Archives par étiquette : Fondateur

Stanford et les Startups

Stanford fait partie des deux meilleures universités avec le MIT pour la création de startups high-tech. Il n’y a aucun doute à pareille affirmation. Au cours des dix dernières années, j’ai étudié l’impact de cette université qui s’est développée au milieu de Silicon Valley. Après un livre et quelques articles de recherche, voici une sorte de travail de conclusion.

Il y a un peu moins de 10 ans, j’ai découvert Wellspring of Innovation, un site Web de l’Université de Stanford qui liste environ 6000 entreprises et fondateurs. J’ai utilisé cette liste en plus de données que j’avais obtenues de l’OTL, le bureau de transfert de technologie de Stanford ainsi que de certaines données personnelles que j’avais compilées au cours des années. Le rapport Startups and Stanford University, sous-titré « une analyse de l’activité entrepreneuriale de la communauté de Stanford sur 50 ans » est le résultat d’une recherche d’environ 10 ans. Bien sûr, je n’ai pas travaillé tous les jours sur le sujet, mais ce fut un travail patient qui m’a aidé à analyser plus de 5000 startups et entrepreneurs. Il n’y a presqu’aucune anecdote, mais beaucoup de tableaux et de figures. J’ai délibérément décidé de ne pas tirer beaucoup de conclusions car chaque lecteur préférera sans doute une partie à une autre. Les quelques personnes que j’ai contactées avant de le publier ici ont twitté avec des réactions différentes. Par exemple:

Katharine Ku, directrice de l’OTL a mentionné un autre rapport lorsque je lui ai mentionné le mien: Stanford’s Univenture Secret Sauce – Embracing Risk, Ambiguity and CollaborationLa recette secrète d’Univenture de Stanford: embrasser le risque, l’ambiguïté et la collaboration. Une autre illustration de la culture entrepreneuriale de cet endroit unique! Je dois remercier Madame Ku ici encore pour les données auxquelles j’ai pu accéder grâce à elle!

Ce document n’est pas vraiment une conclusion. Il reste encore beaucoup à étudier sur les startups high-tech autour de Stanford. Rien qu’avec ces données. Et plus encore avec des données récentes sans doute. Et je conclurai ici avec la dernière phrase du rapport: « Comment tout cela se développera-t-il à l’avenir est évidemment impossible à prédire. Par conséquent, une analyse revisitée de la situation dans une décennie devrait être très intéressante ».

Les start-up selon la Paris Innovation Review

Encore une fois, la Paris Innovation Review (anciennement ParisTech Review) publie une série d’excellents articles, cette fois dédiés aux start-up. Ceux-ci sont:
– Des entreprises comme les autres? Une enquête sociologique sur des startups françaises. http://parisinnovationreview.com/2017/03/21/enquete-sociologique-startups-francaises/
– Rémunération & incitations des salariés de startup – 1 – Les salaires. http://parisinnovationreview.com/2017/03/23/remuneration-incitations-startup-salaires/
– Rémunération & incitations des salariés de startup – 2 – Actions et stock options http://parisinnovationreview.com/2017/03/23/remuneration-incitations-salaries-startup-actions/

L’article sur la sociologie des start-up montre (en fait confirme) des choses intéressantes. Je vais vous laisser le lire et sauter directement à leurs conclusion: « Quelques-uns de ces résultats peuvent donner matière à réflexion pour des politiques publiques qui viseraient à favoriser les créations d’entreprises. La survie de ces sociétés semble relativement peu prévisible, aussi bien pour les personnes impliquées (les entrepreneurs, les salariés, les services d’aide à la création) que pour les analystes qui les observent de l’extérieur. Nous avons interprété cette imprévisibilité comme le résultat de deux causes. La première est la sélection opérée par les services d’accompagnement, sélection qui a largement guidé la nôtre dans la mesure où la revendication d’innovations techniques, qui était notre principal critère d’inclusion dans notre enquête, est en général associée à des suivis et des aides par ces services. On peut penser qu’un certain nombre de projets jugés très irréalistes ont pu être exclus par ces services, ce qui limite de fait la variété des entreprises que nous avons étudiées. La seconde cause, plus fondamentale, est la variété des éléments qui font le succès ou l’échec des entreprises : débouchés qui apparaissent et disparaissent au gré de changements économiques mondiaux, des stratégies des grands groupes industriels et des initiatives des concurrents, conflits internes, ressources qui deviennent abondantes ou peu accessibles en fonction des évolutions du contexte, problèmes de financement difficiles à anticiper, etc. Cela pourrait inciter les pouvoirs publics à encourager de très nombreux projets et à ne pas se contenter de ceux qu’ils considèrent comme les plus prometteurs. Arroser un champ entier est souvent plus efficace que déverser toute l’eau disponible sur quelques mètres carrés… Très soutenues par les pouvoirs publics, les entreprises réputées innovantes s’en sortent mieux que les autres si l’on considère leur taux de survie. Peut-être ne serait-il pas absurde de faire bénéficier d’un soutien équivalent des entreprises situées dans d’autres mondes économiques. »

Le thème de l’incitation fait partie de mes sujets de prédilection comme vous pouvez le voir avec le lien Slideshare ci-dessous. En ce qui concerne les salaires, je suis entièrement d’accord avec leur conseil: être aussi objective que possible : cela garantit l’équité et reconnaît une vérité fondamentale: les gens parlent. Du point de vue des stock options, connaître les règles de vesting (durée d’acquisition) et de cliff (durée minimale) et créer un mécanisme de’obtention basé sur l’expérience des employés et mais aussi sur les couches des employées des plus anciens aux plus récents, c’est-à-dire que le même nombre d’options pourrait être accordé chaque année (et en conséquence plus d’actions pour les employés les plus anciens, car il y devrait y avoir plus d’employés par an lorsque la société grandit. Si cela n’est pas le cas, les stock-options sont probablement sans grande valeur…)

Des données sur la structure actionnariale (fondateurs, investisseurs) de 401+ start-up

Je compile régulièrement des données sur les start-up et en particulier sur la manière dont les actions sont attribuées aux fondateurs, aux employés (par le biais de stock options), aux administrateurs indépendants et aux investisseurs (par le biais d’actions privilégiées). J’ai maintenant plus de 400 cas de ce genre (voir ci-dessous la liste complète). Ce qui est intéressant, c’est d’examiner certaines statistiques par géographie, par domaine d’activité et par période de fondation. Les voici:

Il y aurait beaucoup à dire… mais je préfère vous laisser vous faire votre opinion par vous même…

Equity Structure in 401+ Start-ups by Herve Lebret on Scribd

Quelle est la structure actionnariale d’Uber et d’Airbnb?

Quelle est la structure actionnariale d’Uber et d’Airbnb? Malheureusement, il s’agit d’une question que seuls les actionnaires des deux start-up peuvent connaître. Je n’en ai presque aucune idée. Mais au cours du week-end j’ai essayé de trouver combien ces licornes ont levé d’argent et comment cela a impacté les fondateurs. Si vous lisez ce blog de temps en temps, vous savez probablement que je fais cet exercice régulièrement. J’ai une base de données de plus de 350 exemples, et je vais bientôt la mettre à jour avec 401 entreprises, y compris ces deux dernières. Voici le résultat de mon analyse « quick & dirty ».


La table de capitalisation d’Airbnb- Un exercice spéculatif avec très peu d’informations disponibles


La table de capitalisation d’Uber – Un exercice spéculatif avec très peu d’informations disponibles

Quelques remarques:
– les trois fondateurs d’Airbnb avaient 27, 27 et 25 ans à la date de la fondation. Tandis que pour Uber, ils avaient 32 et 34 ans;
– comme vous le voyez, je n’ai aucune information sur les autres actionnaires « ordinaires », ni sur les plans d’options d’achat d’actions. Plus information sera disponible quand / si les entreprises décident d’aller au Nasdaq …
– les montants levés sont hallucinants mais les fondateurs relativement peu dilués;
– il y a eu un  » stock split » pour Uber (je ne sais pas comment bien traduire ce qui consiste à multiplier le nombre d’actions par un facteur donné). La forte valeur du prix par action a été en conséquence divisée par un facteur 40, ici.

Commentaires bienvenus!

PS: pour des raisons inconnues, j’ai des problèmes avec Slideshare. Voici le document sur Scribd…

Equity Structure in 401+ Start-ups by Herve Lebret on Scribd

Grandeur et décadence de Blackberry

Article très intéressant dans l’excellente ParisTech Review: Grandeur et décadence de BlackBerry. L’article montre comment la « disruption » est de plus en plus menaçante non seulement pour les entreprises établies, mais aussi pour les start-up à croissance rapide .

Blackberry a été fondée en 1984 comme Research in Motion par deux jeunes étudiants ingénieurs de l’Université de Waterloo – Mike Lazaridis – et de l’Université de Windsor – Douglas Fregin. Ils avaient environ 23 ans. Huit ans plus tard, un homme d’affaires expérimenté, James Balsillie, les rejoindra, investira une partie de son argent ($250k) et deviendra le « co-PDG » avec Lazaridis. RIM a financé une grande partie de son activité initiale avec ses partenaires (Ontario New Ventures – $15k; General Motors – $600k; Ericsson – $300k; l’Université de Waterloo – $100k; le développement local de l’Ontario – $300k) de sorte qu’elle n’a levé des fonds auprès des investisseurs qu’1995 seulement, y compris Intel en 1997. La société est entrée en bourse à Toronto en octobre 1997, puis sur le Nasdaq en 1999.

ParisTech-Blackberry-fr

Comme les auteurs le remarquent, « si BlackBerry représente à peine 1% des parts de marché du smartphone aujourd’hui, l’entreprise canadienne en contrôlait la moitié il y a quelques années. […] Or, dans cet âge de la rupture, l’histoire du BlackBerry est la mère de toutes les histoires. L’entreprise qui l’a lancé en 1998 pèse 20 milliards de dollars une décennie plus tard. Puis, quatre ou cinq ans après, cette même société, à bout de souffle, ne vaut plus que 3 milliards. Ce n’est pas seulement une histoire de rupture ; c’est une histoire qui résume la vitesse de la course technologique actuelle. »

Ils expliquent comment Lazaridis était un visionnaire lorsque les téléphones mobiles devaient être des dispositifs simples et comment il a échoué quelques années plus tard: « Le moment crucial, c’est janvier 2007, quand Steve Jobs se promène sur scène, à San Francisco, en tenant cet objet brillant que nous tous connaissons et adorons tous, et qu’il dit: « C’est un iPhone ». […] La partie vraiment fascinante de l’histoire de BlackBerry, c’est leur réaction ce jour-là. À Mountain View, chez Google, il y avait deux projets secrets : l’un pour un nouveau téléphone à clavier, l’autre pour un téléphone à écran tactile exploité sous Android. À la minute où ils ont vu Jobs présenter l’iPhone, ils ont réalisé que leur projet avec clavier était mort, et ils ont tout basculé vers le téléphone à écran tactile. Mike Lazaridis, lui, a regardé cette annonce, considéré ce qu’offrait Steve Jobs, et il a dit : « C’est impossible. » Une fois encore, l’ingénieur conservateur disait non, les réseaux ne pourront jamais transmettre toutes ces données. C’est une impossibilité. Ce n’est même pas logique que quelqu’un le propose. Il a eu raison les deux premières années. N’oubliez pas tous les appels interrompus, toutes les frustrations, toutes les poursuites contre Apple et les opérateurs. Cela ne fonctionnait pas… Mais ensuite cela a fonctionné, et RIM a eu tout faux. Deux ans, dans la technologie, c’est une vie complète ; au moment où ils ont enfin réalisé la gravité de la menace, ils en étaient à suivre la meute. »

Blackberry était (est encore) la réussite la plus connue de l’Université de Waterloo et Wikipedia mentionne à quel point Lazaridis a remercié son alma mater: En 2000, Lazaridis a fondé l’Institut Perimeter pour la physique théorique. Il a fait un don de plus de 170 millions de dollars à l’institut. En 2002, Mike Lazaridis a fondé l’Institute for Quantum Computing (IQC) de l’Université de Waterloo. Avec sa femme Ophelia, il a fait don de plus de 100 millions de dollars à l’IQC depuis 2002. Cela me rappelle ce que Logitech et Daniel Borel sont à l’EPFL (où je travaille). Vous devriez lire l’article complet et je conclus ici avec ma table de capitalisation habituelle…

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3 choses que tout premier entrepreneur devrait savoir selon le fondateur de HouseTrip

Un article remarquable que j’avais totalement manqué. je l’ai lu et hier grâce à une collègue de IFJ/venturelab, merci! Arnaud Bertrand ne donne pas les leçons habituelles relatives à l’argent, le produit, le marché, blablabla. C’est beaucoup plus profond et douloureux…:

1- Réussir à bâtir une entreprise c’est d’abord réussir dans l’art de recruter et de gérer des personnes.
2- Avoir un produit ou un service différencié est loin d’être suffisant pour capter votre marché.
3- Créer une entreprise et l’emmener vers le succès, c’est gagner beaucoup de combats contre soi-même.

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Vous devez absolument lire l’article en entier: https://www.hottopics.ht/stories/how-to/3-things-all-first-time-entrepreneurs-should-know/

Startup Land : l’aventure de Zendesk – du Danemark à la Silicon Valley jusque l’IPO

Nombre de mes amis et collègues me disent que la vidéo et les films sont aujourd’hui plus efficace que les livres pour documenter la vie réelle. Je me pourtant qu’il y a toujours dans les livres une profondeur que je ne trouve pas ailleurs. Une question de génération, sans doute. Le Silicon Valley de HBO est sans doute une description drôle et assez proche de la réalité de ce qu’est l’esprit d’entreprise high-tech, mais Startup Land est un excellent exemple de la raison pour laquelle je préfère encore les livres. Je n’ai pas trouvé pas tout ce que je cherchais – et je vais vous donner un exemple à la fin de cet article – mais j’ai pu ressentir de l’authenticité et même de l’émotion dans le récit de Mikkel Svane sur la construction d’une start-up et le développement de ses produits. Alors permettez-moi de partager avec vous quelques leçon de Startup Land.

Startup-Land-the-book

La motivation pour se lancer

« Nous ressentions que nous avions besoin de changer de vie avant qu’il ne soit trop tard. Nous savons tous que les gens vieillissent avec une plus grande aversion au risque avec les années. Quand nous commençons à avoir des maisons avec leurs prêts hypothécaires, et des enfants et des voitures, et les écoles et les institutions, nous commençons à nous poser. Nous investissons beaucoup de temps dans les relations avec les amis et les voisins, et faire de grands changements devient plus difficile. Nous devenons de moins en moins disposés à simplement tout jeter par la fenêtre et à tout recommencer. « [Page 1]

Pas de recette

« Dans mon récit, je vais développer le point de vue non conventionnelle que vous n’apprenez que dans les tranchées. Je suis allergique au saupoudrage de conseils business qui vise à donner une formule pour le succès. J’ai appris qu’il n’y a pas de telle formule pour le succès; le monde va trop vite pour que dure aucune formule, et les gens sont beaucoup trop créatifs –et itèrent toujours pour trouver une meilleure méthode. « [Page 6]

À propos de l’échec

Dans la Silicon Valley, il y a beaucoup de discussions à propos de l’échec – là-bas on y célèbre presque l’échec. Les gens récitent des mantras sur le « échouer vite » (fail fast), et les gens qui réussissent sont toujours prêts à vous dire ce qu’ils ont appris de leurs échecs, affirmant qu’ils ne seraient pas là où ils sont aujourd’hui sans leurs précédents et spectaculaires ratages. Pour moi, ayant connu la déception qui vient avec l’échec, tout cet engouement est un peu bizarre. La vérité est, d’après mon expérience, que l’échec est une chose terrible. Ne pas être en mesure de payer vos factures est une chose terrible. Laisser les gens partit et les décevoir, eux et leurs familles est une chose terrible. Ne pas tenir vos promesses aux clients qui ont cru en vous est une chose terrible. Bien sûr, vous apprenez de ces épreuves, mais il n’y a rien de positif dans l’échec que vous a conduit là. J’ai appris qu’il y a une distinction importante entre promouvoir une culture qui permet de ne pas avoir peur de faire des erreurs et d’admettre et une culture qui dit l’échec est une bonne chose. L’échec n’est pas quelque chose dont on puisse être fier. Mais l’échec est quelque chose à partir duquel vous pouvez repartir. [Pages 15-16]

Il y a d’autres jolis points de vue sur « être ennuyeux est beau » [page 23], le « travail à domicile » [page 34], « l’argent est non seulement dans votre compte bancaire, il est aussi dans votre tête » [page 35], et une « checklist non conventionnelle (et peut-être illégale) sur la manière d’embaucher » [page 127]

Je cite à nouveau Svane tout d’abord sur les investisseurs [page 61]: «J’ai appris une leçon importante dans cette expérience – qui a influencé toutes les décisions que nous avons prises depuis sur les investisseurs. Il y a un vaste éventail d’investisseurs. Les investisseurs professionnels sont extrêmement conscients du fait qu’ils ne seront couronnés de succès que si tout le monde réussit avec eux. Les grands investisseurs ont des relations uniques avec les fondateurs, et ils se consacrent à faire croître l’entreprise de la bonne manière. Les investisseurs médiocres et les mauvais contournent les fondateurs, et l’histoire se termine en catastrophe. Le problème est que dans les premiers jours de nombreuses startups ont peu d’options, et les fondateurs ont à interagir avec des investisseurs amateurs qui sont à courte vue et uniquement concernés par l’optimisation de leur propre position » [et page 93] « De bons investisseurs comprennent que l’équipe fondatrice est souvent ce qui porte l’esprit d’une entreprise et fait ce qu’elle est.  »

Et à propos de la croissance [Page 74]: « Même après le tour d’amorçage avec Christoph Janz, nous étions toujours à la recherche d’investisseurs. Si vous n’avez jamais été dans une start-up, cela peut sembler étrange, mais quand vous êtes un fondateur, vous êtes toujours essentiellement à la recherchede fonds. Construire une entreprise coûte de l’argent, et plus vite vous grandissez, plus vous avez besoin d’argent. Bien sûr, ce n’est pas le cas pour toutes les startups – il y a bien sûr des exemples de sociétés qui ont réussi uniquement grâce à leur trésorerie – mais la règle générale est que si vous optimisez la rentabilité, vous sacrifiez la croissance. Et pour une startup, il n’est question que de croissance. »

En mai 2014, Zendesk est entrée en bourse et l’équipe était si enthousiaste, qu’elle a tweeté de nombreuses photos! La société a levé 100M$ à 8$ par action. Ils ont fait un placement secondaire en mars 2015 à 22,75$ en recueillant plus de 160 millions de dollars pour l’entreprise. En 2014, le chiffre d’affaires était de 127M$ Zendesk! … Et la perte de 67 M $.

Zendesk-IPO

Il y a un élément d’information que je n’ai trouvé ni dans Startup land ni dans les documents IPO : Zendesk a trois fondateurs, Mikkel Svane, PDG et auteur du livre. Alexander Aghassipour, responsable des produit et Morten Primdahl, ditecteur technique. Je suis un fan des tables de capitalisations (comme vous le savez peut-être ou pouvez le voir ici dans L’actionnariait de 305 start-up high-tech avec les parts des fondateurs, employés and investisseurs) et en particulier j’aime étudier comment les fondateurs partagent le capital à la fondation de l’entreprise. Mais il n’y a pas d’informations sur les actions de Primdahl. Je n’ai qu’une seule explication. A la page 37, Svane écrit: « l’argent, cela se passe dans votre tête. Tout le monde le traite différemment. » Aghassipour et Svane pouvaient vivre sans salaire dans les premiers temps de Zendesk, mais Primdahl ne pouvait pas. Il est possible qu’il ait eu un salaire en contrepartie de moins de d’actions. Je serais ravi d’apprendre de Svane si j’ai raison ou tort!

Zendesk-captable
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Biocartis, la start-up à succès (presque) suisse.

Biocartis aurait pu être une réussite suisse, mais la société est maintenant basée en Belgique. Probablement pas une décision des investisseurs (ce à quoi on pense en général quand une start-up déménage), mais plutôt de l’équipe de management. Un des fondateurs est belge et c’est un entrepreneur en série impressionnant: Rudi Pauwels. Voici ce que vous pouvez lire dans le document IPO:

BiocartisHistory

Pourtant les chiffres sont intéressants. La société a levé plus de €200M avant son introduction en bourse de €100M cette semaine. Malgré ces énormes montants, les fondateurs ont gardé environ 5% de la société. Son prospectus d’IPO est disponible sur le site Web de la société. Elle a signé des accords avec Philips, Hitachi, Biomérieux, Abbott, Janssen et Johnson & Johnson et compte Debiopharm, basée en Suisse, parmi ses actionnaires. Voici mon tableau de capitalisation habituel:

BiocartisCapTable
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Célébrons une (trop rare) IPO suisse: Molecular Partners

J’aurais pu dire: célébrons une (trop rare) IPO européenne. Molecular Partners est une spin-off de l’université de Zurich fondée par le Professeur Andreas Plückthun, Christian Zahnd, Michael Stumpp, Patrik Forrer, Kaspar Binz et Martin Kawe en 2004. Elle a été financée par des investisseurs privés: un premier tour de CHF18.5M en 2007 et un second tour de CHF38M en 2009. Elle a aussi signé un grand nombre d’accords avec des sociétés pharmaceutiques, ce qui explique des revenus élevés pour une biotech. L’université de Zurich en est aussi actionnaire depuis un accord de licence signé en 2004, grâce auquel elle touche aussi des royalties.

Molecular-CapTable
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Il est intéressant je crois d’illustrer l’évolution de l’actionnariat en fonction des financements successifs, dont l’IPO qui a apporté une centaine de millions à Molecular.

Molecular-Dilution
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J’aime aussi mentionner l’âge des fondateurs. Le document d’entrée en bourse fournit des données et j’ai estimé les autres à partir du parcours académique (18 ans pour une entrée à l’université…) Une moyenne de 33 ans avec un écart de 20 ans entre les extrêmes. Je sais que l’argent reste un tabou; les Européens n’aiment pas afficher des fortunes, qui restent très théoriques, car on ne vend pas ses actions dans une biotech aussi facilement qu’en employé de Facebook… Pourtant il me semble important de célébrer le succès des fondateurs et de leurs investisseurs… Bravo à tous!

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Les entrepreneurs doivent-il avoir des compétences en start-up ? Deux réponses contre-intuitives

J’enseigne l’entrepreneuriat et je me demande souvent ce qui doit être enseigné. Je ne suis pas sûr. Dans le cours How to Start a Startup, Paul Graham et Peter Thiel ne fournissent des réponses à travers quelques exemples. D’abord Paul Graham. Il suffit de cliquer ici ou d’aller à la minute 5:26 ci-dessous ou lire le texte après la vidéo.

« Le deuxième point paradoxal, cela pourrait être un peu une déception, mais ce dont vous avez besoin pour réussir dans une start-up n’est pas une expertise dans des startup. Cela rend cette classe différente de la plupart des autres classes que vous prenez. Vous prenez un cours de français, à la fin vous avez appris à parler français. Vous ne pourrez sans doute pas parler exactement comme un Français, mais assez proche, non? Cette classe peut vous apprendre des choses sur les start-up, mais ce n’est pas ce que vous devez savoir. Ce que vous devez savoir pour réussir dans une start-up n’est pas une expertise dans des start-up, ce dont vous avez besoin est d’une expertise quant à vos utilisateurs.

Mark Zuckerberg n’a pas réussi à Facebook parce qu’il était un expert dans des start-up, il a réussi en dépit d’être un « noob » complet au début; je veux dire que par exemple Facebook a été incorporé comme une LLC en Floride. Même vous en savez plus que cela. Il a réussi en dépit d’être un « noob » complet au début parce qu’il comprenait très bien ses utilisateurs. La plupart d’entre vous ne connaissent pas les mécanismes pour lever des fonds, non? Si vous vous sentez mal à ce sujet, ne le soyez pas, parce que je peux vous dire que Mark Zuckerberg ne connait probablement pas la mécanique de levée de fonds; si il a fait attention quand Ron Conway lui a signé un gros chèque, il a probablement oublié à aujourd’hui.

En fait, je m’inquiète, ce n’est pas seulement inutile d’apprendre en détail la mécanique du démarrage d’une start-up, mais peut-être un peu dangereux car une autre erreur caractéristique des jeunes fondateurs est de passer à travers toutes les étapes du démarrage d’une startup. Ils arrivent avec une idée plausible, ils lèvent des fonds pour obtenir une belle valorisation, puis la prochaine étape consiste à louer un bureau agréable à SoMa et embaucher un tas de leurs amis, jusqu’à ce qu’ils réalisent peu à peu à quel point ils se sont fait baiser parce que en imitant toutes les étapes du démarrage, ils ont négligé la seule chose qui est en fait essentielle, qui est de faire quelque chose que les gens veulent ».

Deuxièmement, Peter Thiel sur le mouvement Lean Startup. Encore une fois il suffit de cliquer ici ou aller à la minute 44:55 ci-dessous ou lire après.

« Qu’est-ce que je pense du mouvement Lean Startup et de la pensée itérative où vous obtenez les commentaires des gens en opposition à la complexité qui peut ne pas fonctionner. Personnellement, je suis assez sceptique de toute la méthodologie Lean Startup. Je pense que les très grandes entreprises ont fait quelque chose qui était un peu plus qu’un saut quantique, une amélioration prodigieuse qui les différencie vraiment de tout le monde. Ils n’ont généralement pas fait de vastes enquêtes sur les clients; les gens qui dirigeaient ces entreprises, parfois, pas toujours, ont souffert de formes légères de syndrome d’Asperger, de sorte qu’ils ne sont pas réellement influencés et pas si facilement découragés par ce que les autres leur ont dit de faire. Je pense que nous sommes trop concentrés sur l’itération comme une modalité et pas assez d’essayer d’avoir un lien ESP virtuel avec le public et à trouver par nous-mêmes. »

NB: je crois que ESP signifie Extra-Sensory Perception