Archives de catégorie : Donnée Start-up

Coreweave, une IPO, des IPOs et le lien au VC

Je devrais remercier un collègue d’avoir mentionné l’introduction en bourse surprenante, voire folle, de Coreweave. Un nouveau tableau de capitalisation boursière s’ajoute à ma liste, qui compte désormais 948 entreprises. Je mettrai à jour mes statistiques dans les dernières pages du PDF (disponible à la fin de l’article) lorsque j’atteindrai les 1 000 entreprises, mais j’ai rencontré des difficultés avec les introductions en bourse ces dernières années. J’y reviendrai plus en détail après l’affaire Coreweave.

C’est une histoire vraiment étrange que j’ignorais et que j’ai découverte sur Wikipédia. Trois fondateurs, traders en matières premières, ont lancé une société de minage de cryptomonnaies, dotée évidemment d’un centre de données et d’une multitude de GPU. En 2019, ils ont adopté une stratégie très offensive pour fournir du cloud computing. Il y a un quatrième cofondateur, le directeur technique, mais il a apparemment rejoint la startup en 2019 (et possède principalement des stock-options). Une croissance fulgurante des revenus (et des pertes), comme le montrent les résultats trimestriels dans le tableau suivant. Apparemment, la prudence est de mise, car Microsoft représente 60 % du chiffre d’affaires et la dette s’élève également à environ 800 millions de dollars. Impressionnant, mais peut-être fragile…

Et maintenant les IPOs !

Le graphique ci-dessus représente le nombre d’entreprises de mon PDF par année de sortie (principalement des introductions en bourse, et beaucoup plus rarement des fusions-acquisitions). [Bien sûr, je ne dispose pas de toutes les introductions en bourse, mais j’ai trouvé un document indiquant que je possède entre 27 % et 87 % des introductions en bourse des années 2011 à 2022.]

J’avais oublié l’existence d’une bulle spéculative puis d’un crash en 2021, alors j’ai examiné les investissements en capital-risque sur plusieurs décennies, ce qui donne le graphique suivant. Mais avec aussi peu d’introductions en bourse, les LPs vont devenir de plus en plus impatients, mettant la pression sur les VCs d’autant plus que l’argent n’est plus aussi bon marché qu’avant…

Quand j’entends dire que le capital-risque est en crise et que je compare les niveaux d’investissement des sept dernières années à ceux des décennies précédentes, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a beaucoup d’argent disponible…

Enfin le PDF promis, mais à ce rythme il me faudra encore deux ans avant de sortir de nouvelles statistiques : Equity in start-ups – Historical data from 900+ companies.

20250717 Equity List Lebret

Figma encore, cette fois pour une entrée en bourse

J’ai publié un article sur Figma en octobre 2022, lors de l’annonce de son rachat par Adobe pour 20 milliards de dollars. Voici l’article. À l’époque, je n’avais pas trouvé de données officielles sur la startup et j’avais donc créé un tableau de capitalisation basé sur les données publiques disponibles en ligne (voir à la fin de l’article).

Ce matin, j’ai trouvé un document déposé auprès de la SEC en novembre 2022 que je n’avais jamais vu auparavant, et qui en dit beaucoup plus. J’ai donc créé un tableau de capitalisation révisé que vous pouvez également comparer ci-dessous à l’ancien. Les deux ne sont cependant pas si différents. Ce qui m’a poussé à rechercher un tel document est que Figma a déposé confidentiellement une demande d’introduction en bourse. Si cela se produit, des chiffres actualisés apparaîtront, comme les levées de fonds entre 2022 et 2025, le chiffre d’affaires réel, le bénéfice (ou la perte) et le nombre d’employés. Il me fallait néanmoins publier cette version révisée.


La table de capitalisation de Figma révisée en juin 2025


La table de capitalisation de Figma estimée en 2022

Deux belles histoires de startups récentes (pas dans la Silicon Valley, mais toutes deux acquises par Google) – partie 2 : wiz.io

En lisant quelques articles sur Deepmind (la partie 1 de ce post) et sur les fondateurs de Adallom et wiz.io, me sont revenues en mémoire d’autres histoires de startup européennes ou fondées par des Européens. Je pense à Spotify (voir mes posts en 2022 et 2018) ou VMWare (voir un post plus ancien de 2010). On y voit que l’ambition plus ou moins jugulée a conduit à des résultats différents. Wiz ou Spotify ont des valorisations en dizaines de milliards, Deepmind, Adallom et VMWare (1ere acquisition) en centaines de millions alors que la seconde acquisition de VMWare fut également en dizaines de milliards. Je ne sais pas s’il y a un pattern ou si je le crée artificiellement, mais c’est un peu comme si une acquisition en centaines de millions était un semi-échec lié à la crainte d’une concurrence trop forte ou de l’impossibilité de poursuivre une aventure indépendante.

La double aventure des fondateurs de Adallom et Wiz.io va un peu dans ce sens. J’ai lu quelques articles dont vous trouveez la référence en fin d’article. Et je vais donner les leçons tirées par Assaf Rappaport de ces deux histoires. Une première réussite, Adallom rachetée en 2014 par Microsoft pour $320M puis une seconde, wiz.com rque Google a proposé d’acheté il y a quelques jours poru $32B soit 100 fois plus… Contrairement à Deepmind, je n’ai pas eu accès à des documents précis, j’ai donc dû faire quelques hypothèses comme quelques autres (voir [2]) et recouper les informations disponibles en ligne. Voici les deux tables de capitalisation. Mais ici aussi, les conseils donnés (que je reprends plus bas) sont tout aussi importants que ces données.

Tout d’abord ce que je retiens des tableaux :
– Quatre fondateurs dont l’histoire est classique en Israel (voir [1]) créeen Adallom puis wiz.io. En réalité, moi qui ne suis pas un grand fan du concept de serial entrepreneurs, je me demande si wiz.io n’est pas plutôt le passage à l’échelle de Adallom comme VMWare (2ème période) le fut pour VMware (1ère période) ou en poussant très fort le prix Nobel de Demis Hassabis le passage à l’échelle de Deepmind ! On lit dans la presse que les fondateurs avaient gagné environ $25M avec Adallom selon certains et $3B avec wiz.io là aussi un facteur 100x environ.
– Les mêmes fonds de capital-risques et partenaires sont les investisseurs – Gili Raanan pour Sequoia puis Cyberstarts et Shardul Shah pour Index. C’est assez rares pour être mentionnés d’autant plus que ces fonds sont intervenus à l’amorçage.
– Pour Adallom, des multiples de 24x pour les series A, 7x pour le series B et 2x environ pour le series C.
– Pour wiz.io, des multiples de 475x pour le seed, 73x pour le A, 20x pour le B, 5x, 3,éx et 2,7x pour les C, D et E.

Tout cela est discutable, mais pas inintéressant et il y a un côté un peu loterie. Ne me méprenez pas. le succès est rare, jamais garanti. Je me souviens d’une startp à qui une propostion d’achat de $300M avait été faite. Fondateurs et/ou investisseurs ont décliné pensant qu’il valaient plus. Au final, l’acquisition se fit pour un montant de $10M.

A ce sujet il faut sans doute lire le point de vue sur Shardul Shah (Index) sur LinkedIn (Index Ventures just cemented its place as one of the all-time VC greats). J’en extrais et raduis un passage de citations : « Je ne sais pas pourquoi on parle de moyennes ; aucun de nous ne s’intéresse au retour à la moyenne. » […] « ​​Je ne recherche pas des rendements moyens. Je ne recherche pas de bonnes affaires, je recherche des valeurs aberrantes. » […] « ​​Je ne recherche pas le confort. Il faut accepter l’inconfort. Notre métier, c’est la prise de risque. Je ne suis pas un investisseur axé sur la valeur, n’est-ce pas ? Je crois à la loi de puissance. » […] « ​​Le plus difficile, c’est de savoir si l’on est dans l’illusion ou si l’on est convaincu. Parfois, la frontière peut sembler ténue. »

Enfin j’extrais les leçons de Assaf Rappaport :

1. L’équipe est plus importante que l’idée. Une startup ne se construit pas autour d’une idée, qui évoluera de toute façon, mais autour d’une équipe. Les meilleurs fonds de capital-risque investissent dans les talents, et non dans des produits, des idées ou des business plans. Autre point important : ne tardez pas à rencontrer les meilleurs fonds. Ne les laissez pas pour la fin.
2. Celui qui écoute les problèmes trouvera des idées. Lorsque vous rencontrez des clients, vous ne venez pas pour les convaincre, mais pour apprendre d’eux. Si vous avez parlé pendant plus d’un quart de la réunion, la conversation n’était pas intéressante. Les clients ont des problèmes dont vous ignoriez l’existence, et la meilleure façon de les découvrir est d’utiliser des points d’interrogation, pas des points d’exclamation. Autre point important : il faut un peu de chance.
3. « Non » est la bonne réponse pour déterminer le sérieux de l’investisseur. Quel que soit le type d’offre que vous recevez – investissement ou acquisition –, la seule réponse est : « J’apprécie vraiment votre offre, mais non merci. » Ce genre de réponse n’a jamais découragé un investisseur ou une entreprise déterminés – et s’ils ne le sont pas, ils n’investiront de toute façon pas. Autre point important : vous devez préparer un plan média, interne et externe ; en cas de fuite, vous n’aurez que le temps d’appuyer sur le bouton « Envoyer ».
4. La sortie n’est que le début d’un travail difficile. Au lendemain de votre fusion avec un géant, n’attendez pas que les options vestent. Adoptez plutôt une approche commando : nous faisons partie d’une grande armée, mais nous appartenons à une unité d’élite.
5. N’ayez pas peur de l’activisme. Dans toute entreprise, il arrive un moment où il faut donner un coup de pouce aux dirigeants conservateurs, puis passer à l’action. Pour offrir un environnement de travail optimal et recruter les meilleurs collaborateurs, il faut faire preuve de courage et prendre position, en s’engageant dans un militantisme social qui favorise un formidable esprit d’équipe.
6. Respirez profondément et n’expirez pas trop vite. Ne vous laissez pas aveugler par l’argent : utilisez-le plutôt pour acquérir rapidement des clients payants, refuser des offres d’acquisition de plusieurs centaines de millions de dollars et développer rapidement votre entreprise pour en faire une licorne.
7. Aujourd’hui, il est possible de surpasser tout le monde avec un ordinateur et Zoom.

A nouveau la prise de risque et l’ambition sans limite.

Références :
[1] : 7 lessons from reaching a $1.7 billion valuation in just one year https://www.calcalistech.com/ctech/articles/0,7340,L-3904610,00.html
[2] : WIZ, Esprit, es-tu là? Comment les fondateurs de Wiz refont des miracles après le succès d’Adallom https://trivialfinance.substack.com/p/wiz-esprit-es-tu-la

Deux belles histoires de startups récentes (pas dans la Silicon Valley, mais toutes deux acquises par Google) – partie 1 : DeepMind

Je dois probablement admettre que j’ai un penchant pour les startups dirigées par des fondateurs tech. C’est ce que je défends depuis des décennies. Alors, quand je lis des histoires qui vont dans ce sens, je suis plus que ravi. Récemment, des amis m’ont parlé d’un documentaire intituléThe Thinking Game.

Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas analysé DeepMind plus tôt, d’autant plus qu’il est assez facile de trouver des informations sur les entreprises britanniques, et il s’agit d’une startup britannique. Vous m’avez bien lu ! J’ai établi sa table de capitalisation lors de son acquisition par Google en 2014 pour environ £400M.

Ce que j’ai lu dans la table :
– 3 ou 4 cofondateurs principaux, mais Demis Hassibis détenait la plus grosse participation initiale (80 %).
– Les investisseurs ont pris un risque élevé car l’entreprise ne disposait initialement que de peu de choses si ce n’est de talent (et aucun chiffre d’affaires avant son acquisition ?).
– Les investisseurs principaux, ou du moins les plus célèbres, étaient Peter Thiel et Elon Musk.
– L’entreprise n’a pas levé beaucoup de fonds : 2 millions de livres sterling en février 2011, 15 millions en décembre 2011/février 2012, puis 25 millions en 2013, avant son acquisition par Google pour 400 millions en janvier 2014.

Voilà pour les données de base. Plus importantes encore, les leçons de l’article que mes amis m’ont envoyé sont les suivantes :
– Premièrement, DeepMind allie une clarté stratégique irréprochable à une flexibilité tactique infinie. Ce qui transparaît dans le film, c’est l’extraordinaire propension de l’entreprise à expérimenter sans relâche et à échouer sans cesse.
– Deuxièmement, la mission de DeepMind l’a aidée à recruter des scientifiques talentueux, essentiels à sa réussite. Lors d’une discussion après le film, Hassabis a expliqué qu’il avait toujours résisté à la pression des investisseurs pour déménager dans la Silicon Valley et qu’il était déterminé à rester à Londres. « Le Royaume-Uni a toujours été très fort en science et en innovation et possède une riche histoire en informatique », a-t-il déclaré. « Nous essayons de perpétuer cette tradition.» Hassabis estimait qu’il y avait beaucoup de talents universitaires sous-utilisés en Europe, et ailleurs, qui pourraient être attirés par Londres. Et c’est ce qui s’est avéré.
– Troisièmement, la réussite de DeepMind a été essentielle à sa capacité à évoluer rapidement. En 2010, peu de capital-risqueurs étaient prêts à s’approcher d’une startup aux ambitions aussi extravagantes et dépourvue de business plan. Une grande partie de son capital initial provenait d’investisseurs américains, dont Peter Thiel et Elon Musk. L’entreprise s’est également sentie obligée de se céder à Google en 2014 pour se doter des capitaux, des données et de la puissance de calcul nécessaires pour rester à la pointe de l’IA. (Ces ressources supplémentaires étaient également essentielles pour recruter et fidéliser les meilleurs talents.)

Souvent, pour ne pas dire toujours, les mêmes leçons sur la prise de risque et l’ambition…

PS : Je n’ai pas encore regardé le film, je modifierai donc peut-être ce message dans un avenir proche.

nVidia, le nouveau géant

nVidia a récemment fait la une des journaux lorsque la valeur de son action a bondi de 25 % pour atteindre une valorisation proche de 1 billion de dollars (1 000 milliards de dollars) rejoignant un petit club d’entreprises généralement appelé GAFA(M) ou BigTech. Je connaissais nVidia comme une autre réussite de la Silicon Valley, une grande, mais juste une de plus. Elle appartient à ma liste de plus de 800 startups et voici mon tableau de capitalisation habituel.

Nvidia a été fondée en 1993 par Jen-Hsun « Jensen » Huang, Curtis Priem, et Chris Malachowsky et son siège est à Santa Clara, Californie.

Il y aurait tellement de petites choses typiques à mentionner sur son développement, mais en voici simplement quelques-unes :
– Les fondateurs étaient de jeunes ingénieurs (29, 33 et 33 ans), l’un de l’université de Stanford, les deux autres issus d’écoles solides même si moins connues. L’un est d’origine taïwanaise. Ils ont travaillé dans de grandes entreprises technologiques avant de fonder leur startup, et ils la dirigent toujours. Ils avaient une part égale de la startup à la fondation.
– Il y a eu un soutien classique de capital-risque, un total de 20 millions de dollars en 4 tours entre 1993 (la fondation) et 1997, suivi d’une introduction en bourse en 1999, moins de 6 ans après l’incorporation. Les VC étaient Sequoia (qui a également financé Apple et Google) et Sutter Hill. Le conseil d’administration comprenait des experts de Synopsys (son cofondateur) et d’Avid.
– Les employés détenaient au moins 20 % de l’entreprise grâce à des options d’achat d’actions (et peut-être même plus de 35 % grâce à des actions ordinaires supplémentaires).
– La startup est devenu public à une valorisation de 500 millions de dollars, plus que décente et était un leader des puces graphiques informatiques jusqu’à ce que nVidia applique sa technologie à l’IA. D’où sa popularité actuelle.

There would be so many little things to mention about how typical it is, but here are a few:
– The founders were young engineers (29, 33 and 33), one from Stanford University, the two others from solid even if lesser known schools. One is of Taiwenese origin. They worked in big tech companies before founding their startup, and they are still leading it. They had equal ownership at foundation.
– There was a typical support of venture capital, a total of $20M in 4 rounds between 1993 (the foundation) and 1997 (the IPO), followed by an IPO in 1999, less than 6 years after the incorporation. The VCs were Sequoia (which also funded Apple and Google), and Sutter Hill. The board included experts from Synopsys (its cofounder) and Avid.
– Employees owned at least 20% of the company through stock options (and maybe even 35%+ throug additional common shares).
– It went public at a $500M valuation, more than decent and was a leader in computer graphics chips until nVidia applied its technology to AI. Hence its current popularity.

Parts égales entre fondateurs de startups ?

Hier, j’ai eu un bref débat sur la propriété initiale de Wozniak et Jobs dans Apple Computer. Il est vrai qu’à l’introduction en bourse, Wozniak possédait beaucoup moins d’actions que Jobs, mais cela s’explique par le fait qu’il a donné ou vendu à bas prix des actions aux employés (qu’il pensait le mériter alors que Jobs ne le pensait pas). Mais à l’origine, ils détenaient des parts égales comme le montre l’extrait du prospectus.

J’ai donc jeté un coup d’œil à ma base de données de startups (qui compte actuellement 890 tables de capitalisation) et j’ai analysé aux chiffres. Les voici :

Alors quelles sont les leçons ?

Premièrement, la majorité des startups ont entre 1 et 3 fondateurs, et 1 fondateur (contrairement à l’intuition peut-être) n’est pas si rare. Maintenant, il y a une mise en garde : l’histoire d’une startup n’est jamais entièrement connue. Apple avait initialement (et pendant 2 semaines) 3 fondateurs ! Le troisième était Ronald Wayne

Deuxièmement, une répartition égale très minoritaire, mais elle n’est pas rare. Environ 15-20 %.

Mais cela ne signifie pas qu’un fondateur possède plus de 50 % des parts. Bien sûr oui avec 2 fondateurs. Mais pour 3 fondateurs, cela se produit dans 41% des cas. Quand il y a plus de 3 fondateurs, c’est 31% des cas. Je n’ai pas (encore) vérifié si la géographie ou les domaines d’activités ont un impact…

Enfin, si vous lisez ce blog, vous savez que les statistiques ne disent pas tout. Les startups sont un monde d’exceptions (et les statistiques sont rarement gaussiennes mais suivent une loi de puissance, donc attention aux moyennes et %). Par conséquent, de manière plus anecdotique, mais toujours importante, voici quelques exemples célèbres :

Startups célèbres – 2 fondateurs à parts égales
Adobe
Akamai
Apple
Atlassian
Broadcom
Cisco
Genentech
Google
Intel
Netscape
Riverbed
Skype
Soitec
Spotify
Tivo
Yahoo
Zalando

Startups célèbres – 3 fondateurs à parts égales
Airbnb
Checkpoint
Compaq
DoubleClick
Equinix
Marimba
nVidia
Palantir
Revolut
RPX
WeWork

Startups célèbres – plus de 3 fondateurs à parts égales
AMD
Regulus
ROLM
Xiaomi

Startups célèbres – fondateurs à parts non égales
Cypress
DropBox
Etrade
Eventbrite
Facebook
Lyft
Microsoft
Mysql
Oracle
Pinterest
Salesforce
Sun Microsystems
Twitter
Uber

Des nouvelles données (intéressantes?) sur les startup françaises.

Il y a un mois, je publiai des données sur les startups françaises. J’avais été surpris de découvrir que l’accès aux données sur les entreprises non cotées était enfin possible gratuitement dans mon cher pays. J’ai donc regardé quelques (célèbres) licornes françaises en m’intéressant à la structure de l’actionnariat et au montant d’argent qu’elles avaient levé globalement, ainsi qu’à leurs tours de financement d’amorçage et A. Vous trouverez le détail des données dans un pdf en fin de post.

Mais avant de passer à cette analyse, je vais mentionner un excellent article sur la levée de fonds en amorçage, qui donne des conseils et des informations assez riche. Il est intitulé La levée de fonds seed ou amorçage. Voici donc les résultats :

Dans ce premier tableau, j’ai analysé leur âge et leurs levées de fonds. Pour donner une règle simple, à propos de celles qui sont encore privées, elles ont environ 5 à 15 ans, elles ont levé environ 200 millions d’euros, avec des tours d’amorçage de 0,5 million d’euros et des « rounds A » de 2 à 3 millions d’euros. La capitalisation boursière devrait être (par définition) supérieure à un milliard d’euros, mais apparemment ce n’est pas toujours le cas (disons que la valeur d’une entreprise privée est une mesure très volatile !) et le rapport de cette valeur au montant levé semble être aller de 5 à 15…

J’ai ensuite regardé à quelle dilution correspondent les tours d’amorçage et A ainsi que l’âge des entreprises pour ces tours. Encore une fois, sans tenir compte des valeurs extrêmes (« outliers »), les tours d’amorçage et A semblent induire une dilution de 25 %, par conséquent, avec des tours de 0,5 M € et 2-3 M € respectivement, la valeur en « seed » est d’environ 2M€ et au tour A est 8-12M€. Enfin les startups ont moins de 1-2 ans au seed et moins de 4 ans au « A round ».

Le dernier tableau concerne la structure de l’actionnariat ou du capital ainsi que des données sur les fondateurs. Les fondateurs conservent 25 à 30 % de leurs startups, les investisseurs 60 à 65 % et les salariés 5 à 10 %.

Il y a environ deux fondateurs par startup, ils ont étonnamment souvent moins de 30 ans avec un âge médian et moyen de 29 ans et malheureusement pas une seule femme.

Equity List – French Unicorns

De nouvelles données sur le transfert de technologie universitaire aux startups

Nathan Benaich est très mécontent du transfert de technologie au Royaume-Uni et il a probablement raison de l’être. Pendant de nombreuses années, j’avais remarqué que les institutions universitaires britanniques prenaient souvent plus de 25 % des parts d’une startup en échange d’une licence de propriété intellectuelle, alors que le chiffre standard aux États-Unis et en Europe continentale se situe plutôt entre 5 et 10 %. Il avait publié un article très intéressant en mai 2021, Rewriting the European spinout playbook où il se plaignait d’un manque de transparence et de processus très frustrants.

Il travaille actuellement sur un nouvel ensemble de données fournies par les fondateurs qu’il met gratuitement à disposition sur spinout.fyi. Il demande de l’aide et tout fondateur intéressé devrait en fournir un peu. J’ai téléchargé ses données et fourni ici ma propre analyse bien que Nathan ait la sienne ici. Vous devriez le lire. Voici une première série de tableaux :

Si vous n’aimez pas les tableaux et même si vous les aimez, voici d’autres illustrations :

Et parce que j’avais fait une recherche similaire il y a quelques années, publiée ici sous le titre Que demandent les universités aux start-up pour une licence de propriété intellectuelle ?, j’ai fait l’exercice de combiner ses données et les miennes. Il s’agit d’un ensemble de plus de 190 entreprises ! Vous verrez ici la prise d’equity selon les domaines et les géographies (j’avais très peu de données sur les royalties, la transparence est encore moindre sur ce sujet).

Alors, quelles leçons en tirer? Le Royaume-Uni est clairement dans une situation aberrante, mais ce qui est plus frappant, c’est la volatilité des chiffres. Et pourquoi ? Certains professionnels affirment que chaque startup est différente. Je ne suis pas d’accord. Vraiment pas ! Le manque de transparence des politiques de transfert est la raison principale de la volatilité. Les fondateurs savent rarement comment ils seront traités. C’est pourquoi j’étais si heureux que l’EPFL publie sa politique. Voir mon récent article sur le sujet : Le transfert de technologie selon l’EPFL et les règles pour les startups.

J’espère vraiment que les efforts de Nathan Benaich aideront à apporter une transparence indispensable de ces chiffres !

Accès aux données sur les startup françaises

J’aurais dû connaître plus tôt les nouvelles règles sur les données concernant les startups françaises. Autrefois, il fallait payer sur des sites comme societe.com ou Euridile pour obtenir les documents de dépôt des sociétés privées auprès du registre des sociétés. C’est le passé ! Il est désormais possible d’accéder gratuitement à ces données. Et c’est une excellente nouvelle. Donc mon exercice préféré qui consiste à construire des cap. tables de startups, ce qui était devenu une habitude pour les entreprises entrant en bourse, pour les entreprises suisses dans certains cantons comme Zurich ou Bâle, ou pour les entreprises britanniques grâce à la Companies House est désormais possible en France avec Pappers. .

J’ai évidemment essayé de faire l’exercice avec certaines des célèbres startups privées actuelles. J’ai échoué avec Dataiku, probablement parce qu’elle a déménagé aux États-Unis, mais j’ai pu créer des tables partielles pour Doctolib, Mirakl, Alan, Ledger et BlaBlaCar. C’est loin d’être parfait car il faut lire de nombreux documents. J’ai dû en parcourir 68 pour BlaBlaCar. Je ne suis pas entré dans le détail des stock options, octroyées ou eercées. Mais j’ai pu obtenir des informations sur les fondateurs et les cycles de financement. Voici un résumé :

et voici les tableaux individuels. Assez fascinant de voir les tendances récentes en France à travers 5 exemples :

L’impact (récent) du capital-risque sur les startups

J’ai régulièrement été intrigué par l’impact (réel) du capital-risque sur les startups, leur croissance ou encore leur réussite. Il y a quelques jours, j’ai reçu un e-mail d’un ami avec un tableau très intéressant.

La mesure de la productivité du capital est donnée par le ratio a/b où a est le revenu de la startup au moment de l’introduction en bourse et b est le montant du capital-risque levé par la startup avant son introduction en bourse. Les 4 grandes entreprises technologiques sont Apple, Microsoft, Amazon et Google, 4 entreprises fondées avant 2000. Le ratio a/b est supérieur à 10. Les récentes opérations de VC ou IPO donnent des ratios inférieurs à 1 et plus proches de 0,1.

Il m’a donc été facile de regarder mes données habituelles sur les startup (cliquez ici si vous ne savez pas de quoi je parle). Je dispose maintenant de données sur 880 entreprises et j’ai regardé l’évolution de ce ratio a/b au fil du temps. Voici le résultat :

J’ai 272 startups biotech et 361 dans les domaines du logiciel et de l’Internet (les autres sont principalement des sociétés de matériel, de semi-conducteurs, d’énergie et de technologie médicale). J’ai le ratio a/b (que j’appelle Sales to VC) par période de 5 ans (correspondant aux années de création des startups). J’ai aussi mis le ratio PS (le fameux ratio Market Capitalization to Sales ou « Price to Sales »). En effet, le ratio « s’effondre » de plus de 5 avant les années 90 à moins de 1 après l’an 2000.

J’ai également séparé la biotech qui est connue pour avoir des startups qui s’introduisent en bourse avec de faibles revenus et le groupe des Logiciel et Internet. Les courbes qui suivent en sont probablement de meilleures illustrations. Assez frappant !

J’ai également examiné les bénéfices (ou les pertes) des startups et calculé le rapport entre le montant des gains et celui du capital-risque. Voici:

La biotech est différente car ces entreprises sont rarement rentables lors de leur introduction en bourse et le ratio est assez stable depuis 1990. Mais dans l’ensemble, les entreprises étaient rentables à l’introduction en bourse avant 2000 (et parfois très rentables, de sorte que je n’ai pas pu trouver une bonne échelle d’axe pour mes données). Elles perdent de l’argent depuis 2005 et apparemment de plus en plus.

Tout cela n’est pas vraiment une surprise. Mallaby dans son récent livre The Power Law a décrit les nouvelles tendances du capital-risque. Des fonds comme Softbank Vision ou Tiger Global injectent des tonnes d’argent dans des startups qui tentent de dominer leur marché, quel qu’en soit le prix. Ainsi, la productivité du capital diminue lors de l’introduction en bourse avec l’espoir de gains énormes à l’avenir. Un pari très, très risqué…

PS (en date du 22 avril 2022) : I was asked a question about startups in the energy / greentech field. This is indeed interesting. Couple of comments before providing an answer from my data. Greentech has never been a stable or profitable segment. Kleiner Perkins or Khosla Ventures, early entrants in the field, seem to have suffered a lot. In addition I have only 21 companies in my DB. You are right, it is stable but from the low range, with low sales to VC ratios and negative profits…

On m’a posé une question sur les startups dans le domaine de l’énergie / greentech. C’est en effet intéressant. Quelques commentaires avant de fournir une réponse à partir de mes données. La Greentech n’a jamais été un segment stable ou rentable. Kleiner Perkins ou Khosla Ventures, premiers entrants dans le domaine, semblent avoir beaucoup souffert. De plus je n’ai que 21 entreprises dans ma BD. Vous avez raison, c’est stable mais à partir du bas de gamme, avec de faibles ratios ventes/VC et des profits négatifs…

La question était : Dans un autre ordre d’idées, vous avez des données sur l’énergie / les technologies vertes ? Qu’est-ce que vous vous attendriez à voir ? Je me demandais si pour les entreprises à forte intensité de capex, la tendance est plus faible car elles avaient déjà besoin de lever beaucoup de capitaux.