Archives de catégorie : Innovation

Pourquoi les prédictions de la plupart des économistes sont fausses.

Dans la continuité de mes posts (en anglais) liés à la lecture de vieux exemplaires du Red Herring, voici un intéressant article de juin 1998. Il est même amusant en raison du mélange de sagesse et d’erreurs… de prédiction. Je vous laisse découvrir ce que Paul Krugman disait sur la difficulté de prédire. Et cela n’est pas sans me rappeler un post sur Peter Thiel, La Technologie, notre salut. J’en fournis ma traduction à la suite des images.

« CHACUN sait que nous vivons dans une époque de progrès technologiques spectaculaires – à un rythme que personne n’aurait pu prévoir. Mais est-ce que ce que chacun sait est vraiment vrai (sic !) ? Récemment je suis allé à la bibliothèque et vérifié un livre autrefois célèbre, l’An 2000 de Herman Kahn, publié en 1967. Le livre est un favori parce qu’il est un parfait exemple de la prévision économique trop optimiste. Kahn, sans doute en s’appuyant sur les opinions de personnes raisonnables, a prédit que dans le dernier tiers du siècle, le niveau de vie serait doublé, malgré une forte réduction du temps de travail. Il pensait que d’ici 2000 une semaine de travail de 30 heures, avec 13 semaines de vacances par an, serait la norme. Il eut ensuite à se soucier des conséquences sociales de temps de loisirs excessifs. Sa prophétie ne s’est pas réalisée, mais la plupart des Américains étaient trop occupés à essayer de joindre les deux bouts pour le remarquer. Pourquoi Kahn était-il ainsi que presque tout le monde si optimiste? Principalement parce qu’il s’attendait à des progrès technologiques spectaculaires, qui pour la plupart, ne se sont pas matérialisés.

Aucun robot
Kahn a fourni un ensemble pratique énumérant 100 innovations qu’il a considéré «très probable» d’ici l’an 2000, plus 25 possibilités peu probables. »

Et il a effectivement assez bien prédit. Parmi les évolutions très probables, de nombreux changements technologiques majeurs ont eu lieu. Il a prédit, par exemple, que la plupart des gens auraient des ordinateurs à la maison et qu’ils seraient capables de les utiliser à la fois pour la recherche de données et pour communiquer. Il a également prédit les téléphones portables, les magnétoscopes et antennes paraboliques à domicile. En effet, je ne peux pas penser à un développement technologique u important depuis 1967 qui n’était pas sur sa liste. Toutes ses erreurs ont été dans la direction opposée. Beaucoup de développements technologiques, qu’il prédit, telles que de nouvelles sources d’énergie, des techniques de construction radicalement moins chères, et des villes sous-marines, ne se sont pas concrétisés. En fait, seulement environ un tiers de ses innovations très probables eu lieu, selon mes calculs, principalement dans les domaines impliquant le traitement des informations, les deux tiers restant n’ont pas eu lieu (Un exemple: si Kahn était sceptique sur des robots ménagers en 1984, il les considérait comme plus ou moins une chose sûre en 2000.) Et pas une des innovations qu’il répertorié comme assez probable n’a eu lieu ou ne semble susceptible de se produire bientôt. En bref, la technologie a fait moins de progrès, pas plus que prévu. Comment cela fait-il, quand les technologies de l’information a fait de tels progrès? Une réponse est que l’input n’est pas le même que l’output. La puissance brute des ordinateurs a progressé à une vitesse étonnante, mais cette avance s’est-elle traduite en une amélioration comparable? Le traitement de texte, pour prendre l’exemple le plus évident, ne s’est pas fondamentalement amélioré depuis la fin des années 80. Et de l’avis de nombreuses personnes que je connais, WordPerfect 5.1 pour DOS a été effectivement meilleur que n’importe lequel des développements qui ont suivi.

Les pics dans les vallées
Une autre explication est que quand tout est dit et fait, les progrès technologiques, dont nous entendons sans cesse parler, ne se produisent que dans une petite partie seulement de l’économie. La Silicon Valley emploie quelque chose comme un tiers de 1 pour cent des travailleurs américains, et les technologies de l’information dans leur ensemble ne dépassent pas 3 ou 4 pour cent, sauf si vous utilisez une définition suffisamment large pour être dénuée de sens. Donc, n’écoutez jamais les modes. La vérité est que nous vivons non pas dans une ère de progrès extraordinaire mais de déception technologique. Et c’est pourquoi l’avenir n’est plus ce qu’il était.
Paul Krugman est professeur d’économie au MIT.

Mais que dire alors de ces prédictions, notamment celles que j’ai soulignées en rouge:

Les pronostics de Paul Krugman.
• La productivité va baisser fortement cette année. 1997, qui était une très bonne année pour la productivité des travailleurs, a conduit de nombreux experts à conclure que le grand boom de la technologie a commencé. Ils ont tort. L’année dernière se révélera avoir été une anomalie passagère, tout comme 1992.
• L’inflation sera de retour. Les salaires sont en hausse à près de 5 pour cent annuellement, et la croissance sous-jacente de la productivité n’est probablement que de 1,5 pour cent ou moins. Tôt ou tard, les entreprises devront commencer à augmenter les prix. En 1999, l’inflation sera probablement plus de 3 pour cent avec seulement un peu de malchance – et, avec une chute du dollar – elle pourrait facilement atteindre 4 pour cent. Vendez les obligations!
• Dans les deux ou trois ans, le climat actuel de triomphalisme américain, notre conviction que nous sommes économiquement et technologiquement en avance sur le reste du monde va s’évaporer. Il suffira de quelques revers technologique ou d’une légère récession et que l’Europe ou le Japon se redresse un peu.
• La croissance de l’Internet va ralentir de façon drastique, de même que la faille dans la «loi de Metcalfe» qui stipule que le nombre de connexions possibles dans un réseau est proportionnelle au carré du nombre de participants – deviendra évidente: la plupart des gens n’ont rien à dire les uns aux autres! Vers 2005, il deviendra clair que l’impact d’Internet sur l’économie n’a pas été supérieur au fax.
• Comme le changement technologique dans l’informatique ralentit, le nombre d’emplois pour les spécialistes IT va décélérer, puis baisser dans dix ans ; le terme « économie de l’information » paraîtra stupide.
• Dans les 20 prochaines années, peut-être plus tôt, il y aura une autre crise des matières premières à la manière des années 70: perturbation des approvisionnements en pétrole, forte montée des prix agricoles, ou les deux. Et soudain, les gens vont se rappeler que nous vivons encore dans le monde matériel et que les ressources naturelles importent.

La bulle est là. Reste à savoir quand elle explosera.

Un de mes amis me signale trois articles du New York Times qui montrent des signes de fièvre spéculative. Ces articles confirment l’impression que m’a donnée la possible entrée en bourse de Groupon.

Voici les liens à ces trois articles:
– Les investisseurs injectent des millions dans des start-up (NYT , 19 juin)
– Au sein de l’industrie, une envie de liquidité (NYT, 19 juin)
– Un petit groupe tire de LinkedIn une jolie somme (NYT, 19 juin)
– Abracadabra! la magie des mathématiques l’emporte dans les start-up du Web (NYT, 17 juin)

La gestion et les défis de la croissance

Pas toujours facile de systématiquement maintenir un blog en français et en anglais. J’essaie de le faire aussi souvent que possible mais je n’en ai pas eu le courage pour les trois posts que je viens de faire sur « les défis de la croissance ». Je vous renvoie donc aux trois liens en anglais, qui sont consacrés respectivement à:

– une vieil article de Greiner, toujours d’actualité: Evolution and Revolution as Organizations Grow

– quelques notes sur la gestion de la croissance chez Google

– un rapport très complet du WEF dont j’extrais des citations que je trouve très instructives.

L’énergie au féminin

Je fais rarement des annonces d’événement, mais puisque j’ai parlé récemment du sujet des femmes et entrepreneuriat, je fais ici une exception à la demande de Yoni 🙂
Anne Stéfanini Directeur général Advancia Negocia et Martine Abbou, gérante de w-ima ont le plaisir de vous inviter à participer aux 1ères « Rencontres professionnelles wimadame »

« L’énergie au féminin »
Jeudi 9 juin 2011 de 17h15 à 20h30 (accueil à partir de 17h)
Ecole Advancia Negocia
3 rue Armand-Moisant
75015 Paris Montparnasse

Découvrez les opportunités variées de rencontrer la bonne personne au bon moment dans ce laboratoire à idées. Etudiant(es), salariées, chef d’entreprise, associations, elles ont l’énergie à construire leur vie privée et professionnelle. Vous découvrirez, un univers positif et dynamique en présence de femmes qui font bouger les idées reçues, qui dirigent, qui créent, qui entreprennent. Des contacts directs et privilégies. Cette 1ere Rencontre professionnelle est réservée aux membres de la communauté de wimadame, au cercle VIP Business de w-ima, aux femmes du projet Européen « Fame » et à toutes celles qui souhaitent participer aux actions Unies de wimadame. Nos partenaires et nos amies sont de toute évidence les bienvenues. Mais attention, les places pour cette première sont limitées.

martine.abbou@wimadame.com
Participation aux frais :
• Etudiant(e) Inscrite sur le portail 25 €
• Non inscrite sur le site 35 €
• Entreprise inscrite sur le site 160 €
Inscription obligatoire à confirmer par mail
martine.abbou@wimadame.com
Pour les entreprises Paiement par chèque à envoyer
Société w-ima 78 avenue Raymond Poincaré Paris 75116
Pour les étudiants paiement sur place par chèque ou en espèces

Une nouvelle bulle spéculative?

Les bulles m’intéressent, elles sont annonciatrices de crises. Il n’y a pas que les crises financières ou économiques. J’avais abordé le sujet de la culture de la science l’an dernier dans La Crise et Le Modèle Américain.

Un article récent de rue89 m’a interpellé sur un sujet connexe: il y aurait un risque de bulle spéculative dans l’éducation aux USA. L’éducation, nouvelle bulle spéculative aux Etats-Unis. A vous de vous faire une opinion.

Le Who’s Who de la Silicon Valley

Un quiz tout simple: qui sont les personnalités pris en photo?

La réponse se trouve ici. J’ai aussi essayé de faire l’exercice, il vous suffit de regarder plus bas. Le Monde vient de publier un article intéressant sur le sujet: Entre la Silicon Valley et Washington, les liaisons dangereuses.

Ma petite entreprise

J’ai eu le plaisir d’être invité avec mon collègue Jordi Montserrat à l’émission Toutes Taxes Comprises de la Télévision Suisse Romande, dont le titre Ma Petite Entreprise traitait de l’entrepreneur qui se jette à l’eau. L’intérêt fut de pouvoir parler d’un sujet important à une audience plus vaste que les lecteurs d’un livre ou même d’un blog!

Les pères de la Silicon Valley: les 8 Traitres

Grâce à une conversation avec un collègue de l’EPFL, j’ai réveillé des souvenirs des débuts de la Silicon Valley. Je connaissais Shockley, Fairchild et les 8 Traitres. Je ne savais pas que Shockley avait été financé par Beckman (merci Andrea :-), ce qui était le sujet de cette récente conversation.

J’ai du coup envie de revenir sur ces fameux 8 Traitres. Leur histoire (cf Wikipédia en anglais) est bien connue, mais je me suis intéressé ici à leur origine, qui est peut-être moins connue.

Le tableau qui suit décrit l’origine, l’âge et la formation des 8 ingénieurs qui quittèrent Shockley Labs pour fonder Fairchild Semiconductor en 1957. Cliquez sur le tableau pour l’agrandir.

Ils sont sans aucun doute les « pères de la Silicon Valley. Le célèbre poster « Silicon Valley Genealogy » en est une illustration convaincante aussi bien que leurs activités Post-Fairchild dans le tableau.

L’image qui suit est extraite de la précédente, (à gauche et à mi-hauteur – correspondant à 1957)

Quelques remarques finales:
– 5 d’entre eux ont été formés sur la cote Est, 2 sur la cote Ouest et 1 en Europe.
– En fait, 3 d’entre eux venaient d’Europe.
– 6 avaient un doctorat (PhD) – dont 3 du MIT-, et tous avaient une licence (Bachelor).
– Ils avaient entre 28 et 34 ans en 1957.

Google, la Silicon Valley et le cercle vertueux des spin-off

C’est l’une des grandes forces de la Silicon Valley. Ses entrepreneurs ne restent pas très longtemps employés de grandes entreprises et créent de nouvelles spin-off. Et cela est tout à fait accepté, digéré. Laissez-moi citer à nouveau Richard Newton: « La région de la Baie est l’Entreprise… [Quand les gens changent de travail dans la région,] ils ne font que changer de département au sein de cette entreprise qu’est la Région de la Baie. »

Et que dire du célèbre Wagon Wheel bar: « Dans les années 70 et 80, de nombreux ingénieurs de chez Fairchild, National et autres se rencontraient autour d’une bière pour parler des problèmes qu’ils rencontraient dans la production ou la vente de semi-conducteurs. Le Wagon Wheel Bar était un lieu de rencontres où même les compétiteurs les plus vifs échangeaient des idées. »

L’histoire continue. J’ai lu ce matin (grâce à Burton Lee) 15 Interesting Startups From Ex-Googlers de Jay Yarow. Celui a ainsi trouvé que depuis 2004, 49 spin-offs ont été fondées par d’anciens « Googlers ». En fait depuis la publication de son article le nombre est monté à plus de 70 comme le montre la page 2 du pdf.

En conclusion, je voudrais juste rappeler l’étude de Junfu Zhang qui a comparé la Silicon Valley à la région de Boston, sous l’angle du nombre d’entrepreneurs qui ont quitté leur grosse entreprise pour créer la leur. Il a démontré la grande différence netre les 2 régions, chose que Newton et le Wagon Wheel bar explique par des raisons culturelles.


Référence: High-Tech Start-Ups and Industry Dynamics in Silicon Valley – Junfu Zhang – Public Policy Institute of California – 2003

Israel, la « Start-Up Nation »

Grâce à l’occasion que j’ai eue de rencontrer le « Chief Scientist (OCS) » d’Israël, et le fait d’avoir reçu le livre Start-Up Nation à la fin de la réunion, permettez-moi de vous donner mon opinion sur ce livre très intéressant. Mais tout d’abord voici un certain nombre de choses toutes simples au sujet d’Israël et de l’innovation.


La version française publiée par Maxima en septembre 2011

Comme l’indique la carte (adaptée de John Kao, Harvard et présentée à cette réunion de l’OCS), Israël est une superpuissance de l’innovation. Cisco, Intel, Microsoft, Novartis, Nestlé et beaucoup d’autres y sont présents. Check Point est la plus grande réussite des start-up israéliennes, mais Israël a plus de start-up cotées sur le Nasdaq que l’Europe et le capital-risque y est très actif. Enfin, le bureau du Chief Scientist gère et finance le côté public de l’innovation en Israël. Tout cela est parfaitement analysé dans le livre Start-Up Nation que je viens de lire.

Je pensais que je savais beaucoup de choses sur Israël, mais le livre est riche en anecdotes. L’histoire d’Israël est bien décrite et l’innovation a été sans doute une nécessité pour survivre. S’il y a un point que j’ai apprécié un peu mois c’est l’importance que les auteurs donnent à l’armée. Ils peuvent avoir raison, ce n’est pas le problème, mais je trouve que le sujet revient un peu trop au fil des chapitres. Cela reste un grand livre et une lecture incontournable pour quiconque s’intéresse à l’innovation high-tech et à l’entrepreneuriat.

Je voudrais maintenant citer un certain nombre de choses que j’ai aimées. Ceci n’est pas structuré du tout, mais je j’espère que je vais ainsi vous inviter à lire le livre. De plus vous verrez que j’ai un peu trop utilisé Google Translate!

Extrait de l’introduction

Eric Schmidt, CEO et et président de Google, a ainsi déclaré que les États-Unis sont numéro un dans le monde pour les entrepreneurs, mais « après les États-Unis, Israël est le meilleur. » Steve Ballmer a appelé Microsoft « une société israélienne autant qu’américaine en raison de la taille et l’importance de ses équipes israéliennes. »

Les auteurs commencent par expliquer que l’adversité et la multidimensionnalité autant que le talent des individus, sont critiques: « c’est une histoire non seulement de talent, mais de ténacité, de contestation incessante de l’autorité, d’informalité tenace, combinée avec une attitude unique envers l’échec , le travail en équipe, un sens de la mission, du risque, et de la créativité interdisciplinaire. »

Chapitre 1 – Persistence

Les Américains ont toujours besoin de placer une plaisanterie, mais je l’ai trouvée drôle et juste!
Quatre hommes sont à un coin de rue. . .
un Américain, un Russe, un Chinois, et un Israélien. . . .
Un journaliste vient vers le groupe et leur dit:
« Excusez-moi. . . . Quelle est votre opinion sur la pénurie de viande?  »
L’Américain dit: Qu’est-ce qu’une pénurie?
Le Russe dit: Qu’est-ce que la viande?
Le Chinois dit: Qu’est-ce qu’une opinion?
et l’Israélien dit: Qu’est-ce que « Excusez-moi »?

-Mike Leigh dans Deux Mille Ans

– Aucune inhibition à défier la logique de la façon dont les choses ont été faites depuis des années.
– Un attitude rude, une culture agressive mais qui tolère l’échec.
– L’attitude et l’informalité israéliennes proviennent aussi d’une tolérance culturelle pour ce que certains Israéliens appellent des «échecs constructifs» ou «échecs intelligents».
– Il est essentiel de faire la distinction entre « une expérience bien planifiée et la roulette russe ».
(Lors de la réunion avec le chief scientist, il y eut un argument similaire: « si nous avons un taux de succès de 5%, nous ferions mieux de donner la responsabilité de choisir aux ânes et si il est de 70%, nous ne prenons pas assez risques »)
– Amos Oz parle « d’une culture du doute et de l’argument, un jeu ouvert d’interprétations, contre-interprétations, de réinterprétations, puis d’interprétations opposées. Dès le début de l’existence de la civilisation juive, elle a été reconnue pour son plaisir à argumenter.  »

Chapitre 2 – Leçons de l’armée

– Hiérarchie étroite et autonomie donnent beaucoup de responsabilités aux individus; dès la base, l’autorité est discutée.
– Les gens sont matures plus tôt.
– Pas besoin d’attendre pour agir.
– « La clé du leadership, c’est la confiance des soldats en leur commandant. Si vous n’avez pas confiance en lui, si vous ne le croyez pas, vous ne pouvez pas le suivre. »
– « Si vous ne savez même pas que les gens de l’organisation sont en désaccord avec vous, alors vous êtes en difficulté »

– « L’expérience réelle aussi vient généralement avec l’âge ou la maturité. Mais en Israël, vous acquérez de l’expérience, de la perspective, et de la maturité à un âge plus jeune, parce que la société mélange tant d’expériences de transformation alors que vous êtes à peine sortis de l’école secondaire. Au moment où ils sortent du lycée, leurs esprits sont différents de ceux de leurs homologues américains. « … » La notion que l’on doit accumuler de la compétence avant de lancer une entreprise n’existe tout simplement pas. « 

Un réseau dense – l’ensemble du pays n’est qu’à un degré de séparation (Yossi Vardi)

Chapitre 5 – Ordre et chaos

– « Les dirigeants de Singapour n’ont pas réussi à innover comme Israël dans un monde qui donne une grande importance à un trio d’attributs historiquement étrangers à la culture de ce pays: l’initiative, la prise de risque, et l’agilité; en plus d’être de véritables experts qui peuvent improviser dans des situations de crise. »
– « L’innovation est fondamentalement une entreprise expérimentale » (improvisation plus que discipline)
– « Apprendre de ses erreurs sans craindre de perdre la face. »
– « Personne n’apprend de quelqu’un qui est sur la défensive. »
– « Selon une nouvelle école d’économistes qui étudient les ingrédients clés pour l’esprit d’entreprise, la fluidité est un atout lorsque les gens peuvent traverser les frontières, s’opposer aux normes sociales, créer de l’agitation dans une économie de libre marché, et catalyser toutes les idées radicales. »

Chapitre 7 – Immigration

Les immigrants ne sont pas opposés à recommencer. Ils sont, par définition, des preneurs de risque. Une nation d’immigrants est une nation d’entrepreneurs. – Gidi Grinstein

Sergey Brin fut invité à parler dans une école israélienne: « Mesdames et messieurs, jeunes filles et jeunes garçons », dit-il en russe, sa langue maternelle (ce qui provoqua des applaudissements spontanés). « J’ai émigré de Russie quand j’avais six ans, » Brin continua. « Je suis allé aux États-Unis. Je suis comme vous, j’ai des parents juifs russes. Mon père est un professeur de mathématiques. Mes parents ont une certaine attitude au sujet des études. Et je peux comprendre que ici aussi, car on m’a dit que votre école a récemment obtenu sept des dix premières places dans un concours de mathématiques dans tout Israël. » … « Mais ce que j’ai à dire, » Brin a continué, à travers les applaudissements, « est ce que mon père disait- Mais pourquoi pas les trois autres prix? »

Les auteurs mentionnent les travaux fondateurs de AnnaLee Saxenian (Regional Advantage, the New Argonauts). Voici quelques exemples de la diaspora high-tech israélienne mentionnée dans le livre:
– Dov Frohman – Intel – 1974 – lien Wikipedia. Apparemment, Israël a été au cœur de l’innovation d’Intel dans les dix dernières années et Intel est le premier employeur privé en Israël.
– Michael Laor – Cisco – 1997 – Voir son profil Linkedin . Cisco a acquis 9 start-up israéliennes depuis que Laor est revenu (plus que les acquisitions de Cisco dans aucun autre pays sauf les États-Unis)
– Yoelle Maarek – Google – http://yoelle.com maintenant à Yahoo!

Mais il ne faut pas oublier Mirabilis / ICQ (voir ci-dessous) ou Check Point. Check Point a été créé en 1993, par le Président & CEO de la société Gil Shwed, http://en.wikipedia.org/wiki/Gil_Shwed à l’âge de 25 ans, avec deux de ses amis, Marius Nacht (actuellement au poste de vice-président) et Shlomo Kramer (qui a quitté Check Point en 2003 pour lancer une nouvelle entreprise).

Chapitre 9 – Yozma

Un autre membre de cette unique diaspora: Orna Berry – doctorat USC – Unisys -IBM puis ORNET et Gemini, enfin chef de l’OCS… L’industrie du VC a été vraiment lancée par l’effort de Yozma de même que pour les incubateurs israéliens. Gemini fut le premier fonds Israël. (voir la page wikipedia en anglais sur le capital risque en Israel)

Une autre citation sur les start-up face aux industries plus matures: « Dans l’aéronautique, vous ne pouvez pas être un entrepreneur »… « Le gouvernement est propriétaire de l’industrie, et les projets sont énormes. Mais j’ai appris beaucoup de choses techniques, qui m’ont énormément aidé plus tard. »

Chapitre 12 – La trans-disciplinarité

« Il ya une mentalité multi-tâche ici. » La mentalité multi-tâche produit un environnement dans lequel les titres et les cloisonnements qui vont de pair ne signifient pas grand chose.
– « La combinaison de mathématiques, biologie, informatique et chimie organique à Compugen »
– « Mettre tout cela ensemble nécessite une combinaison de compétences techniques peu orthodoxes. »

« Le terme aux États-Unis pour ce type de choses est un mashup. Et le terme lui-même a été rapidement transformé pour acquérir de nouvelles significations. … Un mashup encore plus puissant, à notre avis, se produit quand l’innovation est née de la combinaison de technologies et disciplines radicalement différentes. Les entreprises où les mashups sont les plus courants en Israël sont celles des appareils médicaux et le secteur de la biotechnologie, où vous trouverez des ingénieurs en soufflerie et les médecins qui collaborent à un dispositif au format carte de crédit. »

Mais les auteurs n’ont pas oublié de mentionner que Israël est un pays avec une raison d’être, une motivation très forte.

Les role models

« Bien qu’Israël fût déjà bien immergée dans la haute technologie, la vente d’ICQ/Mirabilis a été un phénomène national. Il a inspiré beaucoup d’Israéliens à devenir entrepreneurs. Les fondateurs, après tout, étaient un groupe de jeunes hippies. Nombreux sont ceux qui pensent qu’exposer à toutes les formes de succès pousse à penser « si ce gars-là l’a fait, je peux faire mieux« . En outre, la vente a été une source de fierté nationale, comme gagner une médaille d’or aux Jeux Olympiques. »

«Il y a un moyen légitime de réaliser un profit parce que vous êtes en train d’inventer quelque chose», dit Erel Margalit «Vous parlez d’un mode de vie, pas nécessairement combien vous allez gagner, même si l’argent est aussi une motivation.»

« En effet, ce qui rend le mélange actuel d’Israël si puissant est qu’il est un mashup de patriotisme des fondateurs, de motivation, de conscience constante de la rareté et de l’adversité et doté en plus d’une culture de la curiosité et de l’agitation qui ont des racines profondes dans l’histoire juive et israélienne. » explique Shimon Peres et d’ajouter: « La plus grand contribution du peuple juif dans l’histoire est l’insatisfaction ».

Encore une fois: « pas seulement du talent, mais de la ténacité, une insatiable contestation de l’autorité, une informalité déterminée, et une attitude unique face à l’échec, le travail en équipe, la motivation, le risque et la créativité interdisciplinaire. »

En guise de conclusion

« Alors, quelle est la réponse à la question centrale de ce livre: Ce qui rend Israël si novateur et entrepreneurial? L’explication la plus évidente réside dans un modéle de cluster classique du type décrit par le professeur de Harvard, Michael Porter et que la Silicon Valley incarne. Il se compose d’une proximité de grandes universités, de grandes entreprises, de start-ups, et d’un écosystème qui les relie entre eux, y compris des fournisseurs, un bassin de talent, et du capital risque. La partie la plus visible de ce système est le rôle des militaires avec une R&D considérable dans les systèmes de pointe et des unités d’élite technologique. Les retombées de cet investissement important, tant dans les technologies que les ressources humaines, vont directement vers l’économie civile… Mais cette  « couche externe » n’explique pas entièrement le succès d’Israël. Singapour a un fort système éducatif et la conscription, la Corée; a été confrontée à une menace sur sa sécurité durant toute son existence; la Finlande, la Suède, le Danemark et l’Irlande sont les pays relativement petits avec une technologie de pointe et d’excellentes infrastructures, ils ont produit beaucoup de brevets et en ont connu une croissance économique robuste. Certains de ces pays ont connu un croissance plus forte qu’Israël, mais aucun d’entre eux n’a produit un tel nombre de start-up ou n’a attiré de tels niveaux de capital-risque. Ce qui manque dans ces autres pays est un noyau culturel construit sur un goût de l’agressivité et un esprit d’équipe, bâtis sur un isolement et un réseau dense, avec le désir du petit de devenir grand. Quantifier cette face cachée, qui fait partie d’une économie culturelle n’est pas chose facile. C’est une combinaison inhabituelle de caractéristiques culturelles. En fait, Israël a des scores élevés sur l’égalitarisme, le dévouement et l’individualisme. En Israël, ces attributs apparemment contradictoires, à la fois ambitieux et collectiviste prend son sens quand on sait que les Israéliens vont passer tant de temps dans l’armée . Il n’y a pas de leadership sans exemple et sans inspirer votre équipe. Le secret du succès d’Israël est la combinaison d’éléments classiques de grappes technologiques avec certains éléments uniques de la culture israélienne qui renforcent les compétences et l’expérience des individus, les fait travailler ensemble plus efficacement en équipe, et fournit des connexions fortes et facilement accessibles au sein d’une communauté établie et en pleine croissance. »

J’espère que vous seraz arrivé au bout de ce long article malgré la langue googlelienne! Si cela est le cas, je crois que votre prochain achat sera Start-Up Nation!