Archives de l’auteur : Herve Lebret

Quelques leçons (pas intuitives) de Stanford

Un de mes sites préférés (sur l’entrepreneuriat high-tech), le Stanford Technology Ventures Program, vient de fournir sa dernière livraison de clips vidéo.

Les leçons sont intéressantes car assez peu intuitives et peu communes:
– pas besoin de trop travailler
– faites ce qui vous plait
– il n’y a pas de règle pour un entrepreneur

Voici la première (en anglais): Les Grandes Idées Viennent aux Esprits Reposés. « Être un fou du travail n’est pas une garantie de succès. David Heinemeier Hansson notre que le produit principal de 37signals, Basecamp, fut créé sur une base de 10 heures de travail hebdomadaires, pendant une durée de six mois. Quand vous êtes débordés, vous ne pouvez pas être créatif. »

Et que penser de la suivante: Faites ce que Vous Aimez pour Aller où Vous Voulez. « John Melo, CEO de Amyris Biotechnologies, aimait construire des oscilloscopes, des circuits et des transistors – et pourtant il n’a pas fini ses études (un autre school dropout). Dans cette vidéo, Melo décrit sa carrière en dent de scie et comment sa passion, ses intérêts personnels et son esprit d’indépendance l’on conduit d’une expérience à une autre. Il affirme qu’il considérait d’abord have les occasions de faire ce qu’il aimait et qu’il ne se focalisait qu’ensuite sur les lieux où il voulait être. »

Enfin, Les Entrepreneurs n’ont pas de Règle. Entre autres, « ne renoncez jamais au titre de CEO… Dans de nombreux cas, c’est le fondateur qui est capable de fournir la vision pour bâtir efficacement le produit. »

Les Bons Vieux Jours

Deux articles on attiré mon attention ces derniers jours. L’un est intitulé Frank Quattrone, Star Banker of Technology Ventures, Talks Wistfully of the Good Old Days—Before Netscape’s IPO.

L’autre est moins nostalgique et je vous passe la traduction du titre du site, que je trouve amusante: You’re in Deep Chip Now.

En voici le contenu:

Je ne vais pas commenter cette info, mais je reviens brièvement sur Quattrone. Quattrone était une des stars du monde des IPOs comme vous pourrez le lire sur ce post de Xconomy. Ce qui est frappant est que depuis 8 ans, depuis l’éclatement de la bulle internet, il y a (beaucoup) moins de capital-risque et d’IPOs. Les causes en sont multiples. Mais la question principale est pour moi la suivante: faisons-nous face à une crise majeure de l’innovation? Les années 60 avaient donné le transistor et l’industrie du semiconducteur date de ces années-là, puis vint l’ordinateur dans les années 70, le PC dans les années 80, puis l’Internet et les communications mobiles dans les années 90. Mais que nous ont donné les années 2000? Sans parler de la décennie à venir… je n’ai pas de réponse. Et vous?

Les VCs sont-ils arrogants?

C’est la question posée (en anglais) par Fred Destin sur son blog: The Arrogant VC: A View From the Trenches.

C’est un sujet qui me concerne, entre autres parce que vois trop d’entrepreneurs ne voulant même pas considérer une rencontre avec ce type d’investisseurs. Je ne vais pas aller plus loin dans ce post mais (par paresse), je vous renvoie à la suite en anglais sur Are VCs arrogant?

Start-Up, le livre: un résumé visuel

Start-Up, ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley a deux ans. Je fais toujours et régulièrement des présentations sur ce sujet qui me passionne. Deux ans permet un bilan.

En cliquant sur l’image ci-dessous, vous pouvez télécharger une longue présentation inspirée d’autres faites dans la passé, à Paris, Barcelone, Stockholm, Marseille, Anvers, Genève… Il n’est jamais facile de suivre des diapositives sans commentaire, mais j’espère que vous pourrez en apprécier certaines… Amusez-vous et contactez-moi si elles ne sont pas claires!

Un européen dans la Silicon Valley, Aart de Geus

Voici ma quatrième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Femmes Entrepreneurs, Adobe et Genentech, voici donc un article sur Aart de Geus, fondateur de Synopsys.

Aart de Geus est né aux Pays-Bas en 1954. A l’âge de 4 ans, il arrive avec ses parents en Suisse romande et en 1978, il reçoit son diplôme de l’EPFL. Il quitte ensuite la Suisse pour les Etats Unis où il obtient son PhD au Texas. Après quelques années chez General Electric (GE), il fonde Synopsys en 1986, lève $15M de capital-risque avant que Synopsys n’entre en bourse en 1994. En 2008, Synopsys compte plus de 5’600 employés, des ventes de $1.3 milliard et une capitalisation boursière de $3 milliards.

Selon lui, « tout européen qui va en Amérique du Nord est en quête ». Lorsqu’il arrive aux Etats-Unis, il considère que sa grande chance fut de se trouver un mentor. Ron Rohrer, son directeur de thèse, « m’a donné la latitude de faire ce que je voulais. » Il apprit à gérer une équipe d’étudiants, un savoir faire qu’il transformera en style de management. « Les membres d’une équipe s’appuient les uns sur les autres, il y a un rôle spécifique pour chacun, ce qui contribue à cet écosystème qui s’entretient de lui-même ». Chance autant que destin, reconnait-il.

Il montre la difficulté de prédire l’avenir dans les hautes technologies par une autre anecdote. « En 1978, j’assistai à une conférence en Suisse qui réunissait les leaders de la microélectronique. Ils étaient tombés d’accord sur deux choses. Point no1, l’électronique allait devenir une industrie majeure. Point no2, passer la barrière du micron serait le défi majeur de cette industrie émergente. Et ce sont les mêmes personnes qui firent ces prédictions qui, 20 ans plus tard, travaillent à 22 nanomètres (0,02 micron) », ajoute-t-il en riant. « La morale de tout ceci est qu’à chaque fois que l’on prédit la fin de quelque chose en high-tech, il y aura toujours un tournant ou une nouvelle perspective qui permettra un nouveau progrès. »


Aart de Geus, un entrepreneur né ?

L’art de la métamorphose…

Il est un adepte de la complexité et de la métamorphose. Tout compte et tout change. Aux débuts d’une start-up, ce sont les idées et les personnes qui comptent. « Je travaillais chez GE et j’ai du me poser une question éthique : pouvais-je développer mes idées dans une start-up. Après tout, il s’agissait de leur propriété intellectuelle. » La réponse fut trouvée en posant la question à sa hiérarchie. GE lui donna non seulement l’autorisation, mais investit dans la start-up. L’argent et les valeurs sont deux autres ingrédients essentiels dès le début.

Mais bientôt il s’agit de transformer le bébé. L’adolescence va passer par les produits, les clients, les ventes. Se sent-il chanceux d’avoir réussi à passer cette crise ? « La chance sourit à ceux qui sont préparés. Il y a une combinaison fortuite de géographie, de personnes (étudiants, managers), de modèle d’affaires viable et de marketing adapté sans oublier de disposer de la bonne technologie au bon moment. »


De retour à l’EFPL en 2007.

… au risque de la fossilisation !

L’âge adulte passe par la mise en place de processus, de managers expérimentés, mais il faudra avoir passer ces tempêtes adolescentes si bien décrites par Geoffrey Moore dans « Inside the Tornado ». Il résume ces métamorphoses continues par la capacité à gérer en parallèle les équipes, les clients, les investisseurs, les produits, leurs cycles de vie, mais aussi les managers, la direction, l’implémentation. Toutes ces choses sont interdépendantes et on fait souvent l’erreur de le négliger. Dans la présentation qu’il fit à l’EPFL en 2007, il présenta la liste des acquisitions faites par Synopsys depuis sa fondation sous la forme animalesque montrée ici. Le sens de l’humour est peut-être un ingrédient utile. Sens de l’humour qui cache l’humilité de celui qui a réussi sans donner de leçons. S’il y a une leçon à retenir, c’est qu’il faut essayer, être curieux et s’adapter. Le succès sera peut-être sur le chemin.

Pour finir, les habituels table de capitalisation et camemberts

Références :
-Aart de Geus à l’EPFL (vpiv.epfl.ch)
-Peggy Aycinena (www.eetimes.com)
The Aart of Analogy is alive and well at Synopsys -2001
The Aart of Analogy Revisited -2009

Prochain article: Un Suisse dans la Silicon Valley

Fondateur isolé, fondateur sans expérience

Deux posts récents reviennent sur le sujet du fondateur. Kevin Vogelsand décrit son expérience d’entrepreneur sans expérience, directement à la fin de ses études dans On Founding a Company Fresh Out of College. Olivier Ezratty s’intéresse, lui, au cas difficile de l’entrepreneur isolé. Les deux sujets me tiennent bien sûr à cœur et je vous invite à les lire.

J’en profite aussi pour soumettre à votre réflexion le tableau suivant:

Ezratty aborde aussi le sujet important du partage d’equity entre fondateurs que j’avais abordé dans un post passé. Il y est mentionné un article de Paul Graham que je ne connaissais pas: The Equity Equation.

Business angels et capital-risque

Je me suis amusé à utiliser Google Translate et à en laisser la majeure partie pour ce post que j’ai écrit initialement en anglais. Je n’ai corrigé que les choses incompréhensibles en laissant les maladresses visibles. Le résultat n’est pas inintéressant !

La question se pose souvent sur la différence entre les deux groupes, les business angels et investisseurs en capital-risque. La réponse simple, qui prétend que les anges viennent à l’amorçage alors que les VCs arrivent plus tard, est trompeuse. Par exemple, Google a obtenu 1 million de dollars de business angels initialement alors que Yahoo obtint son 1er million de Sequoia. En fait, les différences sont ailleurs. Un article scientifique récent, théorise certaines ces différences et je les décris ci-dessous.

J’ai une tendance à dire que le capital-risque a été l’institutionnalisation des anges. Dans les années 60, il n’y avait pas beaucoup de capital-risque et les premiers fonds ont été construits par la syndication de l’argent ange et institutionnels. Même aujourd’hui, certains groupes d’anges syndiquent leur argent et ressemblent à du capital-risque. Alors, ils sont en effet assez similaires.

L’article universitaire récent que je viens de mentionner est «résultats de prévision et de contrôle dans l’incertitude: une analyse par les business angels», écrit par Wiltbalm, Read, Dew et Sarasvathy et publié dans le Journal of Business Venturing. Pour des questions de copyright, je ne suis pas sûr que vous pourrez accéder au papier, mais vous pouvez essayer en cliquant sur l’image ci-dessous.

Les auteurs définissent les investisseurs providentiels comme «une personne fortunée qui agit comme un investisseur en capital risque informel». Capital-risque informel et business angel institutionnel ; voilà deux définitions assez proches. L’un gère son argent directement, l’autre gère l’argent des autres. Mais il ya beaucoup plus que cela. Oubliez les conditions dans les « feuilles terme ». Ils sont devenus très similaires, même si certains pensent que les anges sont des partenaires plus simples. Vous trouverez des gens bons et mauvais dans les deux groupes. Le document que j’ai mentionné ci-dessus est très intéressant à un autre niveau. Il classe les investisseurs dans les deux groupes. Je simplifie certainement car ces documents académiques sont souvent trop détaillés pour un blog!

D’un côté, les auteurs affirment que vous avez les investisseurs qui se concentrent sur la prédiction, de l’autre côté, ceux qui insistent sur le contrôle. Prédiction signifie ici vous voyez une opportunité d’affaires à long terme et de déployer les ressources nécessaires pour cette ambition. Contrôle signifie que vous ne vous attachez pas au long terme mais que vous prévoyez à court terme et vous agissez comme vous apprenez. Pas réellement besoin d’un plan d’affaires. Permettez-moi d’utiliser les termes des auteurs :

« Stratégies prédictive impliquent des études de marché en utilisant des outils formels tels que des enquêtes, des modèles détaillés financiers et des calculs minutieux des risque-rendement ajusté prévus, etc, et sont très familiers à pratiquement toute personne impliquée dans la rédaction de plans d’affaires … Cependant, une forte incertitude peut réduire l’exactitude et l’utilité de la prévision … Un concept suggère que, dans la mesure où vous pouvez contrôler le futur, vous n’avez pas besoin de prévoir. Ces acteurs commencent avec qui ils sont, ce qu’ils savent et ce qu’ils connaissent, plutôt que par une vision prédéterminée ou validée par l’ »opportunité ». Cela signifie qu’ils n’évaluent pas les opportunités fondées sur le rendement attendu. Au contraire, ils travaillent avec tous les intéressés. En d’autres termes, ceux qui s’engagent à aider, à déterminer ce que l’entreprise va faire. Les gens travaillent sur des choses sous leur contrôle, s’emploient à étendre la zone de choses qu’ils ne peuvent matériellement contrôler, éliminant ainsi la nécessité de prévoir l’avenir.  »

Quelles sont les implications de ces deux stratégies?

Les auteurs affirment ce qui suit: « Les résultats montrent que l’insistance sur les stratégies de contrôle est fortement corrélée à moins d’échecs alors que les investisseurs qui insistent sur la prévision font des investissements sensiblement plus importants, mais ne connaissent pas plus de homeruns (des gros succès). Nous avons constaté que les investisseurs providentiels qui exerçait une diligence supérieure connu beaucoup plus de homeruns et plus d’échecs également (donc moins de sorties modérées). En outre, les investisseurs providentiels qui ont davantage participé à leurs projets, après l’investissement, ont connu moins de sorties négatives. Étonnamment, nous avons constaté que les investisseurs qui se sont concentrés sur les opportunités très tôt (seed, amorçage) ont connu moins de sorties négatives. Ces résultats soulèvent d’importantes considérations sur l’utilisation de la prévision et de contrôle dans des contextes très incertains. Comprendre l’utilisation différentielle de ces approches stratégiques pourrait être pertinent non seulement pour les investisseurs providentiels, mais aussi pour les sociétés de capital risque, les entrepreneurs des sociétés, et les managers qui prennent des décisions dans des situations très incertaines ».

Ces implications sont très intéressantes et aussi surprenantes. Si je comprends pleinement les avantages de la stratégie de contrôle, il semble surprenant qu’un homerun vienne avec une stratégie conservatrice. Mais le contrôle ne signifie pas conservateur, cela signifie plus pragmatique. Ceci est ma compréhension de la chose.

Pour ceux qui ont lu mon livre, vous vous rappelez peut-être l’analyse du capital-risque que j’avais empruntée à Tim Cruttenden. Je vois des similitudes entre sa description et les deux catégories sauf que Cruttenden s’attend à plus de homeruns (et plus d’échecs), avec des stratégies agressives. Que pensez-vous?

Venture Ideas

En général, je ne parle pas de mon activité à l’EPFL sur ce blog. Voici donc une exception. Cette semaine, nous avons organisé avec venturelab la 10ème édition des ventureideas @ EPFL, une conférence où l’on invite des entrepreneursà partager leur expérience. Tous les ventureideas @ EPFL peuvent être trouvés sur le site de l’EPFL.

Cette semaine nous avions Rich Riley, Senior VP, Yahoo et Paul Sevinç, fondateur de Doodle et leurs videos sont visibles plus bas. Je suis très fier de ces conférences et des invités que nous avons eu la chance d’avoir. En voici quelques exemples:
– Pierre Chappaz, fondateur de Kelkoo
– Eric Favre, inventeur de Nespresso
– Aart de Geus, fondateur et CEO de Synopsys
– Daniel Rosselat, fondateur du Paleo
– Marc Burki, fondateur deSwissquote
– Neil Rimer, GP d’Index Ventures…

L’A&D de Cisco

Ceux qui ont lu m’ont livre savent qu’il n’y a pas d’erreur dans mon titre. Je ne parle pas de R&D, mais bien d’A&D, acquisition et développement. Cisco est connue pour considérer l’A&D comme la meilleure source d’innovations pour ses produits futurs. Je n’ai donc pas été surpris des annonces récentes de M&A, telles que ScanSafe et Starent. Mais ce qui est étonnant, c’est que depuis ma lecture de ces annonces, Cisco en a fait une nouvelle (que je n’ai pas incluse dans les chiffres qui suivent, désolé!): DVN. Par contre cela m’a motivé pour mettre à jour les tableaux de Start-Up. Voici donc les chiffres (mis en parallèle à la croissance des revenus et des emplois de cette vieille start-up).

ou si vous préférez une illustration plus visuelle:

Dernier élément, la géographie de ces acquisitions. Evidemment en majorité elles proviennent de la Silicon Valley: