ne se connaissent pas tous. La politique devient importante. Les start-up sont importantes parce qu’elles sont petites; si la taille et la complexité d’une entreprise est quelque chose comme le carré du nombre de personnes en elle, alors les start-up sont dans une position unique pour réduire les coûts interpersonnels ou internes et donc en position de vraiment agir.
[ … ]
La réponse la plus facile à « pourquoi les start-up ? » est négative : parce que vous ne pouvez pas développer de nouvelles technologies dans des entités existantes. N’importe qui ayant un sens de sa mission a tendance à vouloir aller de 0 à 1. Vous ne pouvez le faire que si vous êtes entouré par d’autres personnes voulant aussi aller de 0 à 1. Cela se produit dans les start-up, pas dans d’énormes entreprises ou dans les organismes gouvernementaux.
[ … ]
Faire une start-up pour l’argent n’est pas une bonne idée. Peut-être faire une start-up pour qu’on se souvienne de vous ou pour devenir célèbre est une meilleure motivation. Peut-être pas. Une meilleure motivation serait toujours un désir de changer le monde. Les États-Unis en 1776-1779 était une start-up en quelque sorte. Quels ont été les motivations des fondateurs ? Il y a aussi un grand élément culturel à la question de la motivation. Au Japon, les entrepreneurs sont considérés comme des preneurs de risques inconsidérés. La chose respectable à faire est de devenir un employé permanent quelque part. La version littéraire de ce sentiment est « derrière chaque fortune se cache un grand crime ». Les pères fondateurs étaient-ils des criminels ? Les fondateurs sont-ils tous des criminels d’une manière ou d’une autre ? »

Plus à venir bientôt. Mais si vous aimez tout cela, il suffit de lire Thiel !

Après Banksy à New York et Invader en Suisse, voici Mirror Mosaic Man à Pully

Ce qui est fascinant avec l’Art Urbain est que vous pouvez passer totalement à côté, mais quand vous commencez à le voir, il n’arrête pas de surgir devant vos yeux. Après avoir suivi Banksy à New York, puis découvert le travail de Space Invader en Suisse (Lausanne, Genève et Berne), un collègue m’a mentionné des mosaïques de miroirs pleines de poésie à Pully. J’ai passé quelques heures dans les rues de cette ville et en effet, elles apparaissent un peu partout, dans des endroits toujours plus improbables!

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La beauté de la vie vient aussi de ces hasards que Paul Auster décrit si bien dans ses livres (par exemple dans La musique du hasard). Alors que je prenais une photo de l’un de ces miroirs, une voix derrière moi demanda: « Alors, vous aimez mon escargot ? » C’était « Miroir Mosaic Man ». Nous avons eu une brève conversation, je lui ai mentionné Space Invader à Lausanne et l’artiste de Pully me conseilla de contacter Pierre Corajoud qui publie de très jolis petits livres sur les promenades autour de Lausanne. Pierre Corajoud avait en effet publié un petit livret sur ​​Invaders à Lausanne. Je le remercie ici de m’avoir offert un exemplaire car malheureusement, de nombreuses oeuvres ont été détruites ou volées après sa publication et Corajoud a retiré son livre des librairies. Dommage ! J’espère que les mosaïques ne vont pas disparaître … Voici la carte des travaux que j’ai découvert.


Afficher Mirror Mosaic Man sur une carte plus grande

Voici en guise de conclusion un document pdf avec les images que j’ai pu trouver. Mais le mieux est d’aller les découvrir sur place!

GillesPandel-Pully-2020

Les Space Invaders à Berne (et dans le reste du monde: Paris, Bâle, Ravenne)

Un post très court en complément aux Space Invaders de Lausanne et de Genève.

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Les Space Invaders sont arrivés à Berne en l’an 2000 et pour les passionnés de son travail et qui sont proches de la Suisse, il est aussi allé à Bâle en 2013 et Anzère en 2014…

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Voici la carte et vous pouver aussi télécharger le pdf qui inclut tout ce que j’ai trouvé jusqu’à présent…. en attendant que je me rende sur place!

PS: je me suis rendu à Berne le 15 juin 2014. Coïncidence étrange, j’ai fini ce jour là La Vie mode d’emploi de Georges Pérec. Je me demande si son personnage de Bartlebooth n’est pas un peu à l’image du Street Art et de ses fans… J’ai donc mis à jour le pdf plus haut et voici un montage des survivants après presque 15 ans. Autre coïncidence, il y a 8 survivants sur 30 projets, soit comme les start-up dont la moitié survit après 5 ans et environ 25% après 15 ans…

Invaders-Bern-2014

PS: de temps en temps, j’ajoute des chapitres à mes découvertes de Space Invaders. Voici une synthèse essentiellement basée sur le site de l’artiste et d’autres passionnés: SpaceInvaders around the World (pdf – 8Mo)

Vous pouvez trouver d’autres données sur Lausanne, Genève, Bâle, Grenoble et Bruxelles. En septembre 2014, j’ai commencé à visiter Paris. Voici des fichiers pdf de certains arrondissements:
le 1er,
le 2ème,
le 3ème,
le 4ème,
le 5ème,
le 6ème,
le 12ème,
le 13ème,
le 14ème,
le 15ème,
le 16ème,
le 17ème
et aussi un document sur les récentes invasions: les 1000+. Ma carte de Paris suit plus loin. Vous trouverez des documents plus récents sur Invader à Paris ici.

En octobre 2014, j’ai suivi de loin l’invasion de Ravenne. Voici ce que j’ai trouvé en ligne: les Space Invaders à Ravenne.

Les Space Invaders sont aussi à Genève

Il était difficile de ne pas ajouter l’invasion de Genève par les Space Invaders après celle de Lausanne (Après Banksy à New York, Space Invader à Lausanne). Mais celle-ci est loin d’être parfaite, de nombreuses images sont manquantes et je n’ai pas pris le temps d’aller sur place.

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Tout de même, vous pouvez télécharger ma compilation pdf de ce que j’ai trouvé en ligne ainsi que d’une carte Google des lieux.


Afficher Space Invader Geneva sur une carte plus grande

Après Banksy à NYC, Space Invader à Lausanne

Un nouveau post qui n’a pas grand chose à voir avec mon sujet de prédilection, les start-up. Mais après avoir découvert les travaux de Banksy à New York, j’ai vu son film Exit Through the Gift Shop. Il y est question de Space-Invader, un autre « street artist », il semble apparaître brièvement dans le film. Et le lien entre toutes ces choses est que Space Invader s’est aussi produit à Lausanne où je travaille. J’ai cherché ses Invaders et le résultat est le pdf qui suit plus bas (Notez qu’il s’agit d’un document assez volumineux – 24Mb)

Which-invader-in-Lausanne
Un Invader non identifié à Lausanne

Je suis loin d’être original en faisant cela. Par exemple Alain Hubler avait blogué sur le sujet en 2007 et il m’a aidé à trouver le dernier lieu qui me résistait (merci!) Je dois dire que je ne connais pas grand chose au Street Art. Mais cette chasse au trésor fut amusante.

Coincidence intéressante pour moi, Xavier Delaporte a eu une jolie chronique sur France Culture: Les nouvelles façons de marcher (avec nos outils numériques). Ceci en est un nouvel exemple!

Space Invader, tout comme Banksy et de nombreux autres artistes de rues, reste anonyme. Il a son propre site web, www.space-invaders.com. Il a aussi ses fans comme Monsieur Chat qui suit sa production à Paris et une multitude d’autres qui mettent des photographies sur la toile. Malheureusement, la majorité des oeuvres lausannoises a disparu, soit par destruction des bâtiments, soit volées et/ou remplacées par d’autres.

Il y a un deuxième artiste, Spaceramik, qui a mis sa propre video sur YouTube. La photo que j’ai placée plus haut pourrait n’appartenir à aucun des deux, d’où mon qualificatif « non-identifié ».

Dernier point, le lien vers les pdf :

PS: (Le 8 février 2014) Pierre Corajoud et les Space Invaders
Pierre Corajoud est célèbre à Lausanne pour la publication de très jolis petits livres sur des promenades autour de Lausanne. J’ai appris par Mirror Mosaic Man qu’il avait publié un livret sur Space Invader à Lausanne. Je remercie Pierre Corajoud ici à nouveau de m’avoir offer une copie de son livre parce que, malheureusement, de nombreuses oeuvres ont été détruites ou volées après sa publication et Corajoud a retiré son livre des librairies.

SpaceInvaders-Corajoud

PS. 24 décembre 2013, une année de street art en vidéo…

Banksy à NYC

Banksyny

Un poste inhabituel, car il n’a rien à voir avec les start-up. Curieusement, un autre est lié à New York et Obama. Je mentionne de temps en temps que les entrepreneurs ont des similitudes avec les artistes quand ils veulent avoir un impact. Et l’innovation est un art, pas une science.

J’ai suivi de temps à autre le travail de Banksy à New York le mois dernier et j’ai passé le week-end à compiler ce que je pouvais trouver. N’hésitez pas à regarder le pdf, qui contient les 31 jours d’octobre de Banksy à NYC avec des photos, des cartes et des liens vers d’autres sites ainsi que ma propre carte Google de ces lieux. Vous pouvez également télécharger le diaporama Powerpoint en cliquant ici. Il lance automatiquement toutes les documents vidéos et audios (mais cela pourrait dépendre de la version ppt que vous avez le cas échéant).

Banksyny-lebret-pdf
Cliquer sur l’image pour télécharger le pdf

Et voici la carte des lieux où Banksy a œuvré.

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PS: 1er juin 2014, une vidéo résumant la résidence de Banksy à NYC:

Le livre qui a lancé la révolution Lean Startup

Il n’y a rien de vraiment nouveau avec la 5ème édition de The Four Steps to the Epiphany de Steve Blank. Mais d’abord, j’ai perdu ma première copie (qui l’a?) et j’ai pensé que je devrais relire cette bible pour les entrepreneurs. Ensuite, j’ai reçu un courriel de l’équipe de Blank : « Nous savons que vous aimez les Quatre Etapes parce que vous avez écrit une belle revue du livre en Février 2012. Envisageriez-vous de vous arrêter à cette nouvelle version et de répéter votre avis ? » Ces Américains savent quelque chose sur le marketing. Alors pourquoi pas !

Four-Steps-to-the-Epiphany-5th-edition

Dix ans après la 1ère édition, Blank est toujours autant d’actualité. Son modèle de développement de la clientèle est une grande leçon sur les dangers des plans d’affaires et du développement de produits sans une certaine forme de validation précoce des clients et du marché. Vous pouvez lire mon post de 2011, Steve Blank et le développement des start-up. Vous devriez , car je ne vais pas répéter ce que j’ai dit alors. Je n’ai prien à changer. Permettez-moi de rappeler encore quelques éléments clés :

– « La bonne nouvelle est que les jalons sur le client et le marché peuvent être définis et mesurés. La mauvaise nouvelle est que réaliser ces jalons est un art. C’est un art incarné dans la passion et la vision des personnes qui travaillent à faire de leur vision une réalité. C’est ce qui rend les start-up passionnantes. » [Page 22 et voir note (1) ci-dessous]
– les start-up ne sont pas les premières versions de sociétés établies. En fait, elles n’ont rien à voir avec des entreprises classiques. « Les start-up sont des entités temporaires destinées à la recherche d’un modèle d’affaires extensible et reproductible. » En conséquence, les personnes construisant des start-up (produit, ventes , marketing, management) ont besoin de comprendre la culture et la dynamique de ces entreprises. « Les organisations fonctionnelles traditionnelles [ventes, marketing et développement commercial], les titres et les descriptions de poste qui fonctionnent dans une grande entreprise sont pires qu’inutiles dans une start-up. Ils sont dangereux et dysfonctionnels dans les premières phases d’un démarrage. » [Annexe A, « La mort des départements ».]

« The Four Steps to the Epiphany » n’est pas facile à lire, mais il est incontournable pour tout entrepreneur !

(1) Dans une autre interview Blank expliquait: « Ces dix dernières années, nous avons cru bâtir une méthodologie répétable au point de croire à une science, que quiconque pourrait appliquer. Je commence à entrevoir mon erreur. Ce n’est pas que la méthode soit fausse, mais tout le monde ne peut également en tirer le meilleur parti. » De la même manière que le traitement de texte, excellent outil par ailleurs, n’a jamais fait l’écrivain, un processus d’innovation bien pensé ne garantira pas le succès. Blank ajoute que « tant que l’on ne saura pas vraiment comment enseigner la créativité, le succès sera toujours limité. Tout le monde n’est pas artiste, après tout. »